5Deux enjeux majeurs pour l’ ACP :la loi <strong>de</strong> séparation et <strong>de</strong> régulation<strong>de</strong>s activités bancaires et l’ Unionbancaire européenne5.1 La loi <strong>de</strong> séparation et <strong>de</strong>régulation <strong>de</strong>s activitésbancairesLe projet <strong>de</strong> loi <strong>de</strong> séparation et <strong>de</strong> régulation <strong>de</strong>sactivités bancaires vise à tirer les leçons <strong>de</strong> lacrise financière en ce qui concerne, d’une part,l’ organisation <strong>de</strong>s banques et les risques qu’ellessont autorisées à prendre et, d’autre part, les pouvoirs<strong>de</strong>s autorités publiques, dont l’ Autorité <strong>de</strong>contrôle pru<strong>de</strong>ntiel et <strong>de</strong> résolution (ACPR), enmatière <strong>de</strong> prévention et <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s crises. Cetexte s’inscrit dans la continuité <strong>de</strong>s évolutions <strong>de</strong>sréglementations et <strong>de</strong>s pratiques <strong>de</strong> supervisionvisant à encadrer, <strong>de</strong> manière plus rigoureuse,les risques bancaires afin d’assurer la protection<strong>de</strong>s dépôts et la stabilité financière. Anticipant sur<strong>de</strong>s évolutions attendues au niveau européen, ildote dès à présent l’ ACPR <strong>de</strong>s instruments lesplus avancés en matière <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s risques et<strong>de</strong>s crises bancaires.Le volet du projet <strong>de</strong> loi relatif à la séparation <strong>de</strong>sactivités prévoit que les activités <strong>de</strong> marché <strong>de</strong>sétablissements <strong>de</strong> crédit qui ne sont pas réaliséespour le compte <strong>de</strong>s clients ou qui ne ren<strong>de</strong>nt pasun service utile à l’ économie <strong>de</strong>vront être cantonnéesdans une filiale dédiée qui ne pourra pasrecevoir <strong>de</strong> dépôts <strong>de</strong> la clientèle. Les établissementsassujettis à cette séparation seront ceux quidépasseront <strong>de</strong>s seuils qui doivent être fixés parun décret en Conseil d’État.L’ ACPR contrôlera le respect <strong>de</strong> la règle <strong>de</strong> séparationet veillera donc à ce que les établissements<strong>de</strong> crédit mettent en place un dispositif adéquatpour qualifier correctement leurs opérations <strong>de</strong>marché au regard <strong>de</strong>s critères fixés par la loi etpar ses textes d’application. La filiale dédiée, qui<strong>de</strong>vra être agréée par l’ ACPR, aura à respecter <strong>de</strong>sdispositions pru<strong>de</strong>ntielles limitant les liens financiersavec le reste du groupe et par là même lerisque <strong>de</strong> contagion à la banque <strong>de</strong> dépôts en cas<strong>de</strong> crise. En outre, la surveillance <strong>de</strong>s risques <strong>de</strong>marché sera encore renforcée par <strong>de</strong>s règles <strong>de</strong>contrôle interne rendues plus exigeantes.Le projet <strong>de</strong> loi renforce également les outils <strong>de</strong> préventionet <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s crises existant au niveaunational en confiant à l’ ACPR <strong>de</strong>s nouvelles missionsen matière <strong>de</strong> prévention et <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>scrises bancaires qui s’ajouteront à ses missions <strong>de</strong>supervision. La crise financière a en effet démontrél’ importance <strong>de</strong> disposer d’instruments juridiquespermettant d’intervenir rapi<strong>de</strong>ment pour prévenirles défaillances et, lorsqu’elles surviennent, pouréviter leur propagation au système financier.Ces missions seront exercées par un collège dédiéau sein <strong>de</strong> l’ ACPR, qui s’appellera le