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0MINISTERE DE LA PROMOTIONREPUBLIQUE DU MALIDE LA FEMME, DE L’ENFANTUn Peuple – Un But – Une FoiET DE LA FAMILLE **********************Direction Nationale de la PromotionDe la Femme***********Projet de Renforcement des CapacitésDes Organisations Féminines du Mali<strong>RECOFEM</strong>MLI 126Etude sur la Participation des Femmes à la Vie Publique au MaliContraintes et stratégies pour améliorer la situation.Docteur Bréhima BERIDOGO, anthropologue - sociologue etMme Diarra Afoussatou THIERO, MagistratRapport final<strong>RECOFEM</strong>Cité des coopérants Français-SogonikoTel :(223)2208042 ; Fax : (223)2208044E-Mail :recofem@afribone.net.mlBamako MaliFévrier 2006


1Table des matièresTable des matières 1Liste des sigles et abréviations 4Avant propos 6Introduction 7Tableau I. Taille et caractéristiques de l’échantillon selon les régions 10I. Etre femme au Mali : les causes de la discrimination 121.1. Les causes sociales 121.2. Les causes culturelles 131.3. Les causes économiques 141.4. Les causes liées aux traditions politiques maliennes 151.5. Les causes psychologiques 161.6. Les causes liées aux violences faites aux femmes et 17particulièrement Le harcèlement sexuelII. Enjeux ou problématique de la participation de la femme à la 19vie publiqueIII. Bref rappel historique de l’implication de la femme dans la vie 20publique : Première République, Deuxième République et Transition3.1. La Première République : 1960 – 1962, la Commission Sociale 20des FemmesTableau II. Les femmes élues sous la 1 ère République 213.2. La deuxième république : 1968 – 1991, L'UNFM (Union21Nationale des Femmes du Mali)Tableau III. Les femmes élues sous la 2 ème République 223.3. La période de la Transition 1991 – 1992 : Le ministère de la 23santé publique, de l’Action sociale et de la Promotion Féminine, leSecrétariat d’Etat chargé de la Promotion FéminineIV. La Troisième République et la femme (1992) 244.1. Les textes élaborés, les actes posés et le cadre institutionnel mis 24en place par l’Etat pour la promotion de la femme4.1.1. Les textes 244.1.2. Le cadre institutionnel mis en place pour une plus grande 28implication de la femme dans la vie publique4.2. Les actions menées par la société civile pour l’implication de la 29femme dans la vie publique4.3. Etat des lieux de l’implication des femmes dans la vie publique 314.3.1. Les femmes dans la fonction publique 31Tableau IV. Répartition du personnel de la fonction publique selon 31les catégories et le sexe en 2002Tableau V. Répartition du personnel de la fonction publique selon 31les catégories et le sexe en 20044.3.2. Les femmes dans les instances civiles de décision 32Tableau VI. Les femmes dans les instances civiles de décision 324.3.3. La femme dans la société civile 344.3.3.1. Bref rappel historique 354.3.3.2. L’implication de la femme dans la vie publique à travers la 35société civile sous la Troisième République4.3.4. La femme et l’économie 38


24.3.4.1. La femme chef d’entreprise 394.3.4.2. La femme et le crédit 404.3.4.3. Autre secteur important : le foncier 414.3.5. La femme et la prise de décision 424.3.5.1. Dans la communauté (famille, quartier, village) 424.3.5.2. Le rôle de la femme 444.3.5.3. Le statut de la femme 454.3.5.4. Le changement d’attitude des hommes 454.3.6. La femme et le politique 464.4. Les insuffisances de la troisième république 474.4.1. Généralités 474.4.2. L’insuffisance de l’engagement citoyen des associations et 47organisations féminines4.2.3. L’affaiblissement de la volonté politique des autorités de la 48Troisième République4.4.4. L’inégalité de rémunération entre homme et femme 484.4.5. La figuration dans les instances dirigeantes des associations 48mixtes4.4.6. Les stéréotypes dont sont victimes les femmes qui arrivent à 49transcender la discrimination4.4.7. Les résistances de certains hommes et de certaines 50communautés face au changement4.4.8. Des biais provoqués par l’assistance au développement 504.4.9. L’insignifiance du nombre de femmes élues 514.5. Les obstacles à la participation de la femme à la vie publique 544.5.1. Les obstacles liés aux causes sociales de la discrimination 544.5.2. Les obstacles liés aux causes culturelles de la discrimination 544.5.3. Les obstacles liés aux causes économiques de la 54discrimination4.5.4. les obstacles liés aux traditions politiques du Mali 544.5.5. Les obstacles liés aux causes psychologiques la discrimination 544.5.6. Les obstacles d’ordre juridique à la promotion de la femme 55V. Les stratégies pour une plus grande participation de la femme à 56la vie publique5.1. Les stratégies féminines d’ascension sociale et les facteurs de 56réussite recensés sur le terrain5.1.1. Les stratégies d’ascension politique 565.1.1.1. Les leaders de longue date 565.1.1.2. Les associations, une rampe de lancement politique 575.1.1.3. Le soutien de l’entourage 575.1.1.4. La combativité de la femme, le corps à corps et la 58mobilisation des troupes5.1.1.5. Des solutions spécifiques sur le plan politique 585.1.2. Les stratégies économiques, le crédit 595.2. Propositions de stratégies 605.2.1. Les stratégies face aux causes sociales de la discrimination 605.2.2. Les stratégies face aux causes culturelles de la discrimination 60


35.2.3. Les stratégies face aux causes économiques de la 61discrimination5.2.3.1. Généralités 615.2.3.2. Stratégies spécifiques par rapport à l’accès des femmes aux 61moyens et facteurs de production (terre, eau, intrants, matériel agricole,techniques et technologie appropriée)5.2.3.3. Stratégies spécifiques pour l’entrepreunariat féminin 615.2.4. Les stratégies face aux traditions politiques du Mali et à la 62faible proportion de femmes élues5.2.4.1. Accroître la représentation féminine 625.2.4.1.1. Des stratégies applicables par le Ministère de la Promotion 62de la Femme, de l’Enfant et de la Famille et de ses démembrementsainsi que des ONG et associations féminines5.2.4.2. Agir sur les systèmes électoraux 645.2.5. Les stratégies face aux causes psychologiques la 64discrimination5.2.6. Stratégies dans le domaine juridique 655.2.7. Stratégies face aux violences et particulièrement au 65harcèlement sexuel5.2.8. Un outil incontournable pour la mise en œuvre des 66stratégies : les mass médias5.3. Recommandations 675.3.1. Agir sur les bases juridiques de l’égalité 675.3.2. Agir sur la participation politique 675.3.3 Respecter le principe de l’égalité au sein des partis politiques 675.3.4. Déterminer des objectif et fonctions des branches féminines 68des partis politiques5.3.5. Prendre des dispositions pour assurer la participation aux 68activités du parti5.3.6. Prendre des dispositions pour assurer une répartition 69équitable des responsabilités au parlementConclusion 70Annexe 1 Bibliographie 72Annexe II Les termes de références 75Annexe III Offre technique 79Annexe IV : Les femmes à l’Assemblée nationale sous la troisième 86républiqueAnnexe V : Bref aperçu de la biographie de quelques premières 88femmes impliquées dans la gestion de la vie publique


4Liste des sigles et abréviationsADEMA Alliance pour la Démocratie au MaliAFIMA Association des Femmes Ingénieurs du MaliAFEM Association des Femmes Educatrices du MaliAJM Association des femmes juristesAMSOPT Association Malienne pour le Suivi et l’Orientation desPratiques TraditionnellesAPAC Association des Professionnels Africains de la CommunicationAPAF Muso Appui à la Promotion des Aides FamilialesDanbéAPCAM Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture du MaliAPDF Association pour le Progrès et la Défense des Droits de laFemmeAPE Association des Parents d'ElèvesARFPE Association Régionale des Femmes pour la Paix et l’EducationASACO Association de Santé CommunautaireAVOM Association des Veuves et Orphelins du MaliBEC Bureau Exécutif CentralCADEF Comité d’Action pour la Défense des Droits de l’Enfant et de laFemmeCAFO Coordination des Associations et ONG FémininesCCA-ONG Conseil de Concertation et d’Appui aux ONGCCIM Chambre de Commerce et d’Industrie du MaliCEDEF Convention sur l’Elimination de toutes les Formes deDiscriminations à l’Egard des FemmesCESC Conseil Economique, Social et CulturelCESCOM Centre de santé CommunautaireCMDT Compagnie Malienne pour le Développement des TextilesCNDIFE Centre National de Documentation sur la Femme et l’EnfantCNID Comité National d’Initiative DémocratiqueCNID-FYT Congrès National d’Initiative Démocratique Faso Yiriwa TonCOFEM Collectif des Femmes du MaliCRES Centre Régional pour l’Energie SolaireCTSP Comité de Transition pour le Salut du PeupleDAF Direction Administrative et FinancièreDNFP Direction Nationale de la Fonction PubliqueEDS-III Enquête démographique et de Santé IIIFELASCOM Fédération Locale des Associations de Santé CommunautaireFNUAP Fonds des Nations Unies pour la PopulationIEC <strong>Information</strong>, Education, CommunicationIFMST Incitation des Jeunes Filles vers les Matières Scientifiques etTechniquesMOPOD Mobilisation des Populations pour la DécentralisationODEF Observatoire des Droits de la Femme et de l’EnfantOMS Organisation Mondiale pour la SantéPARENA Parti pour la Renaissance NationalePNUD Programme des Nations Unies pour le DéveloppementPSP Parti Progressiste Soudanais


5RDS Rassemblement pour la Démocratie et la Solidarité<strong>RECOFEM</strong> Projet de Renforcement des Capacités des OrganisationsFéminines du MaliRPM Rassemblement Pour le MaliSECO-ONG Secrétariat de Coordination des ONGUDD Union pour la Démocratie et le DéveloppementUDPM Union Démocratique du Peuple MalienUFSF Union des Femmes du Soudan FrançaisUGTAN Union Générale des Travailleurs d'Afrique NoireUNAFEM Union Nationale des Associations des Femmes MusulmanesUNFM Union Nationale des Femmes du MaliUNICEF Fonds des Nations Unies pour l’EnfanceUNIFEM Fonds des Nations Unies pour la femmeURD Union pour la République et la DémocratieUS-RDA Union Soudanaise, section du Rassemblement DémocratiqueAfricainWILDAF Women In Law and Development in Africa


6Avant proposSi la participation des femmes au travail en dehors des tâches ménagèresconnaît une progression normale, linéaire, il y a toujours des différentiationssexuelles iniques de travail à l’intérieur des administrations et desorganisations. Aussi, constate-t-on, la concentration des femmes danscertaines branches d’activités publiques comme privées, dans des postesmoins importants, moins prestigieux et moins rémunérés. La participationféminine dans les niveaux de décision reste relativement faible surtout pourdes postes importants ou de commandement, malgré les nouvelles lois prisesen leur faveur dans la plupart des pays, voir page 24 à 28.Cette situation se retrouve même dans les pays considérés comme pionniers.Ainsi, plus de la moitié des femmes en France et au Canada sont desemployées, mais seulement 7 à 8% sont dans des postes de directionsimportantes 1 .Cette configuration est plus prononcée en Afrique subsaharienne. Si on peutconsidérer comme notable la transformation des rôles des femmes, cettetransformation reste limitée en ce qui concerne les postes exécutifs(commandement ou responsabilité). Depuis, les stratégies définies tout aulong de la Décennie des Nations Unies pour la femme à Mexico (1975), àCopenhague (1980), Nairobi (1985) et enfin à Beijing (1995), on ne cesse deproposer des stratégies pour sortir d’une vision étriquée des relations femmeet pouvoir de décision ou femme et participation à la vie publique. Malgré tout,les femmes restent concentrées aux niveaux plus ou moins subalternes. LaDéclaration et le Programme d’Action adopté par la conférence Mondiale surles droits de l’homme en juin 1993, à Vienne, rappellent que « les droitsfondamentaux des femmes et des fillettes font inaliénablement, intégralementet indissociablement partie des droits universels de la personne. L’égale etpleine participation des femmes à la vie politique civile, économique etculturelle, aux niveaux national, régional, et international, et l’éliminationtotale de toutes les formes de discriminations fondées sur le sexe sont desobjectifs prioritaires de la communauté internationales 2 »De même, on tiendra compte des principes édictés par la Charte Africainedes Droits de l’homme et des peuples, de la charte internationale des droitsde l’homme et aux deux pactes internationaux relatifs, l’un aux droits civilset politiques et l’autre aux droits économiques, sociaux et culturels.Mais, il reste bien entendu que la référence est la CEDEF (Convention surl’Elimination de toutes les Formes de Discriminations à l’Egard des Femmes)qui renforce les dispositions de la charte et des autres instrumentsinternationaux pour l’abolition des discriminations à l’endroit des femmesdans les domaines aussi différents et complexes que la famille, le travail,l’école ou le champ politique. Enfin, la même convention préconise l’adoptionpar les Etats et les Communautés de dispositions appropriées pour quel’égalité de droit se transforme en égalité de fait.1 Nations Unies : Rapport sur la condition de la femme au Canada, 20042 Discrimination à l’égard des femmes et le comité, série Droits de l’Homme, Fiche d’information n°22,Campagne mondiale pour les droits de l’homme, Centre pour les droits de l’homme, N°4, Génève et New York,1995, p. 1


7IntroductionEn Afrique, et particulièrement au Mali, la grande masse des femmes atoujours été économiquement active. Elles participent aux divisionstraditionnelles du travail basées sur le sexe et l’âge, notamment au sein desfamilles paysannes et artisanales.Suite à l’occupation coloniale et aux politiques post-coloniales dedéveloppement, ces modes de vie traditionnels ont commencé à setransformer. La colonisation va ainsi créer une nouvelle forme demarginalisation et de dépendance de la femme avec la fonction de ménagère :« C’est aussi, depuis, que la fonction et le statut de ménagère ont un contenuprécis avec les épouses de certains salariés qui, en dehors du travail deménage (cuisine, lessive, soins aux enfants, etc.), n’apportent aucunecontribution à l’obtention des moyens d’existence. 3 » Ce phénomène s’estprogressivement étendu à la quasi-totalité des femmes citadines.Mais par la suite, des questions de nécessité économique vont obliger cesménagères à travailler en dehors de la famille. Aussi, l’expansion del’éducation scolaire, la montée des nouvelles valeurs (démocratie, liberté,égalité) associées depuis une décennie aux mouvements démocratiques etpopulaires vont d’une part, créer un noyau de femmes accomplies et d’autrepart, accentuer la revendication de l’exigence d’un traitement des femmessur le même pied d’égalité que les hommes.Sur un autre plan, au Mali les femmes ont toujours été des actricesimportantes du développement socio-économique à travers l’histoire de parleur participation à tous les changements positifs majeurs intervenus dansla vie de la nation.Paradoxalement, la place qui leur est faite dans l’exercice des responsabilitéset de la prise de décision dans la conduite des affaires publiques tant auniveau local, régional que national demeure très limitée. Il en est de mêmeau niveau communautaire.Les différentes associations qu’elles eurent à créer furent, jusqu’à une daterécente « prises en otage par les hommes qui les utilisaient commepropagandistes, car conscients de leur capacité de mobilisation et dediffusion de l’information 4 . »Par ailleurs, il s’avère qu’à cause du poids des travaux domestiques, dufaible accès à l’éducation formelle et non formelle, du manque de confianceen elle-même, les femmes ont des difficultés à se forger une place de choixdans la vie publique, notamment dans l’arène politique. Celles qui sontinstruites et qui ont confiance en elles-mêmes, sont confrontées à despesanteurs socioculturelles au niveau de leur famille, de leurs partispolitiques, de leurs communautés.3 Béridogo Bréhima : « Le régime des castes et leur dynamique au Mali », Recherches Africaines, annales de laFaculté des Lettres, Langues, Arts et Sciences Humaines, N°00, p 21, 2002, Université de Bamako4 Nadio Aïssata : Femme et enjeux de pouvoir dans le cadre de la décentralisation, ENSUP, DER-Psycho-Péda,Bamako, 1997, p. 20


8Malgré toutes ces réticences certaines femmes accèdent à des postes dehautes responsabilités, mais très souvent au prix d’énormes sacrifices, deconcessions et compromis particuliers auxquels les hommes sont rarementsoumis.Ces constats suscitent chez de nombreux observateurs soucieux desconditions et du statut des femmes des interrogations relatives aux causesde cette discrimination, à l’évolution de la situation et aux voies et moyenspour une plus grande implication de la femme dans la vie publique. C’est laraison pour laquelle le <strong>RECOFEM</strong> a commandité la présente étude pouravoir des réponses à ces interrogations. Ce faisant, les objectifs de l’étudesont les suivants :Objectif général :Contribuer à l’amélioration de la participation des femmes à la vie publiqueau MaliObjectifs spécifiques :- Procéder à une analyse de la situation de la femme au Mali après lesévènements de mars 1991 et à l’avènement du multipartisme.- Disposer des données statistiques désagrégées sur la situation desfemmes dans le domaine concerné.- Identifier les obstacles à la participation des femmes à la vie publiqueau Mali.- Proposer des mesures pour assurer l’égalité des chances dans l’accèsdes hommes et des femmes aux postes de responsabilité et auxopportunités de prises de décisions pour une participation effective etefficiente des femmes à la vie publique au Mali.Comme Résultats attendus :- Des données quantitatives sur la situation socio-économique desfemmes et notamment leur niveau de participation à la vie publiquedurant les dix dernières années sont disponibles.- Une analyse objective de la problématique de la participation de lafemme à la vie publique est disponible.- Les acquis, les obstacles et les enjeux liés à la participation desfemmes à la vie publique sont identifiés.- Des mesures sont recommandées pour de meilleures chances pour lesfemmes d’accéder à la vie publique.La Méthodologie de l’étudeCette étude, de nature qualitative et quantitative, a procédé par un travail derecherche documentaire et une enquête de terrainA) La recherche documentaire : Elle a consisté à analyser la documentation disponible, relative d'une partà la participation de la femme à la vie publique de manière générale et demanière particulière au Mali et d'autre part aux conditions vie de la femme


9dans les localités étudiées. Ont, particulièrement, été exploités en plus desouvrages édités et des mémoires d’étudiants, les documents : du Ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, des associations et ONG (Centre Djoliba, APDF, CAFO, AJM, etc.) ; des Nations Unies et des différentes conférences mondiales sur les femmes (Nairobi, Mexico,Arusha, etc.).B) Les Outils de recherche :L'enquête a utilisé l’observation et l'entretien semi-directif sous-tendu par unguide d'entretien pour la collecte des données de terrain.Les histoires de vie ont aussi été utilisées pour comprendre lescheminements individuels, les obstacles spécifiques (sacrifices, concessions,compromis, etc.) qui se dressent devant certaines femmes pour accéder à despostes de haute responsabilité.La collecte des données quantitatives s’est surtout faite avec l’exploitationdes documents des institutions et structures étatiques et non étatiques.C) L’enquête de terraina) Les sites :Elle s’est effectuée dans le district de Bamako et les régions de Kayes,Sikasso, Ségou, Mopti, Tombouctou, Gao et Kidal auprès des institutions etstructures sociales étatiques et non étatiques et de personnes ressources.b) Le personnel pour mener l’étude :Le travail de terrain a été supervisé par deux consultants. Ils avaient à leurdisposition sept (7) enquêteurs ayant, chacun au moins, une maîtrise ensciences sociales et maîtrisant la langue de la localité de l’enquête.c) L'échantillon :La taille totale de l’échantillon est de 309 individus se répartissant dans unefourchette de 63 à 24 enquêtés par région. C’était un échantillonnage parquota basé sur les variables de diversité socioculturelle selon les régions etsocioprofessionnelle et de sexe à l’intérieur des sites. Pour ce qui concerne ladiversité socioprofessionnelle, l’enquête a pris en compte l’exercice despostes de responsabilité à partir des nominations et des élections, laparticipation à la vie publique dans le cadre des professions libérales, de lasociété civile, etc. Quant à la variable sexe, c’est 60% de l’échantillon, soit185 femmes et 40% de l’échantillon, soit 124 hommes auprès desquellesl’enquête s’est menée. Et les femmes se répartissent entre les catégories defemme élue, chef d’entreprise, responsable d’association ou d’ONG, simplecitoyenne, responsable administratif, etc. Le tableau ci dessous donne unaperçu de la répartition de l’échantillon selon les régions.


10Tableau I. Taille et caractéristiques de l’échantillon selon les régionsRégionKayes Sikas Ségou Mopti Tombo Gao KidalsouctoucatégoriesFemme élue (maire, 5 7 5 4 5 1 0 3 30adjointe, conseillère,député)Homme élu (maire, 4 6 6 3 3 2 4 3 31adjointe, conseillère,député)Femme Chefs 2 5 9 2 3 2 2 3 28d’entrepriseFemme Responsable 7 6 8 12 7 6 5 5 56d’associationSimple citoyenne 4 6 3 0 3 4 4 2 26Autorité traditionnelle 3 7 4 0 1 3 0 2 20Responsable de parti 5 7 6 0 3 3 3 5 32BamakoTotalResponsable5 5 3 3 9 3 4 4 36administratifResponsable5 7 7 0 3 2 2 5 31banque/caisse créditAssociation mixte 4 7 2 0 1 2 1 2 1944 63 53 24 38 28 25 34 309L’enquête s’est donc menée à l’intérieur des sites auprès :• des associations et ONG féminines luttant pour une plusgrande implication de la Femme à la vie publique ;• des institutions de la République : Assemblée nationale, hautconseil des collectivités, des ministères, de certainesadministrations, etc. ;• de l’autorité traditionnelle : chefs traditionnels, chefsreligieux ;• de responsables de partis politiques et de certains de leursmilitants ;• de femmes occupant ou ayant occupé de hautesresponsabilités au niveau des structures étatiques, del’assemblée nationale, de la société politique (les partispolitiques) de la société civile ou des professions libérales. Endehors des leaders, des femmes ayant pignon sur rue auniveau des professions libérales ont, aussi, été interrogées.Partout, la taille de l’échantillon a été fixée en fonction dunombre de femmes par secteur.Selon les sites :Dans les chefs-lieux de région retenus les données disponibles ont étécollectées sur toute la région et des cercles représentatifs sur le plansocioculturel ont été choisis pour cerner les spécificités locales.A Kayes, ont été retenus les cercles de Kita à dominance ethnique malinkéet de Nioro à dominances ethniques Soninké, peul et maure.


11A Sikasso, l’enquête s’est menée dans les cercles de Bougouni à dominanceethnique bambara, de Sikasso et Kadiolo à dominances ethniques Sénoufo etde Yorosso à dominances ethniques Minianka et Bwa.A Ségou, ce sont les cercles de Ségou et San à dominance ethnique bambaraet de Tominian à dominance ethnique Bwa qui ont été retenus.A Mopti, ont été retenus les cercles de Bandiagara à dominance ethniqueDogon, de Mopti et Ténenkou à dominance ethnique Peulhe.A Tombouctou, l’enquête s’est menée dans les cercles de Tombouctou àdominance ethnique Sonrhaye, arabe, Touarègue et maure, de Diré et deGourma-Rharous à dominance ethnique SonrhayeA Gao, elle a eu lieu dans le cercle de Gao à dominance ethnique SonrhayeA Kidal, ont été retenus le cercle de Kidal, les communes de Kidal et deEssouk et le cercle de Tessalit où dominent les Touarègue.A Bamako : l’enquête s’est menée dans les 6 communes du District surtoutau niveau des mairies, institutions de la République, des services publics,des états-majors des partis politiques et de ceux des associations et ONG,etc.D L’analyse des données :Après la collecte des données, il y a eu d’abord une compilation des donnéesselon les régions et ensuite une comparaison des données des différentesrégions pour dégager les constantes et les différences. Ensuite un rapportprovisoire a été déposé. Celui-ci a été critiqué et corrigé par le comité de suividu Recofem et c’est sur la base de ces critiques et corrections que le présentrapport définitif a été élaboré.E Chronogramme et durée de l'étudeL'étude a duré quarante cinq (45 jours) dont quinze jours (15) d'enquête deterrain, soit du 17 novembre au 31 décembre 2005.


