Le Cirad en 2007
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45 > <strong>Le</strong>s recherches > Inv<strong>en</strong>ter les agricultures de demain<br />
<strong>Le</strong>s agroforêts de Guinée<br />
forestière, une exploitation durable ?<br />
Inv<strong>en</strong>ter<br />
les agricultures de demain<br />
La Guinée forestière est une région <strong>en</strong>clavée qui abrite les derniers massifs de forêt naturelle<br />
d’Afrique de l’Ouest. C’est aussi une région propice à l’agriculture : cultures annuelles<br />
et pér<strong>en</strong>nes s’y combin<strong>en</strong>t <strong>en</strong> systèmes variés, fondés sur une exploitation complexe des<br />
ressources. Mais ces systèmes repos<strong>en</strong>t sur des équilibres biologiques et économiques<br />
fragiles, que les évolutions socio-économiques actuelles risqu<strong>en</strong>t de perturber. <strong>Le</strong> <strong>Cirad</strong><br />
travaille, avec l’Institut de recherche agronomique de Guinée, sur la dynamique de ces<br />
systèmes de culture, leurs performances et les conditions de leur pér<strong>en</strong>nité.<br />
La Guinée forestière abrite à la<br />
fois des réserves forestières classées et des zones<br />
agricoles. <strong>Le</strong>s cultures annuelles et pér<strong>en</strong>nes s’y<br />
combin<strong>en</strong>t <strong>en</strong> systèmes variés, fondés sur l’exploitation<br />
complexe des ressources biologiques, le<br />
plus souv<strong>en</strong>t sans aucun apport d’intrant extérieur.<br />
La durabilité de ces systèmes agricoles pourrait<br />
cep<strong>en</strong>dant être remise <strong>en</strong> cause par l’augm<strong>en</strong>tation<br />
de la pression démographique. Ces systèmes<br />
repos<strong>en</strong>t <strong>en</strong> effet sur des équilibres biologiques<br />
et économiques fragiles, qu’il est indisp<strong>en</strong>sable<br />
de mieux connaître pour pouvoir accompagner<br />
les agriculteurs dans leur adaptation aux changem<strong>en</strong>ts<br />
socio-économiques locaux, régionaux et<br />
internationaux. <strong>Le</strong> <strong>Cirad</strong>, dans le cadre de projets<br />
financés par le ministère français des Affaires<br />
étrangères, étudie, <strong>en</strong> part<strong>en</strong>ariat avec l’Irag, la<br />
dynamique de ces systèmes de culture complexes<br />
et évalue leurs performances et les conditions de<br />
leur durabilité.<br />
L’arbre, une composante<br />
ess<strong>en</strong>tielle des systèmes de culture<br />
<strong>Le</strong>s trois principaux modes de mise <strong>en</strong> valeur<br />
du milieu ont tous une composante arborée. La<br />
riziculture pluviale sur coteau conserve, après<br />
défriche et brûlis, les gros arbres et les palmiers<br />
à huile subspontanés (Elaeis guine<strong>en</strong>sis) et associe<br />
de nombreuses espèces alim<strong>en</strong>taires (maïs,<br />
gombo, aubergines, manioc, arachide). Ces rizières,<br />
qui sont donc aussi de véritables palmeraies<br />
naturelles, sont destinées à la production de riz,<br />
de condim<strong>en</strong>ts et d’huile rouge. La riziculture<br />
de bas-fond conserve les palmiers raphia pour<br />
la production de vin de palme, qui joue un rôle<br />
socio-économique croissant. Enfin, les agroforêts<br />
sont organisées <strong>en</strong> anneau autour des villages :<br />
elles abrit<strong>en</strong>t le caféier Robusta (Coffea canephora)<br />
associé à de nombreuses espèces arborées<br />
de forêt. La structure de ces agroforêts est proche<br />
de celle des forêts naturelles.<br />
Depuis 25 ans, la surface des agroforêts à caféiers<br />
a considérablem<strong>en</strong>t augm<strong>en</strong>té aux dép<strong>en</strong>s de la<br />
riziculture pluviale sur coteau et des massifs de<br />
forêts naturelles. Malgré leur importance économique<br />
et leur rôle pot<strong>en</strong>tiel dans la conservation<br />
de la biodiversité, ces agroforêts sont peu<br />
connues. <strong>Le</strong>s premières études <strong>en</strong> montr<strong>en</strong>t l’importante<br />
richesse floristique — 313 espèces végétales<br />
rec<strong>en</strong>sées, dont 232 espèces ligneuses — et<br />
la structure complexe. Elles sont <strong>en</strong> général constituées<br />
de trois strates de végétation. <strong>Le</strong>s caféiers,<br />
La récolte de palmiers à huile subspontanés<br />
dans une agroforêt de Guinée. © E. Malézieux/<strong>Cirad</strong>