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Les abords de la piazza di Spagna<br />
étaient comme toujours noyés sous<br />
des grappes de touristes s’éparpillant<br />
depuis la fontaine vers le Tibre ou la<br />
villa Médicis. Jonas, au milieu de ces<br />
badauds, se sentait enfi n en sécurité.<br />
Suivi de Sunniva, il s’engagea dans la via<br />
del Babuino puis dans la parallèle via<br />
Margutta et enfi n dans la petite allée où<br />
se trouvait l’atelier de Gianfranco Anitori.<br />
La foule avait disparu. Jonas retrouvait<br />
avec plaisir l’ocre de ces façades<br />
décrépies couvertes de bougainvillées.<br />
Il poussa la grille et aperçut Gianfranco<br />
travailler sous la verrière, penché sur<br />
son chevalet. Rien ne semblait avoir<br />
changé depuis la dernière fois qu’il était<br />
venu avec son père :<br />
« – Gianfranco ! » cria-t-il<br />
Le peintre tourna la tête dans sa<br />
direction<br />
et le reconnut aussitôt :<br />
« – Jonas ? Comment est-ce possible ?<br />
Qu’est-ce que tu fais là ?<br />
– Tu ne me croiras jamais… »<br />
A peine Jonas avait-il terminé le récit<br />
de ses aventures que Gianfranco se<br />
saisit de son étui, fi t sauter la doublure<br />
de velours et découvrit un sachet en<br />
tissu tapissant le fond de la boîte. Des<br />
pierres précieuses ! L’Italien les étala<br />
sur la table : il y en avait près d’une<br />
cinquantaine de toutes les tailles. Jonas<br />
n’en croyait pas ses yeux. Gianfranco<br />
SPÉCIALISTE<br />
se saisit du plus gros diamant. Il était<br />
magnifi quement taillé et diffusait une<br />
lumière jaune, presque irréelle :<br />
« Le Miroir du Portugal ! Ariosto ne<br />
va pas vous laisser filer facilement.<br />
Il n’y a pas de temps à perdre, ton étui<br />
est sans doute balisé. Ses hommes de<br />
main ne vont pas tarder à rappliquer.<br />
Vite, allons chez moi. »<br />
Dans la rue, Gianfranco avisa la remorque<br />
emplie de feuillages d’un camion de<br />
paysagiste. Il y dissimula le boîtier du<br />
violon avant de prendre la fuite en voiture.<br />
Sa maison se trouvait à Campagnano,<br />
village des environs de Rome.<br />
Ils y arrivèrent à la tombée de la nuit.<br />
« – Ici, vous êtes en sécurité. » fi t<br />
Gianfranco en poussant la porte<br />
d’une petite maison en pierres.<br />
Sunniva s’effondra sur le canapé<br />
et alluma une cigarette :<br />
« – <strong>Mai</strong>s pourquoi Ariosto aurait-il pris<br />
le risque de faire transiter les diamants<br />
comme ça. Ne pouvait-il pas s’en<br />
charger lui-même ?<br />
– Depuis le casse de 2003, il est très<br />
surveillé. A Anvers, beaucoup pensent<br />
qu’il a réussi à mettre la main sur de<br />
nombreuses pierres. Certains affi rment<br />
que c’est lui-même qui a monté le coup.<br />
C’est ce que pensait ton père, Jonas.<br />
– Mon père ? Qu’a-t-il à voir là-dedans ?<br />
Il est mort 10 ans avant le casse…<br />
– Il y a certaines choses que tu dois<br />
ÉVASION<br />
RÉCIT<br />
DANS CHAQUE NUMÉRO, L’ÉCRIVAIN<br />
PAUL-HENRY BIZON NOUS LIVRE LE RÉCIT<br />
D’UNE NOUVELLE. UN RENDEZ-VOUS<br />
AUSSI EXISTANT QUE MYSTÉRIEUX...<br />
CHAPITRE VI : GIANFRANCO<br />
LE MIROIR DU PORTUGAL<br />
maintenant savoir. Quelques jours<br />
avant son accident, Etienne est venu<br />
me rendre visite.<br />
Il avait découvert qu’Ariosto avait<br />
organisé un vaste trafi c de pierres<br />
précieuses impliquant des directeurs<br />
de musées, des hommes d’affaires,<br />
des politiques… Quelques uns des<br />
plus beaux diamants des collections<br />
publiques étaient volés puis échangés<br />
avec des pierres de moindre qualité. Ils<br />
étaient ensuite répertoriés au Diamond<br />
Center sous de faux certifi cats et donc<br />
assurés au centième de leur valeur.<br />
Il suffi sait ensuite d’organiser ce<br />
cambriolage pour les récupérer, toucher<br />
les primes d’assurance et les revendre à<br />
leur juste prix sur le marché privé. Ton<br />
père connaissait les noms de plusieurs<br />