12I. Etre femme au Mali : les causes de la discriminationLe Mali est caractérisé par une diversité tant sur le plan géo-climatique quesocioculturel. Il s’en suit que face à toute situation on se retrouve avec unfond commun et des spécificités selon les aires socioculturelles.Le rôle et l’image de la femme peuvent ainsi, différer selon qu’elle sera enmilieu sédentaire ou nomade, soit qu’elle appartienne à l’aire culturellemandingue, sonrhaye, touarègue, Sénoufo, etc.Mais quel que soit le cas de figure, les causes essentielles de ladiscrimination sont en relation avec les cultures et traditions des différentescommunautés et peuvent s’analyser en termes de causes sociales,culturelles, économiques et psychologiques.1.1. Les causes socialesUne des causes de la discrimination dans la participation à la vie publiquedont est victime la femme est la forme de l’organisation sociale traditionnelleet le mécanisme de fonctionnement des institutions sociales traditionnelles.Ainsi, le processus du mariage et le type de résidence, (la résidencepatrilocale) contribuent à affaiblir la femme. Celle-ci quitte seule son groupede naissance pour se retrouver dans celui de son époux. La mobilité, dontelle est victime, fait qu’elle se retrouve chaque fois dans un nouveau milieudéjà organisé pour la gestion de la société par les hommes.Il y a, ainsi, une ségrégation dans l’accès à la direction de la famille et à celledes autres structures de la communauté. Et, « quel que soit son âge, sondegré d’instruction, ses qualifications professionnelles ou toutes autrescapacités, elle ne peut jamais pénétrer le cercle du pouvoir traditionnel : chefde famille, de quartier, de village, de canton, de terre, des eaux, du culte, etc.Même les familles monoparentales dirigées par des femmes en milieu urbainsont perçues comme des anomalies passagères, des situations transitoires.La femme est sensée assurer un intérim en attendant que son filsgrandisse. 5 » C’est ce qui faisait dire au 3 ème adjoint du maire de Tessalit que« nous acceptons tout pour ce qui concerne les femmes sauf leur donner lefauteuil (la chefferie) ».Donc, poids social, réticence des hommes et particulièrement du mari,surcharge du calendrier de travail, tâches ménagères découlant de ladivision sociale du travail, les préjugés, les stéréotypes, tels sont lesprincipaux obstacles qui découlent des causes sociales de la discriminationdes femmes.5 Béridogo Bréhima, Mme Zouboye Fatimata Dicko, Mme Djourté Fatoumata Dembélé, Fatoumata Siré Diakité: Les violences faites aux femmes et aux filles avec identification des axes prioritaires d'intervention à court,moyen et long terme de lutte contre les violences faites aux femmes et aux filles, Ministère de la promotion de laFemme, de l’Enfant et de la Famille, rapport définitif Février 2002, p 47


131.2. Les causes culturellesL’idéologie traditionnelle et la religion musulmane œuvrent à écarter lafemme de la vie publique, à faire d’elle un être résigné. Ainsi, selon latradition, la femme se résigne, pas pour elle-même, mais pour assurer unbon avenir à ses enfants. Leur succès, leur ascension sociale sontproportionnelles au degré de résignation de leur mère. C’est ce que traduitcet adage Bambara : « muso tøgø ye muñu ani sabali. Ni ma cë tønnøn dun, ina dën tønnøn dun » : La femme est synonyme de résignation. En observantcette attitude si elle ne jouit pas des profits qu’elle est en droit d’attendre deson époux, elle jouira de ceux de ses enfants.Selon Simone de Beauvoir 6 , « l’éternel féminin » c’est l’homologue de l’ « âme »noire… les vertus du « bon noir » à l’âme inconsciente, enfantine, rieuse, duNoir résigné et (…) la femme « vraiment femme », c’est-à-dire frivole, puérile,irresponsable, la femme soumise à l’homme.Mais, toujours selon elle, « On ne naît pas femme, on le devient », ce quisignifie que si la femme est souvent reléguée au second rang il s’agit là d’unfait de culture, le résultat d’une évolution historique, et non d’un fait denature.Ce passage du roman de Sembène Ousmane, Les bouts de bois de Dieu,résume l’idéal de femme selon la majorité des cultures soudano sahéliennesAssitan était une épouse parfaite selon les anciennes traditionsafricaines : docile, soumise, travailleuse, elle ne disait jamais un mot plushaut que l’autre. Elle ignorait tout des activités de son mari, ou du moins,faisait semblant de les oublier. Neuf ans auparavant, on l’avait mariée àl’aîné des Bagayoko. Sans même la consulter, ses parents s’étaientoccupés de tout. Un soir son père lui apprit que son mari s’appelaitSadibou Bakayoko et deux mois après on la livrait à un homme qu’ellen’avait jamais vu.Le mariage avait eu lieu avec toute la pompe nécessaire dans une familled’ancienne lignée, mais Assitan ne vécut que onze mois avec son mari ;celui-ci fut tué lors de la première grève de Thiès. Trois semaines plustard elle accouchait d’une fillette. De nouveau, l’antique coutume disposade sa vie ; on la maria au cadet des Bagayoko : Ibrahima. Celui-ci adoptale bébé et lui donna ce nom étrange : Ad’jibid’ji. Assitan continua d’obéir.Avec la fillette et la grand’mère Niakoro, elle quitta Thiès pour suivre sonmari à Bamako. Elle fut aussi soumise à Ibrahima qu’elle l’avait été à sonfrère. Il partait tous les jours, il restait absent des mois, il bravait desdangers, c’était son lot d’homme, et de maître. Son lot à elle, son lot defemme était d’accepter et de se taire, ainsi qu’on le lui avait enseigné.Sembène Ousmane : Les bouts de bois de Dieu, Paris, Editions PressesPocket, in Desalmand, 1977, p. 14.6 De Beauvoir Simone : Le deuxième sexe, Paris, Gallimard, 1949


14De cette situation découlent un statut et des rôles spécifiques qui réserventune place inférieure à la femme.Les différentes communautés lui accordent peu de droits à l’instruction.Ainsi, quand elle est scolarisée, les tâches ménagères laissent peu de place àla jeune fille pour réviser ses cours à la maison. Il s’en suit souvent unesituation de plus grande déperdition scolaire et de moins bonne performancepar rapport aux garçons. Certaines voient leur scolarité interrompue à causedes mariages précoces. La conséquence est un fort taux d’analphabétismeau niveau des femmes. « Selon l’EDS-III, 80,0% des femmes maliennes n’ontaucun niveau d’instruction. Elles sont 11,3% au primaire, 4,9% au secondaireet 3,8% au niveau supérieur 7 » L’analphabétisme est l’un des principauxobstacles de la participation de la femme à la vie publique.Par ailleurs, généralement, la femme se cache derrière l’homme qui décide enses lieu et place. C’est ce qui explique une partie de l’histoire de vie de cettefemme, aujourd’hui chef d’entreprise à Sikasso : « j’étais monitrice de jardinsd’enfants. Mais mon mari ne voulant pas de ce travail, j’ai abandonné pour mereconvertir dans la santé. Toujours opposé au fait que je sois une femmesalariée, il m’intima d’abandonner ce métier. Je me suis entêtée, il y a eu desaltercations entre nous. Mais comme il était soutenu par mon père, j’ai fini parcéder. »Comme l’époux de cette femme, ce notable de Bougouni dit : « Je suis contrele voyage des femmes. J’ai eu à interdire le commerce interurbain à une demes épouses. Elle s’est entêtée, mais elle a fini par trouver la mort au coursd’un de ses voyages ».Les tâches ménagères, en lui laissant peu de temps, constituent un obstacleà son épanouissement dans l’arène politique. C’est pourquoi cetteresponsable d’association disait :Du côté des hommes il y a souvent des problèmes par le fait que ce ne sontpas tous les hommes qui acceptent les sorties successives des femmes. Mêmesi le mari accepte au départ, il finira par s’énerver à cause des mauvaiseslangues. C’est la même situation au niveau de la famille. Quand on a un bébésous la main et qu’on se trouve convoquée pour une formation pour toute unejournée, les bonnes ne pourront jamais tout faire. C’est pourquoi au retour desréunions, les prises de bec avec les époux sont fréquentes. »Marginalisation des femmes par le système patrilinéaire, faible niveaud’instruction, analphabétisme, crise de compétence, etc. sont les principauxobstacles qui découlent des causes culturelles de la discrimination desfemmes.1.3. Les causes économiquesDans presque toutes les communautés maliennes, la femme est victime d’uncertain nombre d’interdits ou est exclue de certaines activités économiques parles coutumes et les traditions. En pays Bambara, dans certains villagesaucune exploitation féminine agricole n'est autorisée en saison des pluies.7 Ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille : Politique et plans d’action pour lapromotion de la femme, de l’enfant et de la famille, 2002 – 2006, p 21


15C’est par exemple le cas des villages de « Mounzou, Monzombala, ... dans larégion de Koulikoro. Il arrive aussi que certains chefs de famille n'autorisent quel'aviculture à leurs femmes... Quand l'élevage des ruminants leur est autorisé,traditionnellement, les mâles reviennent à l'homme (époux ou chef de famille).Celui-ci en contrepartie a en charge la garde du bétail (fourniture de cordes,surveillant, ...). 8Traditionnellement, la coutume dispense ou exclut la femme sonrhaye decertains travaux physiques comme l’exploitation agricole. Elle en profite pourl’exclure aussi des questions foncières. C’est ce qui faisait dire à un enquêté àGao que, quand il est question de terre, la femme n’est pas concernée. Et c’estce qui entraînait aussi cette réplique d’un homme à Tombouctou (Kabara) lorsd’une répartition de casiers agricoles quand les ingénieurs voulurent servir enpriorité les associations de femme : « ne nous parlez pas de servir les femmesen premier lieu ; ici, nous sommes entre hommes. Les femmes sont à la maisondans les cuisines ». Et la résistance fut telle que les femmes n’eurent que lesparcelles restantes après que les hommes eurent été servis.En zone rurale et urbaine, les marchés sont animés par les femmes, où ellesconstituent la majorité des commerçants. Mais sur le plan de l’occupation del’espace, elles sont sous les hangars ou au soleil sur les trottoirs, lescouloirs, les devantures des magasins, etc. Ceux qui sont dans les boutiquessous les ventilateurs ou les climatiseurs sont généralement des hommes. Ace niveau, la discrimination est relative à la propriété et aux conditions detravail.Si cette marginalisation économique se traduit par une exclusion de la femmede la gestion de la vie publique dans les communautés, elle va aussi setraduire par une accentuation de la pauvreté féminine, une faiblesse descapacités économiques de la femme. Et celle menant des activités politiques vadonc se trouver handicapée aux moments des compétitions politiques. Carpour l’instant, le succès des candidats est beaucoup plus fonction de leurlibéralité à l’endroit des électeurs que de leur programme politique commenous le confirmait le maire de Mopti : « ce sont celles qui sont brillantes etayant plus de moyens qui ont pu se faire élire. Il ne faut pas non plus oublierqu’à Mopti la question de pouvoir n’est pas un petit jeu. Donc, celui qui veuts’en mêler doit vraiment s’armer davantage et le moyen financier est une armeredoutable qu’il ne faut pas oublier. Or, rares sont les femmes qui veulentinvestir dans la politique. »Des causes économiques de la discrimination des femmes découlent desobstacles dont les principaux sont les difficultés d’accès au crédit et auxautres facteurs de production, la pauvreté, le manque de moyens financierspour faire campagne au moment des élections, etc.1.4 Les causes liées aux traditions politiques maliennesAu Mali, il existe une perception négative du politique. Faire de la politiquerevient à mentir, ruser, duper l’autre. Tout ce qui est « polotiki moko » acteur8 Béridogo Bréhima : « Femmes rurales et innovations techniques : cas du Projet Moulin au Mali », in Bulletinde l’APAD (13), p. 51 - 61.


16politique ou « politiki kuma » propos de l’acteur politique doit être pris avecde sérieuses réserves. Cette situation est exprimée dans le monde des ONGen terme de « politique politicienne ». Selon une étude menée par KadidiaDabo, dans le cadre de l’élaboration de son mémoire de maîtrise, « unefemme honnête et sérieuse ne peut faire de la politique car la politique est l’artde nager dans l’eau sale, or une femme est censée éduquer les enfants, parconséquent, elle doit être exemplaire, toujours présente dans la famille au lieude passer son temps entre les différentes réunions politiques. 9 »Ce faisant, certains hommes refusent de laisser leurs femmes s’approcher del’arène politique. Les acteurs qui ont intériorisé cette perception n’hésitentdevant aucun moyen pour écarter leurs adversaires et particulièrement lesfemmes qui ont moins d’expérience politique et plus de difficultés pourconstituer leurs dossiers.C’est aussi cette perception du politique qui fait dire à cette conseillèremunicipale de Bougouni que « certaines femmes pensent que nous avons reçubeaucoup d’argent sans leur en donner. La politique est aujourd’hui synonymede commerce ». Une autre affirma que son échec s’explique par ladémobilisation de ses troupes lasses d’attendre leur part du gâteau.Donc perception négative du politique et manque de motivation des femmesà militer dans des partis politiques, inexpérience politique des femmes,discrimination des femmes au moment de l’élaboration des listes decandidature (mauvais rang sur les listes), difficultés dans la constitution desdossiers de candidature (absence d’état civil), méconnaissance des textes(lois électorales, charte des partis, etc.), intrigues, manipulation, tels sontles principaux obstacles qui découlent des causes liées aux traditionspolitiques maliennes.1.5. Les causes psychologiquesA Ménaka, lors des dernières élections communales, une femme avait étéélue conseillère communale. Elle a purement et simplement refusé d’exercerla fonction sous la pression des hommes. L’éducation traditionnelle etl’éducation religieuse font que la femme manque de confiance en elle-mêmeet en ses sœurs. L’aliénation qui en découle l’incite à penser comme lamajorité des hommes que la gestion de la vie publique est du ressort del’homme. Celles qui en sont victimes, la majorité, vont donc développer unecertaine inhibition par rapport à la gestion de la vie publique etparticulièrement par rapport à la conquête du pouvoir. C’est pourquoi Dabodit que « les femmes elles-mêmes ne se font pas confiance. Il y a beaucoup defemmes qui préfèrent être coiffées par des hommes que par leur semblable 10 ».Par rapport au pouvoir traditionnel, cette aliénation empêche la femme demener un quelconque combat pour pénétrer ce cercle du pouvoir, levestibule comme l’atteste cette femme de Bougouni : « il y a des préalables à9 Dabo Kadidia : La femme dans l’arène politique malienne, cas de la commune III du District de Bamako,mémoire de maîtrise, Université de Bamako, FLASH, DER des Sciences sociales, section socio-anthropologie,2001 – 2002, p. 33.10 Dabo Kadidia: op. Cit. p. 34


17maîtriser avant d’entrer dans un vestibule ; ces préalables, la femme ne lesconnaît pas. »Ce complexe s’exprime aussi par rapport à l’utilisation des facteurs dedéveloppement mis à la disposition de la femme. C’est le cas par exempledans des villages bénéficiaires du Projet MOPOD dans les communes ruralesde l’ancien arrondissement de Sanankoroba où une évaluation à miparcoursfaisait le constat suivant : « On constate jusqu’à présent unecertaine timidité des femmes pour profiter des droits qui leur sont consentis.Dans certaines localités, elles ne prennent pas tout le montant du prêt qui leurest accordé et certaines n’investissent pas le peu qu’elles prennent dans desactivités génératrices de revenus 11 ». La présidente de l’Association pour lapromotion économique de la femme (APEF) de Mopti exprime la mêmesituation en ces termes : « Nous sommes entrain de les sensibiliser pourqu’elles prennent des crédits pour leurs activités mais elles refusent par peur.Voilà des obstacles que nous rencontrons car, à présent, elles n’arrivent pas àse défaire de l’image d’être inférieures » .Le problème est, aussi, abordé sous l’angle de la rétention de l’information,résultat d’un déficit démocratique dans le fonctionnement des associationsen général et des associations de femme en particulier :« Aujourd’hui je peux dire que les présidentes de toutes les associations de lacommune sont vraiment celles qui ont connu une ascension ces dix dernièresannées. Mais le problème est qu’elles veulent rester les seules maîtres du jeuen barrant la route aux autres femmes. Car, c’est elles qui maîtrisent toutesles informations, c’est elles qui participent à tous les séminaires et ateliersdans la région aussi bien qu’à Bamako. Si vous voyez une d’entre elles laisseraller une autre membre de son bureau dans un atelier, c’est qu’elle estmalade. Dans ces genres de conditions je ne vois pas comment les autresfemmes vont émerger ».La peur d’échouer, le manque de confiance des femmes en elles-mêmes, lecomplexe d’infériorité, le manque de solidarité entre les femmes, les effets del’éducation traditionnelle, l’esprit d’adversité et de clan, le manqued’agressivité, tels sont les principaux obstacles qui découlent des causespsychologiques de la discrimination des femmes.1.6. Les causes liées aux violences faites aux femmes etparticulièrement Le harcèlement sexuelC’est « une forme de violence que subissent des femmes se trouvant sousl’autorité d’un homme dont la décision est déterminante pour leur sort. Ils’agit donc de la sexualité monnayée, imposée à la femme en échange del’emploi, de l’évaluation professionnelle ou scolaire. Ce harcèlement peutprendre la forme d’un chantage : menaces proférées à l’endroit de la femmerelatives au blocage de la promotion professionnelle, à la perte de l’emploi, àl’échec scolaire, etc. Les femmes usagers du service public peuvent subir,elles aussi, le harcèlement sexuel ; que leur font subir des hommes dontl’avis ou la décision est déterminante pour la résolution du problème auquel11 Koch Robert et Béridogo Bréhima : Projet MOPOD II, Revue opérationnelle, rapport final, AgenceCanadienne de Développement International, Janvier 2002, p 16


18elles sont confrontées : magistrat, douanier, agents des services de sécurité,etc.C’est ce que confirment les témoignages ci-dessous :- « La violence dans le cadre de ma profession concerne surtout leharcèlement sexuel, j’ai même dû changer de poste pour cela ».(secrétaire de direction, Niamakoro, Bamako, 36 ans)- « Des rapports sexuels sont proposés aux femmes aux postes de douaneen échange de l’exonération des marchandises. Certaines les acceptent,d’autres les refusent ». (commerçante, Bamako, 42 ans) 12 »Le harcèlement sexuel au niveau des services publics est un obstacle àl’épanouissement des femmes. Il porte atteinte à leur dignité et favorise larésistance des époux à l’implication de leurs époux dans la gestion de la viepublique.En conclusion, une plus grande implication de la femme dans la gestion dela vie publique exige des solutions aux obstacles découlant des différentescauses de la discrimination dont les femmes sont victimes :12 Béridogo Bréhima, Mme Zouboye Fatimata Dicko, Mme Djourté Fatoumata Dembélé,Fatoumata Siré Diakité op. cit. p. 13 - 14


19II. Enjeux ou problématique de la participation de lafemme à la vie publiqueLa problématique de la participation de la femme à la vie publique et enparticulier à la prise de décision n’inclut pas seulement la vie politique. Ellene doit donc pas se limiter à la seule perspective féministe de quête depouvoir politique par les femmes mais s’inscrire dans le cadre plus vaste durôle que les femmes peuvent et doivent jouer dans les structures de prise dedécision, dans toutes les sphères de la société au niveau de la famille, ausein des organisations professionnelles ou syndicales, sociales, au niveaudes instances locales, régionales et nationales comme au sein des partispolitiques.La participation de la femme à la prise de décision a un rôle positif dans lagestion de la société. C’est une exigence démocratique, une question dejustice et d’équité, une garantie de prise en compte des besoins, intérêts etaspirations de l’ensemble des populations ainsi que des besoins spécifiquesdes femmes.La participation de la femme à la prise de décision à tous les niveauxest une exigence démocratique.Si nous admettons que les sociétés démocratiques sont fondées sur leprincipe de l’égalité, de la participation et de la représentation à part entièrede tous les citoyens dans la vie de la nation, la faible participation ou la nonreprésentationdes femmes à la prise de décision concernant la vie de lanation est un déficit démocratique et une violation des principesdémocratiques et des droits humains des femmes. Si les femmes au Malireprésentent plus de 51% de la population, il est contraire à la justice et àl’équité de les tenir à l’écart de la définition des priorités et des choix quiaffectent la vie de toute la nation.La participation des femmes à la prise de décision garantit unemeilleure prise en compte des problèmes de l’ensemble de la populationpour les raisons suivantes :- les priorités sont mieux définies parce qu’elles prennent en compte lespréoccupations, les besoins et intérêts des femmes et des hommes ;- les solutions sont plus adaptées parce qu’elles apportent des réponsesaux problèmes de l’ensemble de la population ;- les questions spécifiques des besoins concernant les femmes sontmieux identifiées et prises en compte.C’est pourquoi, la prise en compte des aspirations de l’ensemble de lapopulation crée plus d’harmonie et contribue à la paix sociale tant au niveaude la Nation que des organisations et de la collectivité au niveau local aussibien qu’au niveau régional.


20²III. Bref rappel historique de l’implication de lafemme dans la vie publique : Première République,Deuxième République et Transition :3.1. La Première République : 1960 – 1962, la Commission Sociale desFemmesLes activités féminines, sous la Première République, ont été prises encharge par le parti au pouvoir, l’Union Soudanaise, section duRassemblement Démocratique Africain (US-RDA). Cette prise en charge sefaisait à travers les comités de femmes qui, à l’image du parti, quadrillaientle pays. La gestion des questions féminines était confiée à une structureappelée « Commission Sociale des Femmes ». Elle fut créée en 1962 et avaitun pouvoir d’orientation et de contrôle sur le mouvement féminin à traverstout le pays. En plus de cette commission, l’ensemble des servicesconcourait à la définition et à la mise en œuvre de la politique de promotionde la femme.C’est la Commission Sociale des Femmes qui a été la première structurenationale à initier la rupture avec les aspects rétrogrades du statuttraditionnel de la femme. C’est ce statut qui a amorcé le processus del’émancipation de la femme. Elle a à son actif le code de mariage et de latutelle qui, à l’époque, a été considéré comme un texte révolutionnaire àcause des droits qu’il accordait, pour la première fois, aux femmes malienneset de la rupture d’avec certaines coutumes comme la répudiation, le mariageforcé, etc., dans le domaine du statut de la femme.La commission Sociale des Femmes a été aussi très active sur le planinternational. Elle a été cofondatrice de la Panafricaine des femmes avec desactrices comme Madame Aoua Kéïta, Mme Attaher Jeannette, Mme SowAïssata Coulibaly, Mme Aïssata Berthé, etc. (voir biographie en annexe V)Malgré l’engagement des femmes dans la lutte pour l’indépendance du Maliet malgré le bilan positif de la Commission Sociale des Femmes, très peud’entre elles s’engagea dans l’arène politique en vue de postes électifs car« pour les esprits de l'époque, le pouvoir est essentiellement masculin et lesfemmes qui s'impliquent en politique ne doivent pas concurrencer leshommes mais leur apporter leur soutien 13 ». C’est ce qui peut expliquer enpartie la faible présence féminine à l’Assemblée Nationale comme le confirmele tableau ci-dessous.13 Nadio Aïssata : Femme et enjeux de pouvoir dans le cadre de la décentralisation, ENSUP,DER-Psycho-Péda, Bamako, 1997, p. 22


21Tableau II. Les femmes élues sous la 1 ère République (sources :Répertoire des Femmes élues du Mali)Législative Années Nombre de députés Prénom et nom CirconscriptionélectoraleTotal femmes %femmeAssemblée 1959 80 1 1,25 Aoua Kéïta Bamakolégislative dela RépubliqueSoudanaise1 ère législative 1960–1964 80 1 1,25 Aoua Kéïta Bamako2 ème législative 1964-1967 80 2 2,50 Aoua KéïtaNamissa TouréBamakoBamako3.2. La Deuxième République : 1968 – 1991, L'UNFM (UnionNationale des Femmes du Mali)Lorsque l’armée a pris le pouvoir en 1968, elle a suspendu la constitution etinterdit toutes les activités politiques. La conséquence a été l’interdiction del’Union Soudanaise RDA et de sa Commission Sociale des Femmes. Dans ledomaine de la promotion de la femme on voit pour la première fois lanomination d’une femme au gouvernement, Moussomakan dite InnaSissoko, comme secrétaire d'Etat. Il faut attendre 1974 pour voir sur le planinstitutionnel la gestion des problèmes des femmes confiée à un Secrétariatd’Etat aux Affaires Sociales dont la disparition a coïncidé avec la création del’UNFM (Union Nationale des Femmes du Mali) affiliée au parti unique del’époque, l’UDPM (Union Démocratique du Peuple Malien).L'UNFM (Union Nationale des Femmes du Mali) s’était définie comme « uneorganisation unique de toute femme qui en accepte les statuts, sansdistinction de race et de religion » (article 1 er ). Elle s’était donnée commemission de « tisser de solides liens d’amitié et de fraternité entre les femmesde toutes couches sociales du pays, pour la protection de l’enfant, la défensedes intérêts de la femme et de la famille, pour une participation pleine etplus efficace des femmes à la revalorisation des programmes dedéveloppement politique, économique, social et culturel » (article 2)L’UNFM a représenté le Mali dans les grandes conférences internationalessur la femme en 1975 (Mexico), en 1978 (Addis-Abeba) en 1985 (Nairobi).En 1976, après la Conférence de Mexico, le gouvernement a mis en place,parallèlement à l’UNFM, un organe technique qui avait pour missiond’exécuter les recommandations de la Conférence de Mexico.Malheureusement, cette commission a fonctionné tant bien que mal jusqu’en1988, à cause de la réticence de l’UNFM qui entendait garder le monopole dela question de la promotion de la femme au Mali.Le bilan de l’UNFM a été une amélioration de la condition de la femme,surtout de la femme rurale, à travers plusieurs projets qu’elle a mis enœuvre (centre d’alphabétisation, sensibilisation contre les pratiquescoutumières néfastes comme l’excision, etc.) Elle a fait de la sensibilisation


22pour le planning familial, créé des centres de promotion des femmes, inciterd’avantage les femmes à participer à la vie politique pour accéder aux postesde décision politique. Elle a été, par la suite, détournée de ses programmespour ne véhiculer que les mots d’ordre du parti unique qui l’avaitcomplètement embrigadée. C’est ce qui fit que de nombreuses femmes,surtout, des intellectuelles, s’en éloignèrent. Il faudra attendre lesévénements de Mars 1991 pour assister à la naissance de véritablesassociations de femmes, relativement indépendantes.Pour ce qui concerne l’implication des femmes dans la vie publique, auniveau du pouvoir exécutif, quatre (4) femmes occuperont des postesministériels ; au niveau des hautes instances politiques, trois (3) autressiégeront successivement au BEC (bureau exécutif central) du parti uniqueUDPM (Union démocratique du peuple malien), ce qui faisait une (1) femmesur dix huit (18) au B E C.Quant au pouvoir législatif, de deux (2) députés sur quatre vingt deux (82)pendant les premières législatures, les femmes passeront à cinq (5) sous laquatrième législature comme nous le confirme le tableau ci-dessous.Tableau III. Les femmes élues sous la 2 ème République (sources :Répertoire des Femmes élues du Mali)Législative Années Nombre dedéputésPrénom et nom1 èrelégislative2 èmelégislative3 èmelégislative4 èmelégislativeTotal femmes %fem.1979-1982 82 2 2,43 - Sy Sokona Diabaté- Diarra Diagoussa Sidibé1982-1985 82 2 2,43 - Diarra Diagoussa Sidibé- N’diaye KorotoumouCoulibaly1985-1988 82 3 3,65 - Diarra Diagoussa Sidibé- N’diaye KorotoumouCoulibaly- Dicko Massaran Konaté1988-1991 82 5 6,09 - Diarra Diagoussa Sidibé- N’diaye KorotoumouCoulibaly- Dicko Massaran Konaté- N’diaye KorotoumouTraoré- Sacko Alima CoulibalyCirconscriptionélectoraleCommune VSégouSégouSikassoSégouSikassoKatiSégouSikassoKatiSikassoNiono


233.3. La période de la Transition 1991 – 1992 : Le ministère de lasanté publique, de l’Action sociale et de la Promotion Féminine, leSecrétariat d’Etat chargé de la Promotion FéminineEn tant que groupe social, les femmes ont été en première ligne dans lecombat pour la démocratie autant que les étudiants ou les associationspolitiques mixtes, CNID et ADEMA. Ce faisant, elles vont bénéficier decertaines retombées positives du changement. Ainsi, après l’ère de laCommission Sociale des Femmes dans les années 60, la période de latransition a été celle d’une autre rupture avec les aspects rétrogrades dustatut traditionnel des femmes. En, effet, pour la première fois, on a vudes femmes occuper des postes jusqu’ici réservés aux hommes dans lesfaits comme les postes de gouverneur, d’ambassadeur et les premiersresponsables de certains ministères considérés comme stratégiques(ministère du plan, de l’économie rurale, etc.). C’est aussi, sous latransition qu’il y a eu des textes comme l’ordonnance n°92-024/CTSP du12 mai 1992 traitant la femme salariée sur le même pied d’égalité que sonhomologue homme. Depuis, la femme mariée salariée n’est plusconsidérée comme célibataire sans enfant.Par ailleurs, les autorités de la Transition ont dans un premier tempsconfié la Promotion de la Femme au Ministère de la santé. En octobre1991, ce Ministère a organisé le premier Forum National des Femmes quia regroupé environ 200 femmes (rurales et urbaines) venant de toutes lesrégions du Mali. Il a permis de faire une analyse approfondie de lasituation de la femme à tous les niveaux. Le forum a permis de mieuxdéfinir les orientations et a formulé les recommandations d’ordre généralet sectoriel.Le Secrétariat, bien qu’il ait été éphémère, a, cependant, organisé enjanvier 1992 un atelier sur la Définition de la Politique de Promotion de laFemme.


