Stress et Surmenage - International Metalworkers' Federation
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Rapport sur le <strong>Stress</strong> <strong>et</strong> le <strong>Surmenage</strong><br />
Dans le contexte de c<strong>et</strong>te reconstruction, les relations entre les<br />
individus tournent de plus en plus autour de relations entre donneur <strong>et</strong><br />
preneur de service. Ce mécanisme touche les salariés de l’entreprise,<br />
dépendants mais autonomes, d’une manière telle qu’ils réagissent euxmêmes<br />
comme élément fonctionnel d’un processus. Les gens<br />
commencent à incorporer le point de vue du processus dans leur<br />
langage :<br />
Faites-moi une offre meilleure sinon je m’adresserai à un autre<br />
fournisseur de service ! ... c’est l’attitude du client agressif.<br />
Quels sont les clients avec lesquels je fais réellement du profit ? Je dois<br />
porter mon attention sur la clientèle lucrative <strong>et</strong> créer des filières à<br />
faible coût pour les autres! ... c’est l’attitude du fournisseur agressif.<br />
Le traitement de ces deux points de vue conduit à une interprétation<br />
des relations mutuelles en termes uniquement économiques. De plus<br />
en plus, les relations humaines ne deviennent rien d’autre que des<br />
relations de donneur à preneur de service. Et cela conduit à son tour<br />
l’individu à devoir prouver sans cesse la valeur courante de sa<br />
compétence sur le marché, quel que soit l’endroit. Rien n’est plus jamais<br />
sûr. Rien ne dure. La vie devient une lutte permanente pour la<br />
survivance de ma fonction <strong>et</strong> de mon unité commerciale.<br />
3.4. Le mécanisme de pression des collègues<br />
Les salariés d’une unité commerciale sont censés maintenant assurer<br />
la survivance économique de leur unité sur le marché. Si le succès de<br />
leur unité est menacé, la nouvelle dynamique se révélera ici capable de<br />
m<strong>et</strong>tre aussi en danger l’individu. C<strong>et</strong>te menace ne provient pas du chef<br />
d’entreprise ou de l’encadrement, mais du salarié lui-même. C’est un<br />
phénomène de dur<strong>et</strong>é <strong>et</strong> de manque de pitié incroyables de la part de<br />
ses semblables : la pression des collègues.<br />
La pression exercée par les collègues repose sur le nouveau rôle dual<br />
des salariés <strong>et</strong> peut, pour c<strong>et</strong>te raison, s’autodéclencher. Il s’ensuit que<br />
par mon activité dans ce rôle dual, le conflit d’intérêt entre le capital <strong>et</strong><br />
le travail se fixe dans mes pensées. Je dois moi-même aboutir à des<br />
conclusions fermes dans un esprit d’entreprise, lesquelles pourraient<br />
potentiellement avoir des conséquences sur moi. La perspective d’une<br />
création de valeur mène directement à la division en deux camps des<br />
personnes appartenant à mon unité commerciale : celles dont on peut<br />
se "dispenser" <strong>et</strong> celles qui sont "indispensables". Et une fois encore,<br />
quand ce que nous faisons devient difficile, une question se posera<br />
automatiquement, à savoir si "nous" avons toujours les moyens de<br />
couvrir les frais occasionnés par les personnes dont nous pourrions nous<br />
"dispenser". Nos soucis concernant la survivance économique de l’unité<br />
s’extériorisent sous forme d’angoisse existentielle, une peur pour nos<br />
moyens d’existence, <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te peur peut très rapidement se transformer<br />
en colère <strong>et</strong> même en haine à l’égard de tous ceux qui, dans l’unité, ne<br />
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