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Dernière édition en pdf - La Terrasse

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12 théâtre octobre 2013 / N°213 la terrassela terrasse octobre 2013 / N°213 théâtre 13THÉÂTRENOVEMBRE-DÉCEMBRE 2013LE MONDEEN SCÈNEvillette.comLe « Tarantino »du théâtre sud-africainPAUL GROOTBOOM Le théâtre 2.0 v<strong>en</strong>u des USAANNIE DORSEN Région / Théâtre national de Strasbourgde Christian Dietrich Grabbe / mes Bernard SobelHannibalCe fut l’un des événem<strong>en</strong>ts dela r<strong>en</strong>trée : le retour de BernardSobel au Théâtre de G<strong>en</strong>nevilliers,avec la première mise <strong>en</strong> scène<strong>en</strong> France d’Hannibal, pièce del’Allemand Christian DietrichGrabbe. Austère, horizontale, cettefresque humaine d’inspirationhistorique est prés<strong>en</strong>tée au Théâtr<strong>en</strong>ational de Strasbourg.« Le théâtre n’est pour lui ni un lieu de divertissem<strong>en</strong>tspectaculaire, ni un acte de fête communautaireet culturelle, ni le lieu de la proférationd’un message », explique Sylviane Gresh à proposdu travail de Bernard Sobel, <strong>en</strong> introduction del’ouvrage qu’elle a consacré au metteur <strong>en</strong> scène<strong>en</strong> 1993 (1) . <strong>La</strong> dernière création du fondateurdu Théâtre de G<strong>en</strong>nevilliers (institution qu’il adirigée de 1963 à 2006) est un exemple probantde cette façon de faire et d’<strong>en</strong>visager le théâtre.Rev<strong>en</strong>ant à Christian Dietrich Grabbe (1801-1836) – auteur allemand peu connu dont il avaitrévélé une première pièce, Napoléon ou les C<strong>en</strong>t-Jours, <strong>en</strong> 1996 – Bernard Sobel prés<strong>en</strong>te, avecHannibal (2) , un spectacle âpre, rigoriste, linéaire.Durant 2h40, au raz du texte, Jacques Bonnaffé(dans le rôle-titre) et ses quatorze part<strong>en</strong>aires dejeu (dont Pierre-Alain Chapuis, Jean-Claude Jay,François-Xavier Phan, qui compos<strong>en</strong>t chacunplusieurs personnages) labour<strong>en</strong>t les cheminsterreux de cette histoire antique nous m<strong>en</strong>antde Carthage à Rome, <strong>en</strong> passant par l’Espagne etl’Asie mineure. C’est une longue fresque humaineHannibal, mis <strong>en</strong> scènepar Bernard Sobel,au Théâtre national de Strasbourg.Critiquequi se prés<strong>en</strong>te à nous. Avec ses guerres, sesmassacres, ses manœuvres géopolitiques, sesconquêtes, ses <strong>en</strong>vahissem<strong>en</strong>ts, ses impasses,ses chutes. Une fresque sans espoir, mais sansnoirceur excessive, qui avance à la façon d’unlong fleuve presque tranquille.Une longue avancée sans choc,sans saisissem<strong>en</strong>t« Chez Grabbe, déclare Bernard Sobel, il y a desintérêts, de la lâcheté, de la bêtise, de l’énergie, dela fatigue, de l’ambition, du grotesque, des erreurs,de mauvais choix, mais ni absurde ni tragique. » Atravers le regard du metteur <strong>en</strong> scène, tout celafait un spectacle sans angle. Sans choc. Sanssaisissem<strong>en</strong>t. Un spectacle qui s’interdit toute<strong>en</strong>volée et toute quête d’émotion. Au sein d’unescénographie à l’esthétique résolum<strong>en</strong>t naïve (ledécor de Lucio Fanti se compose de panneauxpeints desc<strong>en</strong>dant des cintres, sur un vaste escalier)cet Hannibal se déplie, scène après scène,valeureusem<strong>en</strong>t mais laborieusem<strong>en</strong>t, suscitantun s<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t mêlé de respect et d’<strong>en</strong>nui.Manuel Piolat Soleymat(1) Un Art légitime, Editions Actes Sud.(2) Editions de L’Age d’Homme, texte français deBernard Pautrat.Théâtre national de Strasbourg, salle Koltès, 1av. de la Marseillaise, 67000 Strasbourg.Du 10 au 19 octobre 2013. Du mardi au samedià 20h, le dimanche à 16h, relâche le lundi.Durée de la représ<strong>en</strong>tation : 2h40.Tél. 03 88 24 88 24. Spectacle vu au Théâtrede G<strong>en</strong>nevilliers-C<strong>en</strong>tre dramatique national decréation contemporaine. Égalem<strong>en</strong>t les 22 et23 novembre 2013 au Théâtre Liberté à Toulon,du 4 au 6 décembre au C<strong>en</strong>tre dramatiqu<strong>en</strong>ational Orléans/Loiret/C<strong>en</strong>tre.