24IV. La Troisième République et la femme (1992)Ici, il s’agit de la Troisième République en tant que période avec sacomposante pouvoir, société politique, société civile, population, etc. Unede ses caractéristiques a été la volonté politique de faire de la promotionde la femme une des priorités du gouvernement. La tâche lui a étérelativement facilitée d’une part, par le contexte international de l’époquequi était favorable à l’implication de la femme dans la vie publique etd’autre part, par le degré de maturité des femmes maliennes, qui, aprèsavoir tiré le bilan des expériences des première et deuxième Républiques,n’entendaient plus servir un parti ou un responsable politique maisplutôt la cause des femmes. Par ailleurs, grâce à la reforme de l'éducationde 1962, la décennie précédant la naissance de la Troisième Républiqueverra le Mali doté d’un échantillon diversifié de femmes qualifiées issuesde la filière universitaire. Le développement de l'instruction, fruit de lascolarisation de masse, va favoriser un éveil de conscience véritable.L’avènement du pluralisme politique va donc, favoriser la création dediverses d’associations. Celles-ci vont se fédérer ou constituer desréseaux (CAFO, Réseau des Femmes Africaines Ministres etParlementaires, Groupe PIVOT – Droit et Citoyenneté des Femmes, etc.)ou intégrer et animer des réseaux mixtes de la place (CCA-ONG, SECOONG, Yiriba Suma, les différents Groupes PIVOT, etc.) pour chaque foisexprimer leur point de vue et poser les exigences des femmes. Ainsi, lepouvoir va élaborer un certain nombre de textes, mettre en place uncadre institutionnel pour une plus grande implication de la femme dansla vie publique.4.1. Les textes élaborés, les actes posés et le cadreinstitutionnel mis en place par l’Etat pour la promotion dela femme4.1.1. Les textesLes textes ci-dessous élaborés sous la Troisième République contribuentà lutter contre les discriminations dont sont victimes les femmes et ilscontribuent, ainsi, à mieux les impliquer dans la gestion de la viepublique. Il s’agit essentiellement de :- La tenue du Forum National des Femmes en octobre 1991 ;- L’élaboration de stratégies d’intervention pour la promotion de lafemme en 1992 ;- La constitution du Mali, promulguée le 25 février 1992, pose demanière claire le principe de l’égalité et de la non-discrimination dansses articles 1 à 21 et assure à l’homme et à la femme les mêmes droitset libertés individuelles dans tous les domaines ;- L’adoption en 1992 d’un code de commerce supprimant l’autorisationdu mari pour l’exercice, par la femme mariée, d’une activitécommerciale ;


25- La signature de l’ordonnance n°92-024/P-CTSP du 12 mai 1992relative à l’impôt sur les traitements en salaire des femmes salariéesdans le but de réduire la pression fiscale sur les femmes en raison dunombre d’enfants ;- La ratification du protocole facultatif relatif à la CEDEF en septembre2000 ;- L’adoption en août 2001, d’un nouveau Code Pénal avec desinfractions nouvelles se rapportant à la promotion des femmes,notamment les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité, le traficdes enfants, etc.- La création du Programme National de lutte pour l’abandon de lapratique de l’excision en 2002 ;- Le projet de réforme du droit de la famille et des personnes en vue del’abrogation des dispositions discriminatoires contre les femmescontenues dans le Code du Mariage et de la Tutelle, de la parenté et del’alliance y compris en matière successorale et de donations en 2002 ;- La mise en place de la commission paritaire Association, ONG etGouvernement pour la promotion de la femme ;- La sensibilisation des décideurs politiques sur l’approche genre ;- Les mesures discriminatoires positives et les mesures spéciales pourles femmes dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’emploiet du social.Il convient de s’arrêter sur un certain nombre de domaines et de textes pourune meilleure appréciation.Dans le domaine de l’éducation plusieurs mesures ont été adoptées enfaveur des filles parmi lesquelles on peut citer : La création de la cellule de scolarisation des filles (décisionN°882/SG-EB du 24 octobre 1992) ; Le respect de la parité entre les deux sexes dans lerecrutement au premier cycle, directive du département ; L’introduction de l’économie familiale, l’éducation à la viedans le programme du premier cycle de l’enseignementfondamental ; L’abrogation de la mesure d’exclusion sanctionnant lesjeunes filles tombées en état de grossesse (cas d’inaptitudephysique) : lettre circulaire N°00034 du 1 er février 1993 duDirecteur National de l’Enseignement Fondamental ; L’abrogation de l’arrêté n°1695 réglementant les études auniveau de l’Enseignement Secondaire Général depuis 1984jusqu’en 1993 qui sanctionnait d’exclusion pourinaptitude physique les filles en état de grossesse auniveau du lycée. Actuellement, elles sont ajournées etl’année de la grossesse n’est pas comptabilisée dans lascolarité ; L’arrêté n°95-25447/MFAAC-MESSRS-MEB du 25novembre 1995 autorisant l’accès des filles au prytanéemilitaire ;


26 L’élaboration et la mise en œuvre des curicula niveau 1 et2 dans le Cadre du Programme et Investissement duSecteur de l’Education (PISE). L’aspect le plus importantest la prise en compte des préoccupations des garçons etdes filles de manière à faire disparaître les stéréotypes ; La bonification de un point pour les filles dans le cadre del’attribution des bourses scolaires : relecture du décretN°00-307/PRM du 14 juillet 2000, portant réglementationdes bourses d’études attribuées par l’Etat ; l’arrêtéN°2223/ME-MEF du 11 août 2000, fixant les critèresd’attribution des bourses d’études par l’Etat et lesconditions d’accès à l’aide sociale ; L’acceptation des filles qui se marient en cours descolarité au niveau de l’enseignement secondaire ; La formation en genre des concepteurs des manuelsscolaires, formation en genre des enseignants ; La sensibilisation en genre à tous les niveaux ; La mesure la plus récente est la dérogation spéciale auxcritères d’orientation des élèves dans l’enseignementsecondaire en faveur des filles de 18 ans redoublantes, quiont été orientées. Etc.Dans le domaine de l’emploi, en plus de l’ordonnance n°92-024/P-CTSPdu 12 mai 1992, ci-dessus mentionné, on peut noter : La non-rupture du contrat pour cause d’absence pendantle congé de maternité et la non-réduction desrémunérations ; La bonification de service d’une année pour chacun desenfants que la femme a en charge ; La bonification de 10% lorsque la femme, mère de trois (3)enfants vivants, quitte sa fonction sans avoir droit à unepension ; Le droit à la protection spécifique pour l’exercice decertains travaux par la femme (le travail de nuit, lestravaux souterrains de mines) ; L’anticipation de l’âge de la retraite d’une année pourchaque enfant né.On peut dire que ces mesures ont porté fruit, si on s’en tient aux chiffres destableaux IV et V de la page 30, où l’on constate que les écarts entre hommeset femmes en terme de chiffres ont tendance à se réduire.Dans le domaine de l’accès des femmes au foncier 14Aujourd’hui, tous les verrous juridiques ont sauté et la femme a le droitd’accéder à la terre.Au Mali, les principes juridiques qui régissent l’accès de la femme rurale à laterre et aux ressources naturelles doivent être recherchés dans les textes14 Ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Programme d’Appui à la Promotion desFemmes : Niveau actuel d’accès des femmes rurales à la terre, Août 2001, p.9 - 10


27relatifs à la gestion foncière, à la gestion des ressources naturelles et destextes de la décentralisation. Il s’agit donc de : le code domanial et foncier (CDF) dans la rédaction que luia donnée la loi n°8691/AN-RM du 1 er août 1986 ; la loi n°95-004/AN-RM du 18 janvier 1995 fixant lesconditions de gestion des ressources forestières ; la loi n°95-003/AN-RM du 18 janvier 1995 portantorganisation de l’exploitation du transport et du commercedu bois ; la loi n°031/AN-RM du 20 mars 1995 fixant les conditionsde gestion de la faune sauvage et de son habitat ; la loi n°032/AN-RM du 20 mars 1995 fixant les conditionsde gestion de la pêche et de la pisciculture ; la loi n°90-17/AN-RM du 27 février 1990 fixant le régimedes eaux ; la loi n°91-04/AN-RM du 23 février 1991 fixant lesconditions de protection de l’environnement et du cadrede vie ; les ordonnances n° 98-27/P-RM en date du 25 août 1998portant respectivement création de la Direction Nationalede la Protection de la Nature et de la Direction Nationalede l’Assainissement et du contrôle des pollutions et desnuisances ; les textes sur la décentralisation, notamment :• la loi n°93-008/AN-RM du 11 février 1993déterminant la libre administration des collectivitésterritoriales et ses textes modificatifs subséquents ;• la loi 95-034/AN-RM du 12 août 1995 portant codedes collectivités territoriales en République du Mali• le décret n°95-210/P-RM du 30 mai 1995déterminant les conditions de nomination et lesattributions des représentants de l’Etat au niveaudes collectivités territoriales ;• la loi n°96-050/AN-RM du 16 octobre 1996 portantprincipe de constitution et de gestion du domainedes collectivités territoriales ; les textes organiques des zones aménagées, notamment,• le décret 94-157/P-RM du 13 avril 1994 fixantl’organisation de la gérance des terres aménagées duPérimètre Agricole de Baguinéda ;• l’ordonnance n° 91-049/P-CTSP du 21 août 1991portant création de l’Office Riz Ségou ;• l’ordonnance n° 91-050/P-CTSP du 21 août 1991portant création de l’Office Riz Mopti ;• le projet de règlement intérieur des périmètresirrigués de Gao en date du 16 novembre 1996 ;• le règlement intérieur des périmètres agricolesféminins de Niéna ;


28• les textes sur les structures du MDRE : les loisn°96-053, n°96-054 et 096-055 en date du 16octobre 1996 portant respectivement création de laDirection Nationale de l’Appui au Monde Rural(DNAMR), de la Direction Nationale del’Aménagement et de l’Equipement Rural (DNAER) etde la Direction Générale de la Réglementation et duContrôle du secteur du Développement Rural ainsique les textes d’application de ces lois.En conclusion, sur le plan des textes de lois, il apparaît de manièreincontestable qu’un effort a été fait par les autorités. Mais l’application deces textes, leur diffusion et leur intériorisation par celles pour lesquelles ilsont été élaborés est un autre problème.4.1.2. Le cadre institutionnel mis en place pour une plus grandeimplication de la femme dans la vie publiqueOnt été mis en place par la Troisième République, le commissariat à lapromotion de la femme et le Ministère de la Promotion de la Femme, del'Enfant et de la Famille.Le Commissariat à la Promotion des Femmes a été créé par décret n°93-119/PM-RM, du 04 mai 1993, rattaché à la primature. Il était dirigé par unefemme qui avait rang de ministre. La politique de promotion de la femmeétait définie par le premier ministre lui-même. La commissaire était chargéede l’assister et avait pour mission de l’informer sur la situation de la femme,de faire des études, de conseiller le premier ministre et de coordonner lesactions des différents intervenants. Ainsi donc, la question de la promotionde la femme devenait une mission de service. Le commissariat était uneadministration de mission. L’inconvénient était que la commissaire neparticipait pas directement aux prises de décisions au plus haut niveaupuisqu’elle ne siégeait pas au Conseil des Ministres. Pour accomplir lesmissions qui lui étaient confiées, la commissaire disposait descollaborateurs au niveau central, les Ministères et dans les Régions. Pour lacoordination des acteurs des différents intervenants deux structures avaientaussi été créées. Ce sont : le Comité Interministériel pour la promotion desfemmes et la Commission Paritaire Gouvernement – Associations – ONGpour la promotion des femmes, chacune avec des missions bien définies. LeCommissariat à la Promotion des Femmes a élaboré un certain nombre dedocuments qui vont jouer un rôle important dans le processus d’implicationde la femme dans la gestion de la vie publique. Il s’agit de :- les Stratégies d’Intervention pour la Promotion des Femmes en 1992 ;- le document sur la situation des femmes et celui sur la situation desfemmes rurales en préparation de la conférence de Dakar et de Beijingsur les femmes ;- le plan d’action pour la promotion de la femme1996-2000.Le Ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille :On voit apparaître pour la première fois dans la nomenclature


29gouvernementale, un Ministère de la Promotion de la Femme, de l'Enfant etde la Famille crée par décret n°97-282/P-RM du 13 septembre 1997.Ce Ministère a pour mission de :- élaborer et mettre en œuvre les mesures devant assurer le bien-être dela Femme, de l’Enfant et de la Famille ;- assurer une meilleure insertion économique, sociale et culturelle desfemmes et des enfants par la prise en charge de leurs besoinsspécifiques ;- promouvoir les droits de la femme et de l’enfant et de veiller à leurrespect ;- veiller à ce que le cadre familial demeure un cadre d’équilibre dans lesrelations sociales.Pour ce qui concerne son organigramme, ce ministère, outre le Secrétariatgénéral et le cabinet, s’est doté des services centraux, régionaux et subrégionauxde promotion de la femme, de l’enfant et de la famille : la directionnationale de la promotion de la femme et la direction nationale de lapromotion de l’Enfant et de la famille. Il comprend également des servicesrattachés :- le centre national de documentation et d’information sur la femme(CNDIF), créé par l’ordonnance n°01-013-PRM du 26 février 2001. Ilcomprend trois (3) départements : la Documentation, l’Observation dela condition de la Femme et le département de l’<strong>Information</strong>, del’éducation et de la communication.- Une quinzaine de Programmes et Projets : Programme de Lutte contrela Pratique de l’Excision, Projet d’Appui à la Promotion de la Femme età l’Allègement de la Pauvreté, Projet Promotion du statut de la Femmede l’Equité et du Genre, Projet Développement de l’Entreprenariatféminin dans le domaine agroalimentaire, Projet d’Appui à la Luttecontre les Pratiques préjudiciables à la Santé de la Femme et del’Enfant, les centres d’auto promotion des femmes, etc.Le Ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille a misen place des Conseillers Genre et Développement et des points focaux ausein des départements ministériels qui ont pour mandat de :• s’assurer de la prise en compte de l’approche genre dans lesprogrammes et projets de développement ;• désagréger les données dans leur domaine d’activité ;• former les cadres des départements ministériels concernés enapproche genre ;• veiller à la prise en compte systématique du genre dansl’élaboration des projets.Le cadre institutionnel mis en place par le gouvernement est renforcé par laprésence d’une société civile féminine forte comprenant des organisationssyndicales féminines et des organisations socioprofessionnelles.4.2. Les actions menées par la société civile pour l’implication de lafemme dans la vie publique


30Ce sont, en fait, les associations féminines qui sont à la base du cadreinstitutionnel ci-dessus mentionné. En effet, c’est à la suite d’un atelierfinancé par le PNUD que des recommandations ont été faites dans ce sens.Ces associations ont aussi participé à l’élaboration de la plate-formenationale pour le Mali, à côté du Commissariat à la Promotion de la Femme.Elles ont pris part en 1994, à la 5 ème Conférence Régionale des Femmesafricaines tenue à Dakar, auprès du Gouvernement et en 1995, à laConférence Mondiale sur la Femme à Beijing. Ensuite, elles ont participé àl’identification et à l’élaboration du premier Plan d’Action 1996 – 2000 sur lamise en œuvre des recommandations de Beijing.En 1996 (juillet-août) à la faveur des échéances électorales de 1997, laCoordination des Associations et ONG Féminines (CAFO) avec l’appuifinancier de l’ambassade des Pays-Bas a organisé un séminaire intitulé« Préparation des Femmes Candidates en vue des Prochaines EchéancesElectorales Politiques et Syndicales », pendant cinq semaines au CRES, qui aregroupé près de deux cents (200) femmes des Associations et partispolitiques. Les thèmes développés étaient relatifs au :- Régime politique malien- Démocratie et Gouvernement ;- Mécanismes d’accès aux Responsabilités ;- Les élections et leur surveillance ;- Préparation des Elections et Management de la Campagne électorale 15 .On peut affirmer sans risque de se tromper que ce séminaire, premier dugenre, a été déterminant pour la plus grande participation des femmes auxinstances politiques et au gouvernement.A la suite des élections communales de 1998 la CAFO a aussi procédé à laformation des conseillères municipales pour mieux les préparer à leursresponsabilités, sur financement de l’Ambassade des USA.Par ailleurs, sous la Direction du Ministère de la Promotion de la Femme, del’Enfant et de la Famille, le deuxième plan d’Action 2002-2006 a été élaborésur la base d’un diagnostic participatif, à travers des ateliers régionaux etnationalDans le but d’inciter les filles à s’orienter vers les matières scientifiques ettechniques, l’Association des Femmes Ingénieurs du Mali (AFIMA) organise leconcours « Incitation des Jeunes Filles vers les Matières Scientifiques etTechniques » (IFMST). Pour l’organisation de cette activité, l’Associationbénéficie de l’appui de la Fondation Pathfinder de Cheick Modibo Diarra etdu Ministère chargé de l’Education.Aussi, un travail d’une importance capitale est mené à la base, dans lesvillages par les ONG et associations, qu’elles soient féminines ou mixtes.Selon le document de présentation de la CAFO, ce travail porte sur leplaidoyer/lobbying, l’IEC : <strong>Information</strong>, Formation, Communication, l’Appui– conseil : la facilitation et la médiation, la mobilisation sociale :conscientisation, sensibilisation, etc.15 Coordination des Associations et ONG féminines (CAFO) : Séminaire de Préparation des Femmes Candidatesen vue des Prochaines Echéances Electorales Politiques et Syndicales, Bamako, juillet – août, 1996.


31Le bilan de la Troisième République est donc, à l’actif de l’autorité politiqueet de la société civile et particulièrement de sa frange féminine


324.3. Etat des lieux de l’implication des femmes dans la viepublique4.3.1. Les femmes dans la fonction publiqueBien que la population malienne soit composée de plus de 51% de femmes,les fonctionnaires maliens eux, en 2002 et en 2004 étaient en majorité,constitués d’hommes.79% d’hommes contre 21% de femmes en 2002 et 75,46% d’hommes contre24,54% de femmes en 2004. En 2002, ce pourcentage baissait en dessous de10% au niveau du sommet de la hiérarchie, 9,8% de femmes dans lacatégorie A. Mais en 2004, la barre de 10% était dépassée pour atteindre les12%. Et ce n’est qu’au bas de l’échelle, la catégorie C, qu’elles constituentplus du tiers des effectifs, 35,58% en 2002 et 37% en 2004.De l’analyse de ces chiffres, il ressort que l’inégalité est là en terme absolu.Mais, en pourcentage, la situation des femmes s’est améliorée entre 2002 et2004, les écarts ayant tendance à se réduire.Tableau III. Répartition du personnel de la fonction publique selon lescatégories et le sexe en 2002 (source : DNFP)CatégoriesHommes Femmes TotalEffectif % Effectif % EffectifCatégorie A 7355 90,12 806 9,8 8161Catégorie B2 13928 77,32 4084 22,68 18012Catégorie B1 2732 66,13 1399 33,87 4131Catégorie C 3540 64,42 1895 35,58 5435Autre personnel 8788 84,72 1584 15,28 10372Total 36433 79 9768 21 46111Tableau IV. Répartition du personnel de la fonction publique selon lescatégories et le sexe en 2004 (source : DNFP)CatégoriesHommes Femmes TotalEffectif % Effectif % EffectifCatégorie A 8955 88 1212 12 10167Catégorie B1 3041 63 1786 37 4827Catégorie B2 13281 75,47 4317 24,53 17598Catégorie C 3293 62,50 1976 37,50 5269Total 28570 75,46 9291 24,54 378614.3.2. Les femmes dans les instances civiles de décisionSous la Troisième République, la femme est plus présente dans les instancesde décisions que sous les Républiques précédentes. Cependant, malgré lavolonté politique des autorités de la Troisième République, non seulement laparité homme / femme n’est pas encore atteinte mais des perspectives sontloin de se dessiner pour le long terme si l’évolution continue à ce rythme. Eneffet, les femmes représentent à peine 1% des maires en 2005, soit, sept (7)maires femmes sur 703 ; 6,53% des conseillers communaux, 10% des


33députés, 18,51% des ministres, 2% des préfets, etc. Dans un passé assezrécent, une femme a occupé le poste de Directeur national des impôts et uneautre celui de directeur régional de la douane à Sikasso (2002).Actuellement, à part les deux directrices d’académie de Bamako, la directricerégionale de l’environnement à Mopti, et les directrices régionales de lapromotion de la femme, il n’y a pas de femme directrice régionale au niveaudes services déconcentrés de l’Etat. Et en dehors des porte-feuillesministériels la plus haute responsabilité administrative occupée par unefemme est la fonction de Médiateur de la République. On peut aussi noter laprésence de trois (3) femmes magistrats à la Cour Constitutionnelle et sept(7) femmes magistrats à la Cour Suprême. Sur les sept (7) femmes trois (3)sont présidentes de chambres (1 ère chambre civile, chambre sociale, chambrecriminelle, deux (2) sont présidentes de section, la section administrative etla section judiciaire) et une vient d’être récemment nommée Avocat Généralsur les trois que comptent la Cour Suprême. Sur les trois secrétairesgénéraux que la Cour Suprême a connu depuis l’indépendance, deux (2) ontété des femmes.Dans les services militaires et paramilitaires, en 2000, il y avait trois (3)femmes lieutenant-colonel et deux (2) commandants dans l’armée. Dans lapolice il y avait trois (3) contrôleurs généraux de police sur 39 hommes.Dans les ambassades et services consulaires, en 2000, il y avait deux (2)femmes ambassadeurs sur 20, sur six (6) consuls généraux, il n’y avaitaucune femme et il y avait 5 conseillères d’ambassades sur 46. En 2005, lenombre de femme ambassadeur est passé à deux (2.Le tableau ci-dessous récapitule la situation à partir de 1991.Tableau VI. Les femmes dans les instances civiles de décision(sources : Répertoire des Femmes élues du Mali et 2 ème , 3 ème et 4 èmerapports périodiques du Mali sur la mise en œuvre de la Convention surl’Elimination de toutes les Formes de Discrimination à l’Egard desFemmes pour la période 1990 - 2002)Période Postes/structuresFemme Homme TotalTotal % Total %1991-CTSP1992 Bureau exécutif (CTSP) 1 3,85 25 76,15 26Délégation spéciale 2 11,76 17 88,24 191 er ministre 0 0 1 100 1Ministre 3 20 15 80 18Directeur de cabinet 0 0 18 100 18Chef de cabinet 0 0 18 100 18Gouverneur 1 12,5 8 87,5 919921997Commandant 0 0 46 100 463 ème RépubliqueDéputé 3 2,59 113 97,41 116Maire com. urbaine 0 0 19 100 191 er ministre 0 0 1 100 1Ministre 6 27,27 16 72,73 22Médiateur République 1 100 0 0 1


