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Dernière édition en pdf - La Terrasse

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20 théâtre octobre 2013 / N°213 la terrassela terrasse octobre 2013 / N°213 théâtre 21www.journal-laterrasse.frlisez-nouspartout !Cartoucherie75012 Paris01 43 28 36 36THÉÂTREThéâtre de G<strong>en</strong>nevilliers /Conception et mes Philippe QuesneSwamp ClubCritiquePhilippe Quesne et ses compères du Vivarium Studio fil<strong>en</strong>t doux unemétaphore drolatique sur les artistes et la culture aujourd’hui.Un soupir de fumée blanche s’épanche vaguem<strong>en</strong>tet glisse au travers des plantes exotiquesperdues dans le brouillard d’un marécage. Deslueurs informatiques, bi<strong>en</strong>tôt quelques mesuresde Schubert, s’échapp<strong>en</strong>t d’un studio deverre monté sur pilotis, surplombant ces eauxtroubles. Des g<strong>en</strong>s vaqu<strong>en</strong>t tranquillem<strong>en</strong>t àleurs occupations, achèv<strong>en</strong>t les derniers préparatifs…L’un finalise l’annonce du programmedes activités sur une banderole numérique, unautre bricole des arcs <strong>en</strong> bois et des paquetsde bi<strong>en</strong>v<strong>en</strong>ue, tandis que le sauna s’échauffe.Ils att<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t les « résid<strong>en</strong>ts » du « SwampClub », qui décidém<strong>en</strong>t tard<strong>en</strong>t : des artistes dumonde <strong>en</strong>tier cherch<strong>en</strong>t refuge ici pour requinquerleur inspiration. Dans ce drôle de c<strong>en</strong>tred’art paumé au milieu des marais, on trouve unde Molièremise <strong>en</strong> scènePhilippe Adri<strong>en</strong>21 mars - 21 avrilLes résid<strong>en</strong>ts du Swamp Club à la sortie du sauna.cinéma, une vidéothèque, une bibliothèque, unstudio de danse, une salle de répétition, unegrotte ouverte à flan de colline et des hérons àfoison… Bref, un peu de bi<strong>en</strong>-être, de la musique,de la poésie, un peu d’av<strong>en</strong>ture écolo : ri<strong>en</strong>de tel pour stimuler la créativité… Dégagé dela frénésie ambiante, ce microcosme de cultureuxdéconnectés vivote ainsi g<strong>en</strong>tim<strong>en</strong>t etpeut rêvasser <strong>en</strong> liberté. Mais voilà que soudainpointe la m<strong>en</strong>ace d’un projet urbain, plusr<strong>en</strong>table, qui risque de détruire cette réserveprotégée de doux utopistes…Acte de résistanceIssu des Arts déco, d’abord scénographe,aujourd’hui auteur et metteur <strong>en</strong> scène, PhilippeQuesne observe le monde de biais pour<strong>en</strong> révéler le risible tragique. Œuvrant depuisdix ans dans son Vivarium Studio avec quelquesfidèles comparses, il fouille dans le fatrasdu quotidi<strong>en</strong>, <strong>en</strong> étudie les m<strong>en</strong>us rites et labanalité dérisoire. Entre ludisme dés<strong>en</strong>chantéet mélancolie pince-sans rire, il met <strong>en</strong> scènedes héros ordinaires qui bricol<strong>en</strong>t du merveilleuxavec presque ri<strong>en</strong>. Son théâtre taillele réel à la pointe d’une douce ironie pour <strong>en</strong>révéler les paradigmes sous-jac<strong>en</strong>ts et pr<strong>en</strong>dle temps de vivre. Contre l’idéologie vibrionnantequi impose de bombarder la rétine d’événem<strong>en</strong>tspour capturer l’att<strong>en</strong>tion et terrasserl’<strong>en</strong>nui à tout prix, Philippe Quesne et ses acolytesrev<strong>en</strong>diqu<strong>en</strong>t