LA PHILOSOPHIE DANS LE BOUDOIR - il portale di "rodoni.ch"
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Premier Dialogue<br />
semblables propositions ; l'homme est-<strong>il</strong> le maître de ses goûts ? Il faut<br />
plaindre ceux qui en ont de singuliers, mais ne les insulter jamais : leur tort<br />
est celui de la nature ; <strong>il</strong>s n'étaient pas plus les maîtres d'arriver au monde<br />
avec des goûts <strong>di</strong>fférents que nous ne le sommes de naître ou bancal ou bien<br />
fait. Un homme vous <strong>di</strong>t-<strong>il</strong> d'a<strong>il</strong>leurs une chose désagréable en vous<br />
témoignant le désir qu'<strong>il</strong> a de jouir de vous ? Non, sans doute ; c'est un<br />
compliment qu'<strong>il</strong> vous fait ; pourquoi donc y répondre par des injures ou des<br />
insultes ? Il n'y a que les sots qui puissent penser ainsi ; jamais un homme<br />
raisonnable ne parlera de cette matière <strong>di</strong>fféremment que je ne fais, mais c'est<br />
que le monde est peuplé de plats imbéc<strong>il</strong>es qui croient que c'est leur manquer<br />
que de leur avouer qu'on les trouve propres à des plaisirs, et qui, gâtés par<br />
les femmes, toujours jalouses de ce qui a l'air d'attenter à leurs droits,<br />
s'imaginent être les Don Quichotte de ces droits or<strong>di</strong>naires, en brutalisant<br />
ceux qui n'en reconnaissent pas toute l'étendue.<br />
Mme de Saint-Ange : Ah ! mon ami, baise-moi ! Tu ne serais pas mon frère<br />
si tu pensais <strong>di</strong>fféremment ; mais un peu de déta<strong>il</strong>s, je t'en conjure, et sur le<br />
physique de cet homme et sur ses plaisirs avec toi.<br />
Le Chevalier : M. Dolmancé était instruit par un de mes amis du superbe<br />
membre dont tu sais que je suis pourvu ; <strong>il</strong> engagea le marquis de V... à me<br />
donner à souper avec lui. Une fois là, <strong>il</strong> fallut bien exhiber ce que je portais ;<br />
la curiosité parut d'abord être le seul motif ; un très beau cul qu'on me<br />
tourna, et dont on me supplia de jouir, me fit bientôt voir que le goût seul<br />
avait eu part à cet examen. Je prévins Dolmancé de toutes les <strong>di</strong>fficultés de<br />
l'entreprise ; rien ne l'effaroucha. « Je suis à l'épreuve du bélier, me <strong>di</strong>t-<strong>il</strong>, et<br />
vous n'aurez même pas la gloire d'être le plus redoutable des hommes qui<br />
perforèrent le cul que je vous offre ! » Le marquis était là ; <strong>il</strong> nous<br />
encourageait en tripotant, maniant, baisant tout ce que nous mettions au jour<br />
l'un et l'autre. Je me présente... je veux au moins quelques apprêts :<br />
« Gardez-vous-en bien ! me <strong>di</strong>t le marquis ; vous ôteriez la moitié des<br />
sensations que Dolmancé attend de vous ; <strong>il</strong> veut qu'on le pourfende... <strong>il</strong> veut<br />
qu'on le déchire. - Il sera satisfait ! » <strong>di</strong>s-je en me plongeant aveuglément<br />
dans le gouffre... Et tu crois peut-être, ma sœur, que j'eus beaucoup de<br />
peine ?... Pas un mot ; mon vit, tout énorme qu'<strong>il</strong> est, <strong>di</strong>sparut sans que je<br />
m'en doutasse, et je touchai le fond de ses entra<strong>il</strong>les sans que le bougre eût<br />
l'air de le sentir. Je traitai Dolmancé en ami ; l'excessive volupté qu'<strong>il</strong> goûtait,<br />
ses frét<strong>il</strong>lements, ses propos délicieux, tout me ren<strong>di</strong>t bientôt heureux moimême,<br />
et je l'inondai. A peine fus-je dehors que Dolmancé, se retournant vers<br />
moi, échevelé, rouge comme une bacchante : « Tu vois l'état où tu m'as mis,<br />
cher chevalier ? me <strong>di</strong>t-<strong>il</strong>, en m'offrant un vit sec et mutin, fort long et d'au<br />
moins six pouces de tour ; daigne, je t'en conjure, ô mon amour ! me servir<br />
de femme après avoir été mon amant, et que je puisse <strong>di</strong>re que j'ai goûté dans<br />
tes bras <strong>di</strong>vins tous les plaisirs du goût que je chéris avec tant d'empire. »<br />
Trouvant aussi peu de <strong>di</strong>fficultés à l'un qu'à l'autre, je me prêtai ; le marquis,<br />
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