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DE L'INSTRUCTION PRIMAIRE - INRP

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Il Nov. 33 LES TEXTES FRANÇAIS EXPLIQUÉS : COURS COMPLÉMENTAIRE 25<br />

;€30URS<br />

Racine» — Les Plaideurs V<br />

(Acte II, scène IV).<br />

ï. Place de la scène dans la comédie. — Cette<br />

scène se rattache, d'une part, à l'intrigue amoureuse<br />

qui constitue lé scénario des Plaideurs, et, d'autre<br />

part, à la satire des mœurs judiciaires qui justifie le<br />

titre de la pièce et en fait l'intérêt principal. Rappeler<br />

pour qu'elle raison et sous quel prétexte, l'Intinaé,<br />

déguisé en sergent, se rend chez Ghicanneau.<br />

II. La donnée comique. -— La donnée comique<br />

de cette scène était traditionnelle et avait été déjà<br />

exploitée par Rabelais". Les huissiers et sergents qui<br />

venaient signifier aux plaideurs des actes, judiciaires<br />

ou procéder chez eux à des saisies' étaieiit souvent<br />

fort mal reçus : cm se livrait sur leurs personnes à des<br />

voies de fait,.mais, loin de se plaindre de ces vio J<br />

lences, ils les considéraient comme des aubaines,<br />

parce que le justiciable qui s'était mis dans ce mauvais<br />

cas payait à l'officier maltraité, pour éviter un<br />

procès criminel, des dommages et intérêts considérables.<br />

Les huissiers et sergents emboursaient<br />

[es coups de bâton.—• Seulement, il faut remarquer<br />

qu'ici la situation traditionnelle est modifiée' profondément<br />

et qu'elle est beaucoup plys comique, du;<br />

l'ait que le sergent battu est un faux sergent. D'une<br />

part, en effet, Chicanneau est comique parce qu'il<br />

js'excuse et s'effraie d'avoir frappé un officier dé<br />

justice, alors que son adversaire n'a pas cette qualité;<br />

mais l'Intimé est plus comique encore, parce<br />

que « faux sergent »,~il reçoit de « vrais coups » et les<br />

reçoit « gratis », n'ayant pas qualité pour se les faire<br />

payer.<br />

III. Questions relatives à l'étude littéraire.—<br />

•J'o Question. — Comment vous expliquez-vous que<br />

Chicanneau, qui est un plaideur expérimenté et retors,<br />

Ise livre sur un officier de justice à des voies de fait qui<br />

peuvent lai coûter cher? Que suppose-t-il ? Se trompet-il<br />

réellement ?<br />

Ce qui explique l'attitude de Chieanneau, c'est<br />

.qu'il est persuadé d'abord qu'il a affaire à u n faux<br />

fsergent. Ses doutes se font jour aux v. 7 et 8 :<br />

[familier comme il est avec le monde de la basoche, il<br />

.ne connaît pas le visage de son interlocuteur. Après<br />

la leèture de l'exploit, ses doutes se fortifient :<br />

le nom du sergent lui est inconnu et il est de plus<br />

'insolite (v. 37). Aussi le traite-t-il de fripon, sa<br />

! friponnerie consistant à usurper la qualité de<br />

.sergent. Or Chicanneau ne se trompe pas : c'est bien<br />

,à un faux sergent qu'il s'adresse, puisque c'est à<br />

|I' Intimé travesti.<br />

2. Question. — Relevez le vers dans lequel le<br />

\fanx sergent indique la tactique qu'il va appliquer dans<br />

[cette scène.<br />

La perspicacité du vieux plaideur risque de faire<br />

échouer la ruse de l'Intimé et de compromettre les<br />

affaires de son maître. Pour avoir raison de la<br />

méfiance de Chicanneau, il n'est qu'une tactique :<br />

l'Intimé l'improvise (v. 36).<br />

Il faut payer cC effronterie.<br />

3° Question. — Quelle est, dans toute celle scène,<br />

le ton du faux sergent ? S'emporle-t-il ? Répond-il<br />

aux injures par des injures ? Comment s'explique son<br />

attitude ?<br />

1. Voiries Textes français (E. P. S. l r ,° année) de Chevaiïlier,<br />

Àudiat et Aumeunier, p. 265. Nous répondons dans<br />

cette leçon aux questions posées dans le livre de l'élève,<br />

5<br />

