Mai-Juin 2011 - Journal Des Aixois

3Les jardins d'arômeset de couleurs de ProvenceVolià le retour des beaux jours. Au rancart, la grisaille et les feuilles mortes. La nature reprend ses droitsdans un cortège d'étoffes légères, de couleurs vives et de sourires. Comme chaque année à l'approchedu printemps, les Provençaux se dirigent par centaines vers les jardineries, les pépinières,les foires aux plantes et les jardins publics pour glaner des idées, faire le plein d'énergie,et revenir, pourquoi pas, les bras chargés de plantes ou de bulbes.Le jardinage est synonyme de détente et d'évasion. Un engouement qui va croissant.Chez les jardiniers amateurs, c'est la déferlante de la vague verte. Alors, à vos bêches.Depuis de nombreusesannées,le jardin provençalest à la mode.Un peu partouten France, les jardiniers ne rêventque d'oliviers et de lavande.Dans le Sud, on aime la couleur,et les parfums. Lesplantes du soleil, ce sont la lavande,l'iris, le mimosa, le jasmin,le bougainvillier et la rose. Ouencore le seringa à la fleur blanchesi odorante, le lilas aux lourdesgrappes, ou le très florifère laurier-rose,qui se détache si biensur un bancau.Mais plantes et fleurs ont, saufexception, un cycle de floraisontrès étagé. Le secret d'unbeau jardin à la provençale, c'estdonc d'anticiper ce cycle pourque le jardin soit fleuri toutela saison. Ainsi, en ce moment,sous les touffes encore vertesdes lilas et des seringas, la pervenched'hiver a laissé la placeà la violette, reine des sousboisque l'on trouve à l'état sauvagele long des ruisseaux oudans les prés, déclinée en blanc,et sur toute la gamme des violets.Une reine modeste faceà l'explosion odorante dumimosa, qui est désormais sortides jardins de la Côte d'Azurpour apporter sa touche inégalableaux jardins de cheznous. Suivra ensuite le forsythia,qui ne devrait pas tarderà fleurir lui aussi en jaune lumière.Plus tard, l'arbre de Judéeprendra le relais. Ce seraalors merveille de le voir paraderen robe parme. C'estJardins : des oasis de paixLes plantes aromatiquesSur les 4000 espèces de plantes recensées en Provence,600 seraient comestibles. Héritiers des jardins de curé,les jardins des Alpilles, du Luberon, du pays salonais oudu pays d'Aix font la part belle à la santé du jardinier,et donc aux plantes aromatiques. Plusieurs sortes de mentheset de sauges y poussent comme du chiendent. Il y a aussigénéralement une verveine, qu'on retaille à l'automne,quelques plants de thym, et parfois du romarin. Et dela ciboulette, qui se comporte aussi très bien en pot, etfleurit en rose dès le printemps. Un jardin d'arômes quiaura son prolongement à table, pour relever subtilementles plats les plus simples ou les plus raffinés.On peut y ajouter, entre autre, le basilic acheté pour fairela soupe au pistou estivale. Replanté au jardin, il dureratoute la saison.Pas besoin d'aller très loin pour s'en mettre plein des yeux. Les jardins à visiter sont légion :● Il y a l'Harmas, le jardin botanique du célèbre entomologiste vauclusien Jean-Henri Fabre, à Sérignan-du-Comtat,● les jardins de Lauris, dont celui du conservatoire des plantes tinctoriales, sur les terrasses du château,● les jardins d'Albertas, à Bouc-Bel-Air, qui accueille au mois de mai “les journées des plantes rares”Pour les amateurs de jardins à la française :● les jardins du château de La Barben, avec ses ifs et ses buis taillés à la française,● le jardin du pavillon Vendôme à Aix avec ses buis et ses deux roseraies,● le petit jardin des simples de la cour Nord du château de l'Empéri à Salon, très pédagogique,● le jardin de l'Alchimiste à Eygalières,● ou encore le jardin du rocher des Doms à Avignon, à l'anglaise avec ses fontaines, ses parterres de fleurs, de sauges,de mélisse ou de romarin… et ses pelouses.Oasis de fraîcheur, ils ont chacun leur identité propre, leur caractère, qu'ils soient fouillis, décalés, ou tracés au cordeau,bien ordonnés. Au pied des statues ou des vases d'Anduze, ces poumons verts offrent des pauses de quiétudevégétales appréciées des petits et des grands.d'ailleurs à l'époque de sa floraisonqu'il faut aller visiter lesite de Glanum, à la sortie deSaint-Rémy de Provence.Bien évidemment, comme lecyprès de Florence, et l'amandier,premier arbre fruitier à fleurirau sortir de l'hiver, le pinparasol et le noble magnolia,l'olivier avec ses feuilles grisbleuest indispensable à toutjardin provençal. Souvent à sonpied, on fait pousser des iris,comme à l'entrée du village deGordes. Ou des mufliers et encoredes giroflées, qui adorentles terrains secs, comme surles parois rocheuses des Baux,poussant de manière endémique.Puis il y a l'indispensable glycine,qui escalade partout etmagnifie une pergola en pleinété. Et les lauriers aussi : leslauriers-tins, que l'on trouveen colline, admirables enhaie, le laurier-sauce, pour queses feuilles puissent parfumerle ragoût, et les lauriers-roses.Suite page 4 ➜