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Le texte du professeur Saladin d'Anglure au format PDF

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Bernard <strong>Saladin</strong> d’Anglure, “M<strong>au</strong>ss et l’anthropologie des Inuit” (2004) 46mais été reconnu ou publié. <strong>Le</strong> chamanisme était passé de mode. Sesdonnées de terrain furent envoyées par sa famille <strong>au</strong> petit musée deSisimiut où elles furent oubliées jusqu'à ce qu'un jeune chercheur,Kl<strong>au</strong>s-Georg Hansen, ne les retrouve par hasard en 1990. Comme lesprincip<strong>au</strong>x groupes inuit parmi lesquels Frederiksen a travaillé sontceux que j'étudie depuis une trentaine d'années et que je parle leur dialecte,je me suis associé avec Hansen pour inventorier et tra<strong>du</strong>ire lesnombreux manuscrits.Et voilà qu'<strong>au</strong> gré de mes recherches, je découvris dans ces manuscritsdes données visiblement inspirées par M<strong>au</strong>ss. On y trouvait une« théorie <strong>du</strong> don » inuit qu'il <strong>au</strong>rait certainement plu à M<strong>au</strong>ss deconnaître, pour étayer son essai sur la magie (1904), écrit avec Hubert,ou son « Essai sur le don » (1925). Frederiksen, qui ne lisait pas lefrançais, n'avait pas eu accès <strong>au</strong>x versions originales de ces deux <strong>texte</strong>s,mais il en avait certainement enten<strong>du</strong> parler par son maître Thalbitzer,ou peut-être avait-il lu la tra<strong>du</strong>ction anglaise <strong>du</strong> second de cesouvrages [The Gift], parue en 1954. <strong>Le</strong> ternie Sila, utilisé dans les <strong>texte</strong>sci-dessous - qui sont des tra<strong>du</strong>ctions littérales d'extraits des manuscritsen langue inuitprésente quelques affinités avec le terme Mana ; àest polysémique : c'est à la fois l'atmosphère, l'univers en mouvement,l'intelligence...Lorsque les Inuit recevaient quelque chose en cade<strong>au</strong>, ils disaient habituellement« Maatna ! » (merci) en pensant <strong>au</strong> maître <strong>du</strong> Sila. Cela signifiaitqu'ils acquiescaient <strong>au</strong> Maître <strong>du</strong> Sila, qu'ils le remerciaient. Comme lesInuit considéraient le Maître <strong>du</strong> Sila comme leur maître ils disaient maatna(merci). Ils donnaient des cade<strong>au</strong>x <strong>au</strong> Maître <strong>du</strong> Sila afin que celui-ci leurapporte une assistance constante. La personne qui donne un cade<strong>au</strong> et lapersonne qui le reçoit, toutes deux recevaient assistance <strong>du</strong> Maître <strong>du</strong> Sila.C'est parce que le Maître <strong>du</strong> Sila était dans le don ou dans n'importe quellepossession (donnée), qu'il leur apportait assistance (pp. 91-216/1 et pp. 92-216/2).Il n'y avait pas que le Maître <strong>du</strong> Sila qui était impliqué dans lesdons, tant <strong>au</strong> profit <strong>du</strong> donateur que <strong>du</strong> donataire, il y avait <strong>au</strong>ssil'âme-tarniq (l'âme-double) <strong>du</strong> donateur :L'âme-tarniq (<strong>du</strong> donateur) se divisant en deux, était présente dans lesbiens donnés. La plus grande partie de l'âme-tarniq <strong>du</strong> donateur restait

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