DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE - INRP

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104 LECTURE DU SAMEDI 11 Nov. 33' HT 'M •C m i| i F i m 1 S £ là Bonsoir, Monsieur! Lorsque Gannereau, jadis, avait pénétré dans son bureau, ç'avait été si timidement qu'on avait à peine l'afl attention à lui. Au bout de quelques jours, il faisait déjà comme tout le monde. Il s'installait à sa table, demandait : « Bien de nouveau ? » et, l'esprit ailleurs, il parcourait quelques dossiers pour se donner une contenance. Parfois, il sortait, sans avoir écrit une seule ligne; il ne touchait rien à la fin du mois, ne demandait rien et ne souhaitait qu'une chose, c'est qu'on le tolérât. Petit à petit, cependant, il commençait de lisser ses poils : il arpentait la pièce en parlant, il disposait sa table selon'sa fantaisie. 11 prenait pied sans qu'on s'en aperçût. Un jour, ce fut lui qui distribua le travail; u n autre jour, il donna des conseils aux nouveaux arrivants. Il était déjà tout à fait chez lui, au point que le patron lui-même ne SB sentait plus le courage de lui faire une observation. — Gannereau, mon ami, votre travail est négligé. — Négligé ?... Tiens, tiens, ça m'étonne I Sans s'excuser, il continuait à rouler sa cigarette, tranquillement ! Les garçons disaient « Monsieur Gannereau » avec un certain ton déférent, et quand Gannereau leur demandait : « Le patron est là ?» il n'attendait pas que la réponse lui parvînt : il entrait chez le patron, en maitre. Le directeur était le directeur; lui, c'était une puissance extérieure, celle qu'on ne mesure pas avec la même unité. — Mon cher Gannereau, faisait le patron, vous seriez très gentil de vous faire annoncer. « Mon cher Gannereau a paraissait no pas l'avoir entendu. — Je voulais vous dire... commençait-il en s'installant dans un fauteuil. Pendant ce temps, dans les bureaux, les nouveaux venus se succédaient. Un d'eux n'agréait pas à Gannereau ?... « Sautez, Monsieur 1 » Si le patron demandait une explication, Gannereau répondait d'une moue qui signifiait : — Celui-ci n'était pas fait pour nous. Pour nous, parfaitement 1 C'est-à-dire : pour moi, et pour vous I — Ecoutez, Gannereau, disait parfois le patron. Et, Gannereau, aimable, souriant, faisait en tendant la tête : — Monsieur le Directeur?... — Gannereau, pas de zèle inutile... Mais oui 1 La vie n'est plus tenable pour mes employés. C'est embêtant, sacrebleu I Si vous continuez do ce train,.... vous allez me ficher dans l'embarras, mon ami. Gannereau ne répondait pas, il souriait, connaissant son pouvoir et en abusant. Hors de sa présence, le directeur avait de ces colères à faire tomber un toit, et il dictait une lettre à l'adresse de Gannereau : « Mon cher Gannereau, je me vois dans l'obligeance de me priver de vos services !.... i La maison était avertie que Gannereau sautait, les jeunes employés parlaient de sabler le Champagne, mais Gannereau accourait, s'enfermait avec le patron, et une heure plus tard, ils sortaient bras dessus, bras dessous, Gannereau la tête haute, le patron avec une mine de tire-laine pincé en flagrant délit. Il y a des coquillages qui tiennent d'autant plus fort au rocher qu'on tente de les en détacher. Un jour que Gannereau avait encore fait des exécutions, le directeur entra dans le bureau du petit Bordage et lui dit : — Cette fois, j'en ai assez I je me débarrasse de Gannereau. Vous lui direz, do ma part, qu'il ne remette plus les pieds ici. Voilà ! Le petit Bordage se grattait la tête, perplexe. — C'est compris ? — C'est compris, Monsieur le Directeur, Ut le petit Bordage. Mais vous ne croyez pas qu'il vaudrait mieux lui adresser son congé par lettre? — Une lettre?.... 