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UNIVERSITE PANTHEON-ASSAS

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58. On comprend donc en étudiant ces atteintes au droit moral, du fait de la fragmentation du<br />

texte des paroles d’une chanson, que le droit moral s’applique pleinement au multimédia, et ce<br />

de la même manière que pour tout genre d’œuvre 1 .<br />

59. Toutefois, certains arrêts refusent de considérer une atteinte au droit moral quant au texte<br />

de la chanson. En effet, la 4 ème chambre de la Cour d’Appel de Paris, le 28 avril 2000, a jugé<br />

que les paroles n’avaient été ni modifiées ni dénaturées, et que la reproduction des paroles sur<br />

l’écran n’altère pas l’œuvre 2 . Pour elle, le fait de faire apparaître les paroles d’une chanson à<br />

l’écran n’est pas une modification de l’œuvre, c’est juste permettre au public d’interpréter la<br />

chanson aisément.<br />

B. Coloration des paroles sur l’écran<br />

60. Dans le karaoké, les paroles de la chanson se colorient progressivement pour permettre à<br />

l’interprète de suivre exactement la chanson et pour l’interpréter au mieux en synchronisation<br />

avec la musique d’accompagnement. La coloration du texte des paroles de la chanson facilite<br />

donc l’interprétation par des chanteurs occasionnels. En effet, s’il est possible de réduire le<br />

rythme de la musique d’accompagnement, il en est de même pour la coloration du texte. Tout<br />

est fait pour permettre à l’amateur de se conformer à l’interprétation vocale d’origine qui n’est<br />

pas reproduite.<br />

On constate donc la réelle interactivité de ce produit multimédia que constitue le karaoké. Il<br />

permet une « manipulation » de l’œuvre musicale de part toutes les techniques numériques. Et<br />

le droit moral est, par hypothèse, menacé par ces manipulations 3 .<br />

C’est pourquoi la jurisprudence décide que la coloration du texte pour être en synchronisation<br />

avec la musique d’accompagnement constitue une atteinte au droit au respect de l’intégrité de<br />

l’œuvre 4 . En effet, il semble tout à fait illicite de laisser un producteur de vidéogramme de<br />

karaoké fabriquer un karaoké en lui permettant, pour ce faire, d’apporter autant de<br />

modifications sans autorisation de l’auteur. La reproduction du texte d’une chanson nécessite<br />

donc, à côté de l’autorisation de l’éditeur sur le plan des droits patrimoniaux, une autorisation<br />

de l’auteur pour le droit moral.<br />

1<br />

C. Caron, « Droit moral et multimédia », Légicom, n°13, avril, mai, juin 1995, p.44.<br />

2<br />

Paris 4 ème ch., 28 avril 2000, préc.<br />

3<br />

Lucas, Droit d’auteur et numérique, op. cit., n°479 ; C. Caron, « Droit moral et multimédia », op. cit.<br />

4<br />

Paris 4 ème ch., 14 mars 2001, préc. ; Paris 1 ère ch., 7 mai 2001, préc.<br />

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