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131.2. Les causes culturellesL’idéologie traditionnelle et la religion musulmane œuvrent à écarter lafemme de la vie publique, à faire d’elle un être résigné. Ainsi, selon latradition, la femme se résigne, pas pour elle-même, mais pour assurer unbon avenir à ses enfants. Leur succès, leur ascension sociale sontproportionnelles au degré de résignation de leur mère. C’est ce que traduitcet adage Bambara : « muso tøgø ye muñu ani sabali. Ni ma cë tønnøn dun, ina dën tønnøn dun » : La femme est synonyme de résignation. En observantcette attitude si elle ne jouit pas des profits qu’elle est en droit d’attendre deson époux, elle jouira de ceux de ses enfants.Selon Simone de Beauvoir 6 , « l’éternel féminin » c’est l’homologue de l’ « âme »noire… les vertus du « bon noir » à l’âme inconsciente, enfantine, rieuse, duNoir résigné et (…) la femme « vraiment femme », c’est-à-dire frivole, puérile,irresponsable, la femme soumise à l’homme.Mais, toujours selon elle, « On ne naît pas femme, on le devient », ce quisignifie que si la femme est souvent reléguée au second rang il s’agit là d’unfait de culture, le résultat d’une évolution historique, et non d’un fait denature.Ce passage du roman de Sembène Ousmane, Les bouts de bois de Dieu,résume l’idéal de femme selon la majorité des cultures soudano sahéliennesAssitan était une épouse parfaite selon les anciennes traditionsafricaines : docile, soumise, travailleuse, elle ne disait jamais un mot plushaut que l’autre. Elle ignorait tout des activités de son mari, ou du moins,faisait semblant de les oublier. Neuf ans auparavant, on l’avait mariée àl’aîné des Bagayoko. Sans même la consulter, ses parents s’étaientoccupés de tout. Un soir son père lui apprit que son mari s’appelaitSadibou Bakayoko et deux mois après on la livrait à un homme qu’ellen’avait jamais vu.Le mariage avait eu lieu avec toute la pompe nécessaire dans une familled’ancienne lignée, mais Assitan ne vécut que onze mois avec son mari ;celui-ci fut tué lors de la première grève de Thiès. Trois semaines plustard elle accouchait d’une fillette. De nouveau, l’antique coutume disposade sa vie ; on la maria au cadet des Bagayoko : Ibrahima. Celui-ci adoptale bébé et lui donna ce nom étrange : Ad’jibid’ji. Assitan continua d’obéir.Avec la fillette et la grand’mère Niakoro, elle quitta Thiès pour suivre sonmari à Bamako. Elle fut aussi soumise à Ibrahima qu’elle l’avait été à sonfrère. Il partait tous les jours, il restait absent des mois, il bravait desdangers, c’était son lot d’homme, et de maître. Son lot à elle, son lot defemme était d’accepter et de se taire, ainsi qu’on le lui avait enseigné.Sembène Ousmane : Les bouts de bois de Dieu, Paris, Editions PressesPocket, in Desalmand, 1977, p. 14.6 De Beauvoir Simone : Le deuxième sexe, Paris, Gallimard, 1949

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