11 en a reçu plus de vingt, des' lettres, et il est toujours là. Si vous croyez que c'est commode !.... Il arrive chez moi comme un suicidé' qui s'est raté, et c'est des histoires ! Il est malheu- 1 reux, il mange tous les soirs chez lui. Vous ne savez pas, vous, ce que c'est que de manger tous les soirs chez soi ? Il paraît que c'est la pire des misères. Ou encore, c'est sa mère qui est à l'agonie. Il y a dix ans qu'elle est à l'agonie, cette femme... Quelle sale maladie pour moi ! E n voilà assez 1 .... Tant pis pour Gannereau qui va peut-être perdre sa bonne vieille mère : je ne veux plus de lui. Exécutez-le I ! Moi, je m'en vais en voyage et qu'à mon retour, je: ne voie plus cet oiseau ici, ou bien, mon petit Bordage, c'est vous qui filerez ! Le patron remit ses pouvoirs au petit Bordage et' s'en fut, d'un pas allègre, heureux, encore une fois,' d'avoir mis Gannereau à la porte. Dix minutes plus tard, le petit Bordage entendait 1 une voix qui disait : « Le patron n'est pas là ? i Un froid au cœur : c'était Gannereau qui entrait, chapeau sur la tête, talons sonnants. — Mon petit Bordage, vous avez l'air embêté ? — Je suis embêté, répondit Bordage parce que le' patron veut que je fasse une exécution et... je ne sais pas m'y prendre. — C'est de Morhier qu'il s'agit ? — C'est de quelqu'un qu'on ne peut pas décoller. — Qu'on ne peut pas décoller ? Il éclata de rire, et, en bon garçon, il indiqua le moyen d'exécuter le patient. — Vous avez compris ? Surtout, il ne faut pas recevoir l'oiseau ensuite. Tout est là. 11 s'y entendait ! — J'ai compris; cependant, hasarda le petit Bordage, si vous vouliez, nous ferions une répéti- 1 tion. Ça va ?.... E h bien, je vous exécute! Il se cala dans son fauteuil et commença. — Monsieur Gannereau, je vous ai appelé pour vous dire que nous nous voyons obligés de nous priver de vos services, et cette fois, définitivement. Votre travail est mauvais et vous vous mêlez de ce qui ne vous regarde pas. En même temps, il se leva, posa la main sur l'épaule de Gannereau, et le dirigea vers la porte. — Pas mal, pas mal I approuva Gannereau. Mais un peu plus d'énergie, sacrédié I — Alors, Monsieur Gannereau, poursuivit le petit Bordage, je vous fais des vœux pour le rétablissement de votre vieille mère et pour que vous no dîniez pas tous les soirs chez vous. J'ai préparé votre compte, le voici ! Il lui tendit son compte, ouvrit la porte, et le poussa dehors en ajoutant sèchement, exactement à la manière de Gannereau : — Bonsoir, monsieur ! — Pas mal 1 fit Gannereau, mais je vais vous indiquer.... La porte s'était refermée, le verrou était poussé, — Bordage !... Alors, stupéfait, Gannereau regarda le compte qu'il avait entre les mains, vit que c'était le sien, et demeura stupide. Il voulut voir le patron. Le patron était en voyage. Il revint le lendemain. Le patron n'était pas de retour. Voilà comment le petit Bordage, qui était un timide d e qui l'on disait que c'était une fillette, o eut raison du terrible Gannereau, la terreur des employés et du patron lui-même. GASTON CHKRAC. (La Despelouquèro. Pion édit.) Lecture communiquée par Mlle CHÉRAULT, Institutrice à Mérinuittc (Loiret). (Prix de 50 fr.)
11 Nov. 33 CALCUL : COURS P RÉPARATOIRE E T ÉLÉMENTAIRE 105 AfëlT H MIST lOUli, S YSTftMF,, p l Î^F/Pî?TnTTR^rè mm U R S P R É P A R A T O I R E . Le nombre 8. Le chevrier et ses chèvres. I. Composer le nombre 8. — Le chevrier appelle ses chèvres pour les emmener au pâturage. Il les compte (placer 7 bûchettes), voici la 8», celle qui n'est jamais pressée. 7+1 = 8. C'est bien mon compte, 8, dit le chevrier. En route. En chemin, ,2 chèvres s'arrêtent pour brouter à une haie (écarter 2 bûchettes), 6 sur le chemin et 2 font toujours 8 ou 2 + 6 = 8. Finaud, son chien, ramène les 2 chèvres. Un peu plus loin, 3 chèvres qui ont eu peur du chien se sauvent dans un champ. 5 + 3 = 8 ou 3 + 5 = 8. Une autre les rejoint dans le champ. 4 + 4 = 8. II. Décomposer le nombre 8. — Les chèvres sont au pâturage. Les voici par groupes de 2, occupées à brouter à"des buissons (placer les bûchettes par 2). Combien de groupes ? 4. Combien de chèvres? 4 fois 2 = 8. Les chèvres se sont rapprochées; elles ne forment plus que 2 groupcs:4 chèvres par groupe; 2 fois 4 chèvres = 8 chèvres. Le chevrier s'est assis. A un certain moment, il n'aperçoit plus que 4 chèvres. En manque-t-il? Combien? 4, car 4 + 4 = 8 ou 8 —• 4 = 4. Il en aperçoit une derrière un buisson, il en voit donc 5. Combien lu! 'en manque-t-il ? 3, car 5 + 3 = 8 ou 8 —>5 = 3. Finaud est envoyé à leur recherche. Il les ramène une par une; compter le nombre de chèvres qui manquent. 