34Directeurdecabinet/Secrétaire Général1 4,35 22 95,65 23Chef de cabinet 2 10 18 90 20Haut-Commissaire 0 0 9 100 9Déléguédu 0 0 46 100 16gouvernement / cercleCour constitutionnelle 2 22,22 7 87,78 9Membre du CESC 3 6 47 94 50Cour suprêmeAPCAMCCIM19972002juin2002Député 18 12,24 129 87,76 147Maire com. urbaine 0 0 19 100 19Maire com. Rurale 5 0,73 677 99,27 682Conseiller communal 424 4 10116 96 105401 er ministre 0 0 1 100 1Ministre 4 20 16 80 20Médiateur République 1 100 0 0 1Secrétaire Général 0 0 20 100 20Chef de cabinet 2 11,11 18 88,89Haut-Commissaire 0 0 9 100 9Déléguédu 0 0 49 100 49gouvernement / cercleCour constitutionnelle 3 6 9Membre du CESC 3 33,33 44 76,67 47Cour suprêmeHaut conseil descollectivités6 8,70 63 91,30 69APCAM 1 3,22 30 96,78 31CCIM 13 5,41 227 94,59 240Député 15 10,20 132 89,80 147Maire com. urbaine 0 0 19 100 19Maire com. Rurale 5 0,73 677 99,27 682Conseiller communal 424 4 10116 96 105401 er ministre 0 0 1 100 1Ministre 4 16,67 20 83,33 24Médiateur République 1 100 0 0 1Secrétaire Général 0 0 28 100 28Chef de cabinet 4 16,67 20 83,33 24Haut-Commissaire 0 0 9 100 9Préfet/ cercle 1 2 48 98 49Cour constitutionnelle 3 33,33 6 66,64 9Membre du CESC 3 6,38 44 93,62 47Cour suprêmeHaut conseil des 6 8,70 63 91,30 69collectivités


35APCAM 1 3,22 30 96,78 31CCIM 13 5,41 227 94,59 2402004 Député 15 10,20 132 89,80 147Maire com. urbaine 1 5,56 18 94,44 19Maire com. Rurale 6 0,87 675 99,13 682Conseiller communal 704 6,53 10073 93,47 107771 er ministre 0 0 1 100 1Ministre 5 18,51 22 81,49 27Médiateur République 1 100 0 0 1Secrétaire Général 0 0 28 100 28Chef de cabinet 3 12,5 25 87,5 24Conseiller technique 19 13,57 121 86,43 140Chef de DAF 2 7,14 26 92,86 28Attaché de cabinet 2 7,14 26 92,86Chargés de mission 14 16,87 69 83,13 83Haut-Commissaire 0 0 9 100 9Préfet/ cercle 1 2 48 98 49Cour Constitutionnelle 3 33,33 6 66,64 9Membre du CESC 8 11,76 60 88,24 68Cour SuprêmeHaut conseil des 6 8,70 63 91,30 69collectivitésAPCAM 2 5,40 35 94,60 37CCIM 13 5,41 227 94,59 2404.3.3. La femme dans la société civile4.3.3.1. Bref rappel historiqueLa société civile féminine vers la fin de la période colonialeDans la dernière décennie de la période coloniale, Il y eut d'abord lemouvement des femmes illettrées et ensuite celui des femmes lettrées.Certaines femmes créèrent un syndicat apolitique, l'intersyndicale desfemmes travailleuses, en 1956. Présidé par Awa Kéïta, il avait commesecrétaire générale Astan Coulibaly et comptait dans le bureau Sira Diop etRokiatou Sow. Awa Kéïta représenta le syndicat au congrès constitutif del'Union Générale des Travailleurs d'Afrique Noire (UGTAN) en 1957.JEMANGELEN, une association de femmes fut créée en 1956 sous l'égide demadame Audibert, secondée par madame Thiam Fanta Diallo.Toutes ces associations ont d’abord été plutôt orientées vers le social quevers le politique. Elles ont, cependant, su améliorer les conditions de vie desfemmes sur le plan économique et social par la création d’ateliers decouture, de centres de santé... Par la suite, « pour les besoins de la lutte


36anti-coloniale, les organisations féminines fusionnent en 1957 pour formerl’Union des Femmes du Soudan Français (UFSF) 16 ».Ces associations de femmes ont combattu les inégalités du système colonial.Elles se sont résolument engagées dans les partis existants et ont contribuéà la sensibilisation et à la mobilisation des masses autour de leurs leadersrespectifs.La société civile féminine sous la Première RépubliqueAinsi, lors de l’accession du Mali à l'indépendance, les femmes constituaientdéjà une force non négligeable, même si sur le plan politique elles étaientmaintenues dans une situation de subordination. Car, elles faisaientbeaucoup plus figure d'animatrices, grossissant les rangs des électeurs, quede responsables.L’engagement des femmes ne s’est donc pas traduit par une forte présenceféminine dans les instances de décision à tous les niveaux. Ainsi, il n’y avaitqu’une seule femme députée sur quatre-vingt (80). Il a par contre permisl’adoption de textes législatifs en leur faveur. A ce niveau, pour la premièrefois, la constitution de 1960 interdisait toute discrimination fondée sur lesexe et accordait à tous les citoyens les droits civiques. Le code du mariage,lui, exigeait le consentement de la femme au mariage, accordait à la femmele droit de demander le divorce, le droit à la garde des enfants et à unepension alimentaire.La société civile féminine sous la Deuxième RépubliqueLa société civile féminine comme la société civile dans son ensemble, a étébâillonnée sous la Deuxième République. C’est ainsi que pour la défense desintérêts des femmes travailleuses, une commission, dirigée par Fatou TallSouko, avait été créée ; mais, elle sera dissoute en 1974 avec la création del'UNFM (l'union Nationale des Femmes du Mali). D’autres femmes tenterontde contourner la situation en créant des associations mixtes : organisationsnon gouvernementales (ONG), associations d'ordre humanitaire. Seules ontpu survivre comme associations ou ONG féminines l’APAC (Association desProfessionnels Africains de la Communication), une association de femmesprofessionnelles de la communication), l’AJM (l’Association des FemmesJuristes) et le CADEF (Comité d’Action pour la Défense des Droits de l’Enfantet de la Femme).4.3.3.2. L’implication de la femme dans la vie publique à travers lasociété civile sous la Troisième RépubliqueLa femme dans le secteur associatif : ONG et AssociationsDepuis les événements de mars 1991, la disparition de l’UNFM a été le faitcatalyseur de la détermination des femmes à s’investir dans les actions depromotion pour elles-mêmes. Elles se sont engagées dans la création etl’animation de nombreuses associations et ONG. Elles trouvèrent dansl’association le cadre juridique le plus approprié pour gérer leurs activités.16 Situation des femmes au Mali, cinq ans après la conférence de mondiale de Beijing,rapport national, Beijing + 5, juin 2000, p.15.


37Ainsi, a-t-on vu à la veille de la conférence nationale (1991) surgir unemultitude d’associations féminines. Ces associations ont fait l’objet deplusieurs études intéressantes qui ont fait apparaître les difficultés d’endresser une typologie significative. Mais l’examen quotidien de cesassociations permet de distinguer, selon leur composition sociale ou selonleur objet social les types suivants d’association :- les associations féminines à caractère politique : ce sont desappendices des partis politiques, mais, elles poursuivent de façonautonome un but politique et sont composées et dirigées par desfemmes. Ce sont les branches féminines des partis politiques.- Les associations et ONG : Elles sont des acteurs de promotionféminine. Ayant pour la majorité une vocation de prestataire deservices, de conseil et d’assistance, elles s’occupent essentiellement :o des droits de la femme : diffusion et défense des droits de lafemme et formation, etc. C’est le cas de l’AJM, de l’APDF, duCADEF, de l’ODEF, etc.o de la santé : sensibilisation et éducation des femmes, luttecontre les IST/SIDA, utilisation des méthodes de planningfamilial, hygiène, eau, assainissement, lutte contrel’excision, etc. C’est le cas du CADEF, de l’AMSOPT, etc.o d’activités économiques : maraîchage, artisanat, couture, etc.o de l’épargne - crédit : création et gestion de petites caissesd’épargne – crédit, etc.o de la religion : éducation religieuse comme l’UNAFEMo du domaine humanitaire : soutien et assistance aux femmesen situation critiques comme les veuves ou les handicapés. C’estpar exemple, le cas de l’AVOM, de l’association des femmeshandicapées.Les ONG, qu’elles soient féminines ou mixtes, évoluent pour la plupart enmilieu rural et péri-urbain. Leurs domaines d’intervention sont généralementdéfinis par leur statut et leur objet social. Pour une meilleure synergie entreles actions, elles ont été amenées à s’organiser en collectifs (CCA-ONG,SECO-ONG, COFEM, CAFO, Groupes PIVOT sectoriels, Confédérations etSyndicat, etc.La société civile féminine a mené des actions relatives à :- le retour de la paix au nord et au maintien de la paix sociale et de lasécurité sur toute l’étendue du territoire;- l’information et la sensibilisation ;- la formation des leaders religieux, des praticiens du droit, des décideurspolitiques, des forces de l’ordre, des agents de santé sur la CEDEF et lesdroits de la femme ;- la création des centres d’écoute et d’assistance judiciaire en faveur desfemmes démunies ;- la tenue de séminaires-ateliers et organisation de conférences sur lesdroits de la femme, la participation à la vie publique et le renforcement durôle économique de la femme ;


38- la publication d’un livre sur la situation de la femme au Mali, intitulé« Livre Blanc » sur les femmes en 2000 par l’Association pour le Progrès etla Défense des Droits des Femmes (APDF), du Guide Juridique sur lesdroits de la femme par l’Association des Juristes Maliennes (AJM) en2000 et le Guide sur les aides familiales en 2002 par l’association APAF-Muso Dambé, etc.La femme dans la résolution des conflits sociaux : guerres, grève, etc.Il convient de s’arrêter sur le rôle joué par les organisations féminines dansle retour de la paix au nord du Mali et dans le maintien de la paix sociale surtoute l’étendue du territoire. En effet, pendant la rébellion, les femmes ontcréé le Mouvement National de la Paix. Elle regroupait les femmes de toutesles communautés et elle a participé à toutes les rencontres sur le terrain.Parallèlement, elle a sillonné la zone du conflit pour discuter avec lesdifférentes communautés. Ultérieurement, furent créées les associations« Taganik » et l’association des femmes pour l’initiative de la paix. Les femmesde Gao, elles, ont créé une association dénommée mouvement de la paix.Une fois, la paix revenue, elles lui donnèrent le nom d’Association Régionaledes Femmes pour la Paix et l’Education (ARFPE). Actuellement, cetteassociation joue un rôle très important à Gao et à Tombouctou dans lecombat pour la scolarisation des filles et la résolution des conflitsinterethniques. Elle s’occupe aussi des femmes victimes des conflits par latraduction devant les tribunaux des auteurs de vol, de viol et de meurtre defemmes. Au nord, la CAFO est impliquée dans la lutte contre la proliférationdes armes légères. ARFPE et CAFO ont participé à la résolution du conflitKunta / Arabe.Les Associations de Mères d’Elèves (AME) luttent non seulement pour lascolarisation des filles mais aussi pour le maintien de la paix dans l’espacescolaire. A Kabara (Tombouctou) les associations féminines, à tour de rôle,veillent sur l’école. Elles sont tenues de mentionner et de chercher àconnaître les raisons de l’absence d’un élève aussi bien que de celle d’unmaître d’école.Ailleurs, les femmes ne sont pas en reste. Elles ont contribué à calmer lafronde scolaire des années 90. Partout, elles sont sollicitées pour lamédiation lors des grèves dans les écoles et les conflits sociaux, intra etinterethniques. C’est ce que confirme la présidente de la CAFO de Mopti : « àdeux reprises, nous avions été sollicitées par la mairie et le Gouvernorat pourparler aux enfants qui étaient en grève à cause de leur problème de CAR. Nousavions pu résoudre cette crise. »Dans le même sens le maire de Bougouni affirme « lors des grèves scolaires,les deux coordinations d’associations féminines (CAFO et 3 P) se sontimpliquées pour mettre fin au conflit »Maïmouna Mariko, femme leader de Bougouni, elle, confie que : « suite à unconflit entre les ouvriers et la direction de la mine d’or de Morila, nous sommesparvenues à faire baisser la tension ».A Kidal, les femmes se sont impliquées pour trouver une issue à la grève descommerçants en 2002


39Sur le plan national, et particulièrement à Bamako, la CAFO depuis sacréation a toujours servi d’interface entre le mouvement scolaire et legouvernement. C’est dans ce cadre qu’elle a suivi le cahier de charge del’AEEM jusqu’à la signature entre les différentes parties du protocole « Pourune Ecole Apaisée ». Pour le maintien de la paix et la prévention des conflits,la CAFO interpelle chaque fois le gouvernement quand elle pressent desconflits. Elle s’intéresse aussi aux conflits de la sous-région.Elle a, ainsi, offert ses services aux femmes ivoiriennes en leur faisantbénéficier de l’expérience malienne de résolution des conflits armés et enleurs donnant aussi 45 jours de formation en juin 2002. En avril 2003, unecellule CAFO a été installée à Abidjan pour contribuer au retour de la paixen Côte d’Ivoire. Elle a aussi servi de médiateur entre les autoritésnigériennes et les associations féminines nigériennes qui connaissentbeaucoup de problèmes en relation avec certaines interprétations de l’islamdans ce pays.Ces différentes actions menées par la société civile féminine malienne ontcontribué au retour et au maintien de la paix au Mali. Elles ont contribué àélever le niveau de conscientisation de certaines structures et autoritéspubliques ainsi que des leaders religieux et communautaires sur les droitsdes femmes et la nécessité de leur prise en compte dans le développementéconomique social et culturel du pays.Cependant, il convient de noter que ces différentes actions de formation etd’information n’ont pas suffisamment atteint les populations rurales et parailleurs, les associations et ONG sont limitées dans leurs interventions parl'extrême faiblesse de leurs capacités institutionnelles et financières4.3.4. La femme et l’économieLes femmes jouent un important rôle socioéconomique dans l’économienationale à travers les activités de production, de conservation, detransformation, de promotion, d’échange et de consommation. Selon leRapport National sur la situation des femmes au Mali , 4 ème ConférenceMondiale sur les Femmes, 1995, les femmes assurent plus de 70% de laproduction alimentaire 17 .Au sud, elles participent à tous les stades de la production agricole depuisles semis jusqu’aux récoltes.Au nord, c’est la démocratie qui, à travers les associations, va permettrel’implication des femmes dans l’agriculture. Exclues auparavant des travauxchampêtres et de la question foncière, aujourd’hui beaucoup d’associationsféminines de Gao et de Tombouctou ainsi que des femmes individuellementont leur périmètre maraîcher et leur casier rizicole.Par ailleurs, on ne voyait pas auparavant de femme sonrhaye sur la place dumarché avec des marchandises. Mais avec la multiplication des périmètres17 Situation des femmes au Mali, cinq ans après la conférence de mondiale de Beijing,rapport national, Beijing + 5, juin 2000, p. 48


40maraîchers suite à la prolifération des associations, elles sont obligées d’yvenir pour la commercialisation de leur production.La situation est plus timide en milieu nomade où les femmes dans certaineslocalités, comme à Ber, ne sont pas encore impliquées dans l’agriculture.Mais le changement perceptible est celui de leur attitude par rapport àl’éducation des filles et la fréquentation des centres de santé (consultation etvaccination).Il en est de même en milieu semi-nomade peulh. C’est ce qui faisait tenir cespropos à cet administrateur : Pour ce qui concerne le cercle de TENINKOU,elles tentent de changer. Et à travers ce qu’elles voient à la télé, elles essayentde s’organiser de plus en plus mais leur action reste encore très timide parrapport aux autres femmes de ce pays. Elles ont vraiment besoin d’êtreépaulées dans leurs efforts. Sinon, le constat est vraiment amer puisque mêmesi le changement est amorcé, le rythme est très lent.Partout, l’accès des femmes à l’équipement agricole est très timide.Exceptionnellement, il leur arrive d’être équipé par un projet ou unestructure de développement comme en 2000 à Kadiolo où la CMDT à traversKafojiginew les a équipées en âne et en charrette.Beaucoup d’associations, par le canal de la micro finance ou de l’épargnesolidaire et des tontines, permettent à leurs adhérentes de faire le petitcommerce.Initialement présentes dans le secteur rural et l’informel, les femmescommencent à investir de nouveaux domaines comme l’entreprise y comprisle BTP (bâtiment et travaux publics).4.3.4.1. La femme chef d’entrepriseDans ce secteur, les femmes ne sont pas encore nombreuses. Mais lephénomène en tant que tel importe beaucoup plus que le nombre. Car c’étaitun secteur réservé aux hommes.Une étude 18 commanditée par le Ministère de la Promotion de la Femme, del’Enfant et de la Famille a recensé 631 femmes entrepreneurs, répartiesentre 16 domaines que sont : les femmes experts comptables agrées (5),responsables de bureau d’ingénierie conseil (2), architectes (5), avocates (17),notaires (7), gérantes d’officines (pharmacie humaine ou vétérinaire) (58),hôtelières et restauratrices (15), commerçantes (228), des bâtiments ettravaux publics (11), prestataires de services (21), coiffeuses (2), teinturières,couturières (67), du secteur agroalimentaire (157), des médias (6), descabinets d’études et de recherches (5), des nouvelles technologies del’information et de la communication (6).Sur le terrain on a été frappé par « Fatim Construction » et THT constructionà Tombouctou et Kadidia Ascofaré à Goudam dans le BTP.Dans beaucoup de localités, elles sont aujourd’hui dans le commerce de groset font de l’importation et de l’exportation. D’autres possèdent des camionspour le transport et d’autres de petites entreprises.18 Ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la famille, Centre National deDocumentation et d’<strong>Information</strong> sur la Femme et l’Enfant, avec l’appui financier de l’USAID :Répertoire des femmes entrepreneurs du Mali, Bamako, Imprim color, sans date d’édition.


41Une d’entre elles de Gao dit que « si je suis arrivée à faire beaucoup de chosesc’est grâce à la démocratie. J’ai mon centre d’alphabétisation, ma garderied’enfant, mon périmètre maraîcher, mon ONG. Avant ce n’était pas possible.Tout était aux mains de l’Etat. »Une autre de la commune rurale de Koury affirme « mon activité principaleest le transport. Je me suis d’abord débrouillée pour avoir le prix d’une« Toyota hiace, aujourd’hui, je possède un véhicule 10 tonnes et uneremorque »Le maire de Bougouni affirme : « D. C. possède trois (3) véhicules 10 tonnes,B. K. deux (2) véhicules 10 tonnes, S. D. plusieurs villas et M.M. unepharmacie clinique vétérinaire.Et contrairement à un certain nombre d’années, un peu partout, on retrouvedes femmes « visibles » en première ligne. Le plus important ici n’est pas lenombre mais le phénomène, le processus engagé.4.3.4.2. La femme et le crédit :La micro-finance, c’est la banque des pauvres disait un administrateur. Demanière générale, les femmes n’ont pas accès au crédit classique pour uncertain nombre de raisons dont, essentiellement, l’information et le manquede garantie (les données indispensables pour couvrir les risques que court labanque). Aussi, aucune banque n’a une ligne de crédit, sur fonds propre,destinée aux femmes. Il leur arrive de gérer des fonds de l’Etat ou d’autresorganismes de développement pour le compte des femmes, sur la base dusystème des caisses d’épargne et de crédit.Ces plaintes résument le ressentiment général recensé à travers tout leterritoire par rapport au crédit classique. C’est ainsi que la présidente del’association des vendeuses de poisson de Mopti dit : « Finalement, nousavions compris que ces gens là ne veulent pas nous aider mais plutôt nouscréer d’autres problèmes. Car, comment peut-on comprendre que pour nousaider, ils nous imposent des garanties de terrain ou des sommes que nous nepossédons pas. Souvent, ils nous parlent aussi des délais qui sont difficiles àtenir. Ils oublient que chez-nous les femmes n’ont pas de terrain »Cette responsable d’ONG à Bandiagara renchérit dans ce sens :« A Bandiagara les femmes n’ont pas du tout accès aux crédits puisqu’ellesn’ont pas les fonds de garantie que réclament les structures de micro-crédits.Comment comprendre qu’on puisse exiger des garanties à des gens qui n’ontmême pas à manger. Elles n’ont aucune économie et les conditions d’accès lesempêchent d’avoir des crédits.Sur un autre plan, la Fédération des Associations des Femmescommerçantes et entrepreneurs du Mali estime que 50.000 ou 100.000francs ne permettent pas à une femme de s’enrichir. Le montant appauvritplutôt les femmes. Sur son instigation, un consultant canadien, en faisant letour des banques de la place a constaté que parmi les bénéficiaires de créditil n’y avait pas de femme bénéficiaire d’un engagement de plus de dixmillions de francs CFA.Pour contourner la difficulté, les caisses d’épargne et de crédit passent par lesystème de crédit avec caution solidaire. Le prêt est accordé par le canal del’association. Mais à ce niveau les sentiments sont mitigés. Tandis que


42certaines se plaignent des conditions d’octroi, d’autres se félicitent de cettepossibilité offerte par la démocratie.Ces propos résument les griefs à l’endroit du crédit aux femmes au Mali :« Il faut revoir les conditions d’accès et les intérêts des crédits selon lesréalités des localités. Puisque j’ai vu un exemple où la personne m’a dit qu’ellen’avait même pas fini de s’approvisionner qu’on est venu demander derembourser ses crédits et avec un intérêt. Souvent, il y a des femmes quidisent que KONDO JIGIMA leur demande de déposer le 1/3 de ce qu’ellesveulent demander. Et ces femmes disent que si elles avaient ces 1/3 ellesn’allaient jamais se rendre au Kondo-jigima ».Certaines ont préféré contourner les structures formelles.« Finalement, la solution a été qu’au lieu d’aller prendre le crédit avec lesconditions difficiles des caisses, nous avons préféré faire des cotisationsmensuelles. Et à la fin de chaque mois, la somme collectée est partagée entreles 10 femmes de chaque groupement formé. Après un mois d’activité, l’argentest remboursé avec un petit intérêt acceptable pour tous. Ces petits intérêtssont utilisés pour l’achat de nos petits équipements. Avec cette stratégie, lesfemmes disent : « nous préférons nous enrichir au lieu d’enrichir la banque» »Désespérées d’autres femmes recourent à l’usure :« Nos activités ne peuvent pas aller sans l’argent et les commerçants qui nousprêtent cet argent le font avec des intérêts qui ne nous permettent pas d’avoirquelque chose pour nous-mêmes. Ils le font généralement avec un intérêt de 30à 50% et après la vente du poisson nous nous retrouvons avec une sommedérisoire. C’est pour éviter ces choses que désormais, nous avons décidé defaire une cotisation hebdomadaire de 500 francs au sein de l’association.Nous rassemblons 500 000 à 600 000 francs que nous partageons entre 5 ou6 femmes et remboursable en deux semaines avec un intérêt de 5000 francs.Ainsi, chaque deux semaines, 5 à 6 femmes de l’association peuvent échapperà ce problème de crédit avec les commerçants. Pour le moment, c’est la seulesolution que nous avons trouvée.Par contre beaucoup d’autres affirment que la micro-finance leur a été d’unegrande utilité. Ainsi, l’association des femmes de Kadiolo (AFK), dans larégion de Sikasso, a obtenu un crédit pour équipement en 1999. Il a servi àl’achat de charrue et de bœufs de labour au profit de femmes en situationdifficile. Le maire de Koury ainsi que Ami Touré dite Ami Lomé, chefd’entreprise à Koury, expliquent l’ascension sociale des femmes du cercle deYorosso par l’accès au crédit et la bonne gestion.4.3.4.3. Autre secteur important : le foncierMalgré tous les textes, ci-dessus mentionnés, élaborés par la TroisièmeRépublique en faveur de la femme, en milieu rural, elle demeure toujoursgénéralement, exclue de la gestion du foncier.


