Bernard <strong>Saladin</strong> d’Anglure, “M<strong>au</strong>ss et l’anthropologie des Inuit” (2004) 48des années 1930. La <strong>format</strong>ion de M<strong>au</strong>ss, tant en philosophie qu'enlinguistique, en sociologie, en droit et dans les sciences religieuses,ainsi que les très nombreuses lectures qu'il s'imposait, dans plusieurslangues, pour alimenter L'Année sociologique en comptes-ren<strong>du</strong>s,font qu'il avait des connaissances encyclopédiques dans tous ces domaines.<strong>Le</strong>s anthropologues, qui après M<strong>au</strong>ss, ont écrit sur les Inuit,étaient très loin de posséder un tel savoir. Pour avoir accès à des in<strong>format</strong>ionssur la religion traditionnelle des Inuit il leur fallait apprendrela langue inuit, obtenir la confiance des in<strong>format</strong>eurs les plus âgés,et faire de longs séjours sur le terrain ou y revenir souvent, conditionsqui n'ont été réunies qu'exceptionnellement. <strong>Le</strong> morcellement <strong>du</strong> savoirethnographique et des perspectives théoriques explique le constatfait par Balikci que, depuis M<strong>au</strong>ss, <strong>au</strong>cune étude réalisée sur les Inuitn'a véritablement contribué à faire progresser l'anthropologie généralesur le plan théorique.<strong>Le</strong> développement des nouve<strong>au</strong>x moyens de communication, l'accumulation<strong>du</strong> savoir et la persévérance de quelques anthropologuessont néanmoins en train de faire changer cet état de fait. Une résurgencede la pensée m<strong>au</strong>ssienne se fait jour dans les études inuit, enplusieurs points <strong>du</strong> globe.7.1. M<strong>au</strong>ss et l'anthropologie des Inuità l'Université de ChicagoRetour à la table des matières<strong>Le</strong> séjour qu'a fait Radcliffe-Brown <strong>au</strong> département d'Anthropologiede l'Université de Chicago (1931-1937) y a fait connaître les oeuvresde Durkheim et de M<strong>au</strong>ss, qu'il connaissait bien, et a orienté cedépartement vers l'anthropologie sociale. C'est dans cette tradition,avec F. Eggan (1948-1952), puis D. Schneider (1958-1984) et M. Sahlins(1973- ), que plusieurs générations d'étudiants vont choisir, <strong>au</strong>lendemain de la Seconde Guerre mondiale, d'étudier la parenté et lesstructures sociales des divers groupes inuit, dans l'Arctique canadienet en Alaska. C'était justement le domaine à propos <strong>du</strong>quel M<strong>au</strong>ssavait souhaité, <strong>au</strong> début <strong>du</strong> XXe siècle, que de nouvelles recherches
Bernard <strong>Saladin</strong> d’Anglure, “M<strong>au</strong>ss et l’anthropologie des Inuit” (2004) 49soient réalisées. Parmi eux, David Damas est celui qui a étudié de lafaçon la plus exh<strong>au</strong>stive la parenté et l'organisation sociale des Inuitde l'Arctique central canadien ; mais il ne cite que brièvement M<strong>au</strong>ss(1906) dans sa monographie sur Igloolik (1963). Un <strong>au</strong>tre chercheur,L. Guemple, s'est intéressé à l'alliance chez les Inuit (1972) ; il mentionnel'« Essai sur le don » de M<strong>au</strong>ss, mais pas l'« Essai sur les Inuit». D'une façon générale, tous les inuitologues formés à Chicago (E.Burch, N. Graburn, etc.), s'ils traitent de la parenté et de l'organisationsociale, s'en tiennent presque toujours à cet aspect de la vie sociale etnégligent le domaine <strong>du</strong> religieux si cher à M<strong>au</strong>ss. Marshall Sahlins,venu enseigner plus tardivement à Chicago, <strong>au</strong>ra une approche pluslarge et fera connaître de façon plus déterminante la pensée de M<strong>au</strong>ss.Sahlins a passé deux années à Paris en 1967-ig6g ; invité par le Laboratoired'Ethnologie de l'Université de Nanterre, il parti cipa régulièrement<strong>au</strong> séminaire de C. Lévi-Str<strong>au</strong>ss, où il discuta des thèses deM<strong>au</strong>ss, notamment celles de l'« Essai sur le don ». Ann Fienup-Riordan fera, sous sa direction, une thèse de doctorat sur les Yupiit(Inuit) de l'Alaska central 43 . Très inspirée par M<strong>au</strong>ss (1925), elleadoptera une approche holiste et, après des années de recherches sur leterrain et l'apprentissage de la langue inuit, fera ressortir les affinitésentre les cycles de transmission des noms de personnes et celui desâmes des gibiers tués. Puis eue montrera brillamment (1994) commentles règles sociales établissent des frontières entre les diverses composantes<strong>du</strong> cosmos, et les rites permettent de les transgresser. Elle estcertainement à l'heure actuelle l'anthropologue qui a fait les avancéesthéoriques les plus intéressantes dans l'étude contemporaine des Inuit.7.2. M<strong>au</strong>ss et l'étude des Inuit <strong>au</strong>x Pays-Bas(Universités de <strong>Le</strong>iden et de Nimègue)Retour à la table des matièresOn sait l'importance des liens qui se sont développés, dès la fin <strong>du</strong>XIXe siècle, entre la Section des Sciences religieuses de l'École Pratiquedes H<strong>au</strong>tes Études, créée en 1886, et l'Université de <strong>Le</strong>iden, où43 Elle sera publiée en 1983. Voir A. Fienup-Riordan (1983).
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