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LA PHILOSOPHIE DANS LE BOUDOIR - il portale di "rodoni.ch"

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Troisième Dialogue<br />

espèce de petite vin<strong>di</strong>cte qui enflamme l'imagination et qui, sans doute, peut<br />

amuser quelques instants ; mais ces voluptés, ce me semble, doivent devenir<br />

insipides et froides, quand on a eu le temps de s'instruire et de se convaincre<br />

de la nullité des objets dont les idoles que nous bafouons ne sont que la<br />

chétive représentation. Profaner les reliques, les images de saints, l'hostie, le<br />

crucifix, tout cela ne doit être, aux yeux du ph<strong>il</strong>osophe, que ce que serait la<br />

dégradation d'une statue païenne. Une fois qu'on a voué ces exécrables<br />

babioles au mépris, <strong>il</strong> faut les y laisser, sans s'en occuper davantage ; <strong>il</strong> n'est<br />

bon de conserver de tout cela que le blasphème, non qu'<strong>il</strong> ait plus de réalité,<br />

car dès l'instant où <strong>il</strong> n'y a plus de Dieu, à quoi sert-<strong>il</strong> d'insulter son nom ?<br />

Mais c'est qu'<strong>il</strong> est essentiel de prononcer des mots forts ou sales, dans<br />

l'ivresse du plaisir, et que ceux du blasphème servent bien l'imagination. Il n'y<br />

faut rien épargner ; <strong>il</strong> faut orner ces mots du plus grand luxe d'expressions ; <strong>il</strong><br />

faut qu'<strong>il</strong>s scandalisent le plus possible ; car <strong>il</strong> est très doux de scandaliser : <strong>il</strong><br />

existe là un petit triomphe pour l'orgue<strong>il</strong> qui n'est nullement à dédaigner ; je<br />

vous l'avoue, mesdames, c'est une de mes voluptés secrètes : <strong>il</strong> est peu de<br />

plaisirs moraux plus actifs sur mon imagination. Essayez-le, Eugénie, et vous<br />

verrez ce qu'<strong>il</strong> en résulte. Étalez surtout une pro<strong>di</strong>gieuse impiété, lorsque<br />

vous vous trouvez avec des personnes de votre âge qui végètent encore dans<br />

les ténèbres de la superstition ; affichez la débauche et le libertinage ; affectez<br />

de vous mettre en f<strong>il</strong>le, de leur laisser voir votre gorge ; si vous allez avec<br />

elles dans les lieux secrets, troussez-vous avec indécence, laissez-leur voir<br />

avec affectation les plus secrètes parties de votre corps ; exigez la même<br />

chose d'elles ; séduisez-les, sermonnez-les, faites-leur voir le ri<strong>di</strong>cule de leurs<br />

préjugés ; mettez-les ce qui s'appelle à mal ; jurez comme un homme avec<br />

elles ; si elles sont plus jeunes que vous, prenez-les de force, amusez-vous-en<br />

et corrompez-les, soit par des exemples, soit par des conse<strong>il</strong>s, soit par tout ce<br />

que vous pourrez croire, en un mot, de plus capable de les pervertir ; soyez<br />

de même extrêmement libre avec les hommes, affichez avec eux l'irréligion et<br />

l'impudence : loin de vous effrayer des libertés qu'<strong>il</strong>s prendront, accordez-leur<br />

mystérieusement tout ce qui peut les amuser sans vous compromettre ;<br />

laissez-vous manier par eux, branlez-les, faites-vous branler ; allez même<br />

jusqu'à leur prêter le cul ; mais, puisque l'honneur chimérique des femmes<br />

tient à leurs prémices antérieures, rendez-vous plus <strong>di</strong>ffic<strong>il</strong>e sur cela, une fois<br />

mariée, prenez des laquais, point d'amant, ou payez quelques gens sûrs : de<br />

ce moment tout est à couvert ; plus d'atteinte à votre réputation, et sans<br />

qu'on ait jamais pu vous suspecter, vous avez trouvé l'art de faire tout ce qui<br />

vous a plu. Poursuivons :<br />

Les plaisirs de la cruauté sont les troisièmes que nous nous sommes<br />

promis d'analyser. Ces sortes de plaisirs sont aujourd'hui très communs parmi<br />

les hommes et voici l'argument dont <strong>il</strong>s se servent pour les légitimer. Nous<br />

voulons être émus, <strong>di</strong>sent-<strong>il</strong>s, c'est le but de tout homme qui se livre à la<br />

volupté, et nous voulons l'être par les moyens les plus actifs. En partant de ce<br />

point, <strong>il</strong> ne s'agit pas de savoir si nos procédés plairont ou déplairont à l'objet<br />

qui nous sert, <strong>il</strong> s'agit seulement d'ébranler la masse de nos nerfs par le choc<br />

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