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Mai-Juin 2011 - Journal Des Aixois

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36Il soutient que ses inspirationsprocèdent principalement desdadaïstes et des ready-madesde Marcel Duchamp auquel seréfère obligatoirement, selonlui, tout artiste qui sort du classicisme.Arrivé à New York en1961, il doit sa première rencontreavec Marcel Duchampau peintre Bill Copley : les deuxfrançais se retrouvent fréquemmentpour des partiesd’échecs… Résident new yorkaisdès 1961, il se sépared’Éliane Radigue en 1967. En1971, il se remarie avec CoriceCanton, une Américaine originairedes îles Vierges (ils ontdeux enfants, Yasmine et Philippe)et il prend la nationalitéaméricaine en 1972 sousle nom de Pierre Arman.Outre les ready-mades duchampiens,il marque l’œuvre de troisautres plasticiens d’une pierreblanche : “Tom Wesselmann,cite-t-il, pour son attitudedadaïste envers l’objet, KurtSchwitters pour l’utilisation desdéchets récupérés et son nouvelesthétisme, et JacksonPollock pour le sens du remplissageet le choc du geste libératoire”.Un quatrième personnagel’a influencé, le typographehollandais HendrikNicolaas Werkman associé augroupe De Stijl.De New York à Paris en repassantpar Nice et Vence, il vitdans la familiarité de personnalitésqui occupent la scèneartistique internationale, peintreset galeristes, chorégraphes etsculpteurs, écrivains et musiciens.Aussi nourrit-il desrelations amicales avec Jeanne-Claudeet Christo, DanielCordier, Merce Cunningham,Robert Filliou, RaymondHains, Pierre Henry, Sidney Janis,Jacques Kerchache, Roy Lichtenstein,Étienne Martin,Robert Rauschenberg, LarryRivers, George Segal, IleanaSonnabend, Frank Stella et AndyWarhol. Il aime à retrouver CésarBaldaccini, Niki de Saint-Phalle,Jean Tinguely, Ben Vautieret Bernar Venet. Il côtoie aussiPol Bury, John Cage, Léo Castelli,Salvador Dali, Léonor Fini,Lucio Fontana, Jasper Johns,Claes Oldenburg, Pablo Picasso,Man Ray, James Rosenquist,Mimmo Rotella et EdgarVarèse. Tout ce petit monderejoint les clichés d’un étonnantalbum de photographiesqu’il publie aux éditionsHazan en avril 2000, nourri descommentaires savants de TitaReut.LA POINTEAUX ÂMESSes assemblages aux formatsmultiples sont constitués d’unegrande quantité d’objets identiquesfondus dans le Plexiglas,remisés à l’intérieur de boîtesen bois ou coulés dans le béton.Home Sweet Home (1960),kyrielle de masques à gaz rangésdans une boîte en peuplier,est montrée à New York en 1961au moment du procès Eichmann :c’est un hommage aux victimesde l’Holocauste ainsi qu’à sonpère, blessé et gazé à Péronne(Somme) durant la GrandeGuerre. Subida al cielo (1961)expose une contrebasse découpéelongitudinalement : ilfait subir aux instruments demusique le plus grand nombrede variations qui nous soufflentà l’oreille que le père violoncelliste,la tante et l’épouse pianistesfavorisent un climat musicalexceptionnel. Souvenirsde Casanova (1964) distingueun gros cube de polyester emplide ces boules de laiton creusesqui couronnaient les montantsdes lits à la Belle Époque :l’humour du plasticien, tendreou grinçant, confine parfois àl’exercice métaphysique. LongTerm Parking (1982) empileà Jouy-en-Josas 59 automobilesenchâssées dans du béton sur20 mètres de haut : il entendcondamner la société deconsommation et stigmatiserla pollution automobile. WallPiece (1983) bâtit un mur de2400 cuillères soudées ensemble :à plus de dix