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Convoitise - Anges Déchu T1

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déboucha sur la berge de l'Hudson, il scruta la rive opposée. Il aperçut bien quelques maisons, mais seuls<br />

les porches étaient éclairés ; les occupants étaient endormis. De toute façon, cela ne changeait rien :<br />

qu'ils soient au lit ou déambulant dans la cuisine à la recherche d'un en-cas à grignoter, personne ne le<br />

verrait. Le fleuve était large à cet endroit. Large et profond.<br />

Relevant son polaire noir, il détacha le démonte-pneu, puis, d'un geste ample, le jeta dans l'eau<br />

accompagné de son coupe-vent en Gore-tex. Avec un petit bruit et une légère éclaboussure, le paquetage<br />

coula en un clin d'œil, pour ne jamais réapparaître : là où il était, le fleuve avait une profondeur d'au<br />

moins trois mètres mais, surtout, il avait choisi un emplacement où l'Hudson marquait une courbe, ce qui<br />

signifiait que le courant ne se contenterait pas d'emporter le démonte-pneu loin de Caldwell ; il l'attirait<br />

au beau milieu du fleuve, loin de la rive.<br />

De retour dans sa voiture, il reprit son chemin.<br />

Il roula quelque temps, branché sur la radio locale, mourant d'envie de savoir ce que la police allait<br />

raconter à propos de ce qui s'était passé dans la ruelle. Mais il n'entendit rien d'autre que du hip-hop et du<br />

pop-rock sur la FM, et des théories conspirationnistes mêlées de discours extrémistes sur les grandes<br />

ondes.<br />

Conduisant au hasard des rues, il se mit à songer à la tournure qu'avaient prise les événements. Il se<br />

sentait revenir à ses vieilles habitudes, et ce n'était pas une bonne chose — même si, à un certain niveau,<br />

c'était inévitable.<br />

Difficile de changer ce qu'on est à l'intérieur. Très difficile.<br />

En fait, tuer ces gamins la veille l'avait un peu secoué, mais là, toute cette histoire avec le démonte-pneu<br />

lui apparaissait comme une simple routine. D'autant que l'élément déclencheur avait été bien plus<br />

dérisoire. Ce type ne s'était pas montré agressif envers elle dans le club. Son sourire satisfait lorsqu'il<br />

était sorti de ces toilettes privées avait suffi à signer son arrêt de mort.<br />

Mais les choses ne pouvaient pas continuer ainsi. Il était assez futé pour savoir que s'il persistait à<br />

commettre des meurtres, le risque de se faire choper augmentait à chaque cadavre. Alors, soit il arrêtait...<br />

soit il faisait disparaître les corps.<br />

Après s'être assuré de ne pas être suivi et brûlant de consulter les infos à la télé, il rentra chez lui, du<br />

moins ce qui l'était depuis les deux derniers mois.<br />

La maison qu'il louait se trouvait à la périphérie de la ville, dans un quartier où se côtoyaient les<br />

familles avec bébés et les couples âgés sans enfant. Et vu le nombre de gens qui se débattaient avec la<br />

récession, il n'avait eu aucun mal à trouver un logement.<br />

Le loyer était de 1000 dollars par mois. Aucun problème.<br />

S'arrêtant dans l'allée, il appuya NUI le bouton de la porte du garage et attendit l'ouverture. Bizarre. La<br />

maison voisine était éclairée. Une lumière était allumée dans le couloir, une autre dans le salon et une<br />

troisième à l'étage. Depuis son emménagement, il l'avait toujours vue plongée dans l'obscurité.<br />

Enfin, ce n'étaient pas ses oignons. Il avait assez de soucis de son côté.<br />

Une fois garé, il attendit d'être enfermé pour sortir de voiture- une habitude qu'il tenait de sa femme. À<br />

l'intérieur de la maison, il gagna la salle de bains du fond et alluma la lumière. Dans le miroir, il s'aperçut<br />

que sa moustache se décollait. Tant pis. Personne ne l'avait regardé de travers quand il avait rejoint sa<br />

voiture. C'était peut-être arrivé au moment où il s'était débarrassé du démonte-pneu.<br />

Il arracha le postiche, le jeta dans la cuvette des toilettes et tira la chasse. Un instant, il fut tenté de<br />

laver son visage ensanglanté, mais il décida que la salle de bains du haut serait plus pratique. Puis il<br />

vérifia ses vêtements. La veste qui se trouvait désormais dans l'Hudson avait protégé son polaire, mais<br />

son jean était taché.<br />

Merde, c'était un problème. Le salon comportait une cheminée, mais il ne l'avait jamais utilisée<br />

auparavant et n'avait pas de bois à disposition. Et puis, allumer un feu, c'était courir le risque que les<br />

voisins en sentent l'odeur et se le rappellent plus tard.

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