43A part quelques exceptions comme le pays Dogon et le pays Sonrhaye, lafemme accède traditionnellement à la terre même si c’est par le canal de safamille conjugale ou de sa famille d’origine.Mais en pays Dogon et Sonrhaye, on constate une évolution avec la créationdes associations féminines comme ci-dessus mentionné.Une responsable d’ONG mentionne des difficultés rencontrées à Bandiagara.« Elles se battent en permanence pour avoir des terres mais la terre est unequestion très difficile en pays Dogon. Pour le moment, la seule faveur qu’ellesont pu trouver est le « prêt » pour faire des activités de maraîchage. Et même àce niveau, il y a encore des problèmes car, à chaque fois que le maraîchagecommence à réussir, les propriétaires de terre leur retirent la parcelle. C’estpourquoi, nous nous sommes dit qu’il faut changer la situation. »Pour contourner ce genre de problème beaucoup de partenaires des localitésposent comme condition de la collaboration, la sécurisation foncière pour lesassociations féminines.Mais pour ce qui concerne les terres aménagées de l’Etat, la femme, dans lesprincipes, y accède sans aucun problème. On constate leur présence àl’Office du Niger, à l’Office Riz Ségou, à l’Office Riz Mopti, au niveau duPérimètre de Réhabilitation de Baguinéda, etc. 194.3.5. La femme et la prise de décisionDu point de vue du droit positif, les textes fondamentaux recèlent très peude dispositions discriminatoires à l’endroit des femmes quant à leurparticipation à la vie publique et à la prise de décision. Mais force est deconstater que les croyances, les us et coutumes, l’ignorance des femmes deleur droit, la mauvaise interprétation des textes et l’insuffisance de moyend’information et de diffusion des textes constitue des obstacles à lajouissance effective des droits des femmes. Malgré ces constats, depuis1992, il est certain qu’on a assisté à une amélioration du positionnementpublique des femmes qui se traduit par :- leur prise de conscience face leur situation, leur mobilisation pourdéfendre leurs intérêts, la prolifération des structures de regroupement defemmes (Associations, ONG, Groupes PIVOT, etc.) ;- l’accès à l’information, la sensibilisation, la formation, l’incitation, l’appuiapporté aux femmes par le gouvernement, les Associations et ONG, lespartis politiques, etc.- la proposition de quota par certains politiques, 30% de présence defemmes sur les listes électorales,- etc.Par ailleurs, à d’autres niveaux, on peut faire les constats suivants :4.3.5.1. Dans la communauté (famille, quartier, village)Dans de nombreuses localités maliennes, il était, auparavant, rare de voirdes femmes dans une assemblée d’hommes. Avec la création des partis19 Situation des femmes au Mali, cinq ans après la conférence de mondiale de Beijing,rapport national, Beijing + 5, juin 2000, p.49 - 50.


44politiques et des associations de femmes suite à l’avènement de ladémocratie, les femmes ont été obligées de se retrouver dans de nouveauxespaces pour la défense de leurs intérêts. Elles assistent donc aux réunions,s’expriment et revendiquent leur « part ». « Dans les bureaux, nous avons,maintenant, plus que le poste de secrétaire à la promotion féminine » disaitl’une des femmes rurales.Une femme de Sanankoroba, cercle de Kati : C’est avec l’arrivée de Suco et saformation que je travaille avec les hommes. Sinon, avant, je n’avais même pasle droit de les regarder ou de les approcher.Une autre de Mopti affirme « Il y a eu beaucoup de changements mais ce quim’a paru fondamental a été surtout le changement des mentalités. Avantl’avènement de la démocratie, les femmes n’acceptaient jamais de participeraux réunions des hommes et même celles qui participaient n’osaient pasprendre la parole en public. Mais de nos jours, ces choses ont complètementchangé. De plus en plus, elles comprennent qu’elles sont utiles et qu’elles sontaussi membres à part entière de la communauté. De plus, plusieurs femmesaiment participer aux élections mais elles sont généralement confrontées à desproblèmes de moyen. »Une autre affirme : « toutes les femmes de la ville de Bandiagara se trouventdans des associations. Avant la démocratie je n’avais jamais entendu qu’unefemme cherche à être maire ou député. C’est pour quoi certains disent que ladémocratie n’est venue que pour les femmes. »Elles sont, donc partout, conviées aux réunions relatives au développement.Ainsi, le 24 novembre 2005, elles ont remis en cause la composition dubureau de la mutuelle de Gao. Et à Kabara, face aux positionsintransigeantes des hommes par rapport aux questions de développement,elles ont décidé de s’exprimer désormais. « Quand il a été proposé deconstruire un marché ici, les hommes ont affirmé qu’ils préféraient le curagedu fleuve, c’était le curage ou rien d’autre. Ces fonds ont été utilisés pourconstruire un marché dans une autre localité. Depuis, nous avons décidé de neplus nous taire. Ainsi en 2004, des partenaires ont proposé des séancesd’alphabétisation aux femmes. Mais les hommes leur ont posé commepréalable la construction d’une salle d’alphabétisation. Quand les négociationsétaient sur le point d’échouer nous sommes intervenues pour leur signifier quenous avons une salle disponible pour les séances d’alphabétisation. Cela acréé des problèmes entre nous et les hommes mais ils se sont décantés par lasuite. Les hommes savent que c’est grâce à nous les femmes que Kabara reçoitbeaucoup de choses »Le maire de Mopti : « Pas plus tard que la semaine dernière nous étions ensession pour signer une convention relative à l’emploi des jeunes avec l’APEJ.Les femmes membres du conseil municipal ont contesté cette convention dansson contenu pensant quelle n’était pas favorable aux jeunes. Ceci nous aamenés à une suspension de séance et la provocation d’une autre réunion.


45Finalement, nous avions tous trouvé que les femmes avaient raison et desmodifications ont été apportées au document »Un administrateur à Téninkou : « Lors de la dernière assemblée tenue àl’occasion du lancement de la campagne agricole, les nouvelles associationsde femmes ont suggéré qu’on leur donne des parcelles pour leur maraîchage.Ce fait est nouveau puisque nous sommes en milieu Peul où les femmes nes’intéressent pas à l’agriculture. Mais il me semble quelles veulent imiter lesassociations de femmes quelles voient à la télé. »A Kidal, c’est un projet de pisciculture qui avait été proposé par les« développeurs » à cause du manque de poisson. Les autorités localesl’avaient accepté mais ce sont les femmes qui ont soutenu qu’il valait mieux,d’abord, avoir de l’eau potable avant de penser au poisson. Et c’est ainsi quel’adduction d’eau a été substituée à la pisciculture. A Kidal, toutes lesfemmes qui ont connu une ascension sociale ces dix dernières années dansle domaine de l’économie, environ une dizaine, sont toutes membres duBureau des Opérateurs économiques.Cependant, partout, la femme est jusqu’ici, exclue de la gestion du pouvoirtraditionnel. Seuls deux cas ont été recensés au cours de l’enquête : unefemme est, présentement, conseillère du chef de quartier Sossokoïra de Gao.Elles étaient deux sur un total de cinq conseillers avant que la deuxième nedécède. A Tessalit, selon le préfet, une femme du nom de Zeinab Wallet Taki,a, actuellement le statut de conseillère. Et jusqu’ici, nulle part, aucun villagene se fait représenter par une femme à moins qu’il ne s’agisse d’une questionexclusivement réservée aux femmes comme le disait le maire de Mopti, ouque la convocation ne l’ait exigé.4.3.5.2. Le rôle de la femme :On constate un changement positif au niveau du rôle de la femme, tant danssa perception que dans son exercice ; surtout, là où elle n’avait que lafonction de ménagère cloîtrée dans la maison. C’est ce qu’exprimait, ainsi,une responsable d’association de Tombouctou : « auparavant, nous étions àla maison pour faire de la vermicelle, le ménage et nous occuper des enfants.Aujourd’hui, nous faisons toujours de la vermicelle, mais une vermicelle demeilleure qualité grâce à nos associations. Nous apportons notre contributionaux dépenses du ménage y compris les frais de scolarisation des enfants »Une autre renchérissait en ces termes « Si les hommes nous laissent sortirc’est parce que nous rapportons quelque chose à la maison »Le 3 ème adjoint du maire de Tessalit disait « elle ne se limite plus à organiserce que le mari apporte mais elle apporte elle-même des ressources »4.3.5.3. Le statut de la femmeL’image de la femme s’améliore et sa personnalité s’affirme comme nous leconfirment ces propos ci-dessous.


46« L’avènement de la démocratie a vraiment été d’un élan décisif pourl’émancipation de la femme au Mali et surtout au niveau de la région de Mopti.C’est grâce à elle que les femmes ont, pour la première fois, réclamé leur droitau Mali. Désormais nous n’avons plus peur de nous exprimer devant leshommes qu’ils soient des autorités ou pas. Nous ne sommes plus comme desmoutons qui ne font que suivre les hommes. C’est d’ailleurs pourquoi mescamarades de l’association m’ont demandé de me présenter pour les électionscommunales. Et jusqu’à présent certaines n’ont pas encore compris pourquoi jen’ai pas passé. »« La démocratie a eu un impact considérable puisque qu’aujourd’hui lesmariages forcés ont fortement diminué. Et surtout au niveau des campsmilitaires, les femmes sont moins battues grâce aux sensibilisations.Aujourd’hui les hommes ont vraiment compris que les femmes leur sont plutôtcomplémentaires. »« J’ai été choisie pour former une délégation avec deux hommes pour allersoumettre nos problèmes au président de la République » nous affirmait uneresponsable d’association de Kabara (Tombouctou)« Je n’avais jamais vu d’association de femmes à Téninkou avant ladémocratie. Personnellement j’ai été mariée en 1985 et j’ai fait plus de 10 anssans sortir. Je ne savais rien de ce qui se passait dans la ville. C’est avec lavenue de la démocratie que nous avions tous commencé à sortir. Etaujourd’hui ce sont les hommes même qui poussent les femmes à adhérer auxassociations. Cela montre à mon avis que le changement est vraiment venuegrâce à la démocratie ».Partout, selon les enquêtés, il y a des femmes dont les noms sont connus detous, même des petits enfants comme le disait une femme à Goudam.Dans aucune localité, rien ne se fait à l’insu des femmes chefs d’entreprises,des responsables des grandes associations des localités, CAFO, APDF,Association Régionale des Femmes pour la Paix et l’Education, etc. Elles sontconviées aux réunions et consultées par les responsables de l’administration,les élus et même les chefs traditionnels. Même dans les familles on sent unléger changement. Une plus grande contribution de la femme aux charges duménage entraîne obligatoirement une autre perception et par rapport àcertains problèmes ; les hommes sont obligés de se comporter autrement4.3.5.4. Le changement d’attitude des hommesSuite à la « sortie des femmes sur la place publique » ouverte par ladémocratie, des hommes ne leur ont pas facilité la tâche. Il y a des leadersreligieux qui ont organisé des prêches contre les associations un peupartout. Ils ont condamné la micro finance, ils se sont opposés à l’attributionde casiers rizicoles et de périmètres maraîchers aux femmes. Mais grâce à lasensibilisation et aux succès remportés par les associations, beaucoup dechefs religieux et chefs traditionnels sont revenus à de meilleurs sentiments.Certains d’entre eux sont revenus voir les femmes qu’ils fustigeaient en vue


47d’apporter un appui aux femmes de leur entourage, d’autres passent par cesmêmes femmes pour accéder à la micro finance ou aux intrants agricoles(Gao et Tombouctou).C’est ainsi qu’une d’entre elles disait : « On ne m’a pas consultée au sujet duchoix de mon mari, mais ça ne se passera pas comme ça avec ma fille »Selon le Maire de Mopti « Aujourd’hui il n’est pas rare d’entendre que leshommes n’ont plus la maîtrise de leur famille. A ce niveau, l’exemple frappantest la question de mariage. Avant, on ne demandait pas du tout le point de vuede la femme. Mais aujourd’hui qui ose faire marier sa fille sans sonconsentement s’il ne veut pas se faire humilier. »La présidente de la CAFO de Mopti confirme « Actuellement tous les chefs defamille ont peur d’accorder la main de leur fille sans l’accord de leur femme »Dans le même sens une responsable d’ONG de Bandiagara tient ces propos :« C’est maintenant que les femmes ont commencé à imposer le mariage civilaux hommes en milieu Dogon avec la prolifération des mairies. Elles exigentaussi des extraits de naissance à leur enfant. Avant la démocratie, elles neconnaissaient même pas ces choses. Elles étaient à la merci des hommes quiles mariaient et les divorçaient sans raison et sans droits. Très souvent, ellesétaient mariées de force mais maintenant ce n’est plus le cas. »4.3.6. La femme et le politiqueAvec l’avènement de la démocratie, les femmes ont aussi investi l’arènepolitique. Certaines d’entre elles ont pu se faire élire comme conseillèremunicipale, maire, député, etc. Et parmi les élues, 21 femmes conseillèressont 1 ère s adjointes des maires, 23 sont 2 ème adjointes, les 3 ème adjointessont au nombre de 56, 5 sont 4 ème adjointes et 2 femmes sont 5 ème adjointes.Selon le maire de Mopti, « avant dix ans, aucune femme de Mopti n’avait puse faire élire dans le conseil communal qui était seulement considéré commel’affaire des hommes. Mais au premier mandat communal, il y avait troisfemmes et dans ce deuxième mandat, il y a eu quatre femmes. Et si lasituation continue ainsi, les femmes seront désormais nombreuses dans lebureau communal. »


484.4. Les insuffisances de la Troisième République :Comme ci-dessus mentionné, il s’agit de la Troisième République perçue entant que période.4.4.1. Généralités :Malgré l’existence d’un cadre institutionnel assez fourni, on constate uncertain nombre d’insuffisance dont :- La non-visibilité des actions du département de la Promotion desFemmes dans les départements sectoriels ;- Le manque de moyens financiers des services régionaux et subrégionauxde promotion de la femme, de l’enfant et de la famille poursoutenir les candidatures féminines et les femmes élues en matière deformation ;- Le manque de synergie dans les actions des différents acteurs :Associations et ONG féminines, ministère de la promotion de la femme- Non fonctionnalité du cadre de concertation entre les départements encharge des femmes et les organisations féminines ;- La faiblesse du niveau de leadership féminin ;- La non-professionnalisation des Associations et ONG féminines ;- La non-maîtrise du concept genre par les dites associations ;- La méconnaissance des outils de travail tel que les mécanismesinstitutionnels en place pour promouvoir les femmes ;- La faiblesse du dialogue inter-acteur ;- Des vides et lacunes juridiques ;- Omission de l’entrepreunariat féminin sur le planinstitutionnel contrairement au Bénin, Togo, Nigeria, Sénégal, etc. oùil existe en plus du Ministère de la femme, un ministère des femmesentrepreneurs ;- Les difficultés d’accès au crédit et l’inexistence de lignes de crédit pourles femmes et particulièrement pour les femmes chefs d’entreprise ;- Le bas niveau du capital des femmes entrepreneurs : Selon laFédération des Associations des Femmes commerçantes etentrepreneurs du Mali, il n’y a pas de femme milliardaire ou dont lefonds de commerce atteint les centaines de millions ;- Les difficultés d’accès au foncier et surtout de participation à sagestion- Les femmes insuffisamment représentées dans les instances dedécision (gouvernement, assemblée nationale, conseil communal, lescabinets, etc.)- Le manque de volonté politique à traduire les discours en actesconcrets.4.4.2. L’insuffisance de l’engagement citoyen des associations etorganisations fémininesSi les associations et organisations féminines sont dynamiques et engagéespour l’amélioration des conditions d’existence de leurs adhérentes, il n’en est


49pas de même pour ce qui concerne l’engagement citoyen. Le travail pour labonne gouvernance, la moralisation du politique en vue de campagnesélectorales sur la base d’idéaux et de projets de société est très peu ou pasentrepris. Elles n’arrivent pas à faire pression sur les instances de décisionpour accélérer le changement. Ainsi, des conventions internationalesratifiées par le gouvernement n’arrivent pas à être traduits en textes de loipar l’Assemblée nationale comme le Protocole sur les droits des femmes enAfrique.4.2.3. L’affaiblissement de la volonté politique des autorités de laTroisième République.Contrairement à la période de la transition et des premières heures de laTroisième République, on ne sent plus la même ferveur pour la cause de lafemme. En janvier 2006, les femmes attendaient toujours l’adoption duprojet de réforme du droit de la famille et des personnes en vue del’abrogation des dispositions discriminatoires contre les femmes contenuesdans le Code du Mariage et de la Tutelle, de la parenté et de l’alliance ycompris le vide en matière successorale et de donations.4.2.4. L’inégalité de rémunération entre homme et femmeUne étude commanditée par la Fonction Publique sur l’égalité derémunération entre les hommes et les femmes dans le secteur moderne auMali, a abouti notamment à la conclusion qu’au sein de la Fonctionpublique, les écarts de salaire par catégorie sont au maximum de 11% et lesfemmes gagneraient en moyenne 30% de moins que les hommes.Dans les principes, il n’y a pas de discrimination au niveau de la baseindiciaire, mais dans les faits, malgré la signature de l’ordonnance n°92-024/CTSP du 12 mai 1992 relative à l’impôt sur les traitements en salairedes femmes salariées, ce sont les hommes qui touchent les allocationsfamiliales et qui bénéficient des déductions d’impôt relatives au nombre desenfants.4.4.5. La figuration dans les instances dirigeantes des associationsmixtes.S’il arrive aux femmes de s’imposer dans la communauté, de peser sur lesdécisions, il arrive aussi qu’elles soient totalement exclues de certainesinstances, marginalisées dans d’autres ou être « instrumentalisées ». C’est ceque nous confirment ces quelques propos recueillis sur le terrain :Ainsi, cette responsable d’association de Bougouni affirme avoir étéincapable de se faire élire au bureau de la FELASCOM (Fédération Locale desAssociations de Santé Communautaire). « aucune femme n’a pu se faire élireau sein du bureau ».La présidente de l’association des femmes de Kadiolo (AFK) affirme que : « il ya des femmes dans des associations mixtes. Mais elles font de la figurationcar elles sont minoritaires, 2 femmes pour 20 hommes. Ces deux femmes ont


50pu intégrer le bureau de l’APE suite à notre insistance. Elles ne sont même pasinformées de la tenue des réunions ».Cette conseillère communale de Zantiébougou dans le cercle de Bougounidit avoir découvert qu’elle était membre du CESCOM, ou avoir vu son nomsur la liste des membres du bureau du CESCOM, lors d’une étude qui luiavait été confiée sur la faisabilité d’une mutuelle de santé.Selon la présidente des femmes commerçantes et entrepreneurs du Mali, auniveau de la Chambre d’industrie et de commerce, il n’y a qu’une seulefemme sur dix neuf (19) élues. Au moment des élections, les autres étaientd’office exclues par les critères que les candidats devaient remplir : 5 ansd’ancienneté au niveau du quitus fiscal et du paiement de la patente.Le combat reste, donc, toujours d’actualité pour la participation aux prisesde décision même au niveau des structures modernes pour ledéveloppement.4.4.6. Les stéréotypes dont sont victimes les femmes qui arrivent àtranscender la discrimination :Les femmes qui vont surmonter les obstacles découlant de cesdiscriminations vont être victimes de stéréotypes ainsi que leurs époux.Ainsi, à Kadiolo, seront traités de : « bajanbilamuso », chèvre en divagation »les femmes commerçantes, et de « musocèkanfola », femme au discoursd’homme, la femme actrice politique.Dans le même sens, selon une responsable d’association de Bougouni :« Toutes les femmes qui ont connu une certaine ascension sociale sont soit desveuves, soit des femmes plus influentes et plus importantes économiquement,plus dynamiques et populaires que leurs maris. Tout mari qui dispose d’unecertaine assise économique et financière n’acceptera pas que sa femmeparticipe aux réunions. Toutes nos conseillères sont des épouses d’hommesmous »4.4.7. Les résistances de certains hommes et de certainescommunautés face au changementDans la commune rurale d’Essouk, région de Kidal, une femme, Nina WalletIntallou avait été élue maire lors des élections communales de 1997. Mais,elle n’a jamais pu exercer la fonction. Des hommes s’y sont opposés. Selonun responsable de parti politique d’Essouk « l’islam n’interdit pas auxfemmes l’ascension, mais il y a des limites. Une femme ne doit pas exercer desfonctions de chef suprême, gouverneur, député, maire »Selon une femme chef d’entreprise « l’aspiration à devenir maire, député,conseillère communale, c’est effectif dans les autres régions mais à Kidal, c’estencore un rêve ».


51Selon une autre de la commune d’Essouk, elles se sont battues pourMadame le maire mais que celle-ci a fini par capituler : « elle a cédé lefauteuil aux hommes ».Dans la commune rurale de Djabigué dans le cercle de Nioro du Sahel, uneautre femme avait été élue maire lors des élections communales de 1997.Elle a exercé la fonction avec deux autres qui lui servaient d’adjointes. Ellesont, toutes trois, été réélues comme conseillères communales. Mais ce sontleurs époux qui ont mené campagne pour qu’elles ne retrouvent pas leurspostes de maire et d’adjointes.Toujours par rapport à ce problème de pouvoir une responsabled’association et secrétaire général des femmes de la section ADEMA deBougouni rapporte qu’elles ont été exclues des listes présentées auxélections municipales sous le prétexte que : « nous sommes des logées,nourries et par conséquent, nous ne devons pas avoir trop de prétentions.Et cet homme de Kidal se plaint du changement en ces termes « les coutumesvoient que le Pouvoir, les ONG, les Bailleurs de fonds sont tous tournés versles femmes et par conséquent, se détournent de la « main forte des femmes »,c’est-à-dire les hommes. La femme à elle seule, même savante et riche ne peutprendre les charges et les initiatives des hommes… Les changements, ilsdoivent être poursuivis, mais attention à la marche, au rythme.»A l’extrême sud à Kadiolo, un notable fait des récriminations identiques :« quand une femme arrive à émerger sur les plans économique et politique onpense qu’elle échappe au contrôle de son mari. Elle devient une « proie facile »pour les agents au niveau des postes de contrôle.Je n’ai jamais vu ni entendu parler d’une femme chef de village ou conseillèred’un chef de village. Je pense que ce n’est même pas faisable. Ce ne seraitmême pas un bon signe pour notre société. »Pour ce qui concerne la poursuite du changement, le notable estime que « lafemme est devenue le centre d’intérêt du pouvoir. L’image de la femme aévolué car ses préoccupations sont prises en compte. Un ministère a été crééuniquement pour sa promotion. Alors ! Qu’est-ce que vous voulez de plus ? »Donc, malgré les progrès accomplis, du travail reste encore à abattre pour laconservation des acquis et l’aplanissement de certains obstacles de grandeimportance.4.4.8. Des biais provoqués par l’assistance au développement.Toutes les femmes ne sont pas conscientes de la situation de marginalisationou n’ont pas foi aux solutions qu’on leur propose.C’est pourquoi selon cette responsable « grâce aux débats dans les réunions,les femmes savent quels rôles jouer dans les familles et dans la vie publique.Malheureusement, elles ne s’investissent pas tant qu’elles ne voient pasimmédiatement leur intérêt matériel. Il y a un réel problème d’investissement


52personnel de la part de nos femmes. Par exemple, après les actionsd’assainissement, elles emportent le petit matériel : protège-nez, savon, balai,etc. En tout cas, le petit intérêt est là dû peut être à la pauvreté, àl’analphabétisme, à l’éducation … »Une autre renchérit : « ce sont les ONG qui ont gâté les femmes. Tant qu’il n’ya pas de perdiem et de restauration les femmes ne participent pas auxréunions ni aux formations… Quand on parvient à avoir un financement, ellesne se soucient pas de l’exécution correcte dudit projet mais proposent plutôtqu’on partage l’argent. »Dans le monde du développement certains acteurs sont sans scrupules etprofitent de la « question femme » pour s’enrichir. C’est ce qui faisait dire à laprésidente des vendeuses de poissons de Mopti que les obstacles qu’ellerencontre sont entre autres son analphabétisme, les retards que certains deses membres accusent dans les cotisations, les mensonges des ONG etcertaines personnes qui prétendent les aider et le manque d’appui àl’association.Et la présidente de la CAFO de la même localité avait parmi ses suggestions :Que les bailleurs potentiels essayent de traiter directement avec lesassociations de femmes au lieu de donner les financements aux ONG4.4.9. L’insignifiance du nombre de femmes élues :Les femmes n’occupent pas les premières places dans les instancesdirigeantes des partis. Le seul président femme de parti est celui du partiécologiste. Dans les capitales régionales seul l’UDD est coiffée par unefemme à Gao.Aussi, comme ci dessus mentionné, il y a peu de femmes élues. Au niveaudes élections communales et municipales, cette situation s’explique par leurposition sur les listes de candidature. Celles qui ont pu être élues l’ontsouvent été au prix d’efforts indescriptibles comme nous le confirme cesdiscours ci-dessous.Selon une conseillère de Mopti, pour avoir une bonne position sur la liste« les choses n’ont pas été du tout faciles et cela pour deux raisons : la premièreétait que certains cadres du Parti me considéraient comme un leader arrivisteet la seconde était le problème de ma position au niveau de la liste. Au niveaudu comité qui était chargé d’élaborer cette liste, la stratégie était : deuxhommes et ensuite une femme. C’était ce qui était le principe, mais dans lapratique, la situation a été inversée par le fait que le premier nom de femmequi était le mien s’est finalement retrouvé à la 6eme position. Or, le parti neprenait que 5 noms par quartier pour former la liste des candidats. De plus,certains voyaient mal ma troisième position ... Alors le combat était engagé.J’ai immédiatement remué mon électorat qui était surtout composé des femmeset des jeunes du quartier, ce qui a provoqué un bruit terrible au niveau duquartier puisque les gens étaient très énervés par la nouvelle. Cette situation a


