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agenouiller et s'y rappeler leur fin terrestre. Dans une entrevue qu'il m'a accordée le 6 décembre 1998, M.<br />

Théodore Lepage m'a affirmé qu'il a attaché cette croix sur une épinette et qu'elle n'est pas en perdition.<br />

Avec Arthur Buies, le juge Ulric-Joseph Tessier a été un des premiers vacanciers à vanter les<br />

charmes de <strong>Rimouski</strong> comme place de villégiature. Dans une lettre à son ami, Rameau de Saint-Père, il<br />

écrivait: «Je passe l'été dans ma maison de campagne [le manoir Saint-Germain] [. .. ] Vous savez que<br />

<strong>Rimouski</strong> est sur le bord <strong>du</strong> St-Laurent qui a sept lieues de largeur ici, l'air salin y est très fortifiant»29.<br />

Puis, le juge Tessier confie à son journal: «Le dimanche au soir, j'ai fait mon tour de chaloupe à l'île St­<br />

Barnabé plusieurs fois. C'est ma promenade favorite» 30.<br />

La famille Tessier a été la première à inaugurer les séjours de villégiature prolongés sur l'île Saint­<br />

Barnabé. Une maison longue et noire, très rudimentaire, existait sur le lot 546 en 1893 et peut-être même<br />

avant. Cette maison était divisée en deux logements; une partie était habitée à l'année longue par le fermier<br />

et l'autre était réservée pour la famille des propriétaires qui y passait des périodes de vacances, comme<br />

nous l'avons vu précédemment. Le temps de la chasse aux canards était particulièrement apprécié. La<br />

présence de la sauvagine et <strong>du</strong> lièvre entraînait assurément <strong>du</strong> braconnage. Le fermier avait bien le mandat<br />

d'exclure les visiteurs indésirables. Mais comment surveiller 10 kilomètres de côte? Une personne de<br />

bonne é<strong>du</strong>cation m'a avoué candidement qu'elle avait fait d'abondantes captures autour <strong>du</strong> lac à Canards.<br />

Au plaisir de la chasse s'ajoutait l'excitation d'aller à la poursuite <strong>du</strong> fruit défen<strong>du</strong>.<br />

D'autres activités étaient beaucoup plus dangereuses que la chasse et le braconnage. Le 28 janvier<br />

1957, Aldéi Fillion a réussi l'aller-retour, en voiture automobile, via le pont de glace, Accompagné de six<br />

joyeux compagnons, cet as <strong>du</strong> volant a accompli cet exploit dans sa Mercury 1951. Francine Ouellet­<br />

Fillion, Jean-Guy Ouellet, Gisèle Ouellet-Fillion, Jeanne Ouellet-Pineault, Conrad et Pierrette Desbiens<br />

faisaient partie <strong>du</strong> voyage. Une photo parue dans le Progrès-Écho Dimanche, le 14 mars 1999, rappelle cet<br />

événement. M. Fillion y apparaît à côté de sa voiture sur la banquise, avec l'île à l'arrière-plan.<br />

Heureusement que cette photo garantit l'authenticité de cette aventure; autrement, on aurait pu croire à une<br />

histoire de Marseillais! On ne connaît personne, ni avant ni après M. Fillion, qui ait réussi ce numéro de<br />

cascadeur.<br />

Il est arrivé que quelques jeunes gens aient traversé à l'île sur le pont de glace, mais en patins cette<br />

fois. Le résultat n'a pas toujours été aussi heureux. Théodore Lepage nous apprend qu'un jeune est mort<br />

par engelure pendant la traversée et qu'un autre y a laissé sa vie par noyade.<br />

Vers la fin <strong>du</strong> XX e siècle, d'autres activités, plus sages, étaient réservées aux vacanciers<br />

propriétaires de chalets. Les sentiers pédestres et la cueillette des petits fruits ont constitué les attractions<br />

principales des quelques rares estivants qui ont eu la chance de posséder un petit coin de terre sur l'île.<br />

Entre 1966 et 1978, Théodore Lepage a ven<strong>du</strong> des terrains pour y construire des chalets à: Paul-Émile<br />

Dubé, Paul-Émile Saint-Laurent, Roger Dumont, Jean-Louis Guérette et Gisèle Pruneau 3 !. De nos jours,<br />

ces vacanciers ont compris que le temps de la propriété privée sur l'île était bel et bien terminé.<br />

Notre île<br />

Il est maintenant acquis qu'au XXl e siècle, l'île sera un parc d'amusement destiné à tous les<br />

Rimouskois et à tous les Québécois. En 1987, la compagnie Price, qui avait acheté tous les droits de la<br />

succession Tessier sur les lots 546 et 543, vendait ces deux propriétés à la Ville de <strong>Rimouski</strong>. En l'an<br />

2000, Théodore Lepage se départissait aussi de ses deux terres ancestrales au profit de la Ville, à<br />

l'exception de deux petits terrains légués à ses neveux, Camille et Michel Lepage. Ces deux descendants<br />

des seigneurs Lepage, avec quelques propriétaires de chalets, conservent le plaisir d'avoir un petit coin<br />

bien à eux sur l'île. Plus rien ne s'oppose maintenant à la réalisation des projets que les citadins<br />

chérissaient depuis longtemps: l'île sera une base de plein air «également hospitalière à tous».<br />

La question est plutôt de savoir comment ce bien patrimonial sera exploité pour le plaisir des<br />

vacanciers. Heureusement, la conscience publique est maintenant éveillée aux valeurs écologiques. On<br />

connaît bien la fragilité d'un site lorsqu'il est ouvert à tous. Le maire de <strong>Rimouski</strong>, Michel Tremblay,<br />

entend rendre l'île plus accessible, «en lui conservant son aspect sauvage»32. Le défi sera difficile à<br />

relever. Plusieurs projets sont à l'étude et la population de <strong>Rimouski</strong> aura à choisir entre différentes<br />

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