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Pierre Saint-Laurent, le pionnier<br />

Parmi les pionniers de <strong>Rimouski</strong>, Pierre Saint-Laurent (ou Laurent) tient une place toute spéciale. Arrivé<br />

avec René Lepage de Sainte-Claire, Pierre était à peine âgé de vingt ans, alors que le seigneur approchait de la<br />

quarantaine. On peut même dire que c'était cette différence d'âge qui marquait le plus la distance entre les deux<br />

hommes. Il ne faut pas se faire d'illusions sur la prééminence <strong>du</strong> seigneur à cette époque-là. Les deux arrivants ont<br />

dû exploiter toutes les ressources de leur imagination pour survivre. Ensemble, ils ont ramé, bûché, pêché, chassé et<br />

construit leur maison. Nous avons de bonnes raisons de croire que René Lepage éleva la maison seigneuriale sur le<br />

site de l'actuel Musée régional et Pierre Saint-Laurent, son censitaire, se tailla une terre de sept arpents de front sur<br />

le lot situé à l'ouest de la ligne de séparation entre <strong>Rimouski</strong> et <strong>Rimouski</strong>-Est.<br />

On donne 1696 comme date de l'arrivée de René Lepage à <strong>Rimouski</strong>, mais aucune preuve documentaire ne<br />

permet de le confirmer. Il est probable que le seigneur et son censitaire avaient quitté l'île d'Orléans quelques années<br />

auparavant. D'une part, nous savons que le Sieur Lepage avait loué sa terre orléanaise en 1693; puis, son épouse,<br />

Marie-Madeleine Gagnon, n'a pas eu d'enfant entre 1692 et 1699. Cela pourrait être la preuve d'une séparation<br />

prolongée. Après cette date, la famille Lepage recommençait à s'accroître de façon régulière. Autour de 1700, tout<br />

était prêt pour faire venir femmes et enfants en terre rimouskoise.<br />

Le 12 janvier 1699, Pierre Laurent unissait sa destinée à celle de Constance Guérinet (ou Garinet), à Saint­<br />

François de l'île d'Orléans. L'épouse, fille de François Guérinet et de Constance Lepage, était la cousine <strong>du</strong> seigneur<br />

René Lepage de Sainte-Claire. Le nouveau couple était sûrement établi à <strong>Rimouski</strong> de façon permanente, au 31 août<br />

1701. À cette date, Pierre Laurent et Constance Guérinet agissaient comme parrain et marraine à Geneviève, la fille<br />

de René Lepage. Par la suite, ils faisaient baptiser tous leurs enfants à <strong>Rimouski</strong>.<br />

En 1736, l'intendant Hocquart reconnaissait la valeur <strong>du</strong> «plus ancien habitant de <strong>Rimouski</strong>». Cette annéelà,<br />

l'intendant remettait une commission de subdélégué au père Charles Barbel, récollet, qui visitait régulièrement<br />

les paroisses de <strong>Rimouski</strong>, de Trois-Pistoles et de L'Isle-Verte. D'après cette commission, le Père était chargé de<br />

juger et de régler les différends qui pouvaient survenir entre les habitants desdites paroisses. Cependant, comme le<br />

missionnaire n'était habituellement que de passage, il devait déléguer sa charge au «Sr LePage de St. Barnabé<br />

seigneur et capitaine de milice <strong>du</strong>d. lieu et à Pierre St. Laurent père plus ancien habitant que nous [Hocquart]<br />

commettons pareillement pour estre ses adjoints». L'on comprend facilement qu'il aurait coûté trop cher aux<br />

habitants de se rendre à Québec pour les affaires mineures, à cause de l'éloignement et des frais que cela aurait<br />

occasionnés. Pour cette raison, l'intendant enjoignait aux résidents «situez dans l'éten<strong>du</strong>ë desd. lieux» d'obéir et de<br />

se conformer aux jugements ren<strong>du</strong>s par le seigneur et le plus ancien habitant de <strong>Rimouski</strong>. CV oir la commission de<br />

Hocquart, 16 juin 1736, dans la partie Documents).<br />

Cette preuve d'estime était sûrement bien méritée. En 1738, le pionnier agissait comme premier marguillier<br />

pour voir à l'administration de l'argent donné à la fabrique de Saint-Germain. On doit considérer Pierre Saint­<br />

Laurent comme le co-fondateur de <strong>Rimouski</strong>, avec le seigneur René Lepage de Sainte-Claire. On ignore la date <strong>du</strong><br />

décès de ce pionnier de même que celle de son épouse, Constance Guérinet. Il est certain que tous les deux étaient<br />

encore vivants au 12 juillet 1739. Ce jour-là, alors âgé de soixante et quatre ans, Pierre Saint-Laurent recevait chez<br />

lui le père Charles Barbel qui devait agir comme notaire. Par testament, le plus ancien habitant de <strong>Rimouski</strong> léguait<br />

sa terre 1 et sa maison à son fils Joseph, époux de Louise Rioux, fille <strong>du</strong> seigneur Nicolas Rioux de Trois-Pistoles.<br />

Les autres enfants <strong>du</strong> testateur, Pierre, époux de Marie Halard; Joseph Gasse, époux d'Isabelle; Jacques Bouillon,<br />

époux de Françoise et Ambroise (mineur) acquiesçaient à la donation faite par leur père. Il est à remarquer<br />

qu'Isabelle et Françoise n'agissaient pas par elles-mêmes pour un acte qui les concernait directement. Elles étaient<br />

représentées par leur mari, Joseph Gasse et Jacques Bouillon.<br />

Pierre Saint-Laurent et Constance Guérinet ont laissé de nombreux descendants dans la région <strong>du</strong> Bas <strong>du</strong><br />

fleuve 2 • Ces fils de pionniers ont continué l'œuvre de leurs ancêtres dans plusieurs domaines où ils ont contribué à<br />

accélérer le développement de notre région. Se souviennent-ils de Pierre et de Constance qui ont passé toute leur vie<br />

d'a<strong>du</strong>lte sur une terre de sept arpents de front, en bor<strong>du</strong>re de la rue Saint-Germain, en descendant vers Saint-Yves.<br />

Le père et la mère de toutes les familles Saint-Laurent rimouskoises avaient pour horizon l'île et le fleuve, sur la rue<br />

devenue de nos jours la plus commercialisée de la ville de <strong>Rimouski</strong>.<br />

Notes<br />

1 On attribua à cette terre -les trois arpents légués à Joseph -le numéro un, lors de la confection <strong>du</strong> cadastre en 1877; elle est<br />

demeurée dans la famille Saint-Laurent jusqu'au début <strong>du</strong> XX e siècle. Les quatre autres arpents détachés <strong>du</strong> lot d'origine de sept<br />

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