© Hervé BellamyLe Lucernaired’après Emile Zola / adaptation et mes Céline Coh<strong>en</strong> et Régis GoudotNanaCéline Coh<strong>en</strong> et Régis Goudotinterprèt<strong>en</strong>t leur remarquableadaptation de Nana. Entre récit,jeu et chansons, ils narr<strong>en</strong>t avec unéblouissant tal<strong>en</strong>t la vie spl<strong>en</strong>dide etmisérable de la catin flamboyante.Fleur de fumier, roulure née miraculeusem<strong>en</strong>tbelle au milieu de l’ordure, Nana a lesappâts et l’appétit d’une gagneuse et le destintout tracé des perdantes. Flambeuse bi<strong>en</strong>tôtconsumée au feu de son désir insatiable,trop convoitée pour être aimée, trop femellepour être femme et trop animale pour êtrerespectée par les hommes, elle n’est qu’uncorps, voué à la corruption. Vérole de son siècle,elle meurt défigurée par les bubons de lavariole, <strong>en</strong> putain aussi puante que le SecondEmpire affairiste et vicieux, dont elle accompagnel’obscène asc<strong>en</strong>sion et la déplorabledéréliction. Sedan pour Napoléon le Petit etle pilori de l’opprobre pour la fille à Coupeau :même chute et même honte. Du ruisseau auhaut du pavé, on grimpe facilem<strong>en</strong>t quand ona la gambette véloce : on y retombe aussi vite,quand on a son tempéram<strong>en</strong>t comme seulemoralité. Telle est Nana, r<strong>en</strong>due finalem<strong>en</strong>t àla terre dont elle a surgi, comme l’évoque trèsjolim<strong>en</strong>t la dernière chanson d’un spectaclequi réussit le tour de force de tout suggérer del’œuvre et du jugem<strong>en</strong>t de Zola. Céline Coh<strong>en</strong>incarne avec une force érotique fascinanteet une émotion poignante cette <strong>en</strong>fant de laluxure, qui se vautre dans le luxe et le lucre.CritiqueElle campe une Nana odieuse et troublante,garce émouvante, qui ne connaît pas la différ<strong>en</strong>ce<strong>en</strong>tre les caresses et les coups.Le théâtre magnifiant la littératureMais la comédi<strong>en</strong>ne se fait aussi récitante,distançant par des chansons les excès libidineuxde son personnage. Entre les cuissesde Nana, se trouve une arme qui humilie lesbourgeois : de cette matrice dévorante, naîtrabi<strong>en</strong>tôt la colère de la classe ouvrière, qui ferar<strong>en</strong>dre gorge à ceux qui ont toujours considéréle prolétariat comme un corps à exploiter. RégisGoudot, face à sa part<strong>en</strong>aire, s’empare des rôlesde tous les maquereaux et cli<strong>en</strong>ts de Nana. Ilest à la fois Bord<strong>en</strong>ave, le directeur des Variétés,le banquier Steiner, le comte Muffat, quiperd<strong>en</strong>t leur fortune et leur réputation dans lesbras de la courtisane, mais aussi, par éclairs,Zola lui-même, implacable <strong>en</strong>tomologiste decette société dépravée. Sur un plateau nu, trèsintelligemm<strong>en</strong>t éclairé et sonorisé par StanislasMichalski, les deux comédi<strong>en</strong>s <strong>en</strong>chaîn<strong>en</strong>t avecCéline Coh<strong>en</strong> et Régis Goudot magnifi<strong>en</strong>t Zola.un abattage confondant d’aisance les différ<strong>en</strong>tstableaux de cette parabole naturaliste. Ri<strong>en</strong> quele jeu et une intellig<strong>en</strong>ce suraiguë du texte et deses fondem<strong>en</strong>ts philosophiques et politiques,une économie scénique qui mesure ses effets<strong>en</strong> les r<strong>en</strong>dant remarquablem<strong>en</strong>t efficaces : cespectacle est une des meilleures illustrationsde l’hommage et du magnifique service quepeut r<strong>en</strong>dre le théâtre à la littérature.Catherine RobertLe Lucernaire, 53 rue Notre-Dame-des-Champs,75006 Paris. A partir du 25 septembre 2013.Du mardi au samedi à 21h30 ; le dimanche à 17h.Tél. 01 45 44 57 34. Durée : 1h10.Réagissez sur www.journal-laterrasse.fr© Brice DevosDu 8 au 24 novembre 2013Retour à la vie ordinaire de deuxex-danseurs étoiles…MICHEL