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formellement prouvé qu'ils avaient droit à une parcelle de seigneurie, le nouveau seigneur s'en débarrassa<br />

pour une bouchée de pain.<br />

Pierre Lepage de Saint-Barnabé II méritait bien d'accrocher de bons morceaux de seigneurie, il<br />

avait géré avec compétence et honnêteté les biens de ses trois pupilles, Louis, Geneviève et Isabelle<br />

Lepage de Saint-Germain. Il avait fait construire un nouveau moulin et défen<strong>du</strong> le patrimoine familial dans<br />

l'affaire des frontières de la seigneurie <strong>du</strong> Bic. Surtout, il avait conservé ses titres de propriétés qu'il avait<br />

déposés chez un notaire dûment accrédité. Quant à sa sœur, Agnès Lepage veuve de Basile Côté, elle n'en<br />

avait pas fait autant. Il faut croire que Pierre Lepage de Saint-Barnabé II a joué le rôle de protecteur et de<br />

défenseur de cette veuve âgée de plus de soixante-dix ans. Agnès Lepage avait épousé Basile Côté en 1744<br />

et à cette occasion son père, le premier Pierre Lepage de Saint-Barnabé, avait fait donation aux nouveaux<br />

époux de la terre où se trouve aujourd'hui bâtie la maison Lamontagne.<br />

En faveur de l'ex-seigneur, Louis Lepage de Saint-Germain, Joseph Drapeau fit preuve d'un peu<br />

d'humanité. Il lui concéda, mais en usufruit seulement, une vaste pièce de terre de quatre arpents de front<br />

par deux lieues, c'est-à-dire sur toute la profondeur de la seigneurie. Cette terre était située immédiatement<br />

à l'ouest de l'église devenue aujourd'hui le Musée régional. Si le concessionnaire décédait sans enfants nés<br />

en légitime mariage, la concession devait retourner au seigneur Drapeau ou à ses descendants 6 . Comme il<br />

fallait bien s'y attendre, en 1795, Louis Lepage de Saint-Germain fut de nouveau poursuivi et saisi par<br />

Joseph Drapeau 7 et le malheureux finit ses jours comme locatairé de ladite terre, à sept piastres par année 8 •<br />

Lors de cette concession en faveur de Louis Lepage de Saint-Germain en 1790, il avait été bien<br />

spécifié que la terre reviendrait au seigneur Drapeau, si le concessionnaire n'avait pas de descendants. En<br />

fait, le seigneur ne prenait pas un gros risque. Louis Lepage avait alors plus de quarante ans et était encore<br />

non marié et toujours mentionné comme «garçon majeur». On pouvait s'attendre à ce qu'il continue de<br />

résister aux charmes féminins. Mais alors qu'il était âgé de plus de soixante ans, il convola avec Flavie<br />

Lavoie, nommée aussi Flavie de la Voye, laquelle n'avait que dix-sept ans. Elle était la fille de René<br />

Lavoie et de Marie-Anne Bouillon 9 . Le couple mit au monde cinq enfants, dont quatre filles. Leur unique<br />

fils, Louis-Germain, mourut relativement jeune. Une seule fille était née de son mariage avec Eléonore<br />

Ouellet lO • C'est ainsi que s'éteignait la branche aînée des seigneurs Lepage de <strong>Rimouski</strong>, tous descendants<br />

en ligne directe de René Lepage de Sainte-Claire. En l'espace de dix-huit ans, entre 1772 et 1790, Louis<br />

Lepage de Saint-Germain avait dilapidé tout le patrimoine hérité de son arrière-rrand-père. Dans un de ses<br />

derniers écrits, il ne signait plus qu'à titre de «maître charpentier et menuisier»l .<br />

Quant à la branche des co-seigneurs de Saint-Barnabé, elle se porte à merveille. Pierre Lepage de<br />

Saint-Barnabé II et son épouse Véronique Rioux ont mis au monde cinq garçons, lesquels ont été aussi les<br />

parents d'une nombreuse descendance mâle 12 • Il serait amusant de rechercher aujourd'hui tous les<br />

membres de cette famille qui ont hérité <strong>du</strong> titre de Saint-Barnabé. Ils sont sûrement très nombreux et même<br />

si le sort n'a pas placé leur aïeul, Pierre Lepage de Saint-Barnabé II, en position de fils aîné, il mérite une<br />

place dans notre souvenir collectif.<br />

Le souvenir <strong>du</strong> dernier des seigneurs Lepage reste attaché au fiasco où il a con<strong>du</strong>it l 'héritage de<br />

René Lepage de Sainte-Claire. Tous les membres de cette famille de pionniers allaient en ressentir les<br />

contrecoups. Sous la gouverne <strong>du</strong> seigneur Drapeau, <strong>du</strong>r et rapace, la population de <strong>Rimouski</strong> aura des<br />

compensations comme une meilleure distribution des terres, une nouvelle église, un curé résident et une<br />

route en construction depuis Trois-Pistoles. Puis, en 1820, l'ouverture sur la rivière de la scierie de Michel<br />

Larrivé annonçait le <strong>Rimouski</strong> moderne.<br />

Notes<br />

1 Procès-verbal de l'arpenteur Plamondon, 13 septembre 1773, cité par J.-D. Michaud, Le Bic, les étapes d'une paroisse, p. 287.<br />

2 Défenses fournies par Louis Lepage de Saint-Germain à l'action intentée contre lui par les seigneurs <strong>du</strong> Bic, coll. Tessier,<br />

ANQR, P1I8-3/3. J.-D. Michaud, dans Le Bic ... , repro<strong>du</strong>it ce document avec des variantes mineures.<br />

3 Obligation de Louis Lepage de Saint-Germain à Joseph Drapeau, ANQQ, notaire Charles Voyer, 17 septembre 1787.<br />

4 À <strong>Rimouski</strong>, Louis Banville se trouvait dans cette situation de notaire improvisé. Quelques-uns de ses actes ne sont pas trop<br />

mal confectionnés et il y apposait une très belle signature avec paraphe, comme le faisait les anciens tabellions. L'arrivée de la<br />

famille Banville dans notre région se situe seulement à la fin <strong>du</strong> régime français. Leur présence est confirmée avec le baptême<br />

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