53entraîné de multiples réunions au niveau de la section entre mes supporteurset mes adversaires du parti. Et finalement mon nom a quitté de la 6 ème positionpour se retrouver à la 4 ème position et la liste a été déposée devant moi àl’administration. C’est ainsi que j’ai été élue comme conseillère »La même situation s’est reproduite à Bandiagara et on peut la caractériseren terme de « Pérégrination d’une femme pour conserver sa place sur laliste »« Lorsqu’on est venu en discussion pour adopter ces principes (présence desfemmes sur la liste) avec les autres partis de l’alliance, il y a eu deux nuitsblanches de discussions sans qu’on ne puisse trouver un accord. Car, leproblème principal de tous les hommes et même de ceux qui étaient dans monparti était qu’ils pouvaient accepter que je sois parmi les 3 premiers noms maispas en tête de liste ; de laisser la tête à un homme pour l’harmonie des choses.Après les multiples conseils des vieux, j’ai accepté de céder les deux premièresplaces de la liste de l’alliance à deux hommes et la liste a été formée vers 23heures, tard dans la nuit, et devaient être déposée le matin.Mais c’est après avoir quitté la réunion que les autres partis de l’alliance ontcorrompu l’homme qui me secondait dans mon parti pour prendre ma place etme mettre jusqu’à la 9 ème position. L’acte a été si choquant pour certains,qu’une personne de l’autorité dont je préfère taire le nom m’a envoyéquelqu’un à 3 heures du matin pour m’informer de la situation. C’est ainsi quemon mari m’a réveillé en me disant ceci : « lève toi car, on vient de m’informerqu’on a fait déplacer ton nom jusqu’en 9 ème position ».Aussitôt, je me suis levée, mon bébé au dos pour aller réveiller tous cesresponsables au cœur de la nuit. Toute la ville de Bandiagara était sur piedderrière moi en me soutenant. C’est après avoir pris peur que ces hommesont reconnu leur fait et on s’est réuni encore pour reprendre la liste en vue deremettre mon nom à sa place vers 6 heures du matin. La liste a été déposée à8 heures du matin. Après les élections nous nous sommes aussi associés avecles indépendants pour faire le bureau communal. C’est ainsi, que le maire estun « indépendant » et l’UDD a eu la 1 ère adjointe en ma personne. »En effet, il ressort de tous les entretiens que la place accordée aux femmessur les listes de candidature aux élections communales est d’une importancecapitale pour l’implication des femmes dans la vie publique. L’importantn’est pas le nombre de femmes candidates mais la position des candidatessur les listes. Souvent ce sont les partis de moindre importance quiaccordent les premières places aux femmes. Par exemple à Gao les femmesles mieux placées occupaient la 1 ère au niveau de l’UDD, la 4 ème au niveau duRDS et la 5 ème au niveau de l’URD. Cependant aucune de ces femmes n’a étéélue. Dans la commune rurale de Téninkou, la tête de liste du CNID-FYTétait une femme et le PARENA accordait la troisième place à une autre, maisaucun de ces partis n’y a un conseiller communal. La seule femmeconseillère est du PSP et elle affirme s’être maintenue à cette position grâce àson oncle.Au sujet du mauvais positionnement des femmes sur les listes, les propos dela Présidente de la coordination de l’association des femmes de Camps sont


54édifiants : « c’est mon parti qui a été en tête mais je n’ai pas passé. Ils ontfinalement dit que toute la liste ne pouvait pas être élue. Donc, cela veutsimplement dire qu’ils avaient mis mon nom jusqu’en bas de la liste. Pourtantmon nom était au départ à la 4 ème place sur la liste. C’est au moment des votesqu’on s’est rendu-compte qu’ils m’avaient mis en 16 ème position. Cependant,c’est grâce à ma candidature que toutes les femmes des quatre Campsmilitaires de Sévaré ont voté. Mais ce qui est sûre, c’est que les choses ne sepasseront pas comme ça la prochaine fois. »La présidente de la CAFO de Mopti va dans le même sens : « Nous sommesmême associées aux élections mais à ce niveau, les hommes nous trichent enmettant toujours les noms des femmes en bas de la liste. »A la question pourquoi ne vous êtes-vous pas battues pour changer cettesituation elle répondit : « Les partis politiques ne font jamais les listes le jour ;de plus, ils ne font que les modifier. Pensez-vous qu’il est facile de les suivredans tout ce processus »Quelquefois, c’est le nom qui disparaît carrément de la liste comme àBougouni, ainsi que l’atteste cette femme « J’ai fourni toutes les pièces, mondossier était sans reproche, j’étais l’unique femme et 2 ème de la liste. A magrande surprise mon nom ne figurait pas sur la liste quand elle a étéproclamée.Ces propos et problèmes dénotent de la présence de beaucoup d’obstaclesdont les solutions seront déterminantes pour une plus grande implication dela femme de la gestion de la vie publique.


554.5. Les obstacles à la participation de la femme à la viepublique.Des causes de la discrimination découlent des obstacles à l’intégration de lafemme dans la vie publique. Une typologie des obstacles donne la situationci-dessous4.5.1. Les obstacles liés aux causes sociales de la discrimination- Le poids social ;- le refus des maris : c’est l’époux d’une ancienne femme maire qui s’estopposé à sa reconduction à Nioro comme maire ;- La réticence des hommes à permettre aux femmes d’effectuer desdéplacements lors de la campagne électorale ;- La surcharge du calendrier de travail, les tâches ménagères ;- La situation matrimoniale des femmes ;- L’insensibilité des décideurs par rapport aux questions « genre ».4.5.2. Les obstacles liés aux causes culturelles de la discrimination- L’analphabétisme ;- le faible niveau d’instruction ;- la marginalisation des femmes par les hommes ;- le manque de sensibilisation des femmes pour soutenir leurs paires ;- la crise de compétence ce qui entraîne la rareté de candidature valable- l’incompétence de certaines femmes déjà en poste, élues ou nommées.4.5.3. Les obstacles liés aux causes économiques de la discrimination- la féminisation de la pauvreté (manque de propriété pour la garantie);- le manque de moyens financiers pour faire campagne au moment desélections ;- les difficultés et conditions d’accès au crédit et aux autres facteurs deproduction.4.5.4. Les obstacles liés aux traditions politiques du Mali- La perception négative du politique et le manque de motivation desfemmes à militer dans des partis politiques ;- l’inexpérience politique des femmes ;- la discrimination des femmes au moment de l’élaboration des listes decandidature (mauvais rang sur les listes) ;- les difficultés dans la constitution des dossiers de candidature(absence de pièces d’état civil)


564.5.5. Les obstacles liés aux causes psychologiques la discrimination- La peur d’échouer ;- Le manque de confiance des femmes en elles-mêmes ;- le complexe d’infériorité ;- le manque de solidarité entre les femmes ;- les effets de l’éducation traditionnelle ;- l’esprit d’adversité et de clan ;- le manque « d’agressivité ».4.5.6. Les obstacles d’ordre juridique à la promotion de la femmeEu égard aux vides et lacunes juridiques relevés dans les insuffisances de laTroisième République on peut parler d’obstacles juridiques à l’implication dela femme dans la gestion de la vie publique. Les obstacles d’ordre juridique àla promotion de la femme et les aspects de leurs conditions politique,économique, et sociale sont étroitement imbriqués. D’ailleurs, on se sertsouvent des lois existantes qui confèrent de la légitimité aux pratiques envigueur dans les domaines économique, politique et social pour établir unediscrimination contre les femmes.Un autre problème non moins important est la méconnaissance des textes,conventions, lois par certains décideurs.4.5.7. Les obstacles liés aux violences faites aux femmes dont leharcèlement sexuel- frein à l’épanouissement des femmes sur le lieu de travail,- dignité bafouée ;- résistance des époux à l’implication de leurs époux dans la gestion dela vie publique.Les stratégies pour une plus grande implication de la femme dans la viepublique doivent trouver des solutions ou des esquisses de solution à cesobstacles.


57V. Les stratégies pour une plus grande participationde la femme à la vie publique.Malgré les discriminations dont les femmes sont victimes et les différentsobstacles qui se dressent devant elles, certaines femmes accèdent à despostes de hautes responsabilités. Quelles sont les stratégies qu’ellesadoptent ? Le présent chapitre va d’abord récapituler les stratégiesconstatées sur le terrain et ensuite faire des propositions pour une plusgrande implication de la femme dans la vie publique.5.1. Les stratégies féminines d’ascension sociale et lesfacteurs de réussite recensés sur le terrainLes causes de l’ascension sociale et les stratégies, sans s’exclure, diffèrentd’une femme à l’autre et d’un domaine à l’autre. Les domaines, ici, abordés,sont le politique et l’économie, notamment le crédit.5.1.1. Les stratégies d’ascension politiqueDe manière générale, sur le plan politique, on constate que certaines, delongue date, sont des leaders dans leur milieu, d’autres se sont servis desassociations comme rampe de lancement, d’autres se sont, non seulement,engagées dans l’action politique mais se sont aussi battues à l’intérieur deleur parti pour émerger. L’entourage, l’époux, les parents, les amis, etc. aété d’un grand secours pour certaines d’entre elles.5.1.1.1. Les leaders de longue dateDes entretiens, il ressort que certaines femmes ont, de tout temps, mené les« troupes ». Elles n’ont pas attendu la démocratie pour se battre. Ceci estattesté par les propos de cette conseillère municipale de Mopti : « Monexpérience politique n’a pas commencé à mon avis avec les partis. Car, depuismon jeune âge, j’étais déjà responsable de mes camarades d’âge àMossinkoré. En plus, je participe très activement à toutes les cérémoniesd’ordre social (baptême, décès, mariage, etc..) qui se passent au niveau demon quartier »Les propos de la 3 ème adjointe au maire de Téninkou vont dans le mêmesens: Déjà, dans l’enfance, j’étais la cheftaine de mes camarades au niveaude notre quartier. Après, j’ai aussi dirigé une association qui s’appelaitmuniadé / Sawraadé (patience et tolérance). Je suis aussi la Secrétairegénérale de l’APDF. C’est de là, au moment des élections communales, quecertaines femmes sont venues me voir pour que j’accepte d’être candidate».Quant au 1 er conseiller du maire de Mopti il estime : « qu’à chaque époque dela vie d’une nation, il y a des femmes influentes, quelle que soit la forme decette influence. Pour moi, celles qui sont aujourd’hui influente ne le sont en faitque par rapport à une question de génération. Donc, qu’on ne le voit pas


58forcement comme les conséquences de Mars 91 même si cet événement aaussi été déterminant dans l’ascension de certaines. »Le maire Bandiagara va dans le même sens en affirmant que : « A vrai dire ily en avait quelques unes bien avant l’avènement de la démocratie mais c’estavec elle que la situation a pris tant d’ampleur. »On peut donc affirmer qu’un des facteurs de réussite de ces femmes est leurpersonnalité forgée sur leur caractère et leur détermination.5.1.1.2. Les associations, une rampe de lancement politique :Les associations ont permis à certaines femmes d’émerger. Certaines, sansarriver à se faire élire, se sont fait connaître à travers tout le Mali et parfois àl’extérieur. C’est le cas des femmes des associations pour la paix à Gao.La plupart des conseillères communales dirigent des associations ou desONG comme nous le confirme celles-ci :Une conseillère de Mopti « dans le cadre des associations je dirige plusieursgroupements qui sont très actifs dans la ville. Nous intervenons dans le cadrede l’accès de la femme au crédit et dans l’assainissement de la ville ».Une conseillère de Sikasso : « je dispose de plus de 100 groupes de femmesdans le quartier. Je suis membre de l’APAC (Association des ProfessionnelsAfricains de la Communication), présidente de l’association cèsiriton,secrétaire à l’information de la CAFO et secrétaire à la communication dusyndicat des commerçants détaillants ».Rares sont les femmes qui arrivent à se faire élire sans le soutien desassociations féminines dont elles sont, souvent, les principales animatrices.5.1.1.3. Le soutien de l’entourageDans la notion de poids social comme obstacle à l’implication de la femmedans la vie publique on peut noter une certaine hostilité de son entourageimmédiat. Mais quand celui-ci a une attitude favorable, on assistegénéralement à l’émergence de la femme. C’est pourquoi, dans certaineslocalités, des femmes qui ont connu une ascension sociale ont affirméqu’auparavant les époux les empêchaient de sortir mais qu’aujourd’hui, c’estle contraire ; ils les poussent « à sortir » pour adhérer aux associations.Sur un autre plan, une élue de Bandiagara affirme : « Pour moi, la politiqueest devenue comme une sorte d’héritage car, mon père a été le premier députéde Bandiagara… Par la suite, certains de ses amis m’ont montré que je doisimpérativement venir pour la revanche en parachevant l’œuvre que mon pèreavait entreprise pour la ville de Bandiagara. Ainsi, après de multiples débatsdans ma famille d’origine et au niveau de mon mari, j’ai fini par adhérer àl’idée. »La seule conseillère communale Téninkou abonde dans le même sens :« C’est mon oncle qui était aussi membre du parti qui m’a aidé à imposer mon


59nom en tête de liste. Et j’ai posé comme condition pour rester dans le partiqu’on laisse mon nom en 3 ème position ».5.1.1.4. La combativité de la femme, le corps à corps et la mobilisationdes troupesSur le terrain, il a été constaté que les femmes qui ont émergé sont avanttout des battantes. Et les autres facteurs favorables comme la démocratie,les bonnes dispositions de l’entourage… ne sont venus que compléter leurardeur à la tâche. On a même souvent vu l’entourage hostile au départ pourse rallier par la suite à la cause des femmes comme dans l’accès au foncier àTombouctou.Il transparaît du discours du maire adjoint de Bandiagara, voir ci-dessus,page 51 :- des qualités de la candidate :o la forte capacité de négociation et de mobilisation ;o la résistance physique (passer des nuits blanches denégociation, se réveiller à 3 heures du matin et veiller jusqu’à 6heures) ;o l’absence de complexe d’infériorité face aux hommes ;o la vigilance ; elle a été plus vigilante que la présidente desfemmes des camps de Mopti qui ne s’est rendue-compte qu’elleavait été déplacée de la 4 ème place à la 16 ème que le jour du vote ;o la combativité ;- Le soutien de l’époux et de sa famille d’origine ;- L’opposition de certains hommes à l’injustice ;- L’adversité de certains hommes y compris ceux qui sont du mêmecamp, du même parti qu’elle.Ce discours prouve que la question de la discrimination a plusieurs faces etqu’il faut élaborer plus d’une stratégie pour surmonter tous les écueils.5.1.1.5. Des solutions spécifiques sur le plan politique :Des femmes ont constitué une liste composée exclusivement de femme dansle cercle de Bandiagara comme le confirme le maire de Bandiagara :D’ailleurs dans le cercle, il y a eu un phénomène nouveau dans ce domainequi a eu lieu à KINDJE (une autre commune du cercle) où les femmes ontdéposé une liste entièrement composée des femmes. Elles ont même été 3 ème etcela est une situation qui nous a fait peur ».Mais n’est-il pas mieux de lutter contre les causes de la discrimination encherchant à surmonter les différents obstacles.


605.1.2. Les stratégies économiques, le créditCi-dessus, il a été question de l’association des vendeuses de poissons deMopti qui dotait, à tour de rôle, leurs adhérentes d’un capital de 500.000francs toutes les deux semaines.Mais la Fédération des Associations des Femmes Commerçantes etEntrepreneurs du Mali a pu mieux faire. Avec un appui d’un million dedollar canadien obtenu de la coopération canadienne, elle a pu acquérirenviron 1500 parcelles avec titre foncier, soit, 740 à Dialakorobougou et 750à Safo. Ces parcelles sont cédées à 600.000 francs CFA aux femmes pourleur servir de garanties dans le cadre de l’accès au crédit classique dans lesbanques.


615.2. Propositions de stratégiesComme ci-dessus mentionné, la situation que vit la femme n’est pas del’ordre de la nature mais de la culture. C’est une forme de l’organisationsociale à un moment donné de l’histoire à laquelle il est possible desubstituer une autre à un autre moment donné. Donc, face aux obstacles,des solutions sont possibles à court, moyen ou long terme.5.2.1. Les stratégies face aux causes sociales de la discriminationContre la plupart des obstacles, toutes les couches de la société ont besoind’information et de sensibilisation. Il en est ainsi pour les pesanteurssociales, les habitudes séculaires, les réticences des époux, etc.Une plus grande implication de la femme dans la vie publique exige unchangement des mentalités, des valeurs, des idéaux et des mœurs. Défendrel’idée que les femmes doivent avoir un rôle égal à celui de l’homme est unedémarche qui contribue à améliorer la situation des femmes en politique.Mais, il faut savoir qu’elle s’inscrit dans le moyen et long terme, car laculture d’une société évolue lentement.La surcharge de l’emploi de temps de la femme a été identifiée de longue datecomme un des obstacles majeurs à l’émancipation de la femme. Il s’agit doncde l’alléger à court, moyen et à long terme, de procéder à une socialisationdes tâches ménagères comme dans les pays développés.Contre la figuration et pire, l’absence des femmes à des niveaux de décision,il faut favoriser la représentation des femmes en nombre et en qualité dansles instances de décision.Il faut institutionnaliser aussi le poste de conseiller Genre dans lesdépartements ministériels en modifiant le texte sur la composition descabinets ministériels.Il faut enfin renforcer la communication entre le Ministère de la Promotionde la Femme, de l’Enfant et de la Famille et les conseillers Genre.5.2.2. Les stratégies face aux causes culturelles de la discriminationL’analphabétisme, le faible niveau d’instruction, la crise de compétence quientraîne la rareté de candidature valable, ont été considérées comme descauses culturelles de la discrimination dont les femmes sont victimes.Face à ces obstacles, il y a lieu de :- renforcer les programmes en cours de scolarisation des filles ;- élaborer une politique nationale d’éducation des femmes ;- rendre plus fonctionnelles les programmes et méthodesd’alphabétisation des femmes en les adaptant à leurs préoccupationset aux objectifs d’une plus grande implication des femmes dans lagestion de la vie publique ;- élaborer une politique nationale de formation des femmes ; à propos, ilconvient de saluer les projets d’ouverture de centre de formationféminin à Bourem, Ségou et Bougouni et demander leur extension àtoute l’étendue du territoire en vue d’une meilleure insertion desjeunes filles dans le processus de développement.


62A ce niveau aussi, la sensibilisation doit être menée pour une évolution desmentalités en vue de mettre fin à la marginalisation des femmes par leshommes et pour un soutien des femmes à leurs paires.5.2.3. Les stratégies face aux causes économiques de la discrimination5.2.3.1. Généralités- La lutte en cours contre la pauvreté doit être poursuivie ainsi que lesprogrammes de lutte contre le VIH/SIDA ;- Intensifier la vulgarisation technique agricole et pastorale auprès desassociations et groupements féminins ;- Promouvoir les activités génératrices de revenus ;- Lutter contre la sécheresse et la désertification ;- Développer l’hydraulique rurale, la politique des retenues d’eau enzone rurale ;- Promouvoir les technologies de transformation et de valorisation desproduits locaux ;- Développer les circuits de commercialisation ;- Mettre en place un mécanisme spécial de crédit pour les femmes sur labase de l’évaluation de l’expérience malienne en matière de microfinance;- Accorder des avantages fiscaux et douaniers aux femmesentrepreneurs durant une certaine période de démarrage ;- Inciter le recrutement des femmes salariées par les entreprises parl’octroi d’avantages fiscaux et douaniers ;- Intensifier la formation et le recyclage des travailleurs féminins en vued’augmenter leur performance ;- Encourager les travailleurs domestiques féminins à s’organiser au seind’associations pour défendre leurs droits et intérêts et les informer surleurs obligations :- Réglementer les horaires de travail des travailleuses de l’informel pourdégager un temps de loisir et de repos5.2.3.2. Stratégies spécifiques par rapport à l’accès des femmes auxmoyens et facteurs de production (terre, eau, intrants, matérielagricole, techniques et technologie appropriée)- Prendre des dispositions pour un meilleur accès des femmes auxmoyens de production surtout le foncier (programme d’aménagementdes terres, programmes d’équipement en milieu rural)- Donner par exemple 30 à 60% des terres aménagées aux femmes5.2.3.3. Stratégies spécifiques pour l’entreprenariat fémininLe Mali doit s’inspirer des exemples des pays du golfe du Bénin comme leNigeria, le Bénin et le Togo et plus près de chez nous le Sénégal. A défaut,d’un ministère de la femme entrepreneur, il pourrait créer une Directionnationale de la femme entrepreneur dont la mission serait la promotion de


63l’industrie et de l’entreprise féminine, en prenant entre autres commemesures :- La création d’un fonds de garantie pour l’entreprenariat féminin en vuede faciliter son accès au crédit. Par rapport à cet aspect, il s’agiraitpour l’Etat ou tous ceux intéressés par une plus grande implicationdes femmes dans la gestion de la vie publique de compléter l’initiativeen cours de la Fédération des Associations des FemmesCommerçantes et Entrepreneurs du Mali, doter les femmesentrepreneurs d’un titre foncier ;- Le financement de l’industrie féminine et l’octroi d’un taux debonification ;- L’accord d’avantages fiscaux et douaniers aux femmesentrepreneurs durant une certaine période de démarrage (5 à 10 ans) ;- L’appui des femmes dans la création de micro-entreprises ;- La formation des femmes entrepreneurs en gestion, comptabilité etmarketing.5.2.4. Les stratégies face aux traditions politiques du Mali et à la faibleproportion de femmes éluesCet aspect concerne toute la classe politique et même toutes les couches dela nation. Le Mali a besoin d’autres mœurs politiques, il a besoin de faire dela politique autrement comme dirait certains. Une lutte doit être menéecontre l’achat des consciences.Le ministère de la promotion de la femme et les Associations et ONGféminines ne doivent pas attendre la veille des élections pour faire dulobbying. Ce travail doit s’insérer dans un vaste plan d’action et lescandidates doivent être « fabriquées » comme certains pays « fabriquent » desathlètes.5.2.4.1. Accroître la représentation féminine5.2.4.1.1. Des stratégies applicables par le Ministère de la Promotion dela Femme, de l’Enfant et de la Famille et de ses démembrements ainsique des ONG et associations féminines• Fabriquer les leaders et renforcer les capacités de cellesqui le sont déjà :- s’appesantir sur la formation politiques des femmes leaders- Identifier des femmes acceptées par leur communauté, des femmes àtravers lesquelles la communauté se reconnaît comme celles quiparlent de leurs expériences ci-dessous ;- Préparer ces femmes bien avant les élections en les dotant descapacités nécessaires aux « gagnantes » : combativité, forte capacité denégociation, résistance physique, absence de complexe d’inférioritéface aux hommes, etc.- Préparer l’entourage de la femme, lui inculquer de l’ambition pour leurfemme, sœur et fille ;


64- Soutenir les femmes candidates ;- Se fixer des objectifs par localités (régions, cercles, communes).Les femmes ci-dessous qui parlent de leurs expériences peuvent servir demodèles en vue de l’identification de candidates pour les futures élections :Une conseillère communale de Bandiagara« Je pense que j’ai eu beaucoup de faveurs : d’abord l’image de ma famille, lesappuis et les relations que j’ai nouées avec les femmes, les jeunes et lesdifférents arrondissements du cercle. Il y aussi ce que les gens évoquentbeaucoup à Bandiagara mon caractère social. »1- Pouvez vous nous détailler un peu ce dernier point ?« C’est difficile de parler de sois-même mais les amis de mon mari, ceux demon père et de ma mère m’ont toujours dit que je suis leur fierté. Ce que jesais est que je respecte tout le monde, ma maison aussi bien que mes bienssont à la disposition de tout le monde. Ce comportement m’a été si bénéfiqueque le jour où j’ai été élue, tous les amis de mon père se sont regroupés pouraller saluer ma mère.« Et j’ai été personnellement très touchée lorsque après mon investiture, l’imamde la ville m’a tenu ces propos : « je ne suis pas dans les conditions requisespour prendre ta main et te féliciter mais tu as toutes mes bénédictions pour tonélection ».« Je me rappelle aussi des propos d’une vieille ŋamakala le jour de moninvestiture : « C’est aujourd’hui et à travers toi que les femmes de Bandiagaraont su quelles sont capables ». Ces propos m’ont beaucoup fait pleurer car,c’était pour la première fois qu’une femme devenait maire à Bandiagara.Une conseillère municipale Mopti : je participe très activement à toutes lescérémonies d’ordre social (baptême, décès, mariage, etc..) au niveau de monquartier. A ce sujet, je possède un magasin de location de chaise mais je n’aijamais accepté de louer mes chaises pour des cas de décès. Et surtout lorsqu’ils’agit d’un décès de femmes, j’ajoute d’autres appuis en plus des chaises queje donne gratuitement. Je fais partie de la plus grande association féminine demon quartier qui s’appelle BENKADI. Je suis présidente d’un G I E quis’appelle « SUGU- JEYA » qui est délégateur de gestion du marché deSAKARAWEL (le petit marché de la commune de Mopti).A mon avis c’est mon investissement social et économique au niveau duquartier qui m’a surtout favorisé car, pour que ma candidature soit officialisée,ce sont les femmes du quartier qui se sont réunies pour me pousser à faire lacompétition avec les hommes. C’est d’ailleurs ce qui m’a donné l’audace.• Dégager un programme pour les femmes élues et lescandidates malheureuses.Une fois, la femme élue, elle doit servir de « modèle », c’est-à-dire que sesactes doivent contribuer à briser les résistances et inciter ses paires às’engager dans l’action politique. Ce faisant, il ne s’agit pas seulement de les


65faire gagner mais de les accompagner le long de leur mandat en vue de lapériode du bilan, les prochaines élections. Elle contribuerait ainsi dans lechangement des mœurs politiques en faisant sa campagne sur la base d’unbilan et non par achat de consciences (distribution de pagnes, de sel, debillets de banques, etc.).Aussi, comme le proposait une candidate malheureuse de Bougouni, pouréviter le sentiment de frustration et de découragement de la gente féminine,les structures soucieuses de l’implication de la femme dans la gestion de lavie publique doivent maintenir aussi le contact avec celles qui n’ont pas étéélues en vue des futures échéances.5.2.4.2. Agir sur les systèmes électorauxA ce niveau, il s’agit de faire des innovations dont l’imposition de quotas defemme, des mesures incitatives pour le bon positionnement des femmes surles listes, la désignation de femmes à des postes électifs. Pour ce quiconcerne le bon positionnement des femmes, il est possible qu’il y ait unclassement en quinconce selon le sexe (un homme, ensuite une femme)pour les 5 ou 6 premiers noms de la liste. Ce classement est beaucoupplus avantageux que le quota.• l’imposition par la loi de quotas :Applicables à tous les partis politiques, les syndicats, les postesadministratifs, l’imposition du quota qui est une passerelle obligatoire pourles femmes doit être limitée dans le temps et évaluée. Mais, il doit indiquer leseuil minimum de représentation des hommes et des femmes dans lesdifférentes instances de décision.• Les quotas volontaires :Ce sont les partis, les syndicats ou autres organisations qui modifient leurrèglement pour instituer une proportion minimale de femmes candidates• L’incitation au quota :Des mesures incitatives peuvent être proposées aux partis qui s’imposentune proportion minimale de femmes candidates ou qui mettent un minimumde femme en bonne position sur les liste : par exemple, deux hommesensuite une femme pour les dix premiers noms comme dans certains paysou que le 2 ème de chaque liste soit une femme. L’observation de cesdispositions par un parti serait récompensée par une contribution despouvoirs à son budget de campagne.• Réserver un certain nombre de sièges aux femmesDans ce système, les femmes peuvent être élues ou désignées.• Développer les concepts de parité et de partenariatLa convergence des efforts de toutes les composantes de la société étantindispensable pour affronter et régler les problèmes auxquels la société estconfrontée, l’accent devrait être mis sur deux concepts complémentaires, àsavoir, celui de parité qui traduit le fait que les capacités de l’un et l’autresexe sont différentes mais néanmoins égales, et celui de partenariat quimontre qu’une dynamique créative peut s’instaurer entre l’homme et lafemme pour affronter efficacement les problèmes de la communauté. Noussuggérons donc la parité comme stratégie à long terme.


