TF1 / Spectacles musicauxGérard Louvin,Pdg de Glem.Roméo et Juliette est-elle unepremière pour Glem ?Gérard Louvin. Non, c’est unecomédie musicale –du théâtre et de lamusique. Nous en avions déjà fait avecCabaret ou Les Années Twist. Les Anglosaxonsen produisent depuis longtemps.Avec Roméo et Juliette, nous avonstravaillé à l’américaine, avec de grosmoyens. Et modernisé décors etcostumes, au point que les Anglais,qui ont racheté le spectacle, veulentle monter de façon plus traditionnelle !Dix sept pays se sont déjà portésacquéreurs, dont le Japon, Taïwan,la Hongrie... Devant ce succès, Patrick LeLay m’a demandé de développer l’activitéde spectacles, notamment musicaux,chez Glem. Avec neuf titres à l’affiche,tous genres confondus, nous sommesaujourd’hui la plus grosse société decréation de Paris. J’insiste sur le motcréation : sur les 46 productions signéesGlem depuis l’origine, il n’y en a pas plusde 4 ou 5 que nous n’avons pas conçues.Existe-t-il une recette pourréussir un spectacle ?Pas vraiment. Pour que ça marche, il fautd’abord de bonnes chansons. Avoir unsujet ne suffit pas, n’importe qui peut avoirune idée de comédie musicale. QuandGérard Presgurvic, l’auteur-compositeurde Roméo et Juliette, est venu nousprésenter son projet, il n’avait quequelques mélodies qui nous ont emballés.Ensuite, nous avons choisi l’histoire aveclui. Composer des chansons, c’est un vraimétier. Un chanteur met un an et demià produire quinze titres. Si c’était facile,il mettrait un jour et demi !J’avais fait écouter une cassette avecles premiers titres à Patrick Le Lay. Quandil a vu le résultat sur scène, il m’a dit“ce que vous avez réussi à bâtiravec quelques refrains est incroyable !”À la base, il y a donc leschansons ?Elles permettent de remplir la salle dèsles premières représentations : ceux quiont acheté le disque retrouvent les airsqu’ils aiment. Mais pour faire durer lesuccès, il faut leur en donner à voir !Qu’ils ressortent en se disant “ah, oui, j’aivraiment passé un bon moment”. Après,le bouche à oreille fonctionne. Il n’y a pasde miracle, ça marche parce que c’est bien.Comment savoir qu’un spectacleest “bien” ?S’il y a une recette, une seule, c’est depenser comme le public. Ce n’est pas aussifacile qu’on le croit. Nous travaillons pourceux qui regardent la télévision le soir.Georgian Legenda triomphéaux États-Unis,avant de veniren France.94BOUYGUES 2002
Ils vont au spectacle, certains pourla première fois de leur vie, pour rêveret oublier leurs problèmes.Il faut donc les surprendre. Dès qu’ilss’asseyent ! Pour Roméo et Juliette,on attendrait un décor traditionnel avecun balcon, des costumes Renaissance.Le rideau s’ouvre sur six grandes cases,qui bougent pour se transformer en rue,en chapelle, en chambre... Le rideau sertà imaginer ce qu’il y a derrière. Si, quandil s’ouvre, c’est le contraire de ce quele public attendait, alors c’est gagné.Il y a d’autres façons de surprendre.Dans Georgian Legend, les instrumentstraditionnels –violons, accordéons...–sont accompagnés d’une rythmiqued’enfer. Y a-t-il un magicien dans la sallea un côté Monty Python, un peu décalé...Le premier mois des représentations,je suis tous les soirs dans la salle, àécouter les réactions. Quand quelqu’untousse, c’est mauvais signe. Si centpersonnes toussent chaque soir au mêmeendroit, je coupe le passage.Et quid de la promotion ?Un spectacle, c’est un événement.Là où certains consacrent trois joursà la promotion, nous en faisons huit. Notremarketing nous permet d’élargir la cible,pour faire venir plus de monde que lesautres. Avec Maurice Béjart, en 2001, nousavons monté une promotion inhabituellepour un ballet : grandes affiches dansle métro, spots radio. Résultat : 10 000spectateurs de plus que prévu. Surtoutdes jeunes. Le mime Marceau rassemble4 000 personnes en moyenne. Son retoursur scène, produit par Glem, devrait enattirer jusqu’à 9 000 : quand il s’affiche en4x3 dans une gare, ce n’est pas le mêmeimpact que sur une colonne Morris ! Maisattention, rien ne marche sans partenariattélé et radio. Les gens ne regarderontles affiches que s’ils ont entendu parlerde l’événement sur leur petit écran.À propos, comment conciliezvousproduction téléviséeet production pour la scène ?Le dénominateur commun, c’est lespectacle. La scène m’a beaucoupappris. J’applique les mêmes principes :captiver, faire rêver les téléspectateurscomme s’ils étaient au théâtre. ■Télé-spectaclesFondée en 1982 par Gérard Louvin,ancien directeur artistiquede Claude François, Glem 1 mènedès le départ une double activitéde production de spectacles etd’émissions télévisées. S’y ajouteen 1987 la maison de disquesBaxter, qui lance entre autresFlorent Pagny.La même année, TF1 devientle partenaire exclusif de Glem pourle petit écran. Une cinquantained’émissions naissent de cettecoopération, parmi lesquelles Ciel,Mon Mardi, Sacrée Soirée(265 éditions !) ou Sans AucunDoute. En 1995, TF1 acquiert 73 %du capital de la société.Côté scène, Glem produit aussibien le violoniste André Rieu,lancé en France en 1998, que deshumoristes, du théâtre, du cirqueou des comédies musicales.Devant le triomphe de Roméoet Juliette en 2001, Patrick Le Layet Gérard Louvin décident1/ Gérard Louvin Éditions MusicalesRoméo etJuliette :des tubesfredonnéspar desmillionsde fans.de développer laproductionde spectacles.Neuf affiches sontprévues pour2002.Au programme :quatre nouvellescomédies musicales,dont Georgian Legendet Y a-t-il un magiciendans la salle, maisaussi La Griffe, unepièce de théâtre avecMuriel Robin oule retour du mimeMarceau.Glem organisepar ailleurs latournée StarAcademy.BOUYGUES 2002 95