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Evaluation de la procédure d'ivresse publique et manifeste

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l’incrimination <strong>de</strong>s faits d’IPM figure dans <strong>la</strong> partie légis<strong>la</strong>tive du co<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> santé <strong>publique</strong> sous<br />

l’article L 3341-1 <strong>et</strong> <strong>la</strong> répression, dans <strong>la</strong> partie réglementaire sous l’article R 3353-1 du même<br />

co<strong>de</strong>.<br />

Art. L 3341-1 : Une personne trouvée en état d’ivresse dans les rues, chemins, p<strong>la</strong>ces, cafés,<br />

cabar<strong>et</strong>s ou autres lieux publics, est, par mesure <strong>de</strong> police, conduite à ses frais au poste le plus<br />

voisin ou dans une chambre <strong>de</strong> sûr<strong>et</strong>é, pour y être r<strong>et</strong>enue jusqu’à ce qu’elle ait recouvré <strong>la</strong><br />

raison.<br />

Art. R 3353-1 : Le fait <strong>de</strong> se trouver en état d’ivresse <strong>manifeste</strong> dans les lieux mentionnés à<br />

l’article L. 3341-1 est puni <strong>de</strong> l’amen<strong>de</strong> prévue pour les contraventions <strong>de</strong> <strong>la</strong> 2 ème c<strong>la</strong>sse.<br />

Aux termes <strong>de</strong> ces dispositions, l’ivresse n’est donc punissable qu’à <strong>la</strong> double condition qu’elle soit<br />

<strong>manifeste</strong> <strong>et</strong> constatée dans un lieu public (rue, chemin, p<strong>la</strong>ce, café, cabar<strong>et</strong>…).<br />

Par lieux publics il faut entendre ceux qui sont <strong>de</strong>stinés au passage mais encore ceux où chacun<br />

peut entrer librement, gratuitement ou non, tels les églises, écoles, bals <strong>et</strong> concerts publics, théâtres,<br />

bureaux <strong>de</strong>s administrations <strong>publique</strong>s, casernes <strong>et</strong>c.… 10<br />

La Cour <strong>de</strong> cassation est venue préciser les contours <strong>de</strong> <strong>la</strong> notion d’ivresse <strong>manifeste</strong>. Elle a<br />

considéré, notamment, qu’il s’agit d’un « fait matériel qui se produit à tous les yeux <strong>et</strong> peut être<br />

constaté par tout le mon<strong>de</strong>, à l’ai<strong>de</strong> du témoignage <strong>de</strong>s sens », sans qu’il soit nécessaire que le<br />

procès verbal qui l’atteste re<strong>la</strong>te, à l’appui, <strong>de</strong>s faits particuliers 11 . Que, par ailleurs, il importe peu<br />

que <strong>la</strong> personne concernée circule sur <strong>la</strong> voie <strong>publique</strong> à pied ou au vo<strong>la</strong>nt d’un véhicule pour que<br />

<strong>la</strong> loi pénale s’applique 12 . Qu’enfin l’ivresse <strong>publique</strong> <strong>et</strong> <strong>manifeste</strong> doit être expressément constatée<br />

pour que soit justifiée <strong>la</strong> r<strong>et</strong>enue du contrevenant. 13<br />

Par ailleurs, <strong>la</strong> contravention d’IPM ne sanctionne pas le dépassement d’un seuil d’alcoolémie<br />

précisément déterminé 14 , mais un état d’ivresse, qui, <strong>manifeste</strong> <strong>et</strong> <strong>publique</strong>, représente par ce<strong>la</strong><br />

même, potentiellement, un risque pour autrui <strong>et</strong> pour <strong>la</strong> personne elle-même <strong>et</strong> crée un trouble à<br />

l’ordre public. Ainsi, en l’absence d’une définition médico-légale <strong>de</strong> l’ivresse, l’interpel<strong>la</strong>tion d’un<br />

individu présumé en état d’ivresse, repose-t-elle sur <strong>la</strong> seule évaluation subjective que les forces <strong>de</strong><br />

l’ordre font d’un certain nombre <strong>de</strong> signes extérieurs qui sont le plus souvent associés à c<strong>et</strong> état :<br />

haleine sentant fortement l’alcool, logorrhée, troubles <strong>de</strong> l’humeur <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> parole, injection<br />

conjonctivale, perte d’équilibre… 15 , à partir du témoignage <strong>de</strong> leurs sens, c’est à dire sur<br />

l’apparence, sans que c<strong>et</strong>te évaluation ne soit, à aucun moment, objectivée par une mesure <strong>de</strong><br />

l’imprégnation alcoolique.<br />

Outre le fait qu’elle puisse présenter une part d’arbitraire 16 , c<strong>et</strong>te opération est plus risquée qu’il<br />

n’y paraît , dans <strong>la</strong> mesure où les symptômes <strong>de</strong> l’ivresse peuvent varier d’un individu à l’autre <strong>et</strong><br />

10 Cf. répertoire pénal Dalloz avril 1998.<br />

11 Cass. crim.12 mars 1875 <strong>et</strong> 24 avril 1990 bull.crim.1990 n°152.<br />

12 Cass. crim. 28 juin.1995 : juris-data n°1998-002598; bull.crim.1998, n°229 ;<br />

13 Cass. crim. 11 janvier 2001 : juris-data n°2001-008733 ; bull. crim.2001, n°7. En eff<strong>et</strong>, l’article L3341-1 du CSP ne trouve pas à<br />

s’appliquer à une personne qui se trouve seulement sous l’emprise d’un état alcoolique.<br />

14 Comme en matière <strong>de</strong> conduite en état alcoolique, domaine dans lequel <strong>la</strong> loi prévoit un taux contraventionnel <strong>de</strong> 0,25<br />

milligramme/L d’air expiré (mesuré par l’éthylomètre) ou 0,50 gramme/L <strong>de</strong> sang (mesuré par prélèvement sanguin) <strong>et</strong> un taux<br />

délictuel <strong>de</strong> 0,40 milligramme /L d’air expiré ou 0,80 gramme/L <strong>de</strong> sang (art L234-1 <strong>et</strong> R 234-1 du Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> route)<br />

15 Certains procès-verbaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> gendarmerie comportent <strong>de</strong>s mentions pré-imprimées re<strong>la</strong>tives aux principaux signes d’ivresse, ce<br />

qui perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> gui<strong>de</strong>r l’évaluation <strong>de</strong>s militaires <strong>de</strong> <strong>la</strong> gendarmerie. Voir annexe 6.<br />

16 L’affaire Toufik el Amri, survenue à Nantes dans <strong>la</strong> nuit du 22 au 23. 11.2006, donne <strong>la</strong> mesure <strong>de</strong>s difficultés liées à c<strong>et</strong>te<br />

évaluation. Les 3 policiers mis en cause pour faux témoignage <strong>et</strong> dé<strong>la</strong>issement <strong>de</strong> personne hors d’état <strong>de</strong> se protéger, affirment que<br />

l’individu qu’ils ont contrôlé le 22 novembre à Nantes, n’était pas ivre ; les compagnons <strong>de</strong> boisson <strong>de</strong> M. el Amri affirment au<br />

contraire qu’il était ivre. Les analyses toxicologiques effectuées sur le corps <strong>de</strong> l’intéressé, repêché quelques jours plus tard dans <strong>la</strong><br />

Loire, ont mis à jour un taux d’alcool dans le sang <strong>de</strong> 3,74 grammes.<br />

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