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UNIVERSITE PANTHEON-ASSAS

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65. Comme on l’a vu auparavant, le karaoké peut difficilement être qualifié d’adaptation<br />

audiovisuelle. De ce fait aucune autorisation n’est nécessaire sur le terrain des droits<br />

patrimoniaux de la part de l’éditeur de musique. Néanmoins, si cette juxtaposition d’images<br />

ne doit plus être invoquée au niveau des droits patrimoniaux, le droit moral, prérogative<br />

incessible de l’auteur et de l’artiste-interprète, suppose, lui, une autorisation.<br />

De plus, les impératifs techniques doivent être pris en compte, et la question est alors de<br />

savoir quelles sont les limites à ne pas franchir sur le plan du droit moral en ce qui concerne<br />

l’adjonction d’images 1 .<br />

66. En pratique, l’ajout de ces images, en soi, n’est pas considéré comme une atteinte au droit<br />

au respect de l’œuvre. La Cour d’Appel de Paris, le 29 mai 2002, a considéré que les auteurs<br />

n’avaient pas démontré « que la simple juxtaposition d’images, en soi, parfaitement banales,<br />

qui apparaissent au moment où n’apparaissent plus les paroles, aurait été de nature à<br />

dévaloriser l’œuvre » 2 . C’est sans doute parce que les images sont en adéquation avec le<br />

thème de la chanson que les tribunaux refusent de retenir une atteinte au respect de l’esprit de<br />

l’œuvre. Mais, si les images n’avaient aucun lien avec l’œuvre et en dénaturaient le sens, alors<br />

il serait légitime de retenir une atteinte au droit moral. C’est la solution qu’ont retenue les<br />

jugements du 26 novembre 1997 et 28 mai 2003 en énonçant « que l’ajout d’images<br />

étrangères à la création originale aboutit à une œuvre globalement différente » 3 . De même, la<br />

Cour d’Appel de Paris, le 14 mars 2001, a relevé expressément une atteinte au droit moral du<br />

fait de « la synchronisation de la musique d’accompagnement avec des images » 4 .<br />

Cette solution n’étonnera pas car, avec le développement du multimédia, les œuvres de genre<br />

différent, associées ensemble, cohabitent bien souvent mal 5 . Le karaoké en est un bon<br />

exemple car l’auteur ou l’artiste voit leur prestation associée à des images ou même un<br />

scénario qu’ils n’avaient jamais envisagé.<br />

67. On peut faire un parallèle avec un arrêt du 19 septembre 2001 mettant en cause des<br />

œuvres et interprétations de J. Brel. Dans cette affaire, un film ainsi qu’une vidéocassette,<br />

avaient été réalisés, incorporant des chansons de J. Brel, sans autorisation de celui-ci. La Cour<br />

d’Appel a jugé que l’insertion dans l’œuvre audiovisuelle, exploitée vidéographiquement, de<br />

1<br />

N. Mallet-Poujol, op. cit., n°149.<br />

2<br />

Paris 4 ème ch., 29 mai 2002, préc.<br />

3<br />

TGI Paris 3 ème ch., 26 novembre 1997, préc. ; TGI Paris 3 ème ch., 28 mai 2003, préc.<br />

4<br />

Paris 4 ème ch., 14 mars 2001, préc.<br />

5<br />

C. Caron, « Droit moral et multimédia », op. cit.<br />

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