p. 2G9. Nous numérotons les vers comme ils le sont dans ce<br />

Yrlume.<br />

2. Histoire de Chicanous, Pantagruel, livre IV.<br />

GABET et GILLARD. Vocabulaire et Mé<br />

» Payer d'effronterie », dans le cas présent, ce<br />

n'est pas le prendre de haut; c'est parler et agir<br />

comme le ferait dans la même situation un véritable<br />

sergent. Or un véritable sergent se garderait de<br />

répondre aux injures par des injures et aux coups<br />

par des coups : il n'en retirerait qu'une vaine et<br />

piètre satisfaction d'amour-propre, il préfère monnayer<br />

les violences de son agresseur. Mais il en réclame<br />

le payement sur un ton de politesse et de<br />

courtoisie hypocrites où se mêle une assez forte dose<br />

d'ironie :<br />

Monsieur, je ne suis pas pour vous désavouer :<br />

Vous aurez la bonté de me les bien payer.<br />

Vous êtes trop honnête.<br />

Il reçoit les coups avec satisfaction :<br />

Bon : c'est de l'argent comptant (v. 51).<br />

Il encourage même son adversaire à continuer r<br />

Ne vous relâchez point (v: 56).<br />

Puis l'ironie se fait plus goguenarde :<br />

Quelques coups de bâton, et je suis à mon aise.<br />

Tôt donc (dépêchez-vous).<br />

Cette conduite est expliquée au v. 51 : c'est de<br />

Vargenl comptant et au v. 61 : j'ai quatre enfants à<br />

nourrir.<br />

4 e Question. — N'y a-l-il pas une gradation dans<br />

les violences de Chicanneau ? indiquez-la avec précision.<br />

Il commence par des injures : vous êtes un fripon,<br />

(v. 40) qu'il aggrave aussitôt :<br />

Mais fripon le plus franc de Paris jusqu'à Rome.<br />

De là, il passe aux souf fiels, v. 47; puis aux coups<br />

de pied, v. 51 et suiv.; enfin, il le menace d'un bâton.<br />

5 e Question. — A quel moment Chicanneau<br />

paraît-il revenir de ce qu'il croit être son erreur ?<br />

Qu'est-ce qui le détrompe ?<br />

C'est à partir du v. 61 que Chicanneau avoue<br />

qu'il s'est trompé en prenant l'Intimé pour un faux<br />

sergent. Ce qui le convainc, «'est la stoïque fermeté,<br />

l'allégresse même avec laquelle notre homme reçoit<br />

les coups et va au-devant d'eux. Qui donc, si ce<br />

n'est un sergent, se félicite ainsi des taloches ?<br />

Oui, vous êtes sergent, Monsieur, et très sergent.<br />

6 8 Question. — Que propose alors Chicanneau ?<br />

Pourquoi le sergent n'acccple-l-il pas celle proposition<br />

?<br />

Lorsque Chicanneau est détrompé, il envisage les<br />

suites de ses violences : il y aura procès, non pas<br />

un de ces procès auxquels il se complaît, mais un<br />

procès criminel qui peut l'envoyer aux galères.<br />

Alors il se confond d'abord en excuses : Ah I pardon l<br />

(v. 61-65); il propose de faire la paix: Touchez-lù<br />

(v. 66) ; il proteste de son respect pour la corporation,<br />

respect dont son père l'a imbu dès l'enfance comme<br />

d'un article de foi (v. 66-68). Mais l'Intimé s'amuse<br />

à l'affoler en énumérant les crimes et les violences<br />

dont il s'est rendu coupable :<br />

Contumace,<br />

Bâton levé, soufflet, coups de pied.<br />

Alors Chicanneau propose à son sergent de les<br />

lui rendre (v. 72); mais ce sont là pour un sergent<br />

denrées trop précieuses.<br />

7° Question. — Quel profit l'Intimé feint-il d'en<br />

espérer ? Il compte en tirer plus de mille écus do<br />

dommages et intérêts : trois mille francs-or, somme<br />

énorme au XVII 0 siècle.<br />

Conclusion. — Le comique de cette scène —<br />

écrite d'ailleurs avec une verve amusante et un sens<br />

aigu de la parodie — est fin et spirituel; n ne peut<br />

être profond, puisqu'il roule sur une situation<br />

factice : les terreurs de Chicanneau sont aussi<br />

vaines que les menaces de l'Intimé.<br />

CHEVAIIXIER.<br />

g d'Orthographe, ^

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