665.2.5. Les stratégies face aux causes psychologiques de ladiscriminationIci, aussi, l’information et la sensibilisation seront les premières armes. Desslogans et des modules de formations doivent être préparés pour combattrela peur de l’échec, le manque de confiance en soi, le complexe d’infériorité etaussi la misogynie de la femme et le manque de solidarité entre femmes.L’information sur les femmes promues au niveau du gouvernement et del’administration ainsi que sur les femmes élues doit être diffusée dans leszones les plus reculées et auprès des femmes les plus hésitantes. Danscertaines localités, il a été mentionné que c’est la télévision qui a servi delevain.Avec les autres projets et programmes, il doit y avoir une lutte contre lesstéréotypes dont sont victimes les femmes. Cette lutte doit se mener à tousles niveaux : écoles, centres d’alphabétisation, centres de formation, massmédias,etc.5.2.6. Stratégies dans le domaine juridiqueEn matière de stratégies d’ordre juridique pour responsabiliser les femmes etrenforcer leur pouvoir, il faut poursuivre les objectifs ci-après :- Reformer et abroger les lois discriminatoires contre les femmes (voirétude de Tornieri et Maïga) ;- Appliquer les lois judicieuses en vigueur et dont une mise enapplication correcte pourrait beaucoup bénéficier aux femmes ;- Institutionnaliser les programmes pour la connaissance des droits desfemmes afin de les familiariser avec ces droits dans le cadre des loisexistantes ;- Reformer le droit de la famille afin de mieux protéger les femmes ;- Examiner l’ensemble des lois ayant trait à la violence contre lesfemmes et les filles et proposer de nouvelles lois pour lutter contre lesnouvelles formes de violence ;- Prévoir dans la constitution nationale une commission permanente del’équité entre les sexes afin de passer en revue et de suivrel’application des lois ayant trait à ce problème.5.2.7. Stratégies face aux violences et particulièrement au harcèlementsexuel (se reporter au plan d’action de lutte contre les violences duMinistère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille)Selon l’étude faite sur les violences faites aux femmes et aux filles 20 :- Informer l’organisation corporatiste (syndicat, association, etc.)- Informer les associations de lutte contre la violence20 Béridogo Bréhima, Mme Zouboye Fatimata Dicko, Mme Djourté Fatoumata Dembélé,Fatoumata Siré Diakité : op. cit. p. 44


67- Porter plainte en veillant à avoir des preuves.Sans preuves palpables, l’action des groupes (associations) peut porterplus qu’une action individuelle.5.2.8. Un outil incontournable pour la mise en œuvre des stratégies : lesmass-médiasLa contribution des médias à l’effort de sensibilisation est cruciale. En effet,ils peuvent contribuer à :- inculquer dans les esprits que la participation de la femme à la viepublique constitue un élément essentiel de la démocratie ;- combattre les stéréotypes, les clichés négatifs ou minimisantconcernant la femme et sa volonté et ses capacités de participer à lagestion de la vie publique ;- mettre l’accent sur l’importance du rôle assumé par la femme dans lavie économique et sociale et dans le processus de développement engénéral ;- jouer un rôle important dans les efforts à déployer pour remédier auxformes de discriminations et aux préjugés à l’encontre de la femme enprésentant à l’opinion une bonne image de la personnalité féminine.Pour ce qui concerne l’obstacle psychologique à l’implication de la femmedans la vie publique, les médias doivent encourager la femme à avoirconfiance en elle-même et en ses paires, lui faire prendre d’avantageconscience de la participation de la femme à la gestion de la vie publiquel’encourager à se perfectionner et à participer activement au processus degestion et de décision.La législation malienne devrait d’ailleurs prohiber toute présentationstéréotypée de l’image de la femme dans les supports médiatiques et uneffort particulier doit être demandé aux médias d’Etat surtout qu’ils ont pourl’instant le quasi-monopole de l’audiovisuel.


685.3. RecommandationsCes recommandations s’adressent au gouvernement, aux partis politiques,aux syndicats, aux organisations non gouvernementales (ONG etAssociations) aux médias. Chacun doit jouer le rôle qui lui est dévolu pourleur mise en œuvre.5.3.1. Agir sur les bases juridiques de l’égalitéAu terme de cette étude, il apparaît qu’il serait important que le Mali, ayantconsacré dans sa loi fondamentale le principe de l’égalité, se convainqued’adopter une loi spéciale consacrant le principe de l’égalité. Ce principeétant applicable à tous les domaines d’activité, une loi spéciale doitdéterminer les diverses applications pratiques comme certains pays, tell’Ouganda, l’ont fait. Cette loi peut comporter des références à des lois déjàexistantes sur le principe de l’égalité comme l’égalité de salaire. Cette loi doitêtre élaborée en consultation avec les organisations de femmes et diversesautres organisations qui cherchent à faire prévaloir les principes d’égalité etde justice et à permettre à tout citoyen de participer pleinement à la viepolitique, économique culturelle et sociale.Il s’avère nécessaire d’instaurer un mécanisme de contrôle du respectdu principe de l’égalité consacré par la loi. Le Médiateur de la Républiquejoue déjà ce rôle, mais il faudrait le doter de moyens juridiques et desressources humaines et matériels nécessaires au bon accomplissement deson mandat.5.3.2. Agir sur la participation politiqueUne action de « conscientisation » politique doit être entreprise afin que laparticipation des femmes à la vie politique et à l’exercice de responsabilitéspolitiques et publiques soit encouragée et facilitée. L’éducation civique etpolitique permettra aux femmes de mieux connaître leurs droits et deprendre pleinement conscience de leur capacité à devenir des protagonistesdirectes de la vie publique. Pour ce faire, des ressources matérielles ethumaines suffisantes doivent impérativement être allouées à cet effet.5.3.3 Respecter le principe de l’égalité au sein des partis politiquesLes textes des partis politiques tels que ceux définissant leurs orientationsfondamentales, leurs structures et leurs règles internes doivent êtreexaminées dans le but d’en éliminer toute disposition établissantexplicitement ou pouvant justifier une discrimination à l’égard des femmes.Il en est de même, lors de l’élaboration de leurs programmes. Les partisdevraient mettre l’accent sur les bienfaits d’un partenariat actif entrehommes et femmes, lequel est fondé sur une reconnaissance de leurdifférence et de leur complémentarité. Afin que tous les militants puissentaccéder à égalité de chance aux instances de décision, les partis politiques


69doivent prendre des dispositions pour offrir aux femmes et aux hommesprésentant les qualifications égales des chances égales.5.3.4. Déterminer des objectifs et fonctions des branches féminines despartis politiquesEn terme de recommandations spécifiques, les branches féminines des partispolitiques devraient avoir entre autres objectifs et fonctions,- de constituer un lieu de débat pour les problèmes particuliersrencontrés par les femmes dans le cadre de leurs activités liées auparti ;- d’organiser des activités de base visant à rendre les femmes etnotamment, les femmes les moins instruites conscientes de leursdroits civils et politiques et de l’importance et des effets de leurparticipation active à la vie publique ;- de préparer les femmes, y compris les moins instruites d’entres elles àprendre part aux consultations électorales en les informant des enjeuxet des modalités pratiques du déroulement de la consultation ;- de former les femmes pour qu’elles se présentent aux élections locales,communales et nationales. Cette formation pourrait comprendre descours de formation aux divers aspects d’une campagne électorale et lapréparation aux contacts avec les médias comme la CAFO a eu à lefaire en 1996 ;- de constituer des réseaux d’appui aux femmes candidates puis à cellesqui sont élues.5.3.5. Prendre des dispositions pour assurer la participation auxactivités du partiIl serait avantageux que les partis politiques, à tous les niveaux de leursstructures, ouvrent un débat démocratique sur l’opportunitéd’aménagements particuliers destinés à faciliter la participation des femmesaux réunions et autres activités du parti aussi bien qu’aux activités relevantdu domaine de la vie privée. Les quelques aménagements à retenir seront lessuivants :- aménager des horaires de réunion de sorte qu’elles ne coïncident pasavec l’heure à laquelle une attention prioritaire est normalementaccordée aux enfants et à la famille ;- aménager des garderies pour les enfants, garderies mises à dispositionà titre gracieux ou à coût modique ;- fixer et respecter un horaire de début et de fin de réunion, indiqué àl’avance dans la convocation de la réunion.5.3.6. Prendre des dispositions pour assurer une répartition équitabledes responsabilités au parlementSi l’on se réfère aux dernières élections des membres du bureau del’Assemblée Nationale (2004-2005) qui ne comprend qu’une femme contredix (17) hommes, il serait souhaitable, sinon recommandée fortement que


70des initiatives soient prises pour arriver à assurer une répartition équitabledes responsabilités au parlement. Le bureau du parlement et les groupesparlementaires devraient être rendus attentifs à la nécessité d’assurer unerépartition équitable des postes au parlement entre les hommes et lesfemmes.Enfin, les groupes inter-partis de femmes doivent se créer. L’avantage estque, à titre transitoire, jusqu’à ce qu’un meilleur équilibre ait été atteint, ence qui concerne la répartition des sièges entre hommes et femmes auparlement, la constitution d’un groupe inter-partis informel de femmesparlementaires peut servir à promouvoir la prise en compte des points devue des législatrices en ce qui concerne la définition des priorités, laformulation des lois et la répartition des postes à promouvoir.5.3.7. Recommandations spécifiques de l’atelier de validation- Prioriser des actions ou des tâches concernant le facteur temps ;- Elaborer de nouvelles stratégies de communication pour lechangement de comportement envers l’égalité des sexes ;- Renforcer les compétences du personnel des départements sectorielsdans le domaine de l’intégration de démarche soucieuse d’égalité entreles sexes dans les politiques et programmes ;- Encourager et mettre en place des programmes d’activitésopérationnelles visant à accroître au niveau national, la sensibilisationdes populations au problème de l’inégalité des sexes ;- Mettre en place un mécanisme de suivi-éducation et deresponsabilisation chargé d’évaluer les résultats des politiques etstratégies soucieuses d’égalité entre les sexes.


71-Conclusion :La question de la Promotion ou de l’Epanouissement de la Femme a toujoursété au cœur des débats depuis de longues dates. C’est pourquoi, depuis laDéclaration Universelle des Droits de l’Homme qui stipule que toutepersonne a le droit de prendre part à la direction des affaires publiques deson pays jusqu’à la Proclamation en 1980 par les Nations Unies de laDécennie de la Femme et sa première évaluation en 1985, la communautéinternationale, les décideurs, la société civile et les femmes elles-mêmes ontcherché à sortir des visions étriquées ou globales de la question pours’acheminer vers des solutions plus concrètes et plus féministes.C’est avec la Déclaration et le Plan d’action de Beijing en 1995 qui étaientune évaluation des Stratégies Prospectives de Nairobi pour la Promotion dela Femme, que des mesures à court, moyen et long terme ont été prises pouraccélérer l’égalité d’accès et la pleine participation des femmes auxstructures du pouvoir et à la prise de décision à l’échelle internationale,régionale, sous-régionale et nationale.Le Mali, quant à lui, depuis les années de la colonisation jusqu’auxpremières années de l’indépendance, a commencé à souscrire aux différentsinstruments internationaux, a cherché à poser des actes timides, mais deplus en plus significatifs au fil des années dans le domaine de laparticipation de la femme à la vie publique. C’est ainsi que le Mali est passéde une ou deux femmes dans les hautes sphères politiques à environquelques trois, quatre ou cinq dans l’administration à des postes trèssignificatifs pour aboutir à quelques centaines aujourd’hui.C’est pourquoi, tout au long de cette étude, le constat a été que c’est laTroisième République, avec l’émergence de la démocratie, du pluralismepolitique et syndical et de l’Etat de droit, qui, malgré les réticencessocioculturelles et le déficit de ressources, a fait un effort sans précédentpour l’implication de la femme dans la gestion de la vie publique.Cet effort très fragile a besoin d’être soutenu par des actions de tous, desfemmes elles-mêmes, des organisations de la société civile, des partispolitiques, des gouvernements mais surtout par une volonté politiqueconjuguée de traduire en actes qualitatifs le discours politique. Pour ce faire,il faudrait aussi revisiter les textes de lois maliens pour une harmonisationlégislative avec les différentes conventions ratifiées ou en cours deratification favorables aux femmes. Les efforts des chefs d’Etat africains auniveau de l’Union Africaine et d’autres organisations sous-régionales doiventse concrétiser au niveau des Etats en actes et mesures législatives.Les stratégies et les recommandations proposées par cette étude à court,moyen et long terme doivent être traduites dans un plan de programmationdes actions à mener ou de mise en œuvre. Ce plan aura un objectifgénéral, des objectifs spécifiques, identifiera les différents acteurs, lesmoyens, les indicateurs de suivi et d’évaluation et les résultats attendus ouobtenus à court, moyen et long terme.


72Enfin, « une gestion et une administration transparente et responsable et undéveloppement durable dans tous les domaines ne seront possibles que si lesfemmes ont plus de pouvoir d’action et plus d’autonomie et si elles jouissentd’une meilleure situation sociale. Une participation égale des femmes et deshommes à la prise de décision, établira un équilibre qui correspondra mieux àla composition de la société, ce qui est nécessaire au renforcement de ladémocratie et à son fonctionnement 21 »21 Programme d’action de Beijing : objectifs stratégiques et mesures à prendre. Point G : les femmes et la prisede décision


73Annexe 1 : Bibliographie Documents du Ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant etde la Famille- Catalogue, Documentation sur la femme, Projet d’Appui à la Promotiondes Femmes et à l’allègement de la Pauvreté (PAPF – AP), Centre dedocumentation et d’information sur la femme, Bamako, 2000.- Centre National de Documentation et d’<strong>Information</strong> sur la Femme etl’Enfant, avec l’appui financier de l’USAID : Répertoire des femmesentrepreneurs du Mali, Bamako, Imprim clor, sans date d’édition.- Deuxième, troisième, quatrième et cinquième Rapports périodiques duMali sur la mise en œuvre de la Convention sur l’Elimination de toutesles Formes de Discrimination à l’Egard des Femmes, pour la période1990 – 2002, Bamako, décembre 2003- Etude analytique sur le statut de la femme au Mali 5 ans après laconférence de Beijing- Etude analytique sur le statut de la femme et la loi au Mali, réaliséepar Francesco TORNIERI et Soyata MAÏGA, décembre 2001.- Guide genre pour la prise en compte des femmes dans les projets etprogrammes de développement, Programme d’appui à la promotion desfemmes, ML009201, octobre 2001- Niveau actuel d’accès des femmes rurales à la terre, Programmed’Appui à la Promotion des Femmes, édité avec l’appui technique etfinancier du Programme d’Appui au Renforcement de l’EquitéHommes/Femmes, MPFEF – PNUD – PAREHF MLI/00/002, Août 2001- Plan d'action national de 03 mois en 1998 ;- Plan d'action pour la promotion des femmes (1996 - 2000) ;- Politique et plans d’action pour la promotion de la femme, de l’enfantet de la famille, 2002 – 2006.- Rapport de mission de la 49 ème session de la condition de la femme,New York 2005, Evaluation décennale de la mise en œuvre de la Plateformede Beijing+10, mars 2005- Répertoire des femmes élues du Mali, Projet d’Appui à la Promotiondes Femmes et à l’allègement de la Pauvreté (PAPF – AP), CentreNational de documentation et d’information sur la femme, Bamako,juin 2003- Situation des femmes au Mali, cinq ans après la conférence demondiale de Beijing, rapport national, Beijing + 5, juin 2000- Stratégies nationales d’intervention pour la promotion des femmes,janvier 1994 Documents des Nations Unies- 5 ans après Beijing : quels efforts ont été consentis pour les femmesafricaines ? l’émancipation politique de la femme, octobre 2001- Conférence internationale sur la population et le développement, LeCaire (Egypte) 5 – 13 septembre 1994- Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination àl’égard des femmes


74- Déclaration d’Abuja sur le développement participatif : rôle de lafemme africaine au cours des années 90, 6 – 10 novembre 1990- Le Pacte International sur les Droits civils et Politiques- Le plan d’action africain pour accélérer la mise en œuvre duprogramme d’action de Beijing et de la plate-forme d’action de Dakarpour la période 2000 – 2004, sixième réunion régionale africaine,novembre 1999- Le plan d’action de Beijing (4è conférence Mondiale sur les femmes)- Le Plan d’action de Lagos et l’acte final de Logos (1980)- Les femmes en l’an 2000 : égalité entre les sexes, développement etpaix pour le 21èsiècle- Les stratégies prospectives d’action de Nairobi pour la promotion de lafemme d’ici l’an 2000, 15 – 26 juillet 1985- Plate-forme Africaine d’Action, Position commune africaine pour lapromotion de la femme, adoptée à la cinquième conférence RégionaleAfricaine sur les femmes, Dakar, Sénégal, 16 – 23 novembre 1994- Programme d’action de Beijing : objectifs stratégiques et mesures àprendre. Point G : les femmes et la prise de décision- Rapport d’évaluation de la Plate-forme de Beijing 10 après- Rapport d’Evaluation de la Plate-forme de Beijing 5 ans après. Juin2000- Rapport de la quatrième conférence mondiale sur les femmes, Beijing,4 - 15 septembre 1995- Rapport sur la condition de la femme au Canada, 2004- Résolution adoptée par l’Assemblée générale : nouvelles mesures etinitiatives pour la mise en œuvre de la Déclaration et du Programmed’action de Beijing, 10 juin 2000Document de l’Union interparlementaire :- Femmes, Que fait l’Union interparlementaire ? Genève 1997Ouvrages édités, articles et rapports de consultation- Anonyme : Discrimination à l’égard des femmes et le comité, sérieDroits de l’Homme, Fiche d’information n°22, Campagne mondialepour les droits de l’homme, Centre pour les droits de l’homme, N°4,Génève et New York, 1995- Béridogo B. : Les activités de la femme rurale et sa participation auprogramme d'alphabétisation dans la zone d'intervention O.H.V.,Bamako, document renéotypé, Décembre 1985- Béridogo B. : « Femmes rurales et innovations techniques : cas duProjet Moulin au Mali », in Bulletin de l’APAD (13), p. 51 - 61- Béridogo, B. : « Le régime des castes et leur dynamique au Mali »,Recherches Africaines, annales de la Faculté des Lettres, Langues,Arts et Sciences Humaines, N°00, p 21, 2002, Université de Bamako- Béridogo Bréhima, Mme Zouboye Fatimata Dicko, Mme DjourtéFatoumata Dembélé, Fatoumata Siré Diakité : Les violences faitesaux femmes et aux filles avec identification des axes prioritairesd'intervention à court, moyen et long terme de lutte contre les


75violences faites aux femmes et aux filles, Ministère de la promotion dela Femme, de l’Enfant et de la Famille, rapport définitif Février 2002- Béridogo B. et Koch R. : Projet MOPOD II, Revue opérationnelle,rapport final, Agence Canadienne de Développement International,Janvier 2002- Bissiliat, J. et Fieloux, M. : Femmes du tiers-monde et travailquotidien, Paris, l’harmattan, 1999,367 pages.- Bozon, M. : « Pékin : Utilités et limites d’une conférence mondiale »,Chroniques du CEPED, n°19, 1995,- Boye, A. K. (sous la direction de) : condition juridique et sociale de lafemme dans quatre pays du Sahel : études et travaux de l'USEB, N°9,décembre 1987.- Comité Malien de la fondation d’Afrique et Culture – Mémorial deRufisque : 1999 Les associations féminines au Mali, Bamako, Jamana- Conac, G. : L’Afrique en transition vers le Pluralisme politique, Paris,Economica, 1990- Coulon, C. : Les Afriques Politiques, Paris, La découverte, 1991- De Beauvoir Simone : Le deuxième sexe, tome 1 et 2, Paris,Gallimard, 1949- Desalmand P. : L’émancipation de la femme en Afrique et dans lemonde, Abidjan – Dakar, Nouvelles éditions africaines, 1977- Keita Aoua : Femme d’Afrique, la vie d’Aoua racontée par elle-même,Paris, présence africaine, 1975 397pages.- Konaré Bâ, A. : Dictionnaire des femmes célèbres du Mali, Bamako,Jamana, 1993, 520pages.- Lénine : Le rôle de la femme- Sembène Ousmane : Les bouts de bois de Dieu », Paris, EditionsPresses Pocket mémoires de maîtrises et de DEA de l’Université de Bamako- Dabo, Kadidia. : La femme dans l’arène politique malienne : cas de lacommune III du District de Bamako, mémoire de maîtrise, FLASH,2001- Dakouo, Germaine : Stratégie de conquête du pouvoir par les femmesdans le cadre de la décentralisation au Mali à travers l’expérience desfemmes maires de Baye et de Yognogo, mémoire de maîtrise, FLASH,Bamako, 2003- Diarra, Cheick Abdel Kader : Commune rurale et leadership féminin,l’exemple de Markala, ISFRA, DER des sciences humaines et sociales,2000, 77 Pages.- Nadio, Aïssata : Femme et enjeux de pouvoir dans le cadre de ladécentralisation, ENSUP, DER-Psycho-Péda, Bamako, 1997, 56 pages.- Sall, Lalla : Femme, pouvoir et décentralisation au Mali : cas desfemmes maires des communes rurales, mémoire de maîtrise, FLASH,Bamako, 2002- Sissoko née Doumbia, Habibatou : L’actrice politique dans lesreprésentations mentales à Bamako, ENSUP, DER-Psycho-Péda.,Bamako, 1998, 55 Pages.


76- Yattara, Balkissa : Contribution du Musée Musokunda à la promotionde la femme, bilan et perspectives, mémoire de maîtrise, FLASH,Bamako, 2004


77Annexe II. : Les termes de référenceTERMES DE REFERENCEDe l’Etude sur la Participation des Femmes à la Vie Publique au MaliContraintes et stratégies pour améliorer la situation.JustificationAu Mali les femmes, ont toujours été des actrices importantes dudéveloppement socio-économique à travers l’histoire de part leurparticipation aux activités dans tous les domaines. Elles ont largementcontribué tous les changements positifs majeurs intervenus dans la vie de lanation.Paradoxalement la place qui leur est faite dans l’exercice des responsabilitéset de la prise de décision dans la conduite des affaires publiques tant auxniveaux local, régional que national demeure très limitée. Il en est de mêmeau niveau communautaire."Comme le disent certains, elles servent d’escalier aux hommes politiquespour grimper au sommet" (à la direction des affaires).Il s’avère qu’à cause du poids des travaux domestiques, du faible accès àl’éducation formelle et non formelle, du manque de confiance en ellesmêmes,les femmes ont des difficultés à se forger une place de choix dans lavie publique notamment dans l’arène politique.Celles qui sont instruites et qui ont confiance en elles-mêmes, sont souventconfrontées à des pesanteurs sociales au niveau de leur famille, de leurspartis politiques, de leurs communautés.Malgré toutes ces réticences certaines femmes accèdent à des postes dehautes responsabilités, mais très souvent au prix d’énormes sacrifices, deconcessions et compromis particuliers auxquels les hommes sont rarementsoumis.Ces constats suscitent chez de nombreux observateurs soucieux desconditions et du statut des femmes les interrogations suivantes :- Pourquoi cette discrimination à l’encontre des femmes maliennespersiste-t-elle malgré leur combat en vue d’assurer un meilleurdéveloppement socio-économique de notre pays conjugué aux effortsde développement de l’état et des Institutions Internationales ?- Comment cette situation a-t- elle évolué ces dix dernières années ?- Comment pourra-t-elle être améliorée ?


