LA PHILOSOPHIE DANS LE BOUDOIR - il portale di "rodoni.ch"
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Cinquième Dialogue<br />
aurait pas dans toutes ces fadaises le plus petit inconvénient, parce que la<br />
corruption des mœurs, souvent très ut<strong>il</strong>e dans un gouvernement, ne saurait y<br />
nuire sous aucun rapport, et nous devons attendre de nos législateurs assez<br />
de sagesse, assez de prudence, pour être bien sûrs qu'aucune loi n'émanera<br />
d'eux pour la répression de ces misères qui, tenant absolument à<br />
l'organisation, ne sauraient jamais rendre plus coupable celui qui y est enclin<br />
que ne l'est l'in<strong>di</strong>vidu que la nature créa contrefait.<br />
Il ne nous reste plus que le meurtre à examiner dans la seconde classe<br />
des délits de l'homme envers son semblable, et nous passerons ensuite à ses<br />
devoirs envers lui-même. De toutes les offenses que l'homme peut faire à son<br />
semblable, le meurtre est, sans contre<strong>di</strong>t, la plus cruelle de toutes puisqu'<strong>il</strong> lui<br />
enlève le seul bien qu'<strong>il</strong> ait reçu de la nature, le seul dont la perte soit<br />
irréparable. Plusieurs questions néanmoins se présentent ici, abstraction faite<br />
du tort que le meurtre cause à celui qui en devient la victime.<br />
1. Cette action, eu égard aux seules lois de la nature, est-elle vraiment<br />
criminelle ?<br />
2. L'est-elle relativement aux lois de la politique ?<br />
3. Est-elle nuisible à la société ?<br />
4. Comment doit-elle être considérée dans un gouvernement<br />
républicain ?<br />
5. Enfin le meurtre doit-<strong>il</strong> être réprimé par le meurtre ?<br />
Nous allons examiner séparément chacune de ces questions : l'objet<br />
est assez essentiel pour qu'on nous permette de nous y arrêter ; on trouvera<br />
peut-être nos idées un peu fortes : qu'est-ce que cela fait ? N'avons-nous pas<br />
acquis le droit de tout <strong>di</strong>re ? Développons aux hommes de grandes vérités :<br />
<strong>il</strong>s les attendent de nous ; <strong>il</strong> est temps que l'erreur <strong>di</strong>sparaisse, <strong>il</strong> faut que son<br />
bandeau tombe à côté de celui des rois. Le meurtre est-<strong>il</strong> un crime aux yeux<br />
de la nature ? Telle est la première question posée.<br />
Nous allons sans doute hum<strong>il</strong>ier ici l'orgue<strong>il</strong> de l'homme, en le<br />
rabaissant au rang de toutes les autres productions de la nature, mais le<br />
ph<strong>il</strong>osophe ne caresse point les petites vanités humaines ; toujours ardent à<br />
poursuivre la vérité, <strong>il</strong> la démêle sous les sots préjugés de l'amour-propre,<br />
l'atteint, la développe et la montre har<strong>di</strong>ment à la terre étonnée.<br />
Qu'est-ce que l'homme, et quelle <strong>di</strong>fférence y a-t-<strong>il</strong> entre lui et les<br />
autres plantes, entre lui et tous les autres animaux de la nature ? Aucune<br />
assurément. Fortuitement placé comme eux, sur ce globe, <strong>il</strong> est né comme<br />
eux ; <strong>il</strong> se propage, croît et décroît comme eux ; <strong>il</strong> arrive comme eux à la<br />
vie<strong>il</strong>lesse et tombe comme eux dans le néant après le terme que la nature<br />
assigne à chaque espèce d'animaux, en raison de la construction de ses<br />
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