SCHWEIZER/LA COMA Manifestation organisée dans le cadre dessaisons Afrique du Sud France 2012 & 2013www.france southafrica.comAthénée Théâtre Louis-Jouvetde Victor Hugo / mes Lucie BerelowitschLucrèce BorgiaCritiqueCréée <strong>en</strong> janvier dernier au Trid<strong>en</strong>t – Scène nationale de Cherbourg-Octeville, la mise <strong>en</strong> scène de Lucrèce Borgia signée par Lucie Berelowitschest prés<strong>en</strong>tée au Théâtre de L’Athénée. Un spectacle déséquilibré qui peineà éclairer les <strong>en</strong>jeux ess<strong>en</strong>tiels de la pièce de Victor Hugo.Quelques flaques. Des résidus de terre. Uneatmosphère d’obscurité quasi perman<strong>en</strong>te.Des postures de désordre et de brusquerie.Des passages <strong>en</strong> force : corporels, vocaux… <strong>La</strong>version de Lucrèce Borgia qu’a élaborée LucieBerelowitsch pr<strong>en</strong>d le parti de la noirceur etdes bas-fonds. « <strong>La</strong> pièce est faite d’émotionspremières, fait remarquer la metteure <strong>en</strong> scène.Elle a un côté immédiat, brutal et simple. Elleparle de tout ce qui relève des fantasmes, de toutce qu’il y a de caché, pulsions et forces. » L’universthéâtral du spectacle qui se joue à L’AthénéeThéâtre Louis-Jouvet (la scénographie estde Kristelle Paré, les lumières de Sébasti<strong>en</strong>Michaud, les costumes de Caroline Tavernier)nous plonge dans la grandiloqu<strong>en</strong>ce troubled’un rêve funeste. Un rêve comme une spirale dumalheur qui emportera dans son mouvem<strong>en</strong>tune brassée d’êtres humains. Lucrèce Borgiabi<strong>en</strong> sûr (Marina Hands), mère et femme torturée,empoisonneuse honnie par ses contemporains.Mais aussi G<strong>en</strong>naro (Nino Rocher), son filscaché, capitaine pur et valeureux qui voue unamour inconditionnel à la mère qu’il n’a jamaisconnue. Mise <strong>en</strong> miroir du monde, la pièce deVictor Hugo r<strong>en</strong>voie aux élans et aux aspects© Nicolas JoubardLucrèce Borgia, mise <strong>en</strong> scène par Lucie Berelowitsch.contradictoires de l’homme, à la noirceur maisaussi à la lumière qui travers<strong>en</strong>t et compos<strong>en</strong>tle vaste paysage de l’humanité.Du grotesque, peu de sublimeEn surinvestissant l’une des deux dim<strong>en</strong>sionsde cette ambival<strong>en</strong>ce fondam<strong>en</strong>tale, LucieBerelowitsch passe à côté de ce qui fait laforce et la beauté du théâtre hugoli<strong>en</strong> : le grotesque,certes, mais aussi le sublime, l’éclat,la grâce, la pureté… Ici, pas grand-chose detout cela. Comme l’a exprimé le grand écrivainau sein de la préface de sa pièce Cromwell: dans son théâtre, ces notions opposéesdoiv<strong>en</strong>t se t<strong>en</strong>ir. Et les beaux mom<strong>en</strong>ts d’int<strong>en</strong>sitéde Marina Hands et Dan Artus (dansle rôle de Don Alphonse) ne suffis<strong>en</strong>t pas àdonner corps à ce maillage-là. Cette visiondéséquilibrée de Lucrèce Borgia ne parvi<strong>en</strong>tjamais vraim<strong>en</strong>t à appréh<strong>en</strong>der l’écart qu<strong>en</strong>ous devrions parcourir : de l’ombre à lalumière, de la lumière à l’ombre.Manuel Piolat SoleymatAthénée Théâtre Louis-Jouvet, squarede l’Opéra-Louis-Jouvet, 7 rue Boudreau,75009 Paris. Du 3 au 19 octobre 2013. Le mardià 19h, du mercredi au samedi à 20h. Matinéeexceptionnelle le dimanche 13 octobre à 16h.Durée de la représ<strong>en</strong>tation : 1h55. Tél. 01 53 0519 19. Spectacle vu 2013 au C<strong>en</strong>tre dramatiquerégional de Tours.Égalem<strong>en</strong>t les 5 et 6 novembre 2013 auThéâtre des Deux Rives à Rou<strong>en</strong>, le 5 décembreau Préau à Vire, les 11 et 12 décembre à laComédie de Ca<strong>en</strong>, du 4 au 9 février 2014 auThéâtre national de Nice.Rejoignez-nous sur FacebookPREMIÈRE EN ÎLE-DE-FRANCEUne saisonau Congod’Aimé CésaireMise <strong>en</strong> scène : Christian Schiaretti /TNP VilleurbanneTél : 01 46 61 36 67© Christian Ganetrejoignez-nous sur facebookRéagissez sur www.journal-laterrasse.fr

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