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Chapitre 4<br />

L’inconnu ne quitta pas mon esprit une seule seconde. Était-il réel ou bien mon esprit halluciné l’avait-il<br />

inventé ? J’essayais de me remémorer son visage, ses vêtements. Sa longue chevelure noire comme la nuit<br />

lui tombait sur les ép<strong>au</strong>les. Quelques mèches, plus courtes, lui encadraient le visage et mettaient en valeur<br />

ses yeux. Il m’avait semblé qu’ils étaient clairs, mais je fus trop loin pour en distinguer la couleur. Ses<br />

traits étaient fins et harmonieux. Un ange se serait damné pour avoir le même visage. Le cuir qu’il portait<br />

moulait outrageusement son corps d’athlète. Trop be<strong>au</strong> et trop parfait pour être vrai. Ce type était d’une<br />

be<strong>au</strong>té intolérable. Il se dégageait de lui un charisme torride, presque animal. Il se tenait debout, adossé<br />

<strong>au</strong> mur d’en fa<strong>ce</strong>, jambes croisées.<br />

Vraiment très sexy, et carrément obsédant.<br />

— Tiens, mets ça, c’est plus prudent, susurra à mon oreille une voix r<strong>au</strong>que.<br />

La moto prit rapidement de la vitesse et je serrai mon corps contre le sien. La nuit tombait, et le ciel en<br />

feu donnait des reflets couleur de lave à la mer lisse. Grisée par la vitesse et par la dou<strong>ce</strong> chaleur que me<br />

procurait notre promiscuité, je fermai les yeux. La moto finit par ralentir et s’engouffra sur un chemin<br />

terreux bordé d’imposants conifères. Lorsque mes yeux s’ouvrirent, le spectacle était époustouflant. Je ne<br />

connaissais pas <strong>ce</strong>t endroit, mais c’était magique, et incroyablement romantique. La nuit était tombée. La<br />

crique était baignée par la lumière de la pleine lune et le sable blanc scintillait d’un reflet argenté. La<br />

mer, bien que très bleue et cristalline en journée, était d’une teinte sombre, presque noire. Les rayons de<br />

lumière lunaire brillaient à sa surfa<strong>ce</strong> comme des éclats de diamant. Ce lieu me paraissait irréel. Je ne<br />

m’étais même pas rendu compte que nous étions des<strong>ce</strong>ndus et que mes pieds nus s’enfonçaient dans le<br />

sable fin et encore ch<strong>au</strong>d, malgré l’heure tardive tant <strong>ce</strong>tte vision m’avait absorbée. Me prenant par la<br />

main, il m’attira à lui. La demi-obscurité le rendait encore plus désirable. Ses mains, tièdes et dou<strong>ce</strong>s<br />

comme du velours, ses lèvres parfaites ne réclamaient que les miennes. Ses yeux, brûlants de désir<br />

comme deux flammes, m’enflammaient jusque jusqu’<strong>au</strong> plus profond de mon âme… Il paraissait être né<br />

pour exister dans <strong>ce</strong>tte lumière, intemporel, sombre et lumineux à la fois, sous <strong>ce</strong>tte lune immortelle…<br />

immortel… Mais, qu’est-<strong>ce</strong> qui m’arrive ?<br />

–… donc je lui ai répondu qu’il pouvait aller se faire voir et que je n’avais pas besoin de lui.<br />

Non mais franchement, quel goujat. Tu <strong>au</strong>rais fait quoi à ma pla<strong>ce</strong> ? J’<strong>au</strong>rais dû lui crever ses pneus, ça<br />

lui <strong>au</strong>rait fait les pieds à <strong>ce</strong>t abruti.<br />

Je n’y croyais pas. J’étais dingue ou quoi ! Je fantasmais sur un mec que je ne connaissais ni d’Ève ni<br />

d’Adam, avec Morgan assise en fa<strong>ce</strong> de moi qui me narrait sa énième embrouille avec Rick, son « petit<br />

ami ». Je le dis avec des guillemets car ils considéraient leur relation plutôt comme de « l’amitié<br />

améliorée mais non exclusive ». Enfin, visiblement, Morgan avait plus de problèmes à s’y faire que lui.<br />

— Chérie, je pense surtout que votre problème vient de la base même de votre pseudo-relation de couple.<br />

Cette idée d’amitié améliorée est débile. Soit vous êtes ensemble, soit vous ne l’êtes pas. Enfin, Morgan,<br />

ça fait 4 ans que ça dure, il va peut-être falloir vous décider un jour, c’est malsain comme situation.<br />

— Mouais… Mais n’empêche, il ne l’a pas volée <strong>ce</strong>lle-là.

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