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LA PHILOSOPHIE DANS LE BOUDOIR - il portale di "rodoni.ch"

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Cinquième Dialogue<br />

raisonnables purent-<strong>il</strong>s porter l'absur<strong>di</strong>té au point de croire que la jouissance<br />

de sa mère, de sa sœur ou de sa f<strong>il</strong>le pourrait jamais devenir criminelle !<br />

N'est-ce pas, je vous le demande, un abominable préjugé que celui qui paraît<br />

faire un crime à un homme d'estimer plus pour sa jouissance l'objet dont le<br />

sentiment de la nature le rapproche davantage ? Il vaudrait autant <strong>di</strong>re qu'<strong>il</strong><br />

nous est défendu d'aimer trop les in<strong>di</strong>vidus que la nature nous enjoint d'aimer<br />

le mieux, et que plus elle nous donne de penchants pour un objet plus elle<br />

nous ordonne en même temps de nous en éloigner ! Ces contrariétés sont<br />

absurdes : <strong>il</strong> n'y a que des peuples abrutis par la superstition qui puissent les<br />

croire ou les adopter. La communauté des femmes que j'établis entraînant<br />

nécessairement l'inceste, <strong>il</strong> reste peu de chose à <strong>di</strong>re sur un prétendu délit<br />

dont la nullité est trop démontrée pour s'y appesantir davantage ; et nous<br />

allons passer au viol qui semble être au premier coup d'œ<strong>il</strong>, de tous les écarts<br />

du libertinage, celui dont la lésion est le mieux établie, en raison de l'outrage<br />

qu'<strong>il</strong> paraît faire. Il est pourtant certain que le viol, action si rare et si <strong>di</strong>ffic<strong>il</strong>e<br />

à prouver, fait moins de tort au prochain que le vol, puisque celui-ci envahit<br />

la propriété que l'autre se contente de détériorer. Qu'aurez-vous d'a<strong>il</strong>leurs à<br />

objecter au violateur s'<strong>il</strong> vous répond qu'en fait, le mal qu'<strong>il</strong> a commis est bien<br />

mé<strong>di</strong>ocre, puisqu'<strong>il</strong> n'a fait que placer un peu plus tôt l'objet dont <strong>il</strong> a abusé au<br />

même état où l'aurait bientôt mis l'hymen ou l'amour ?<br />

Mais la sodomie, mais ce prétendu crime, qui attira le feu du ciel sur<br />

les v<strong>il</strong>les qui y étaient adonnées, n'est-<strong>il</strong> point un égarement monstrueux, dont<br />

le châtiment ne saurait être assez fort ? Il est sans doute bien douloureux<br />

pour nous d'avoir à reprocher à nos ancêtres les meurtres ju<strong>di</strong>ciaires qu'<strong>il</strong>s<br />

ont osé se permettre à ce sujet. Est-<strong>il</strong> possible d'être assez barbare pour oser<br />

condamner à mort un malheureux in<strong>di</strong>vidu dont tout le crime est de ne pas<br />

avoir les mêmes goûts que vous ? On frémit lorsqu'on pense qu'<strong>il</strong> n'y a pas<br />

encore quarante ans que l'absur<strong>di</strong>té des législateurs en était encore là.<br />

Consolez-vous, citoyens ; de telles absur<strong>di</strong>tés n'arriveront plus : la sagesse de<br />

vos législateurs vous en répond. Entièrement éclairci sur cette faiblesse de<br />

quelques hommes, on sent bien aujourd'hui qu'une telle erreur ne peut être<br />

criminelle, et que la nature ne saurait avoir mis au fluide qui coule dans nos<br />

reins une assez grande importance pour se courroucer sur le chemin qu'<strong>il</strong><br />

nous plaît de faire prendre à cette liqueur.<br />

Quel est le seul crime qui puisse exister ici ? Assurément ce n'est pas<br />

de se placer dans tel ou tel lieu, à moins qu'on ne voulût soutenir que toutes<br />

les parties du corps ne se ressemblent point, et qu'<strong>il</strong> en est de pures et de<br />

sou<strong>il</strong>lées ; mais, comme <strong>il</strong> est impossible d'avancer de telles absur<strong>di</strong>tés, le seul<br />

prétendu délit ne saurait consister ici que dans la perte de la semence. Or, je<br />

demande s'<strong>il</strong> est vraisemblable que cette semence soit tellement précieuse aux<br />

yeux de la nature qu'<strong>il</strong> devienne impossible de la perdre sans crime ?<br />

Procéderait-elle tous les jours à ces pertes si cela était ? Et n'est-ce pas les<br />

autoriser que de les permettre dans les rêves, dans l'acte de la jouissance<br />

d'une femme grosse ? Est-<strong>il</strong> possible d'imaginer que la nature nous donnât la<br />

possib<strong>il</strong>ité d'un crime qui l'outragerait ? Est-<strong>il</strong> possible qu'elle consente à ce<br />

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