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LE CHOC DES UNIVERS : - Université de Strasbourg

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mo<strong>de</strong>rnes, la foi chrétienne dans les événements <strong>de</strong> salut – Jésus-Christ et la révélation, la résurrection et le<br />

don <strong>de</strong> l’Esprit Saint… – paraît foncièrement étrangère à leur pensée et à leur sensibilité 19 . Bien que <strong>de</strong>s<br />

repères i<strong>de</strong>ntitaires chrétiens persistent dans la société française 20 , « l’univers <strong>de</strong> foi » chrétienne est <strong>de</strong>venu<br />

inintelligible pour bon nombre <strong>de</strong> nos concitoyens. Ce n’est pas simplement le fait que le langage <strong>de</strong>s<br />

Églises n’est plus en prise avec le langage commun, mais force est <strong>de</strong> constater que les gran<strong>de</strong>s catégories<br />

<strong>de</strong> la pensée chrétienne : création, salut, ré<strong>de</strong>mption par la mort du Christ, résurrection, etc., heurtent le<br />

schéma mental <strong>de</strong> l’homme mo<strong>de</strong>rne.<br />

À partir <strong>de</strong> ce constat, l’hypothèse qui sera ici retenue est que les catholiques diffèrent <strong>de</strong>s autres Français<br />

en ce que leur vision du mon<strong>de</strong> tend à être plus « sacramentale » que celle <strong>de</strong> leurs concitoyens ; et que les<br />

protestants évangéliques ten<strong>de</strong>nt à se distinguer <strong>de</strong>s autres Français en ce que leur vision du mon<strong>de</strong> tend à<br />

être plus « sotériologique ». Par cela nous voulons dire que les catholiques sont plus aptes à imaginer Dieu<br />

comme activement présent dans le mon<strong>de</strong> et les protestants évangéliques sont plus disposés à voir le<br />

mon<strong>de</strong> comme divisés entre ceux qui sont « sauvés » et ceux qui sont « perdus ». Les symboles et rites qui<br />

composent les « univers <strong>de</strong> foi » protestant évangélique et catholique viennent <strong>de</strong> leur façon unique <strong>de</strong><br />

percevoir la réalité.<br />

L’hypothèse que nous avançons en cette matière fait aussi ressortir avec force un autre postulat que nous<br />

examinerons également, à savoir qu’une analyse systémique du catholicisme et <strong>de</strong> l’évangélisme protestant<br />

nous permettra <strong>de</strong> mieux saisir le noyau idéologique 21 qui définit leurs visions particulières du mon<strong>de</strong>.<br />

Cette supposition se base en large partie sur une étu<strong>de</strong> faite par Leonardo DE CHIRICO, dirigeant <strong>de</strong><br />

l’Alliance Évangélique Italienne et du Centre d’étu<strong>de</strong>s évangéliques Instituto di Formazione Evangelica e<br />

19 Antoine VERGOTE affirme que les quatre <strong>de</strong>rniers siècles <strong>de</strong> notre civilisation européenne ont été dominés par une<br />

« confrontation entre la religion chrétienne et la mo<strong>de</strong>rnité ». Cette confrontation a lieu, selon lui, parce qu’il y a dans<br />

la mo<strong>de</strong>rnité « une nouvelle manière <strong>de</strong> penser, <strong>de</strong> juger, <strong>de</strong> sentir, <strong>de</strong> voir le mon<strong>de</strong> » qui provoque « <strong>de</strong> très graves<br />

conflits » et une « méfiance envers les discours chrétiens ». « Ce qui me paraît le plus fondamental dans la crise<br />

religieuse », écrit-il, « c’est qu’à <strong>de</strong> nombreux contemporains, la mo<strong>de</strong>rnité fait apparaître le message chrétien comme<br />

révolu et la foi comme insignifiante » (Mo<strong>de</strong>rnité et christianisme, Paris, Les Éditions du Cerf, 1999, p. 204).<br />

20 Sans doute faut-il prendre en compte un ensemble d’i<strong>de</strong>ntifications diversifiées <strong>de</strong> catholiques et <strong>de</strong> protestants que<br />

l’on pourrait qualifier globalement <strong>de</strong> chrétiens, même si l’on estime qu’il existe une gran<strong>de</strong> variation dans les zones<br />

<strong>de</strong> fidélité à l’essentiel dans l’i<strong>de</strong>ntité chrétienne.<br />

21 Nous utilisons ce mot <strong>de</strong> façon non péjorative pour indiquer l’ensemble <strong>de</strong>s idées qui constituent leurs systèmes<br />

théologiques et qui conditionnent le comportement <strong>de</strong> leurs a<strong>de</strong>ptes.<br />

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