une temporalité libérée dela sur<strong>en</strong>chère spectaculaire comme de l’aliénationà l’accélération. Au contraire, ils offr<strong>en</strong>tune zone de « ral<strong>en</strong>tissem<strong>en</strong>t nécessaire »,comme dirait le philosophe Peter Sloterdijk :un espace libre pour que la p<strong>en</strong>sée et le rêvepuiss<strong>en</strong>t d’épanouir. Avec dérision et gravité,Swamp Club esquisse par métaphores uneréflexion critique sur le métier d’artiste, sesconditions d’exercice, autant que sur l’art dansla société actuelle. Et le sauvetage final faceà la m<strong>en</strong>ace, qui voit embarquer plantes vertes<strong>en</strong> plastique et animaux empaillés dans lacage de verre comme dans une arche muséal<strong>en</strong>e manque pas d’inquiéter…Gwénola DavidThéâtre de G<strong>en</strong>nevilliers, 41 av. des Grésillons,92230 G<strong>en</strong>nevilliers. Du 7 au 17 novembre 2013,à 20h30, sauf mardi et jeudi à 19h30, dimancheà 15h, relâche lundi. Tél. 01 41 32 26 26.Puis les 21 et 22 novembre 2013, au Forumculturel du Blanc-Mesnil. Tél. 01 48 14 22 00.Durée : 1h35. Spectacle vu au Festival d’Avignon2013. Dans le cadre du Festival d’automne.Rejoignez-nous sur Facebook© Martin Argyroglo© Elisabeth Carecchio<strong>La</strong> Colline – Théâtre nationalprojet de Marie RémondVers WandaPropos recueillis e Marie RémondAprès André la saison dernière, Marie Rémond s’<strong>en</strong>toure une nouvellefois de ses complices Clém<strong>en</strong>t Bresson et Sébasti<strong>en</strong> Pouderoux* pourune création ludique <strong>en</strong>tre théâtre docum<strong>en</strong>taire et investigation. Unecréation qui nous plonge dans la vie et l’œuvre de Barbara Lod<strong>en</strong>.« Tout est parti d’un livre de Nathalie Léger– Supplém<strong>en</strong>t à la vie de Barbara Lod<strong>en</strong>** –qu’une amie comédi<strong>en</strong>ne, un jour, m’a prêté.Ce texte m’a captivé. Avant cette lecture, j<strong>en</strong>e connaissais pas grand chose de BarbaraLod<strong>en</strong> et du film qu’elle a réalisé <strong>en</strong> 1970 :Wanda. Dans son livre, Nathalie Léger mèneune <strong>en</strong>quête autour de la vie de la comédi<strong>en</strong>neMarie Rémond dans Vers Wanda.et du personnage qu’elle interprète dans sonfilm. J’ai tout de suite été extrêmem<strong>en</strong>t intéresséepar tout ce qui v<strong>en</strong>ait interroger, danscet ouvrage, la figure de la femme, la situationd’un individu déphasé, qui ne trouve pas vraim<strong>en</strong>tsa place dans le monde. Ensuite, quandj’ai découvert le film, j’ai été fasciné par sonmystère, par ses sil<strong>en</strong>ces, ses ellipses… Je mesuis donc mise à lire tout ce que je pouvaistrouver sur Barbara Lod<strong>en</strong> et son mari, EliaKazan, sur l’histoire de leur couple, ainsi quesur le personnage de Wanda, cette femme quiabandonne sa famille pour errer seule, quis’attache à un petit voleur et finit par le suivredans un hold-up qui tourne au drame.Des interrogations sur la libertéet la soumissionCe personnage fait naître beaucoup de questions.J’ai eu <strong>en</strong>vie de transposer ces questionsau théâtre. Des questions sur la liberté,sur la soumission, sur les fondem<strong>en</strong>ts et lesimplications de ces deux notions qu’<strong>en</strong> appar<strong>en</strong>cetout oppose. Mais on s’aperçoit que cequi nous semblait jusque-là tout à fait clair nel’est finalem<strong>en</strong>t pas. Clém<strong>en</strong>t Bresson, Sébasti<strong>en</strong>Pouderoux