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Chapitre 5<br />
19 h 45. Riley arriva, et comme d’habitude, je n’étais pas prête.<br />
— Allie, Riley est là !<br />
— Fais-le monter ! Je n’ai pas encore fini ! criai-je en accélérant le mouvement.<br />
— Tu m’en diras tant…<br />
Je surs<strong>au</strong>tai. Vêtu de son plus be<strong>au</strong> smoking, sa chevelure châtain doré domptée par un coiffé-<br />
décoiffé savamment étudié, il se tenait sur le pas de ma porte, et il était à croquer.<br />
— Je finis de me maquiller et je suis à toi.<br />
— Eh bien, ma grande, tu vas faire des ravages <strong>ce</strong> soir. Tu es splendide ! Bon anniversaire !<br />
Il me tendit un énorme bouquet composé de lis blancs et de roses rouges, mes fleurs préférées.<br />
Ce garçon était la gentillesse incarnée. Il pensait toujours à tout et s’assurait en permanen<strong>ce</strong> que j’avais<br />
tout <strong>ce</strong> qu’il me fallait. Une vraie mère. En posant les fleurs sur ma commode, je vis mon reflet dans le<br />
miroir. Ma tenue de soirée argentée et mon maquillage sophistiqué mettaient particulièrement bien en<br />
valeur mon visage, ma pe<strong>au</strong> claire et légèrement rosée, mes yeux kaki (seuls <strong>ce</strong>ux qui s’approchaient<br />
suffisamment de moi pouvaient s’en rendre compte. De loin, ils avaient seulement l’air marron), mes<br />
jambes fuselées… Mes cheveux blonds <strong>ce</strong>ndrés, brushés, tombaient en cascade jusqu’<strong>au</strong> bas de mes<br />
reins. Je me surpris moi-même. Je n’étais pas du genre à passer deux heures dans la salle de bains pour<br />
me pomponner, bien que j’aimasse tout de même prendre soin de moi et bien m’habiller. Jouer les fashion<br />
victime n’avait jamais été un de mes traits de caractère, mais <strong>ce</strong> soir, j’étais très fière de moi. J’étais<br />
canon, et bien plus que ne l’exigeait mon minimum syndical.<br />
— Merci ! Il est superbe <strong>ce</strong> bouquet !<br />
— Pas <strong>au</strong>tant que toi, dit-il en m’embrassant sur la joue.<br />
Vu de l’extérieur, il est vrai que notre relation pouvait paraître ambiguë. Nous étions inséparables.<br />
Certes, j’avais d’<strong>au</strong>tres amis, comme Morgan, mais Riley était ma moitié. Partout où j’allais, il me<br />
suivait, et vi<strong>ce</strong> versa. C’est d’ailleurs l’une des raisons qui me valait l’animosité de la plupart des filles<br />
du lycée. Il était à moi. Enfin, en quelque sorte.<br />
Je mis le bouquet dans un vase et le posai sur ma coiffeuse, à côté de l’écrin contenant le médaillon de<br />
mes parents. Mon <strong>au</strong>tre cade<strong>au</strong> d’anniversaire. Une chaîne <strong>au</strong> bout de laquelle pendait une croix<br />
égyptienne en argent. Une sorte de spirale, avec un diamant incrusté <strong>au</strong> <strong>ce</strong>ntre, couvrait la boucle du h<strong>au</strong>t.<br />
Le reste du bijou était recouvert de symboles étranges. Joli, mais pas du tout assorti à ma robe. J’ignorais<br />
donc le conseil, que dis-je, l’ordre, de mon père de porter <strong>ce</strong> truc et de ne jamais l’enlever, pour quelque<br />
raison qui soit.<br />
20 h 30. Après un demi-million de pitié Allie, laisse-moi conduire !, nous arrivâmes <strong>au</strong> Dark Night (et