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l’ACTU<br />
Mag<br />
Colmar • Les Justes et Les mains sales à la Comédie de l’Est<br />
Camus et Sartre<br />
diptyque de la résistance<br />
Les Justes et Les Mains sales, deux pièces écrites à un an d’intervalle par deux auteurs engagés dans la<br />
Résistance. Deux pièces que Guy Pierre Couleau, le directeur de la Comédie de l’Est, a choisi de mettre en<br />
scène avec la même troupe d’acteurs, pour mieux faire résonner l’écho de ces deux visions.<br />
Guy Pierre Couleau, lorsque vous avez<br />
monté Les Justes, en 2007, aviez-vous déjà<br />
l’idée de mettre en scène Les Mains sales ?<br />
Monter les deux, c’était un peu un rêve.<br />
Quand je travaillais sur Camus, je me suis<br />
rendu compte que Sartre avait écrit sa<br />
pièce en même temps, et que les deux<br />
textes se faisaient écho. J’ai pensé que ce<br />
serait un projet magnifique de monter les<br />
deux spectacles avec une même équipe<br />
d’acteurs et de les jouer en alternance. ça<br />
n’a pas été possible de les programmer<br />
ensemble à Colmar, pour une question de<br />
planning, mais le public pourra les découvrir<br />
à un mois d’intervalle. Ce sera aussi<br />
l’occasion pour lui de faire connaissance<br />
avec la nouvelle équipe d’acteurs permanents<br />
de la Comédie de l’Est.<br />
Parlez-nous de ces deux pièces écrites<br />
juste après la guerre... En quoi vous ont-elles touché ?<br />
Toutes les deux prennent prétexte de sujets historiques<br />
pour évoquer le présent. Les Justes est une<br />
métaphore de l’engagement<br />
et de la résistance pendant la<br />
Deuxième Guerre mondiale,<br />
sur le thème du combat<br />
juste contre le tyran. Sartre<br />
situe Les Mains sales en 1943,<br />
influencé par la Libération.<br />
Ce qui m’a surtout intéressé, c’est le fait que ces deux<br />
très grandes voix de la littérature et de la pensée se<br />
jettent sans recul, réfléchissent à chaud sur la barbarie<br />
et la monstruosité. Les deux pièces sont d’abord une<br />
réflexion sur le crime.<br />
Une réflexion qui prend deux directions différentes :<br />
les célèbres querelles entre Sartre et Camus, dans les<br />
années 50, sont déjà en germe dans ces deux pièces...<br />
Pour Camus, il y a des limites à ne pas dépasser, même<br />
s’il s’agit d’une juste cause : on tue le tyran mais pas<br />
les civils. Pour Sartre, quand on veut la révolution, il<br />
La nouvelle troupe permanente de la Comédie de l’Est<br />
à découvrir dans Les Mains sales<br />
Une réflexion sur la<br />
barbarie par deux grandes<br />
voix de la littérature<br />
y a un prix à payer, il faut se salir les mains : tant pis si<br />
dix mille morts sont nécessaires.<br />
Les différences sont aussi d’ordre littéraire...<br />
Les Justes est un texte ciselé<br />
comme une sculpture, il y<br />
a une pureté de la langue<br />
chez Camus. C’est un essai<br />
de tragédie moderne, avec<br />
d es références au x co d es<br />
du XVII e siècle, je trouve ça<br />
très beau. A l’opposé, Sartre<br />
est très influencé par le cinéma, sa pièce est pleine<br />
d’inventions et d’humour. Les deux pièces sont très<br />
complémentaires, à tout point de vue.<br />
Comment avez-vous traité ces différences du point de<br />
vue de la mise en scène ?<br />
J’ai suivi tout simplement la nature des pièces : austérité,<br />
dénuement, rigueur pour Les Justes ; décors<br />
foisonnants qui changent à vue, images successives<br />
comme au cinéma pour Les Mains sales.<br />
Voir dates et lieux ci-dessous<br />
Comédie de l’Est - 03 89 24 31 78 - Tarifs de 5,50€ à 19€<br />
©Gregory Brandel<br />
17<br />
Les Justes, d’Albert Camus<br />
Moscou, 1905. Un groupe de terroristes appartenant au<br />
parti socialiste révolutionnaire organise un attentat à la<br />
bombe contre le Grand Duc, oncle du Tsar. Les deux héros,<br />
Kaliayev et Dora sont déchirés entre vie et mort, amour et<br />
révolution. Mais sont-ils justes, ces extrémistes capables<br />
de tout pour que triomphe leur idée du bonheur ? Camus<br />
ne tranche pas. Et voilà que l’actualité, l’intelligence, la<br />
compassion du poète éclaboussent l’esprit et le coeur.<br />
Ma.6, Me.7 et Ve.9/10 à 20h30, Je.8/10 à 19h<br />
au Théâtre municipal de Colmar<br />
Les Mains sales, de J-Paul Sartre<br />
1943, Illyrie, état fictif d’Europe centrale occupé par les<br />
armées allemandes. Hugo, jeune militant communiste<br />
d’origine bourgeoise, se propose pour assassiner l’un des<br />
chefs du parti qui conduit une politique d’alliance avec les<br />
forces fascistes. Les Mains sales raconte le combat du mensonge<br />
et de la vérité. Pourquoi s’engage-t-on en politique ?<br />
Doit-on obéir à tous les ordres ?<br />
Je.12 et 19/11 à 19h, Ve.13, Ma.17, Me.18/11 à<br />
20h30, Sa.14/11 à 18h<br />
à la Comédie de l’Est à Colmar