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Au bout de 4 heures d’une douloureuse et consternante répétition, deux filles en pleurs et quatre chutes,<br />
sans blessures heureusement, manquerait plus qu’il y en ait une de hors servi<strong>ce</strong> pour vendredi, la<br />
chorégraphie fut quasiment assimilée (bon OK, j’avais simplifié quelques passages) et les figures<br />
acrobatiques moins catastrophiques qu’en début de séan<strong>ce</strong>.<br />
23 h – super, la nuit allait encore être courte. Comme à mon habitude, je fus la dernière à sortir.<br />
En général, j’aimais bien prendre mon temps, ranger correctement mes CD, et faire un bilan mental de la<br />
séan<strong>ce</strong> (pas compliqué <strong>ce</strong> soir. C’était juste pitoyable) avant de partir.<br />
Des gloussements de pintades me tirèrent de ma rêverie. J’entendis alors Vanessa, Kat et Lucy, qui<br />
essayaient apparemment d’être discrètes, enfin quoique, s’extasier sur la méga bombe atomique et sa<br />
super moto trop sexy qui était revenue et qui patientait dehors.<br />
Mon sang ne fit qu’un tour. Finissant avec hâte de ranger mes affaires je sortis du gymnase en prenant un<br />
air détaché et me dirigeai vers lui. Gabriel me tendit un casque.<br />
— Monte.<br />
— Bonsoir quand même, lui lançai-je.<br />
— Bonsoir. Monte.<br />
J’eus subitement une impression de déjà-vu. À mon grand étonnement, j’obtempérai, encore, sous le<br />
regard mi-médusé, mi-bovin des trois pimbêches. J’<strong>au</strong>rais voulu refuser, lui dire que j’avais ma voiture,<br />
juste par fierté.<br />
Mais en y repensant, l’idée de mon corps contre le sien, de mes bras <strong>au</strong>tour de sa taille étouffa dans l’œuf<br />
mon envie de rébellion.<br />
— Nous reviendrons chercher ta voiture plus tard, me dit-il, comme s’il avait lu dans mes pensées. Et<br />
j’espérais que non !<br />
À peine installée sur l’engin, mon fantasme refit surfa<strong>ce</strong>. Je me sentis rougir. Étant dans son dos, donc<br />
hors de vue, je n’y accordai pas le moindre intérêt, et c’est le cœur battant que je me collai à lui, le<br />
visage enfoui dans ses longs cheveux soyeux. Gabriel poussa un soupir qui ressemblait étrangement à un<br />
rire étouffé.<br />
Il démarra et prit la direction de la route côtière. Comme d’habitude depuis plusieurs semaines, la nuit<br />
était sombre et sans lune, mais les phares de notre monture éclairaient suffisamment la route pour ne pas<br />
finir dans le décor. Les arbres plantés de chaque côté de la route donnaient l’impression d’un mur. La<br />
vitesse me grisait. Ou bien étaient-<strong>ce</strong> son parfum et le contact de nos deux corps. Prise de vertige, je<br />
resserrai mon étreinte et m’accrochai de toutes mes for<strong>ce</strong>s à Gabriel.<br />
Je m’aperçus rapidement que mes vertiges étaient dus en partie à la peur. Que dis-je, à la terreur ! Ce mec<br />
roulait comme un dingue ! Je finis par retrouver ma voix et l’interrogeai sur notre destination.<br />
— Tu verras, répondit-il simplement.