UNIVERSITE PANTHEON-ASSAS
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elative à la chanson « les feuilles mortes » de J. Prévert 1 , jugea que cette mention n’entraînait<br />
aucune confusion dans l’esprit du public qui était à même de faire la distinction entre une<br />
version similaire et une version originale.<br />
B. Dissociation des paroles et de la musique<br />
51. Le principe même du karaoké est de dissocier les paroles de la musique pour permettre à<br />
l’interprète de chanter sur le rythme de la musique. Cette dissociation, qui résulte de la<br />
numérisation de l’œuvre musicale, va modifier la forme de cette dernière, et provoquer une<br />
atteinte à son intégrité 2 .<br />
Pour autant, les tribunaux ne retiennent pas forcément une atteinte au droit moral. Dans<br />
l’arrêt du 28 avril 2000, la quatrième chambre de la Cour d’Appel de Paris rejette l’atteinte au<br />
droit moral alors que les auteurs invoquaient « une utilisation discontinue de la musique et des<br />
paroles ». Pour la Cour, la seule reproduction des paroles sur l’écran ne modifie pas l’œuvre et<br />
ne procède pas d’un usage discontinu de la musique et du texte 3 .<br />
52. Néanmoins, il paraît raisonnable de considérer que cette séparation en deux éléments de la<br />
chanson, si toutefois celle-ci est retenue 4 , conduit à son altération. En effet, dans un<br />
vidéogramme de karaoké, si seule une partie de la musique (sans l’interprétation vocale de<br />
l’auteur/artiste-interprète) est reproduite et les paroles des chansons incrustées à l’écran, il n’y<br />
a plus de lien cohérent entre la musique et les paroles ; ce qui dénature la chanson. « La<br />
chanson n’existe dans son intégralité que grâce à la participation de l’utilisateur qui chante en<br />
suivant les paroles sur l’écran » 5 .<br />
La Cour d’Appel en 2002 est catégorique sur les conséquences de la dissociation des paroles<br />
et de la musique. Elle conduit à la « destructuration » de l’œuvre originale, et cette<br />
destructuration entraîne nécessairement atteinte à l’intégrité de l’œuvre qui doit s’apprécier<br />
comme un tout indivisible 6 .<br />
53. Par ailleurs, si l’on peut retenir des atteintes au droit au respect de l’œuvre ou de<br />
l’interprétation, envisagée comme un tout, le texte de la chanson en lui-même subit des<br />
altérations.<br />
1<br />
TGI Paris 3 ème ch., 7 octobre 1992, RIDA, janvier 1993, n°155, p.222 ; Comp. Paris 4 ème ch., 27 septembre<br />
1996, préc.<br />
2<br />
H. Bitan, « Les rapports de force entre la technologie du multimédia et le droit », Gaz. Pal., 26-27 janvier 1996,<br />
p.10 ; Ch. Nguyen Duc Long, op. cit., n°441.<br />
3<br />
Paris 4 ème ch., 28 avril 2000, préc. ; P. Y. Gautier, Propriété littéraire et artistique, op. cit., n°134 ; Contra,<br />
Paris 4 ème ch., 14 mars 2001, préc. ; Paris, 9 juin 2000, préc. ; X. Linant de Bellefonds, op. cit., n°794.<br />
4<br />
Paris 4 ème ch., 23 janvier 2004, préc.<br />
5<br />
TGI Créteil 1 ère ch., 13 janvier 1998, préc.<br />
6<br />
Paris 4 ème ch., 29 mai 2002, préc.<br />
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