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distance à partir de la rivière <strong>du</strong> Bic, qui se jette en face de l'île <strong>du</strong> même nom, jusqu'au milieu de la<br />
rivière Hâtée. Les deux lieues de front (6 milles ou 10 km) que devait contenir la seigneurie concédée par<br />
Frontenac en 1675 s'y trouvaient amplement. Portée devant la cour d'Appel en 1778, la cause fut<br />
brillamment défen<strong>du</strong>e par l'avocat Antoine OIry de Québec. La contestation prit fin devant cette cour, de<br />
façon à favoriser entièrement les seigneurs de <strong>Rimouski</strong> 2 • Dorénavant, les Rimouskois purent continuer à<br />
pêcher le saumon dans leur rivière, en toute quiétude, le milieu de la rivière Hâtée marquant la borne entre<br />
les deux seigneuries.<br />
Louis Lepage de Saint-Germain<br />
Malheureusement pour les descendants de la famille Lepage, entre 1770 et 1772, Pierre Lepage de<br />
Saint-Barnabé II <strong>du</strong>t remettre la gouverne des affaires à son neveu et héritier de la seigneurie, Louis<br />
Lepage de Saint-Germain. Celui-ci, qui avait été en tutelle depuis la mort <strong>du</strong> seigneur son père en 1756, fit<br />
preuve d'une incroyable irresponsabilité dans la gestion de ses affaires. Il multipliait les dettes à droite et à<br />
gauche et donnait des morceaux de seigneurie en garantie. En 1787, il eut le malheur d'aller se mettre<br />
littéralement dans la gueule <strong>du</strong> loup. Ayant fait l'achat de marchandises au magasin <strong>du</strong> Sieur Joseph<br />
Drapeau sur la place <strong>du</strong> marché à Québec, le jeune seigneur de <strong>Rimouski</strong> s'endetta pour une somme<br />
totalisant 200 L. Bien sûr, il n'allait pas payer cette dette en argent sonnant. «Pour tout compte des<br />
marchandises que le dit Sieur [Drapeau] lui a cy devant avancé», le débiteur imprudent promettait de<br />
payer son dû au magasin de son créancier à Québec «sous 1 'hypothèque générale de tous ses biens présents<br />
& à venir, en quelque endroit de la Province qu'ils se trouveront situés»3. Le créancier rapace n'avait plus<br />
qu'à attendre son heure qui n'allait pas tarder.<br />
En 1790, le cauchemar de la famille Lepage devenait réalité. Dans La Gazette de Québec <strong>du</strong> 25<br />
février de cette année-là, paraissait un avis de la vente par shérif de toutes les terres ayant appartenu à<br />
Louis Lepage de Saint-Germain. Le seigneur Drapeau n'avait rien oublié et tout était minutieusement<br />
décrit:<br />
1. Le Fief et Seigneurie de Rimousky situé au côté Sud de la rivière St. Laurent, de quatre lieues et plus<br />
s'il se trouve de front, sur deux lieues de profondeur, avec l'Isle St. Barnabé, isles et islets au-devant,<br />
un vieux Moulin et la terre en Domaine, avec la maison et autres bâtimens qui y sont construits; le dit<br />
Fief et Seigneurie avec tous ses droits et profits féodaux suivant les titres; [. .. ]<br />
2. {La seigneurie de Métis]<br />
3. {La terre de Sainte-Claire, derrière Cap-Saint-Ignace]<br />
__ , Comme il fallait s 'y attendre, ce fut une levée de boucliers parmi les membres de la famille Lepage qui<br />
avaient des droits, sur les terres héritées <strong>du</strong> seigneur René Lepage de Sainte-Claire, ou qui croyaient avoir<br />
certains droits ... Le seigneur Drapeau allait y mettre bon ordre.<br />
D'après le droit seigneurial de cette époque, la moitié de la seigneurie était léguée à l'aîné des garçons<br />
et l'autre moitié était partagée également entre les frères et sœurs. Souvent, l'aîné rachetait les parts de ses<br />
frères et sœurs. Il arrivait aussi qu'il ne le faisait pas et cela compliquait toute l'affaire. À la première<br />
génération, on pouvait toujours démêler les parts de chacun, mais à la deuxième et à la troisième<br />
générations, cela devenait inextricable. Cette situation était d'autant plus difficile à cette époque où les<br />
titres de propriétés n'étaient pas enregistrés dans un même lieu comme ce l'est aujourd'hui avec les<br />
bureaux d'enregistrement. Il fallait rechercher ces documents qui pouvaient se trouver dans n'importe<br />
lequel greffe des notaires qui avaient pratiqué à époque-là. Puis, le seigneur Drapeau ne reconnaissait que<br />
les actes passés devant un notaire accrédité et il pouvait rejeter les documents confectionnés par les<br />
tabellions improvisés comme il s'en trouvait alors 4 .<br />
Le notaire Alexandre Dumas de Québec eut la tâche de débrouiller ce brouillamini. Il y réussit dans<br />
un document intitulé Généalogie des descendants de feu Sieur René LePage, que devraient consulter tous<br />
les généalogistes qui s'intéressent à l'histoire de cette familleS. Seuls Pierre Lepage de Saint-Barnabé II et<br />
sa sœur Agnès Lepage-Côté purent conserver une part appréciable <strong>du</strong> patrimoine familial. Ils étaient les<br />
deux enfants survivants, en 1790, de Pierre Lepage de Saint-Barnabé 1 et de Marie Trépanier. Joseph<br />
Drapeau racheta la part de certains autres membres de la famille. Enfin les quelques-uns pour qui on avait<br />
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