78- Quelles stratégies pourraient-elles être développées pour que lesfemmes puissent jouir pleinement de leur statut de citoyen à partentière en bénéficiant des fruits de leurs efforts à la hauteur de leurcontribution à la vie publique de la nation ?C’est pour mieux analyser cette problématique qui constitue une grandepréoccupation pour les femmes du Mali et particulièrement les organisationsde femmes ainsi que le Ministère de la Promotion de Femme, de l’Enfant etde la Famille que le <strong>RECOFEM</strong> commandite la présente étude dont lesobjectifs et le contenu sont ci-dessous indiqués.Objectifs Global :Contribuer à l’amélioration de la participation des femmes à la vie publiqueau Mali.Objectifs Spécifiques :- Procéder à une analyse de la situation de la femme au Mali après lesévènements de mars 1991 et l’avènement du multipartisme.- Disposer des données statistiques désagrégées sur la situation desfemmes dans le domaine concerné.- Identifier les obstacles à la participation des femmes à la vie publiqueau Mali.- Proposer des mesures pour assurer l’égalité des chances dans l’accèsdes hommes et des femmes aux postes de responsabilité et auxopportunités de prises de décisions pour une participation effective etefficiente des femmes à la vie publique au Mali.Résultats Attendus :- <strong>RECOFEM</strong> dispose de données quantitatives sur la situation socioéconomiquedes femmes et notamment leur niveau de participation àla vie publique durant les dix dernières années.- <strong>RECOFEM</strong> dispose d’une analyse objective de la problématique de laparticipation de la vie publique.- Les acquis, les obstacles et les enjeux liés à la participation desfemmes à la vie publique sont identifiés.- Des mesures sont recommandées pour de meilleures chances pour lesfemmes d’accéder à la vie publique.Contenu de l’étude :L’étude s’intéressera à tous les points d’investigation pertinents pouratteindre les objectifs. A cet effet les éléments qui suivent ne sont pasexhaustifs.


79- Analyse du statut de la femme en général et de son évolution sur lesdix dernières années au Mali ;- Le point sur la situation actuelle de la participation des femmes à lavie publique ;- Analyse des enjeux de la participation des femmes à la vie publique ;- Analyse des acquis et des obstacles à cette participation ;- Analyse des progrès et changements opérés ;- Analyse des facteurs qui ont favorisé le changement aux niveauxfamilial, communautaires, national et suggestions pour mieux lescomprendre et les développer pour accélérer le processus duchangement ;- Propositions de stratégies et ou plan d’actions concrètes et spécifiquespouvant contribuer à la réalisation de progrès significatifs en matièrede participation des femmes à la vie publique au Mali.Méthodologie, Profil du Consultant, Durée de l’étudeLa méthodologie est laissée à l’appréciation des consultants qui devraientutiliser toutes les stratégies (techniques ; outils) nécessaires pour atteindreles objectifs de l’étude.L’étude sera menée en milieu rural et urbain pour qu’elle puisse intégrerdans son analyse les situations concernant l’ensemble du pays.La situation sera étudiée selon différentes zones socioculturelles et pourdifférentes catégories sociales et économiques de femmes du Mali. Unéchantillon représentatif sera constitué à cet effet.- L’équipe procédera à une revue documentaire.- Elle visitera des structures d’appui et des organisations des femmes.- Des enquêtes sur le terrain seront menées auprès des leaders etmembres d’association, des responsables et militantes des partispolitiques etc.- En fin, elle procédera à l’analyse des résultats- Un atelier de validation des résultats de l’étude sera organisé.Les consultants doivent avoir un diplôme d’études universitaires ouéquivalent ; des compétences et expériences professionnelles dans les étudeset recherches et en genre et développement.


80Les bureaux d’études, les organisations non étatiques peuvent postuler ainsique les consultants privés.Les organisations féminines seront prioritaires en cas d’égalité de qualitédes propositions. La collaboration au sein d’une équipe pluridisciplinaire etcomposée d’un homme et d’une femme sera bien appréciée comme stratégiepertinente pour la collecte et l’analyse des données.La durée prévue de l’étude est quarante cinq (45) jours. <strong>RECOFEM</strong> assurerale transport des consultants pour les besoins de l’étude.Le rapport d’étude sera remis à <strong>RECOFEM</strong> en deux (02) copies dures et uneélectronique.L’offre technique devra comprendre au moins :- la compréhension du mandat ;- la méthodologie à utiliser ;- le CV du consultant.Trois (03) exemplaires du dossier avec un (01) original et deux (02) copiesavec mention «Offre technique et financière» seront déposés sous plisfermés au plus tard le lundi 24 octobre 2005 à 10h.Bamako, le 30 septembre 2005LA COORDINATRICEMme COULIBALY Assitan GOLOGO


81Annexe III : L’Offre TechniqueIntroduction :Depuis la proclamation, à Mexico en 1975, de l’Année Internationale de laFemme, suivie de la Décennie des Nations Unies pour la Femme (1976-1985), l’amélioration du statut des femmes et de leurs conditionsd’existence, l’égalité entre homme et femme, l’équité, la parité, le genre, etc.sont devenus des volets incontournables de tous les discours, programmeset déclarations sur la question du développement.Durant la décennie de la femme, c’est l’approche des femmes audéveloppement (IFD) qui a prévalu. Mais depuis quelques années, l’approche" acquisition du pouvoir" (empowerment approach) est venue renouveler laproblématique des années 70 – 80. Il s’agit de remettre en cause les rapportsde pouvoir historiquement et socialement valorisés entre hommes et femmespour améliorer la situation et promouvoir l’égalité.Selon M. Bozon, « L’objectif d’un empowerment des femmes, terme difficile àtraduire, qui exprime à la fois le renforcement du pouvoir politique, l’autonomieéconomique, la capacité à exercer pleinement des droits juridiquementreconnus et la maîtrise de la destinée, n’est pas une simple exigence de justicemais un moyen et une garantie de l’efficacité dans la lutte pour ledéveloppement et contre la pauvreté » 1Le Mali n’est pas demeuré en reste par rapport à cette dynamique, surtout,depuis l’avènement du pluralisme politique avec la Troisième République. Etla présente étude se situe dans cette optique1. La compréhension du mandatLa lecture des termes de référence montre qu'il s'agit d'une étude qualitativeet quantitative pour identifier et analyser la discrimination à l’encontre desfemmes maliennes dans la participation à la vie publique, notamment dansl’exercice des responsabilités et de la prise de décision dans la conduite desaffaires publique tant au niveau local, régional que national. Elle estqualitative en ce sens qu’il s’agit de comprendre et analyser la situation de lafemme, l’évolution de sa participation à la vie publique, les obstacles à cetteparticipation et de faire des propositions pour améliorer cette situation. Elleest aussi quantitative en ce sens qu’il s’agit de fournir des donnéesstatistiques avec lesquelles l’analyse sera sous-tendue.L’étude doit donc faire l’état des lieux pour ce qui concerne la participationde la femme malienne à la vie publique depuis les évènements de 1991. Cefaisant, il y aura une analyse de la situation de la femme au Mali depuislesdits événements : statut, rôles, facteurs de changement, progrès sur leplan juridique et législatif. Et dans la même optique l’étude fournira desdonnées statistiques sur la participation de la femme à la vie publique :1 M. Bozon : « Pékin : Utilités et limites d’une conférence mondiale », Chroniques du CEPED, n°19, 1995,pp. 4 - 6


82postes de responsabilité occupés depuis 1991 en comparaison avec ceuxoccupés par les hommes.Par ailleurs, les causes de la discrimination et les obstacles à la participationdes femmes à la vie publique seront identifiées et analysées.L’étude dégagera aussi des voies et moyens pour améliorer la participationdes femmes à la vie publique (accès aux postes de responsabilité) et pourleur offrir de plus grandes opportunités de prises de décision.2. La méthodologieNotre méthodologie comporte quatre grandes étapes, soit la préparation(recherche documentaire, confection des outils, etc.), la collecte des données(l'enquête de terrain), l'analyse des données et la rédaction du rapport final.Comme ci-dessus mentionné, la nature de l'étude exige une recherchequalitative et quantitative.2.1. La recherche documentaire :Elle consistera à analyser la documentation (rapports, textes administratifs,tout autre document) disponible, relative d'une part à la participation de lafemme à la vie publique de manière générale et de manière particulière auMali et d'autre part aux conditions de la femme dans les localités étudiées.Dans un premier temps, il s'agira des documents ci-après : Les documents du Ministère de la Promotion de la Femme, del’Enfant et de la Famille- Politique et plans d’action pour la promotion de la femme, de l’enfantet de la famille, 2002 – 2006.- Le plan d'action pour la promotion des femmes (1996 - 2000) ;- Le plan d'action national de 03 mois en 1998 ;- les stratégies d’intervention pour la promotion de la femme- Etude analytique sur le statut de la femme au Mali 5 ans après laconférence de Beijing- Rapport du Mali 10 ans après la conférence de Beijing Les travaux des associations et ONG (Centre Djoliba, COFEM, APDF,CAFO, AJM, etc.) ; Des documents des Nations Unies- Les stratégies prospectives de Nairobi pour l’émancipation de la femmed’ici l’an 2000- La Plate-forme Africaine d’Action de Dakar (5 ème conférence RégionaleAfricaine sur les femmes)- Le plan d’action de Beijing (4è conférence Mondiale sur les femmes)- Rapport d’Evaluation de la Plate de Beijing 5 ans après. Juin 2000« les femmes en l’an 2000 : égalité entes les sexes, développement etpaix pour le 21èsiècle


83- Rapport d’évaluation de la Plate de Beijing 10 après- La convention sur l’élimination de toutes les formes de discriminationà l’égard des femmes.- Le Pacte International sur les Droits civils et Politiques- Le Plan d’action de Lagos et l’acte final de Logos (1980) Les documents relatifs aux différentes conférences mondiales sur lesfemmes (Nairobi, Mexico, Arusha etc.) Des ouvrages édités- Bissiliat, J. et Fieloux, M. : Femmes du tiers-monde et travailquotidien, Paris, l’harmattan, 1999,367 pages.- Bozon, M. : « Pékin : Utilités et limites d’une conférence mondiale »,Chroniques du CEPED, n°19, 1995,- Boye, A. K. (sous la direction de) : condition juridique et sociale de lafemme dans quatre pays du Sahel : études et travaux de l'USEB, N°9,décembre 1987.- Comité Malien de la fondation d’Afrique et Culture – Mémorial deRufisque : 1999 Les associations féminines au Mali, Bamako, Jamana- Conac, G. : L’Afrique en transition vers le Pluralisme politique, Paris,Economica, 1990- Coulon, C. : Les Afriques Politiques, Paris, La découverte, 1991- Keita Aoua : Femme d’Afrique, la vie d’Aoua racontée par elle-même,Paris, présence africaine, 1975 397pages.- Konaré Bâ, A. : Dictionnaire des femmes célèbres du Mali, Bamako,Jamana, 1993, 520pages.- Lénine : Le rôle de la femme dans la société, Ed agence de la p Des mémoires de maîtrises et de DEA de l’Université de Bamako- Dabo, Kadidia. : La femme dans l’arène politique malienne : cas de lacommune III du District de Bamako, mémoire de maîtrise, FLASH,2001- Dakouo, Germaine : Stratégie de conquête du pouvoir par les femmesdans le cadre de la décentralisation au Mali à travers l’expérience desfemmes maires de Baye et de Yognogo, mémoire de maîtrise, FLASH,Bamako, 2003- Diarra, Cheick Abdel Kader : Commune rurale et leadership féminin,l’exemple de Markala, ISFRA, DER des sciences humaines et sociales,2000, 77 Pages.- Nadio, Aïssata : Femme et enjeux de pouvoir dans le cadre de ladécentralisation, ENSUP, DER-Psycho-Péda, Bamako, 1997, 56 pages.- Sall, Lalla : Femme, pouvoir et décentralisation au Mali : cas desfemmes maires des communes rurales, mémoire de maîtrise, FLASH,Bamako, 2002- Sissoko née Doumbia, Habibatou : L’actrice politique dans lesreprésentations mentales à Bamako, ENSUP, DER-Psycho-Péda.,Bamako, 1998, 55 Pages.


84- Yattara, Balkissa : Contribution du Musée Musokunda à la promotionde la femme, bilan et perspectives, mémoire de maîtrise, FLASH,Bamako, 2004La recherche documentaire permettra de répondre en partie à des questionsposées dans les termes de référence, donc de disposer de données nouspermettant de mieux comprendre la question de la femme grâce à desanalyses déjà faites ailleurs et au Mali, de disposer de données statistiquessur la participation de la femme malienne à la vie publique et aussi deprendre en compte des propositions déjà faites pour une plus grandeimplication de la femme à la vie publique ailleurs et au Mali.2.2. Les données à collecter :Que rechercher dans les documents ? Que demander aux composantes del’échantillon sur la participation de la femme à la vie publique ?Les données recueillies dans les documents et sur le terrain doivent nouspermettre de disposer de données statistiques et de faire des analyses en vuede comprendre la situation de la femme, l’évolution de sa participation à lavie publique, les obstacles à cette participation et de faire des propositionspour améliorer cette situation à court, moyen et long terme dans le rapportfinal.Il s'agira de rassembler les indices des variables à partir des indicateurs desvariables extraites ou en relation avec la problématique et les hypothèses derecherche. Les principales pistes de recherches sont les suivantes :2.2.1 L’état des lieux : situation de la femme au Mali après les évènements de 1991• dynamique du statut et des rôles dans la société• Changements et facteurs de changement,- progrès sur le plan juridique et législatif- progrès dans l‘accès aux postes de responsabilité, auxcentres de décision : plan communautaire, local, régionalet familial- développement de la prise de conscience chez les femmes- renforcement des capacités de la femme- facteurs de production- facteurs institutionnels- facteur associatif,- facteurs politique- environnement international-• enjeux de la participation de la femme à la vie publique- enjeux politiques- enjeux économiques- enjeux socioculturel et psychologiques


85 Données statistiques sur la participation de la femme à la viepublique : postes de responsabilité occupés depuis 1991• niveau gouvernemental• services déconcentrés de l’Etat : directions nationales etrégionales, haut cadres de l’administration• officiers supérieurs de l’armée et des forces de sécurité• administration et commandement• représentations diplomatiques et consulaires• organismes internationaux• élues : conseillers municipaux, haut conseil des collectivités,maires, députés, responsabilités au niveau des mairies, du hautconseil des collectivités et de l’assemblée nationale.• Professions libérales : avocats, notaires, femme chef d’entreprise,commerce de gros, l’importation et l’exportation, etc.• Société civile : domaine associatif, présence dans lesinterventions de la société civile• Etc.2.2.2. Les causes de la discrimination et les obstacles à la participation des femmes àla vie publique• Culture (perception et statut, résistances masculines)• Organisation sociale et distribution des rôles• Religion• Histoire• Faiblesse économique de la femme• Vides et lacunes juridiques• Insuffisance de prise de conscience• Faiblesse des associations et ONG féminines2.2.3. Les voies et moyens pour améliorer la participation des femmes à la viepublique : accès aux postes de responsabilité et plus grandes opportunités de prises dedécision.Comment agir sur les causes ? Que proposer ?Telles seront les orientations que vont prendre les recherches à ceniveau.Ces pistes de recherche ne sont pas figées. Ce sont des directions que larecherche compte prendre. Elles peuvent se modifier et vont s’enrichir avecl’exploitation de la documentation et l’enquête de terrain.2.3. Outils de recherche :L'enquête utilisera l'entretien semi-directif pour la collecte des données deterrain. Cet entretien sera sous-tendu par un guide d'entretien articuléautour des variables et indicateurs de variables se dégageant des pistes derecherche ci-dessus dégagées.Les histoires de vie seront aussi utilisées pour comprendre lescheminements individuels, les obstacles spécifiques (sacrifices, concessions,


86compromis, etc.) qui se dressent devant certaines femmes pour accéder à despostes de hautes responsabilités.La collecte des données quantitatives se fera surtout avec l’exploitation desdocuments des institutions.2.4. L'enquête de terrain :En plus de la recherche documentaire, une partie de l’étude se fera sur leterrain auprès des institutions, des structures sociales (Associations et ONG)et de personnes ressources.2.4.1. Les besoins :Les personnes ressources :Le travail sera effectué par deux consultants et sept (7) enquêteurs ayant,chacun au moins une maîtrise en sciences sociales et maîtrisant si possiblela langue de la localité où ils doivent mener l’enquête.Besoins matériels :• Comme indiqué dan les termes de référence, la logistique pourse rendre sur les sites de recherche est à la charger ducommanditaire.2.4.2. Les sites :La situation varie-t-elle selon les zones socioculturelles ? Pour éviter le biaisculturel les enquêtes de terrain se dérouleront dans les régions de Kayes,Sikasso, Ségou, Mopti, Tombouctou, Gao, Kidal et le district de Bamako.2.4.3. L'échantillon :L'échantillon prendra en compte les variables diversité socioculturelle etsocioprofessionnelle, Les sites ci-dessus choisis prendront en compte ladiversité socioculturelle. Pour ce qui concerne la diversitésocioprofessionnelle l’enquête prendra en compte l’exercice des postes deresponsabilité à partir des nominations et des élections, la participation à lavie publique dans le cadre des professions libérales, de la société civile, etc.L’enquête se mènera donc auprès :• des associations et ONG féminines luttant pour une plusgrande implication de la Femme à la vie publique ;• des institutions de la République : Assemblée nationale, hautconseil des collectivités, des ministères ;• de femmes occupant ou ayant occupé de hautesresponsabilités au niveau des structures étatiques, del’assemblée nationale, de la société politique (les partispolitiques) de la société civile ou des professions libérales. Endehors des leaders, des femmes ayant pignon sur rue auniveau des professions libérales seront aussi interrogées. (lataille de l’échantillon sera fixée en fonction du nombre defemme par secteur, donc ce sera un échantillon par quota) ;


87Selon les sites :Dans les chefs-lieux de région retenus des données disponibles serontcollectées sur toutes les régions et des cercles représentatifs seront choisispour cerner les spécificités locales. Ainsi,A Kayes, l'enquête se mènera à Kita à dominance ethnique malinké et àNioro à dominance ethnique SoninkéA Sikasso, elle se mènera dans les cercles de Bougouni à dominanceethnique bambara, de Kadiolo à dominance ethnique Sénoufo et de Yorossoà dominance ethnique Minianka et Bwa.A Ségou, elle se mènera dans les cercles de Ségou et San à dominanceethnique bambara et de Tominian à dominance ethnique Bwa.A Mopti, elle se mènera dans les cercles de Bandiagara à dominanceethnique Dogon, de Mopti et Ténenkou à dominance ethnique Peulhe.A Tombouctou elle se mènera dans les cercles de Tombouctou à dominanceethnique Sonrhaye, arabe et maure, de Diré et de Gourma-Rharous àdominance ethnique SonrhayeA Gao, elle aura lieu dans le cercle de Gao à dominance ethnique SonrhayeA Kidal, elle se mènera dans le cercle de Kidal à dominance ethniqueTouarègue.A Bamako : l’enquête se mènera dans les 6 communes du District surtout auniveau des mairies, institutions de la République, des services publics, desétats-majors des partis politiques ceux des associations et ONG, etc.2.5. L'analyse des données :Comment se servir des données recueillies pour atteindre les buts etobjectifs de l'étude, obtenir les résultats attendus ?Les hypothèses, formulées à partir des questions de recherches et desrésultats attendus, seront testées par une description et une agrégation desdonnées.Il y aura une analyse des relations entre variables et une comparaison desrésultats obtenus selon les zones socioculturelles, les différentes catégoriessocioprofessionnelles, etc.2.6. Chronogramme et durée de l'étudeLa durée totale de l'étude est de quarante cinq (45 jours) dont quinze jours(15) jours d'enquête de terrain. Les dates de début et de fin de contrat sontlaissées à la convenance des commanditaires.


88Annexe IV : Les femmes à l’Assemblée nationale sous la TroisièmeRépublique (sources : Répertoire des Femmes élues du Mali et 2 ème , 3 ème et4 ème rapports périodiques du Mali sur la mise en œuvre de la Convention surl’Elimination de toutes les Formes de Discrimination à l’Egard des Femmespour la période 1990 - 2002)Législative Années Nombre de députés Prénom et nom Circonscriptionélectorale1 èrelégislative2 èmelégislative3 èmelégislative1992-19971997-20022002-2007Total femme % fe116 3 2,58 -Victorine Dakouo-Kané Nana SanouKounandji Nana Gadjilaye147 18 2,43 -Traoré Oumou Traoré-Fofana Fatoumata Sylla-Touré Djénéba Samaké-Haby Doucouré-Diarra Awa Ouattara-Telly Lalla Dansira-Samaké SalimataDagno-Bata Traoré-Touré Safiatou Touré-Niang Tata Koné-Bâ Oumou Sangaré-Diallo Djénéba Diakité-Sissoko Aminata Sy-Dagnoko Fanta Traoré-Sissoko Flatènè Diarra-Coulibaly KadiatouSamaké-També Saran Sangaré-Bintou Sanankoua147 15 3,65 -Traoré Oumou Traoré-Minata Diarra-Mariam Togola-Sidibé Korian SidibéSaran SangaréHaby Doucouré-Diarrah Traoré-Fatoumata Niambaly-Oulématou Tamboura-Diénéba Diarra-Sangaré Oumou Bâ-Dicko Djénéba Cissé-Fanta dite MathiniDiarra-Touré Kani Sangaré-Adam Aïssa DialloTominianKatiSégouKatiSikassoBko C. VSégouKoutialaKitaDioïlaBarouéliGaoSégouBko C. IIBko C IVKayesBko C IVSikassoKayesSégouMoptiKatiKolokaniDioïlaYanfolilaSégouSégouSégouSanTnkouBko C. IBko C. IBko C. IBko C IIBko C VBko CVI


89Annexe V : Bref aperçu de la biographie de quelques premièresfemmes impliquées dans la gestion de la vie publique (sources : MadameAdam Bâ Konaré : Dictionnaire des femmes célèbres du Mali, éditionsJamana, 1993Aoua Kéïta (1912 – 1980), sage-femme de profession, fut en 1958 la seulefemme élue au Bureau Politique de l’US RDA, élue député aux électionslégislatives de 1959, elle le restera jusqu’en 1967 date de la dissolution del’Assemblée Nationale par la révolution active. Figure féminine la plusbrillante des premières années de l’indépendance, Aoua Kéïta représenta laCommission Sociale des femmes au Bureau Politique National. En juin 1960,elle fit sa première intervention sur la situation des femmes et fut très activedans l’élaboration du Code du mariage et de la tutelle en 1962. Elle estl’auteur du célèbre ouvrage Femme d’Afrique : La vie d’Aoua Kéïta racontéepar elle même, Paris, Présence africaine, 1975. Comme distinctionhonorifique, Madame Aoua Kéïta a été décorée Chevalier de l’Ordre Nationaldu Mali.Mme Sow Aïssata Coulibaly est née en 1920 à Kati et décédée en 1971 àBamako. Institutrice de formation, elle a, aussi, été secrétaire général del’inter syndicat des femmes travailleuses du Soudan de 1958 à 1960,membre du Mouvement Soudanais de la paix créé à Bamako en 1957 et dela Commission Sociale des Femmes de l’US RDA de 1962 à 1968. Commedistinction honorifique, madame Sow a été décorée Etoile d’argent du MériteNational - effigie " abeille" à titre posthume en 1974.Madame Jeannette Haïdara dite Madame Attaher est née en 1924 àMopti. Institutrice de profession, elle fut présidente de la sectionDjemanguelé de Ségou de 1951 à 1959. Elle fut aussi membre de l’intersyndicat des femmes travailleuses du Soudan de 1958 à 1960, trésorière dela Commission Sociale des Femmes de l’US-RDA de 1962 à 1968. Elle aparticipé en 1962 à la création de la panafricaine des femmes en Tanzanie etla même année à une conférence des femmes à Conakry et en 1968 elleparticipa à la panafricaine des femmes à Alger. Comme distinctionhonorifique, Madame Attaher a été décorée Chevalier de l’Ordre National duMali en 1975.Madame Sow Rokiatou Sow est née en 1928 à Ségou. Elle fait partie despremières sage-femmes d’Etat du Mali et fut membre fondateur de l’intersyndicat des femmes travailleuses du Soudan, aussi conseillère municipalede Ségou en 1966, membre de la délégation spéciale de Ségou de 1969 à1979 et présidente de l’UNFM de 1980 – 1986, soit, deux mandats. Commedistinctions honorifiques, Madame Sow a été décorée Chevalier de l’ordrenational du Mali en 1976 et Officier de l’ordre national du Mali en 1981.Madame Thiam Fanta Diallo (1933 – 1984), institutrice de formation, a étéprésidente de l’association féminine apolitique de Djemanguelé en 1956,membre de la Commission Sociale des Femmes de 1960 à 1968. A son actif,on peut noter aussi le lancement du jumelage Bamako – Angers. Commedistinction honorifique, elle fut décorée Chevalier de l’Ordre National du Malien 1976.

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