8 —6 = 2, 8-— 7 = 1, 8 — 8 = 0. Enfin lo troupeau est au Icomplet. III. Ecrire le nombre 8. IV. Comptons des chèvres. 7 + l = o 7 +8=8 2 + 2 + 2 + 2 = » 8 — 1 = » 5 + « = 8 2 + 4 + 1 + 1=» 8 — 3 = 8 Dessinons à 8 branches. ee® 093 Groseille à 8 grains. Exercices. - Ecrire les nombres de8 à 1. 2. Ranger dans l'ordre croissant, puis décroissant, les nombres : 7, 2, 6, 8, 1, 4, 5. 3. Quels dominos faut-il ajouter pour faire 8 aux dominos de valeur 6, 4, 3, 2? 4. D'un groupe de 8 élèves, 2, 3, 4 élèves lisent. Combien ne lisent pas ? 5. Avec 8 bûchettes, combien peut-on former de •lettres T. de carrés? C O U R S É L É M Nl'MSiKATION 1 ro année. — Nombres de41 à 70. — Le maçon ^mpile des sacs de ciment par rangées de 10 (se teervir de bûchettes). Il forme 4 rangées de 10 sacs, poit 40. On lui apporte d'autres sacs que Von décharge d'un camion. Le maçon compte : 41 sacs, 42,... 50; puis 51, 52... 60; 61, 62... 70. Combien de rangées de 10 sacs avec 70 sacs ? Le lendemain, le maçon charge son camion de sacs de ciment destinés à la construction d'une maison. Du tas de 70, il enlève 1, puis, 1... Comptons à chaque fois lé nombre de sacs dans le camion, le nombre de sacs du tas. 2° asiiaéc. — Nombres de 2000 à 9999. — Avec billets et jetons, former 2300, 2304, 3510, 6409... Ecrivons ces nombres, lisons-les. Les mille sont au 4 e rang. Exercices. — i r ° année. — 1. Ecrire les quantités : 54 briques, 63, 70, 37. 2. Ecrire les nombres de 2 en 2, de 50 à 70, de 54 à 40; de 3 en 3, de 51 à 69, de 59 à 41. 2° année.— 1. Ecrire les nombres: 4275, 9250 5708. 2. Compléter à 5000 : 2000, 4000, 3500, 4400. CALCUL MENTAL î r s année. — Ajouter, retrancher 3. — On décharge un camion de briques. Compter les briques 2 par 2, 3 par 3 : 40, 42...; 40, 43... D'un tas de 70 briques, on enlève les briques 2 par 2, 3 par 3. Compter ce qui reste à chaque fois. Compter 54 + 2 = 59 + 3; 6S — 3; 61—2... 2° année. — Ajouter 5 (limite 100). 73 + 5; 68 + 5... 96 — 5; 82 — 5... Compter de 5 en 5 de 50 à 100, de 98 à 58. OPERATBONS année. — 1. Additions et soustractions avec retenues. — Paul a 8 bons points, Louis 5. Différence 3. Paul et Louis en gagnent chacun 2. Ils en ont 10 et 7. Différence : 3. •— Paul a22f., Louis 14 f. Différence 8 f. Ils reçoivent 10 f. chacun. Paul a 32 f., Louis 24 f. Différence 8 f. — Poser l'opération 22 — 14 et en donner l'explication à l'aide des remarques précédentes. 2. Table de multiplication par 3. — Placer des briques (bûchettes) 3 par 3, apprendre par cœur le nombre de briques d'après le nombre de rangées et réciproquement. 3. Multiplications et divisions par 3, à réaliser avec billets et jetons : 23 x 3, 16 X 3; partager 69 f., 54 f. entre 3 personnes (voir numéro précédent). 2 e année. — 2725 X 3; 7467 : 3. Opérations à expliquer avec billets et jetons. PltOBLÈXËS a I r » année. — 1 . Dans une pile de sacs de plâtre, on compte 38 sacs; dans une pile voisine, 24. Combien y a-t-il de sacs dans les 2 piles ? 2. Combien y a-t-il de sacs de plus dans la l re pile que dans la 2 8 ? 3. D'un tas de 65 sacs de ciment, on en enlève 23. Combien en reste-t-il? 4. On donne 3 f. de l'heure à des manœuvres. Combien donne-t-on par heure à 18 manœuvres? B. 3 pelles ont coûté 42 f. Que coûte une pelle ? 2° année. —1. Un maçon a gagnédans son année 8750 f. Il a dépensé 7845 f. Combien a-t-il écono- „:„A o r misé ? »-» R. R • 905 f. 2. En 3 mois, un peintre a dépensé 2985 f. Il a économisé 540 f. Combien a-t-il gagné pendant ces 3 mois ? et combien par mois ? $->• R. : 3525 f. —1175 f. 3. Un garagiste m'offre une automobile pour 3725 f., mais 1050" f. de réparations sont nécessaires. Une autre personne m'en propose une presque neuve, n'ayant pas besoin de réparations, pour 4650 f. Ouelle est l'offre la plus avantageuse, et do combien? »-> R. : L'auto neuve; 125 f. 4. Un camion vide pèse 6500 kg. On le r.hnrw de „ . . . .,n . Composition Cours mo -en Livre 22 f f . JABETet GlLLARD. Vocabulaire etMethode d Ortliogr. française. Cert. d'étud. du maître, **
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