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Convoitise - Anges Déchu T1

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Il était conscient que son tempérament lui avait déjà attiré des ennuis. Il savait que la rage qui<br />

bouillonnait en lui était un problème. Alors il se rappela ce qu'il avait appris en prison : compter jusqu'à<br />

dix. Essayer de se calmer. Se remémorer l'image sécurisante de...<br />

Il perçut un mouvement à l'arrière du club et tourna la tête.<br />

Une porte s'ouvrit et les deux gamins qui l'avaient suivie furent jetés comme des sacs-poubelles sur le<br />

trottoir par les deux types venus à son secours. Un Noir leur adressa quelques mots avant de regagner le<br />

club.<br />

Assis derrière son volant, il resta les yeux rivés sur les deux jeunes.<br />

L'éclair le frappa comme à son habitude, balayant tout sur son chemin : sa rage se condensa puis se<br />

cristallisa pour se focaliser sur les deux individus prostrés à côté de la porte de service, et tous les<br />

sentiments que cette femme avait suscités - colère, trahison, furie, confusion - se reportèrent sur eux.<br />

À moitié hébété, il vérifia que sa fausse moustache et ses lunettes étaient toujours en place. Il y avait de<br />

grandes chances pour que les lieux soient truffés de caméras. C'était à cause d'elles qu'il s'était fait<br />

choper un jour. Alors, même ivre de rage, il n'aurait jamais été assez fou pour exhiber son vrai visage.<br />

Puis il attendit.<br />

Au bout d'un moment, les deux types se levèrent péniblement, l'un crachant du sang, l'autre se tenant le<br />

bras comme s'il craignait de le perdre. Ils se tournèrent l'un vers l'autre et commencèrent à se disputer.<br />

Trop loin pour les entendre, il ne fit qu'assister à une pantomime. Cependant, la prise de bec ne dura<br />

qu'un instant. Après avoir jeté un coup d'œil alentour, ils se mirent à errer silencieusement sur le parking,<br />

vacillant tels des ivrognes.<br />

Sans doute avaient-ils des vertiges, après la raclée qu'ils avaient reçue.<br />

Lorsqu'ils passèrent devant sa voiture, il les examina avec attention : teint pâle, yeux clairs, boucles<br />

d'oreilles, une gueule à figurer dans le journal, pas dans les faits divers, mais dans la rubrique « Tournois<br />

universitaires ».<br />

Jeunes, vigoureux, toute la vie devant eux.<br />

Déconnecté de toute pensée consciente, il tendit le bras sous le siège et sortit de la voiture. Puis il<br />

ferma doucement la portière et leur emboîta le pas. En silence. Comme un robot.<br />

Les deux étudiants gagnèrent la dernière rangée du parking et tournèrent à droite... pour s'enfoncer dans<br />

une ruelle étroite. Il n'y avait aucune fenêtre d'où on aurait pu les voir.<br />

Ils auraient voulu lui faire plaisir qu'ils n'auraient pas trouvé mieux.<br />

Il les suivit jusqu'au milieu de la rue. Là, d'un geste leste, contrôlé, il leva le canon en visant le dos d'un<br />

des gamins, puis se figea, le doigt sur la détente.<br />

Ils étaient à une bonne dizaine de mètres, des cibles mouvantes titubant à travers la neige fondue.<br />

Il aurait préféré être plus près, mais il ne voulait pas attendre ni risquer de les effrayer.<br />

Il appuya sur la détente. Un « pop » résonna dans la ruelle, suivi d'une agitation puis du bruit d'un corps<br />

s'écrasant au sol.<br />

Le second gamin fit volte-face. Pour être abattu d'une balle en pleine poitrine.<br />

L'euphorie l'envoya au septième ciel, même si ses pieds restèrent collés à l'asphalte. Laisser libre cours<br />

à sa colère lui procura un tel frisson, une telle jouissance que son sourire s'élargit jusqu'aux oreilles, le<br />

vent lui glaçant les dents.<br />

Mais sa joie fut de courte durée. La vue des deux gamins gisant côte à côte en gémissant étouffa tout ce<br />

qui avait embrasé son esprit, laissant place à l'horrible réalité : il avait tout foutu en l'air. Il était en<br />

liberté conditionnelle, bordel ! Qu'est-ce qui lui avait pris ?<br />

Il se mit à faire les cent pas tandis qu'ils se tortillaient au ralenti et se vidaient de leur sang. Il avait juré<br />

de ne plus jamais se retrouver dans cette situation. S'était soumis à ce serment.<br />

Il se figea en se rendant compte que ses deux victimes le regardaient. Étant donné qu'ils respiraient

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