Bernard <strong>Saladin</strong> d’Anglure, “M<strong>au</strong>ss et l’anthropologie des Inuit” (2004) 34résidé Knud Rasmussen, disparu prématurément en 1933. Ce pointextrême (en latitude) <strong>du</strong> peuplement inuit présentait un grand intérêt.C'est par là qu'avaient passé toutes les migrations de chasseurs depuisla préhistoire, jusqu'<strong>au</strong>x ancêtres des Inuit <strong>du</strong> Groenland. Là vivait ungroupe encore très traditionnel, qui comptait dans ses rangs une forteminorité descendant d'un groupe de migrants inuit venus <strong>du</strong> Canada<strong>au</strong> cours <strong>du</strong> XIXe siècle, après une véritable épopée. <strong>Le</strong> voyage deVictor, d'abord prévu pour 1939, avait été différé à l'été 1940, car ilvoulait effectuer <strong>au</strong>paravant un raid en Laponie norvégienne avecdeux de ses amis. Une de ses lettres, datée <strong>du</strong> 15 mai 1939, nous parlede ce voyage :Cher Maitre,Croiseur Pluton, Toulon, 15 mai 1939Comme vous le voyez, je suis redevenu militaire depuis trois semaines, onest venu me chercher en Laponie... !-Au moment même où j'allais me mettreen route avec une famille lapone et parcourir, vivant avec eux etcomme elle, toutes les Laponies, suédoise, norvégienne, finlandaise. À laplace de ça, je m'occupe de compagnies de débarquement, service Z, inspectionsde sacs, etc. Dans mes rares heures libres, je continue de rédiger...Victor reviendra en Finlande quelques mois plus tard et sera affecté<strong>au</strong> service de l'Attaché Naval de France en pays scandinaves dont ildeviendra l'adjoint. De là, il passera en Suède et, en octobre 1940,après l'Armistice, il reviendra en France pour rejoindre ensuite lesForces françaises libres, en Angleterre. En 1941, il s'engagera dansl'armée américaine et sera envoyé en Alaska où il commandera uneescadrille spécialisée dans le s<strong>au</strong>vetage des aviateurs per<strong>du</strong>s dansl'Arctique.La guerre, une nouvelle fois, vint contrecarrer l'initiative de MarcelM<strong>au</strong>ss, de constituer en France un domaine de recherche prometteursur les Inuit et les peuples arctiques.
Bernard <strong>Saladin</strong> d’Anglure, “M<strong>au</strong>ss et l’anthropologie des Inuit” (2004) 356.L'après-M<strong>au</strong>ss et le fractionnementde la recherche sur l'Arctique et les Inuit6.1. P<strong>au</strong>l-Émile Victor et les Expéditions polaires françaisesRetour à la table des matièresM<strong>au</strong>ss a été brisé par la Seconde Guerre mondiale ; tous les témoignagessemblent converger à ce sujet. Tant qu'il a pu se croire utile, ils'est battu pour défendre ou encourager ses anciens étudiants et collègues.Mais la mort de sa femme, en 1947, ajoutée à toutes les épreuvesde la guerre, viendra à bout de sa légendaire sociabilité. Cettemême année (1947), Victor, revenu des États-Unis avec ses galons decapitaine de l'armée américaine et son <strong>au</strong>ra de spécialiste de la logistiquepolaire, obtint <strong>du</strong> gouvernement français le financement de l'organismequ'il venait de créer : les Expéditions polaires françaises (MissionsP<strong>au</strong>l-Émile Victor), dotées d'un budget très confortable 32 ; celadevait lui assurer un avenir à sa mesure. Abandonnant ses rêves etprojets ethnographiques d'avant la guerre, chez les Inuit, il devint organisateuret chef d'expéditions. C'est lui qui con<strong>du</strong>irait les chercheursde divers horizons sur leurs terrains polaires.Il s'agissait de constituer une équipe multidisciplinaire de chercheursscientifiques. Parmi les candidats, se trouvait un jeune géographefrançais, spécialiste de la géomorphologie, Jean Mal<strong>au</strong>rie, attaché<strong>au</strong> CNRS. Il participera <strong>au</strong>x deux premières missions françaises <strong>au</strong>Groenland (1948 et 1949) de P.É. Victor, puis il démissionnera desExpéditions polaires françaises, pour organiser à son compte, dans lecadre <strong>du</strong> CNRS, sa propre mission scientifique à Thulé (1950-1951), à32 J. Mal<strong>au</strong>rie (1999, 1, P. 32) mentionne la somme de quarante millions de francs pour la seulemission <strong>au</strong> Groenland de 1947.
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