et moi-même avons souhaitéque cette création collective soit une formetrès vivante. Une forme qui mêle des docum<strong>en</strong>tssonores et des élém<strong>en</strong>ts narratifs établispar le biais d’improvisations et d’écritureau plateau. Nous avons égalem<strong>en</strong>t voulu queVers Wanda garde quelque chose du mystèrequi <strong>en</strong>toure le film de Barbara Lod<strong>en</strong>. Cela <strong>en</strong>évitant toute forme de didactisme, pour noussituer <strong>en</strong> perman<strong>en</strong>ce dans une recherched’inv<strong>en</strong>tivité et de rapport ludique à la représ<strong>en</strong>tation.»Propos recueillis par Manuel Piolat Soleymat* Sébasti<strong>en</strong> Pouderoux est p<strong>en</strong>sionnaire de laComédie-Française depuis novembre 2012.** Publié aux Editions P.O.L.<strong>La</strong> Colline-Théâtre national, 15 rue Malte-Brun,75020 Paris. Du 4 au 26 octobre 2013.Du mercredi au samedi à 21h, le mardi à 19h00,le dimanche à 16h. Durée du spectacle : 1h45.Tél. 01 44 62 52 52.Réagissez sur www.journal-laterrasse.frDu 17 au 20 octobre 2013Hughie[CRÉATION]Texte Eug<strong>en</strong>e O’NeillMise <strong>en</strong> scène Jean-Yves RufAvec Gilles Coh<strong>en</strong> et Jacques TresseThéâtre national de la CollineDe Peter Handke / Mes Stanislas NordeyPar les villagesCritiqueStanislas Nordey <strong>en</strong>ferme le texte de Peter Handke et ses acteurs dansune mise <strong>en</strong> scène formelle.© Elisabeth CarecchioCRÉATIONEspace des Arts, Scène nationale Chalon-sur-Saône / > OCTOBRE TOURNÉEThéâtre de la R<strong>en</strong>aissance, Oullins-Grand Lyon / > NOVEMBRE Théâtre Dijon Bourgogne, C<strong>en</strong>tre dramatique national / > NOVEMBRE Théâtre Vidy – <strong>La</strong>usanne (Suisse) / > DÉCEMBRE WWW.ESPACE-DES-ARTS.COM© D.R.© CARLOTTA FORSBERG« Mon frère m’a écrit une lettre. Il s’agit d’arg<strong>en</strong>t; de plus que d’arg<strong>en</strong>t : de la maison d<strong>en</strong>os par<strong>en</strong>ts morts et du bout de terre où ellese trouve. Comme aîné, j’<strong>en</strong> suis l’héritier. Monfrère y habite avec sa famille. Il me demandede r<strong>en</strong>oncer à la maison et au terrain, pour qu<strong>en</strong>otre sœur puisse se r<strong>en</strong>dre indép<strong>en</strong>danteet ouvrir une boutique. » En quelques mots,Gregor défait le nœud du passé qui soudainresurgit et cogne à la face du prés<strong>en</strong>t. Depuislongtemps, il a quitté la terre laborieuse de son<strong>en</strong>fance, gagné la ville et les belles lettres, l’urbanitéet ses civilités. Il vi<strong>en</strong>t de loin, lui, l’aîné,le fils prodigue, dev<strong>en</strong>u écrivain quand sonfrère et sa sœur sont restés coincés dans lavallée, lui ouvrier du bâtim<strong>en</strong>t et elle v<strong>en</strong>deusedans une épicerie. Il faut aujourd’hui affronterl’héritage, l’humiliation qu’il infligea aux si<strong>en</strong>savec l’impunité arrogante du savoir, les blessuresincrustées dans les chairs du souv<strong>en</strong>ir.Le temps est v<strong>en</strong>u de f<strong>en</strong>dre les cailloux dusil<strong>en</strong>ce, de libérer à petits coups les rancœursserrées au fond de la gorge. Chacun tour à tourdéverse la parole <strong>en</strong> longs lam<strong>en</strong>tos, qui charri<strong>en</strong>tdans leurs flots impétueux et puissantsles douleurs de la famille, de la transmission,des rapports de classe, de la ruralité face àl’urbanisme dévastateur… mais aussi la foi <strong>en</strong>l’art comme espoir de l’humanité.S<strong>en</strong>t<strong>en</strong>cieux et désincarnéAvec cette pièce créée <strong>en</strong> 1982, Peter Handkeclôt la tétralogie littéraire du L<strong>en</strong>t retour, débutéetrois romans plus tôt comme exploration del’être dans le voyage vers l’<strong>en</strong>fance. Il brise icitous les ressorts de la composition dramatique– dialogues, événem<strong>en</strong>ts, intrigues – et tressede vastes monologues <strong>en</strong> un poème épique, où« dire et raconter y sont une seule chose ». <strong>La</strong>langue tantôt virevolte, caresse l’azur et courtau creux des plaines bruissantes, <strong>en</strong>ivrée parl’emphase et les dorures de style, ou parfoismord, saturée de la hargne des off<strong>en</strong>sés, auseuil d’éclater. « Je ne me plains pas, je porteplainte » lâche une Vieille femme sans nom.Comm<strong>en</strong>t cheminer dans cette poésie touffue,escarpée ? « Jouez le jeu – mais qu’il ait del’âme » dit Nova, énigmatique compagne de Gregorqui surplombe le récit <strong>en</strong> Athéna messianique.Sans doute est-ce l’âme qui fait défautFichés dans le sol, face au public, les comédi<strong>en</strong>s délivr<strong>en</strong>t le texte.dans la mise <strong>en</strong> scène de Stanislas Nordey.Son interprétation de Hans ne manque pourtantpas de flamme. Mais la troupe, composéede comédi<strong>en</strong>s de belle trempe (Jeanne Balibar,Emmanuelle Béart, Annie Mercier, VéroniqueNordey, <strong>La</strong>ur<strong>en</strong>t Sauvage…) semble <strong>en</strong>ferméedans un formalisme hiératique, à l’image de lascénographie d’Emmanuel Clolus. Figés, faceau public, la main susp<strong>en</strong>due pour marquerla mesure, les acteurs soliloqu<strong>en</strong>t, martèl<strong>en</strong>tles mots systématiquem<strong>en</strong>t, jusqu’à polir toutrelief. Désincarnée, la parole finit par ronfler,malgré l’habile musique d’Olivier Mellano à laguitare électrique. Ce lyrisme tranche d’ailleursavec le laconisme habituel du théâtre de PeterHandke. On serait même presque gêné à la finpar l’abs<strong>en</strong>ce de dialogue, c’est-à-dire d’adresseet d’écoute de l’autre, comme si les regards nepouvai<strong>en</strong>t que se superposer sans se croiser.Et aussi par cet éloge nostalgique de la naturecontre la modernité défigurant les terroirs et letravail, par l’appel à la « croyance raisonnable <strong>en</strong>l’effroi divin » et l’exhortation un brin naïve à lapaix éternelle, à la réconciliation, avec l’époque,avec les autres, avec soi. « Hommes, dieux quiont fui les dieux : inv<strong>en</strong>tez le grand pas, faites legrand saut. » Bon, on méditera…Gwénola DavidThéâtre national de la Colline, 15 rue Malte-Brun,75020 Paris. Du 5 au 30 novembre 2013,à 19h30 sauf dimanche à 15h30, relâche lundi.Tél. 01 44 62 52 52. Durée : 4h15 (avec <strong>en</strong>tracte).Spectacle vu au Festival d’Avignon 2013.<strong>La</strong> pièce est publiée par L’Avant-Scène Théâtre.A lire : Stanislas Nordey, locataire de la parole,de Frédéric Vossier, éditions Les Solitairesintempestifs.Rejoignez-nous sur FacebookCRÉATION 2013Dans le cadre de Marseille Prov<strong>en</strong>ce 2013 –Capitale Europé<strong>en</strong>ne de la CultureAzimutConception, scénographieet mise <strong>en</strong> scène : Auréli<strong>en</strong> BoryTél : 01 46 61 36 67© Agnès Mellon© A. Mellonrejoignez-nous sur facebookRéagissez sur www.journal-laterrasse.fr

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