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Les habitants de l'île après Toussaint Cartier<br />

Certes, la légende qui est restée attachée au nom de l'ermite de Saint-Barnabé demeure la partie la<br />

plus importante de son héritage. Mais les biens matériels qu'il a laissés aux héritiers Lepage sont loin<br />

d'être négligeables. On n'a qu'à penser à la valeur d'une terre défrichée dans les familles d'agriculteurs.<br />

L'espace cultivé par Toussaint Cartier a trouvé preneurs jusqu'au XX e siècle, avec des intermèdes que l'on<br />

peut difficilement préciser.<br />

Le premier à bénéficier des biens délaissés par Cartier fut Pierre Lepage de Saint-Barnabé, le<br />

deuxième <strong>du</strong> nom. Nous avons vu qu'après la mort de son frère, le seigneur Germain Lepage de Saint­<br />

Germain, en 1756, Pierre Lepage devint administrateur de la seigneurie. Il prenait en mains les affaires de<br />

son neveu et pupille, Louis Lepage de Saint-Germain âgé d'environ onze ans à la mort <strong>du</strong> seigneur, son<br />

père. C'est en faveur de Pierre Lepage et de ses héritiers que l'ermite avait fait son testament en 1764 11 •<br />

Il faut reconnaître que Pierre Lepage de Saint-Barnabé II a très bien administré au nom de son<br />

neveu. Il rendit son compte de tutelle en 1772, alors que le pupille, âgé de plus de vingt et un ans, avait<br />

atteint sa majorité. Il est certain que la terre défrichée a continué d'être cultivée, après la mort de l'ermite,<br />

au profit de la famille de Pierre Lepage de Saint-Barnabé II. À cette époque-là, celui-ci avait la place <strong>du</strong><br />

seigneur, jouait le rôle <strong>du</strong> seigneur et prenait le nom <strong>du</strong> seigneur. Dans son compte de tutelle, il reconnaît<br />

devoir à son neveu et à ses sœurs (Geneviève et Elizabeth), leur part des droits sur les grains et le foin<br />

récoltés «sur l'isle St-Barnabé provenant <strong>du</strong> désert que le feu hermitte y avoit fait» 12. Il reconnaît aussi<br />

avoir retiré des profits, dont une partie était <strong>du</strong>e à ses pupilles, sur les saumons capturés dans les<br />

installations de pêche autour de l'île Saint-Barnabé et de l'islet à Canuel. Ces activités de culture et de<br />

pêche exigeaient une présence sur place, au moins pour des périodes temporaires.<br />

Dans un acte notarié daté de 1782, nous relevons le nom de Louis Trudel comme «habitant de l'isle<br />

de St-Barnabé»13. Nous savons très peu de choses au sujet de cet habitant, sauf qu'il était le fils de Joseph<br />

Trudel et de Félécité Grégoire et l'époux de Marie Proulx. Entre 1784 et 1793, cet insulaire et son épouse<br />

faisaient baptiser quatre enfants à <strong>Rimouski</strong>. Comment expliquer la présence de cette famille sur l'île?<br />

Louis Trudel aurait été à bail sur le lot défriché par l'ermite. Il est difficile d'expliquer autrement la<br />

présence de cet «habitant de l'isle St-Barnabé».<br />

Avec la vente des seigneuries de <strong>Rimouski</strong> au seigneur Joseph Drapeau, tout va basculer dans la<br />

famille Lepage. Le nouveau propriétaire va rejeter <strong>du</strong> revers de la main les ententes à la bonne franquette<br />

passées entre les membres de l'ancienne famille seigneuriale. Il fera appliquer le droit dans toute sa<br />

rigueur. Depuis la première concession, c'est-à-dire depuis 1688, l'île avait été rattachée dans son<br />

ensemble à la seigneurie de <strong>Rimouski</strong>. Après 1790, elle sera partagée en trois parties qui sont à la base <strong>du</strong><br />

cadastre moderne.<br />

Les lots 544 et 545<br />

D'après le partage de 1790, sous l'inspiration <strong>du</strong> seigneur Drapeau, seulement dix arpents de front<br />

sur toute la profondeur de l'île (6 arpents) ont été laissés aux descendants Lepage. Ce lot comprenait les<br />

trois arpents de front défrichés par l'ermite plus les sept arpents contigus en bois debout en descendant vers<br />

l'est. Cet héritage a été attribué à Pierre Lepage de Saint-Barnabé II et à Agnès Lepage, veuve de Basile<br />

Côté. Celle-ci avait reçu en donation, au moment de son mariage en 1744, le terrain sur lequel est<br />

aujourd'hui bâtie la maison Lamontagne. Pierre et Agnès Lepage étaient les seuls enfants survivants, en<br />

1790, de Pierre Lepage de Saint-Barnabé, le premier <strong>du</strong> nom, seigneur de <strong>Rimouski</strong> entre 1718 et 1754. La<br />

division en deux parts, entre Agnès Lepage-Côté et entre Pierre Lepage de Saint-Barnabé II est à l'origine<br />

de la séparation en deux lots portant les numéros 544 et 545, lors de la formation <strong>du</strong> cadastre vers 1875.<br />

Ce qui s'est passé sur l'île entre 1790 et 1850 demeure un mystère. Aucune documentation attestant<br />

la présence humaine n'a été retrouvée pour cette période. On peut seulement supposer que les braconniers<br />

et les pique-niqueurs s'en sont donné à cœur joie.<br />

Puis Louis-Jacques Lepage, petit-fils de Pierre Lepage de Saint-Barnabé II et de Véronique­<br />

Hedwidge Rioux, vint reprendre de façon permanente le site défriché par l'ermite. Ce descendant des<br />

seigneurs Lepage a vécu sur l'île à partir des années 1850, d'après son petit-fils, Théodore Lepage. Celui-<br />

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