mètres, l’observateurne parvient plus à identifierl’élément cuiller. À Beyrouth(Liban), Espoir de paix (1995)cimente 78 véhicules militaireset chars d’assaut (poids de 6 000tonnes et hauteur de 32mètres) : anti-monument, lemonolithe témoigne de laconstance de ses aspirations politiques(œuvres-performances :à New York en 1970 enfaveur des droits civiquesdes Black Panthers et à Pékinen 1988 afin de sauvegarderla Grande Muraille de Chine !).Table Kinjar (2002) enrouleprès de 25 jenbiya, ce poignardcourbe où catalysent l’honneuret la virilité du guerrier yéménite: il est captivé par les dansesL’Heure de tous,cour du Havre, gare Saint-Lazare, à Paris (8 e arrdt.),empilement d’horloges dontles cadrans affichent chacunune heure différente,contrepoint ironique àl’agitation des voyageursattentifs aux horaires desdéparts et arrivées, horlogessoudées, bronze, 457,2 x152,4 x 182,9 cm, 1985(Photo Daniel Lemaire).acrobatiques et les simulationsde combats auxquelles selivrent les Zarânig, armés dejenbiya, à Beyt al-Faqîh, au cœurde la Tihama, luxuriante plainecôtière de la mer Rouge…À la sacro-sainte interrogationlamartinienne : “Objets inanimés,avez-vous donc uneâme ?”, il répond très tôt parl’affirmative. Colères, Collections,Combustions, Coupes, <strong>Des</strong>tructions,Empreintes, Fragmentationset Inclusions : lesobjets qu’il collecte et manipule,déforme ou brûle, coupeou écartèle, cisaille ou brise semétamorphosent sous le soufflesalvateur d’une inventivitégéniale et inspirée. Il veut dévoilerl’intérieur des choses,l’âme en quelque sorte qui seraitsortie d’un bureau des objetsassemblés.Ô combien je regrette de nepas avoir osé prolonger la conversationà bâtons rompus en cejour de juin 1996 en la chapellede la Vieille Charité à Marseille! J’en garde la belle métaphoredu luthier auquel ce passionnéde musique aimait às’identifier : “Savez-vous, melance-t-il ce soir-là, que le luthier,avec infiniment de précautions,place entre le fond et la tabledu violon, un petit cylindred’épicéa qui détermine laperfection de sa sonorité ? Onappelle cette petite pièce de boisl’âme de l’instrument queseuls les luthiers les plusexpérimentés savent placer àquatre ou cinq millimètres dupied droit du chevalet. L’outildont ils se servent s’appelle la"pointe aux âmes" : j’essaiede faire aussi bien avec l’âmede mes objets.”CDLa Grande Nuit, variation sur “La Nuit étoilée” de Vincent Van Gogh, acryliquesur huit panneaux de toile, 290 x 413 x 70 cm, 1994 (© François Fernandez).BibliographieLes Nouveaux Réalistes, par Claude Mollard, éditions Cercle d’Art, 2002, 66 pages, 16 €.Vu-Pris Arman, éditions Skira Flammarion/Fondation A.R.M.A.N., 2000, 128 pages, 18 €.Tout sur l’art – Panorama des mouvements et des chefs-d’œuvre, sous la direction deStephen Farthing, éditions Flammarion, 2010, 578 pages, 29,90 €.La Traversée des objets : Arman, par Tita Reut, éditions Hazan/Château de VilleneuveArt moderne et contemporain, 2000, 224 pages, 27 €Il y a lieux, l’album d’Arman, par Tita Reut et Arman, éditions Hazan, 2000, 280 pages,32 €Nouveau dictionnaire des Artistes contemporains, par Pascale Le Thorel, éditionsLarousse, 2010, 360 pages, 30 €.Portraits d’artistes, par Liliane Thorn-Petit, RTL édition, 1987, 226 pages.La Chute des courses, thématique des cascades, accumulation de caddies, acier inoxydable,345 x 433 x 115 m, 1996 (© Fondation A.R.M.A.N.).

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