collège<strong>de</strong> résolution. Celui-ci aura un rôle préventif, en<strong>de</strong>mandant aux banques d’établir à l’ avance <strong>de</strong>splans <strong>de</strong> résolution qui permettront <strong>de</strong> savoircomment celles-ci pourraient, en cas <strong>de</strong> difficulté,se restructurer rapi<strong>de</strong>ment afin <strong>de</strong> préserver lesactivités critiques pour le financement <strong>de</strong> l’ économiefrançaise. Pour gérer les crises bancairesqui pourraient survenir, le collège <strong>de</strong> résolutiondisposera <strong>de</strong> pouvoirs nouveaux tels que la possibilité<strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r du transfert ou <strong>de</strong> la cession <strong>de</strong>branches d’activité ou <strong>de</strong> déprécier ou d’annuler lecapital et la <strong>de</strong>tte subordonnée afin d’absorber lemontant <strong>de</strong>s pertes. Il pourra aussi faire intervenirle Fonds <strong>de</strong> garantie <strong>de</strong>s dépôts, renommé Fonds38 ACPRapport <strong>annuel</strong> 2012
<strong>de</strong> garantie <strong>de</strong>s dépôts et <strong>de</strong> résolution, au profit<strong>de</strong> l’ établissement en difficulté <strong>de</strong> manière à limiterl’ impact sur les finances publiques.Par ailleurs, afin d’aligner la <strong>France</strong> sur les meilleursstandards internationaux, le projet <strong>de</strong> loi donne àl’ ACPR le pouvoir <strong>de</strong> s’assurer <strong>de</strong> l’ honorabilité,<strong>de</strong> la compétence et <strong>de</strong> l’ expérience <strong>de</strong>s membres<strong>de</strong>s conseils d’administration <strong>de</strong>s établissements<strong>de</strong> crédit et <strong>de</strong>s entreprises d’investissement.Enfin, il comprend <strong>de</strong>s dispositions <strong>de</strong>stinées àrenforcer la prévention <strong>de</strong>s risques systémiques.Le Conseil <strong>de</strong> la régulation financière et du risquesystémique, créé en 2010 et formellement désignécomme autorité macro-pru<strong>de</strong>ntielle française, <strong>de</strong>vientà cette occasion le Haut conseil <strong>de</strong> stabilitéfinancière (HCSF). Il reviendra au HSCF <strong>de</strong> menerla politique macro-pru<strong>de</strong>ntielle et à ce titre, il seradoté <strong>de</strong> pouvoirs contraignants, notamment envisagésdans le cadre <strong>de</strong> Bâle III, et visant à fixer auxbanques françaises <strong>de</strong>s obligations plus strictesen matière <strong>de</strong> fonds propres et <strong>de</strong> conditionsd’octroi <strong>de</strong>s crédits. Il exercera cette surveillanced’ensemble en coopérant avec les acteurs <strong>de</strong> larégulation financière, dont l’ACPR et, si besoin, enmobilisant, sur proposition du gouverneur <strong>de</strong> la<strong>Banque</strong> <strong>de</strong> <strong>France</strong>, les pouvoirs que la loi lui conférera.L’ ACP, comme l’ensemble <strong>de</strong>s autorités compétentesen matière <strong>de</strong> régulation et <strong>de</strong> supervisionfinancière, est représentée au sein du Haut Conseil(par le gouverneur <strong>de</strong> la <strong>Banque</strong> <strong>de</strong> <strong>France</strong>, prési<strong>de</strong>nt<strong>de</strong> l’Autorité, assisté du vice-prési<strong>de</strong>nt).5.2 L’ Union bancaireeuropéenneDécidée lors du Conseil européen et du sommet<strong>de</strong> la zone euro <strong>de</strong>s 28 et 29 juin 2012, la mise enœuvre <strong>de</strong> l’ Union bancaire constitue l’ une <strong>de</strong>sréponses politiques à la crise financière en Europeet plus particulièrement au sein <strong>de</strong> la zoneeuro. Ses objectifs, multiples, visent notammentà rompre le lien entre les risques souverains etbancaires, améliorer les canaux <strong>de</strong> transmission<strong>de</strong> la politique monétaire et permettre, avecd’autres évolutions, une recapitalisation directe<strong>de</strong>s banques en difficulté dans le cadre du mécanisme<strong>de</strong> stabilité européen.L’ Union bancaire repose sur trois piliers : lamise en place d’un mécanisme <strong>de</strong> surveillanceunique (MSU, ou Single supervisory mechanism– SSM – en anglais), sous l’ égi<strong>de</strong> <strong>de</strong> la <strong>Banque</strong>centrale européenne (BCE), l’ harmonisation <strong>de</strong>ssystèmes <strong>de</strong> garantie <strong>de</strong>s dépôts et un cadre européenunifié pour le redressement <strong>de</strong>s banqueset la résolution <strong>de</strong> leurs défaillances. Bien qu’ilsconstituent un tout indissociable, ces différentsvolets s’inscrivent dans <strong>de</strong>s calendriers législatifsdistincts : la Commission a <strong>de</strong> fait été appelée àfaire <strong>de</strong>s propositions législatives sur le MSU rapi<strong>de</strong>mentaprès le Conseil européen, celles sur les<strong>de</strong>ux autres composantes <strong>de</strong> l’ Union bancaire ne<strong>de</strong>vant intervenir que dans un second temps.Ainsi, dès le 12 septembre 2012, la Commissiona publié <strong>de</strong>ux projets <strong>de</strong> règlements européens :le premier texte, qui constitue la pierre angulairedu dispositif, vise, dans le cadre <strong>de</strong> l’ article 127-6du Traité <strong>de</strong> fonctionnement <strong>de</strong> l’ Union européenne,à conférer à la BCE d’importantes prérogativesen matière <strong>de</strong> supervision ; le secondtexte a pour objectif <strong>de</strong> modifier un précé<strong>de</strong>ntrèglement, celui ayant créé, début 2011, l’ Autoritébancaire européenne, dont la gouvernance<strong>de</strong>vait être adaptée pour tenir compte du nouveléquilibre résultant du MSU. La phase <strong>de</strong> négociationqui a succédé a permis d’aboutir à unaccord <strong>de</strong> principe au Conseil mi-décembre. Letrilogue entre ce <strong>de</strong>rnier, le Parlement et la Commissionqui s’en est suivi, a permis, au cours<strong>de</strong>s premiers mois <strong>de</strong> 2013, d’enregistrer <strong>de</strong>s progrèsdécisifs, permettant une adoption rapi<strong>de</strong>, <strong>de</strong>sorte que le MSU puisse être pleinement opérationnelen 2014.La BCE, dont le champ <strong>de</strong> compétence, trèslarge, sera pour l’ essentiel calé sur les dispositions<strong>de</strong>s textes transposant Bâle III en droit européen(la directive et le règlement composantle « paquet CRD 4 »), sera chargée <strong>de</strong> la supervision<strong>de</strong> l’ ensemble <strong>de</strong>s banques <strong>de</strong> la zoneeuro (ainsi que <strong>de</strong> celles situées dans les pays<strong>de</strong> l’ Union européenne souhaitant adhérer aumécanisme), mais elle exercera un suivi directpour les plus significatives d’entre elles. Ledispositif s’articulera autour d’un Comité <strong>de</strong>surveillance (distinct du Conseil <strong>de</strong>s gouverneurs<strong>de</strong> la BCE tout en rapportant à ce <strong>de</strong>rnier)auquel participeront notamment les autoritésnationales compétentes (l’ ACP, en <strong>France</strong>) quicontinueront à assurer, en pratique, une gran<strong>de</strong>partie <strong>de</strong>s tâches <strong>de</strong> contrôle pru<strong>de</strong>ntiel.L’ ACP a contribué et continuera à contribuer, en2013, aux travaux préparatoires menés sous l’ égi<strong>de</strong><strong>de</strong> la BCE ; tirant pleinement profit <strong>de</strong> son adossementà la <strong>Banque</strong> <strong>de</strong> <strong>France</strong>, elle entend jouer unrôle <strong>de</strong> tout premier plan une fois le MSU en place.ACPRapport <strong>annuel</strong> 201239