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Mai-Juin 2011 - Journal Des Aixois

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35Les Baux-de-ProvenceArtArman : un nouveau“Armans’installeaux Baux-de-Provence”du 4 juin au 16octobre <strong>2011</strong> :l’événementfavoriseune approcheoriginale del’artiste et deson œuvreau milieud’un décormonumentalet princier.par Claude Darrasprince des BauxLorsqu’il dévoile sa passionde collectionneurd’art africain, à lafaveur de l’été 1996,en la chapelle de laVieille-Charité, à Marseille,Armand Pierre Fernandez,alias Arman (Nice, 17 novembre1928-New York, 22 octobre2005), me confie l’attribuer àquelque maladie génétique héritéeà la fois de sa grand-mèrematernelle qui étiquetait deskilomètres de bouts de fil aufond de boîtes métalliques (cellesau format parallélépipédiquedes biscuits Lu !) et d’AntoineFernandez, son père, génial brocanteurd’origine espagnole quienseigne au fils unique les vertusdu chercheur d’antiquaillele long des étals des marchésaux puces de la région niçoise.Les yeux ronds, Jean-ClaudeGaudin, maire de la cité phocéenne,et Alain Nicolas,commissaire de l’exposition,s’amusent de l’exaltation adolescentequi enfle les souvenirsde mon interlocuteur :“Enfant, je collectionnais déjàune multitude de choses, révèle-t-il,des flacons de parfumeurs,des soldats de plomb,des couteaux, desmontres, des postesde radio, desdoubles décimètres, des pistolets,des porte-clefs, objetsauxquels j’ai ajouté beaucoupplus tard les juke-boxes et lesarmures japonaises. C’est audébut des années 1950 que jeme suis spécialisé dans les artsafricains. J’aurais pu continuerdans cette voie, mais j’aifinalement choisi de rester unsculpteur.” L’anecdote estsymptomatique de l’intricationde paramètres familiaux et dedéterminations affectives au gréde la geste créative d’Arman,l’un des fondateurs du groupedes Nouveaux Réalistes queles avant-gardes du XX e siècleet les historiens retiennent àbon droit comme le précurseurdes assemblages d’objets.ELLE TROUVAITQUE LE “D”FAISAIT GARÇON-COIFFEUR…À Liliane Thorn-Petit, ilexplique en 1986 que c’est paradmiration pour Van Gogh, quisignait ses toiles “Vincent”, qu’ildécide, en 1951, d’utiliser sonseul prénom. “Ce n’est qu’en1958 (j’avais trente ans) qu’ilest devenu, par hasard, un pseudonyme,apprend-il à la journalisteet productrice de Radio-Télé-Luxembourg. Il y avaiteu une erreur typographiquedans le catalogue d’uneexposition collective.J’étais fou derage, je me sentais mutilé…La directrice dela galerie (Iris Clert)par contre aimait bien.Elle trouvait que le “d”faisait garçon-coiffeur :j’ai donc abandonnéArmand pour devenirArman.”Étudiant aux Arts décoratifsde Nice de 1946à 1949, il intègre l’Écoledu Louvre à Paris en 1949qu’il quitte, diplômeen poche, l’année suivante.En 1953, il épouse ÉlianeRadigue, pianiste etcompositeur, discipledu théoricien de lamusique concrète PierreSchaeffer : elle lui donnetrois enfants, Françoise-Marion, Anne et Yves.De 1951 à 1956,l’abstraction suivantles préceptes del’école de Paris succèdeà des tableautinsd’apprentissage,très académiquesdu reste (il lessigne Ardez,soit la premièreet la dernièresyllabe deArmand Fernandez), maisles prémices du futur accumulateurrésident au cœur del’empreinte des tamponsencreurs (série des Cachets,1955), de la thématique desAllures d’objets (1957), et, plusantérieurement, des photographiesexécutées, à partir de 1945, aumoyen d’un appareil demarque Retina.“Dès 1951-1952, explique-tilà Tita Reut, historienne del’art, j’ai réalisé des accumulationsen photos : des cordages,des bambous, des tonneauxempilés, ainsi que desphotos de composition.” Le pèrelui a inoculé le virus de lachambre noire ; le fils assureque l’image aux sels d’argentlui a énormément servi :“Quand je préparais des projetsavec Ford ou avec Renault,Consigne à vie, empilement/compressionde bagages, installée cour de Rome, à Paris (8 e arrdt.),bronze, 548,6 cm, 1985 (Photo Daniel Lemaire).Arman dans son atelier :Cultivé, boulimique, exalté, l’homme se prévaut d’être“un peintre qui fait de la sculpture plus qu’un sculpteur”je photographiais des élémentsdans les stocks, avant mêmede préparer des croquis surles pièces que j’allais faire”.LE CONGLOMÉRATNOUVEAURÉALISTE ?UN PEU TIRÉPAR LES CHEVEUXInséparable de l’amitié durabledu peintre Yves Klein et du poèteClaude Pascal (tous trois pratiquentassidûment le judo àl’école de Police !), sa jeunesseniçoise éclaire son périple futurà travers les idéaux et les interrogationsqu’ils partagent,sur le bouddhisme, le mouvementDada et le surréalisme notamment.Une quête fraternelle etdélicate favorise les échangesextrêmement féconds entre lestrois camarades. Grandementinfluencé par Serge Poliakoffet Nicolas de Staël, il donne(© Fondation A.R.M.A.N.)à l’objet dès 1959 une placecentrale de ses Accumulationset de ses Poubelles. Sonengagement immédiat au seindes Nouveaux Réalistes, un groupecréé en 1960 à l’initiativedu critique d’art français PierreRestany (1930-2003), accusela rupture de cette nouvellegénération avec la peintureabstraite des années 1950,une cassure renforcée par lesprivations et les traumatismesde l’après-guerre. Quand bienmême il milite aux côtés desSuisses Daniel Spoerri etJean Tinguely et des FrançaisYves Klein et Martial Raysse,il modère la portée des “nouvellesapproches perceptivesdu réel” prônées par un“conglomérat Nouveau Réalisteun peu tiré par les cheveux”qui ne parvient pas àannexer le territoire américaincomme il le prétendait (extraitsdu livre Il y a lieux,l’album d’Arman).

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