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Conclusion de la première partie<br />

Mission terminée<br />

L'année 1790 marque tout un bouleversement dans la vie des anciens Rimouskois. La récréation<br />

était terminée, tant au point de vue civil qu'au point de vue religieux.<br />

Depuis l'arrivée d'une population française à <strong>Rimouski</strong>, au début <strong>du</strong> XVIIIe siècle, la région avait<br />

été desservie par voie de mission. Les pères récollets suivaient la voie fluviale, s'arrêtant aux petits postes<br />

de l'estuaire. Ils n'y restaient que quelques jours, ayant comme priorité de faire faire les Pâques à ces<br />

populations isolées. Puis, ils administraient le baptême et le mariage, et bénissaient les lieux de sépultures.<br />

Le pasteur agissait aussi comme notaire et heureusement que nous l'avons eu pour enregistrer les actes au<br />

registre de l'état civil. Puis le père repartait vers les postes de la Gaspésie et de la baie des Chaleurs.<br />

Voyageant en canot à la façon des Indiens, le missionnaire suivait la route d'eau de la rivière Métis et <strong>du</strong><br />

lac Matapédia avant de se rendre à Restigouche. Sauf dans les dernières décennies, cet homme venu de la<br />

mer était reçu avec vénération et faisait le lien avec les autres populations de la Nouvelle-France. On peut<br />

dire que le père a personnifié toute une époque que l'on peut qualifier de «période missionnaire».<br />

Avec le régime anglais et la pénurie de religieux qui s'ensuivit dans les communautés d'hommes, la<br />

période missionnaire allait prendre fin. La lettre de reproches de Mgr Briand eut d'heureux résultats en ce<br />

sens que les habitants reconnurent la nécessité de construire une nouvelle église. C'était une bien petite<br />

construction de bois en colombage, mais tout de même une église, ouverte au culte en 1790 avec tout le<br />

faste que requérait la présence de l'évêque de Québec, Mgr Jean-François Hubert. L'achat de la seigneurie<br />

par Joseph Drapeau, en cette même année 1790, allait aussi marquer un changement dans le personnel<br />

religieux de la région. Le nouveau seigneur se servit de toute son influence pour obtenir un curé résident.<br />

En 1793, c'était chose faite avec l'arrivée de Pierre Robitaille, le premier à venir résider dans son petit<br />

presbytère. À partir de cet instant, les paroissiens de Saint-Germain purent assister à la messe tous les<br />

dimanches.<br />

Jamais un seigneur absent ne fit sentir sa présence aussi lourdement que Joseph Drapeau. Au temps<br />

des Lepage, plusieurs des proches parents avaient reçu de larges concessions et avaient été exemptés de<br />

payer les cens et rentes. Il ne fallait pas attendre de pareilles largesses <strong>du</strong> nouveau seigneur. Celui-ci<br />

obligea tous les censitaires à présenter ce qu'on appelait alors des titres nouvels. C'est-à-dire que tous<br />

devaient faire refaire, à leurs frais, leurs titres de concessions et faire clôturer et mesurer leur terre avec<br />

précision. Comme les rentes seigneuriales étaient comptabilisées en rapport avec le nombre d'arpents de<br />

front, le nouveau seigneur pouvait commencer à se frotter les mains de satisfaction en comptant tous les<br />

arpents susceptibles de lui rapporter un bon magot. De plus, à chaque titre nouvel était annexée une liste de<br />

toutes les obligations auxquelles devaient se soumettre les censitaires. Parmi cette liste, il était bien noté<br />

que:<br />

Tout détenteur d'un terrain cultivable et d'éten<strong>du</strong>e suffisante aux besoins d'une famille, y ait dans<br />

l'an et jour de possession, maison grange et étable, y tienne ou fasse tenir feu et lieu; le défriche et<br />

cultive constamment, pour que le seigneur puisse facilement chaque année, y percevoir les<br />

redevances d'icelui, et celles de tous les autres compeaux de terre, possédés par le même détenteur 1<br />

[ ... }<br />

Les habitants de <strong>Rimouski</strong> comprirent de bonne heure que, lorsque le seigneur Drapeau faisait<br />

inscrire une clause dans un acte notarié, il ne blaguait pas.<br />

Le nouveau seigneur ne blaguait pas non plus en ce qui concerne l'interdiction de commercer avec<br />

les Amérindiens. Tous ceux qu'on appelait «les petites gens» tombèrent sous le coup de cette interdiction<br />

et cela était bel et bien inscrit dans chacun de leur titre nouvel. Les deux seuls enfants survivants de Pierre<br />

Lepage de Saint-Barnabé 1 et de Marie Trépanier, Agnès Lepage-Côté et Pierre Lepage de Saint-Barnabé<br />

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