Mai-Juin 2011 - Journal Des Aixois

12AureilleRencontreLouis Arlot, un paysan qui faitpousser des maisons écoloA 75 ans, LouisArlot s’impliquedans la sociétécivile. Arrivéeà Aureille en1920, sa famillepossèdedes terres. Entrebon princeet fait du roi,le propriétaireterrien tented’empêcherl’exode ruraltout encanalisantl’urbanisation.Texte et photospar Myriam LéonSi la demeure de LouisArlot trône sur laPlace du château àAureille, l’hommen’a rien d’un châtelainet se revendique paysan.Aureillois depuis trois générations,il détient 130 hectaresde terre sur le village. A 75 ans,il peut se targuer d’œuvrer pourla collectivité locale depuis 30à 40 ans. “Très vite, j’ai pensédevoir participer à l’améliorationdu fonctionnement des institutionssur mon territoire. Entant qu’agriculteur, j’ai toujoursmilité pour un travail dansle respect de l’environnement.Cette fibre reste très vivace surla plaine de la Crau, et je croisy avoir contribué.” Ex présidentdu comité du foin de Crau,il a permis à ce fourrage produità l’ancienne d’obtenir uneAOC en 1997. Prisé des écuriesde courses notamment dansles émirats mais aussi des éleveurslocaux producteurs defromage, c’est le premier et leseul aliment pour animaux àavoir obtenu une AOC et uneAOP. Il est encore aujourd’huiprésident de l’association ducanal de la Craponne branched’Arles, et œuvre au bonfonctionnement de ce vaste réseaud’irrigation.Depuis quelques années, LouisArlot élargit son champd’action à une nouvelle préoccupation: l’habitat. “Faceà la flambée des prix des terresdans les Alpilles, j’ai à cœurde ne pas voir le village s’étendreà l’infini tout en évitantl’exode de la population locale.”Il commence donc par viabiliserune parcelle de ses terrespour permettre la constructiond’un lotissement de 22 maisons.Alors que le prix du m 2autour d’Aureille est enmoyenne de 250 euros, il levend à 200 euros en privilégiantles habitants du village.Cette première opération le satisfait,mais il veut aller plus loin.“J’ai touché une populationaux revenus assez confortables,or je souhaite que les foyersmodestes puissent égalementacheter dans les Alpilles.” Ilrencontre alors l’associationaureilloise, “Eco habitat pourtous”. Elle a pour but la promotiond’un système alliant lesocial et l’écologie, ses deuxsujets de prédilection. De lànaît l’idée de construire un écohameau à la fois économiqueet écologique. “L’associationse charge des aspects techniques,administratifs et financiers. Demon côté, je m’engage àmettre à disposition un terrainde 3500 m 2 pour construire 14logements, mis en location ouen accession à la propriété.”L’idée germe depuis 5 ans, maisse heurte encore à la complexitédu montage financier, à la cohérencedans le choix des matériauxécologiques, à l’implantationdes logements qui doivent associerdensification et qualité devie et aux choix d’une architectures’ insérant dans le paysage.Comme la municipalitépartage la philosophie surl’extension contrôlée du village,la modification du PLUdevrait en théorie tenir dela formalité… maisn’est pas encore finalisée.Même s’il esthabitué à ne pasbrusquer le rythmedes saisons,Louis s’impatiente à voir ceéco hameau jaillir de sesterres. “Je veux du concret, pasun feu de paille, mais au moinspeut-être une maison depaille...”, sourit-il. Malgréles difficultés, cette alliance entremilitants associatifs et grandpropriétaire terrien œuvrantcontre la spéculation et pourun développement raisonnédes territoires ruraux ale mérite de l’originalité.A suivre…