42irlande / irelandpar / By Geoffrey MacnabL’île d’émeraude et son cinéma itinérantThe Emerald Isle and the non-stop traveling picture showFrançois Ozon, Wim Wenders, Susanne Bier : voici quelques noms de réalisateurs européensqui ont permis aux salles irlandaises de multiplier les entrées l’an dernier grâce à <strong>Europa</strong><strong>Cinemas</strong>. Dans un pays chroniquement sous-équipé en cinémas d’art et essai, le réseau estune bouée à la mer pour un public avide de pro<strong>du</strong>ctions indépendantes. François Ozon, WimWenders, Susanne Bier - these are some of the European directors who made an impact onIrish admissions last year thanks to <strong>Europa</strong> <strong>Cinemas</strong>. In a country chronically underscreenedfor arthouse venues, the network is a lifeline for audiences craving indie films.20 ans<strong>Europa</strong> <strong>Cinemas</strong>Félicitations!Actuellement, le réseauirlandais d’<strong>Europa</strong> <strong>Cinemas</strong>(EC) compte relativementpeu de membres,mais les exploitants qui ysont affiliés sont entreprenants et souventpleins d’imagination. Le groupeAccess Cinema, une organisation quiencourage “l’exploitation cinématographiqueen région” a ainsi reçu leprix <strong>du</strong> meilleur entrepreneur en 2008.L’organisation, qui a rejoint le réseauen 2004, chapeaute la programmationde 20 établissements dans 18 villes.Maeve Cooke, responsable d’Access,qualifie d’“essentiel” ce soutien etfait remarquer que sans l’aide de telsorganismes, il n’y aurait tout simplementpas “de diversité culturelle cinématographiqueen dehors des grandscentres urbains” dans le pays.Une des initiatives récentes (et, commesouvent, audacieuses) est le lancementd’un cycle itinérant, Les filmsdes pays <strong>du</strong> sud de la Méditerranée.Voyager est naturellement au cœur<strong>du</strong> projet Cinémobile, premier cinémaitinérant d’Irlande. Noreen Collinssupervise ces tournées qui mènentles œuvres dans des écoles, des villessans salles et des festivals de cinéma.Elle ne tarit pas d’éloges sur l’importance<strong>du</strong> soutien d’<strong>Europa</strong> <strong>Cinemas</strong>,“à la base de notre financement. Notretravail s’effectue dans les petites villeset il est très difficile de réunir un publicavec des œuvres atypiques dans lespetites zones rurales. Il ne fait aucundoute que la subvention nous y aide”.Cinémobile fait également remarquerque l’Irlande est “très mal servie” entermes de cinémas d’art et essai.La subvention d’<strong>Europa</strong> <strong>Cinemas</strong> estfaible : environ 5 000 € selon NoreenCollins tandis qu’Access Cinema re-çoit environ 12 000 € pour ses 20 établissements.“Cela peut paraître trèspeu mais, pour nous, c’est beaucoup,confie-t-elle à propos de sa subvention.Nos frais sont si élevés qu’ilnous faudrait avoir une activité extraordinairepour réaliser un bénéfice de5 000 €.”The Light House, à Dublin, a aussi ététrès dynamique ces dernières années.Element Pictures, l’une des sociétésde pro<strong>du</strong>ction et de distribution lesplus ambitieuses <strong>du</strong> pays, s’occupe àprésent de la gestion de ce cinéma. Onimagine qu’avec ses nouveaux propriétaires,il prendra toute sa place. En 2011,seules trois conventions ont été signéesavec <strong>Europa</strong> <strong>Cinemas</strong> en Irlande, pourun maigre total de 22 affiliés.At the moment, the <strong>Europa</strong>Cinema (E.C.) network hasrelatively few Irish membersbut its exhibitors areenterprising and often imaginative.The Access Cinema Group, forinstance, an umbrella organisation for“regional cultural cinema exhibition”was voted best entrepreneur in 2008. Theorganisation, which joined the networkin 2004, oversees 20 venues in 18 cities.Access director Maeve Cooke says the<strong>Europa</strong> <strong>Cinemas</strong> backing is “crucial”.She