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n ° 3258 6 octobre 2011 - L'Hôtellerie Restauration

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80<br />

<br />

international<br />

Grande-Bretagne Yannick Joseph dirige la restauration du plus vieux ‘college’ d’Oxford. Dans la<br />

grande tradition des majordomes anglais, ce poste atypique demande autant de technicité que de<br />

flegme au sein d’une université qui a vu défiler une quinzaine de prix Nobel. françois pont<br />

Un hôtelier français<br />

au service des élites anglaises<br />

l’économiste Adam Smith, l’écrivain<br />

Aldous Huxley, Boris Johnson,<br />

le maire de Londres ou le roi<br />

Harald de Norvège… tous ont<br />

usé leur redingote sur les bancs de<br />

Balliol College, le plus ancien des<br />

38 ‘colleges’ (terme désignant les institutions<br />

indépendantes qui le constituent)<br />

de l’université d’Oxford. Celle-ci dispute<br />

chaque année sa réputation, à coup d’aviron<br />

sur la Tamise, avec Cambridge, l’éternelle<br />

rivale. Ce lieu illustre a été bâti en<br />

1263. Le cérémonial est ancré de longue<br />

date : “Un grand hall tapissé des portraits<br />

d’anciens élèves illustres et des tables de<br />

50 mètres autour desquelles les étudiants<br />

s’assoient mais aussi une table haute der-<br />

Yannick Joseph<br />

rière laquelle les professeurs surplombent<br />

la salle”, explique Yannick Joseph. C’est<br />

moi qui sonne le gong et annonce comme<br />

un aboyeur que le repas est servi. Le bruit<br />

des fourchettes succède alors à la bénédiction<br />

en latin prononcée par le doyen des<br />

professeurs”, explique cet ancien de l’école<br />

hôtelière de Grenoble qui encadre une<br />

équipe de 40 personnes et annonce un<br />

salaire de 30 000 € annuel doté de nombreux<br />

avantages.<br />

“Ma mission s’inscrit dans la tradition du<br />

majordome anglais, un métier très respecté<br />

ici. Mon rôle est de savoir que le révérend<br />

Dupree est allergique aux huîtres et<br />

que le professeur Hannabus n’aime pas<br />

l’ail sauvage et les épinards. Le vocable<br />

‘OK’ n’existe pas - mes collaborateurs<br />

doivent dire ‘certainly’ [certainement,<br />

NDLR], être polis, distants, calmes et ne<br />

jamais courir. Je suis responsable de six<br />

halls qui reçoivent de multiples conférences<br />

et événements prestigieux. Ces espaces<br />

classés sont gérés comme les salons<br />

de Matignon ou du Sénat”, précise le<br />

quadragénaire, qui travaille avec un chef<br />

français, Bertrand Faucheux.<br />

Un dîner en kilt<br />

Pour résider au Balliol College, les 800<br />

étudiants payent 5 000 £ (5 600 €) par<br />

trimestre. Yannick Joseph a la responsabilité<br />

de la restauration mais aussi des<br />

chambres car le college se transforme en<br />

hôtel de luxe le temps des vacances. “Ma<br />

formation hôtelière et mon expérience<br />

dans les palaces, surtout au Beau Rivage<br />

de Lausanne en Suisse, me sont précieuses<br />

car le service à l’assiette n’a pas relégué la<br />

L’Hôtellerie <strong>Restauration</strong><br />

presse à canard au grenier”, ajoute celui<br />

qui pourrait un jour accéder au poste<br />

suprême de ‘bursar’ - l’intendant.<br />

Parmi les événements annuels qu’il apprécie<br />

le plus, Yannick Joseph évoque le<br />

pittoresque Bonfire, le nouvel an écossais.<br />

“Les 200 membres du club écossais se<br />

réunissent pour un dîner en kilt dans le<br />

grand hall. Le Haggis [la panse de brebis<br />

farcie, plat traditionnel écossais, NDLR]<br />

est présenté sur un plat en argent au<br />

président du club qui le tranche avec un<br />

sabre au son de la cornemuse, puis le service<br />

du repas s’engage. L’unique boisson<br />

est le whisky”, explique le Français avant<br />

de conclure : “N’espérez pas voir un jour<br />

un élève de Balliol rouler sous la table.<br />

Avec Facebook, c’est bien trop dangereux<br />

pour de futurs Nobel.” <br />

<br />

Retrouvez sur<br />

www.lhotellerie-restauration.com :

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