personnes impliquées dans ce trafi c et<br />
voulait s’en ouvrir à Ariosto.<br />
– Ce qu’il a fait le jour de son accident…<br />
– Aucune preuve ne permet d’affi rmer<br />
qu’Ariosto a tué ton père. Les seuls<br />
documents qui l’accusent sont ceux<br />
que ton père avait réunis avant d’être<br />
tué. Il avait eu le temps de les mettre<br />
en sureté dans un coffre de la banque<br />
Pictet dont voici la clé que je garde sur<br />
moi depuis vingt ans.<br />
– Pourquoi ne pas avoir prévenu la<br />
police plus tôt ?<br />
– Bien malgré lui, ton père s’est trouvé<br />
impliqué dans le trafi c. C’est pourquoi<br />
59<br />
Voyageur<br />
P-H. BIZON<br />
Quintessentially Travel<br />
WHISKY D’ISLAY<br />
Punk ou rock, Beatles ou Stones, Mary Quant<br />
ou Vivienne Westwood, golf ou football, club<br />
ou pub, bien avant d’aller en Grande-Bretagne,<br />
on connaît son clan. Alors tous les épicuriens<br />
amateurs de bon whisky le savent : c’est à l’ouest<br />
de l’Écosse et plus particulièrement sur l’île d’Islay<br />
que l’on déguste les meilleurs crus.<br />
Car si la Reine des Hébrides a le goût des itinéraires<br />
touristiques souvent délaissés, elle touche pourtant<br />
à ce que l’Écosse a d’essentiel : la force brute de paysages<br />
tourmentés, le sens du partage et de la convivialité,<br />
sans oublier un savoir-faire centenaire très convoité<br />
dans la confection du célèbre élixir ! Réputé par les fins<br />
connaisseurs, le whisky d’Islay a assis ses lettres de<br />
noblesse pour son goût fumé au parfum des tourbières<br />
qui recouvrent ici près d’un quart de l’île.<br />
ta mère, pour te protéger, a préféré<br />
ne pas provoquer un scandale qui<br />
aurait pu mettre sa vie en péril.<br />
J’ai agi selon sa volonté. »<br />
Jonas était abasourdi. Il regardait son<br />
Guarnerius, posé sur la table du salon ;<br />
cet instrument sublime que lui avait<br />
offert Ariosto, le meurtrier de son<br />
père. Il sentait monter en lui une haine<br />
irrépressible. Il avait envie de le jeter<br />
contre le mur, de l’écrabouiller, ce<br />
violon qui était devenu toute sa vie, de<br />
fracasser ce traître de bois né du sang de<br />
son père et qui lui avait pourtant permis<br />
d’affronter les pires heures de sa vie<br />
solitaire. Il l’empoigna par la touche<br />
et le leva, prêt à le jeter contre le sol.Des<br />
fl ots de larmes coulaient sur ses mâchoires<br />
serrées. Il était comme pétrifi é.<br />
Il entendait la voix de son violon,<br />
le chant de son âme. Sunniva s’était<br />
levée. Elle s’approcha doucement<br />
de lui et lui retira le Guarnérius des<br />
mains. Il sentit la douceur de sa peau<br />
contre son visage. Il la serra contre<br />
lui de toutes ses forces. Il voulait<br />
disparaître contre son oreille, n’être<br />
rien de plus que l’instant d’une note,<br />
un son jeté à la face de l’infini.<br />
Il savait qu’après la souffrance<br />
viendrait le temps de la colère et<br />
que cette colère bientôt se changerait<br />
en vengeance.<br />
Il était prêt à affronter Ariosto.<br />
Alors pour découvrir ces parfums inédits, boisés et<br />
fumés, Quintessentially Travel vous propose un séjour<br />
d’exception à Islay. Au programme ? Séjour dans<br />
un lodge privé d’exception, le Eallabus, normalement<br />
non disponible à la location, dégustation des meilleurs<br />
whiskies en faisant la tournée des distilleries comme<br />
des meilleurs mets gastronomiques dont le homard,<br />
les coquilles Saint-Jacques, les huîtres fraîchement<br />
pêchées, la perdrix ou encore la bécasse de la région.<br />
Et puis, pour percer les secrets de ce précieux breuvage,<br />
Caroline Davor, spécialiste et figure emblématique<br />
de cette industrie, sera à votre disposition durant tout<br />
votre séjour. Vous en avez «le whisky» à la bouche ?<br />
Pour plus d’informations : tél. 0840 313 313<br />
ou info@quintessentiallytravel.ch<br />
MAI - JUIN <strong>2012</strong> - AGEFI LIFE