remarks that, without supportfrom such organisations, there simplywouldn’t be “any provision for cultural cinemaoutside the main urban centres inIreland.”One recent (and typically bold) initiativeis “<strong>Film</strong>s from the SouthernMediterranean.” Traveling is, of course,at the heart of the Cinemobile project,Ireland’s first traveling cinema. NoreenCollins oversees its epic road tripswhich take in schools, towns withoutcinemas, and film festivals. She is extremelyupbeat about the importance of thenetwork’s support: “It goes toward ourcore funding, the work we do in smalltowns. It’s hard to get an audience forunusual films in rural places. The subsidyhelps, without a shadow of a doubt.”She also points out that Ireland is “verybadly served” for art house cinemas.The E.C. subsidy is small – Collinsquotes a figure of around €5,000, whereAccess Cinema gets around €12,000 forits 20 venues – but “it’s a huge amountfor us. The overheads are so expensivethat for us to make a profit of €5,000would take an awful lot of activity”.Another energetic member of the networkthese past few years has been Dublin’sLight House. Element Pictures, one ofthe country’s most energetic pro<strong>du</strong>ctionand distribution outfits, has now takenover the running of the cinema. It’s anticipatedthat, under its new owners, thetheatre will come back into the fold.In 2011, only three <strong>Europa</strong> <strong>Cinemas</strong>agreements were signed in Ireland fora meagre total of 22 affiliates in thecountry.Écrans EC (marché)E.C. screens (Market) 32 (439)Fréquentation réseau ECE.C. network attendance 258 794Entrées réseau EC (%)E.C. admissions (%) 1,6Entrées européennesdans le réseau EC (%)Share of European filmsin E.C. network (%) 51,8(Chiffres 2011 / 2011 Figures)L'association AG Kino - Gilde des cinémas Art et Essaiallemands adresse ses félicitations les plus sincères àIan Christie, Claude-Eric Poiroux, Fatima Djoumer et àtoute l'équipe d'<strong>Europa</strong> <strong>Cinemas</strong>pour ces vingt années de travail passionné au service <strong>du</strong>cinéma européen!Votre action pour la préservation et le développement<strong>du</strong>rable de programmes diversifiés et la diffusion de filmseuropéens dans les cinémas membres <strong>du</strong> réseau estinestimable et nous vous en remercions chaleureusement!Bien cordialement,Dr. Christian Bräuerpour l'AG Kino - Gilde des cinémas Art et Essai allemands<strong>Europa</strong> <strong>Cinemas</strong> 20 e anniversaire
4445italie / italypar / By Fabien Lemercier© DRL’épée de Damoclès <strong>du</strong> “switch off” plane sur les sallesitaliennes dans un climat économique difficileIn the current economic context, the sword of Damocleshangs over Italian cinema© DRÉtat d’urgence pour l’exploitation transalpine. 52% des écrans sont encore à équiperen numérique. des risques de fermeture planent sur les salles indépendantesqui démontrent pourtant une bonne résistance, dans un environnement de crise financièrenationale aggravé par une offre de films défaillante. In the context of the nationalfinancial crisis, Italian cinema is in a state of emergency. 52% of its screens are stillnot digitized. independent screens live under the threat of closure, despite their goodresistance. The defective new films offer is not helping the situation.La prise de conscience estaiguë et l’état d’urgence a étédécrété par les exploitantsitaliens après l’annonce parles distributeurs de l’arrêtdes sorties en 35 mm fin 2013. Carl’Italie a pris <strong>du</strong> retard dans la transitionnumérique : début septembre,52% des écrans n’étaient pas encoreéquipés, soit 2100 sur les 3872 <strong>du</strong>parc. Un état des lieux préoccupantpour les salles indépendantes – plusde 1900 écrans étant encore dépourvusde projecteurs numériques –, y compriscelles <strong>du</strong> réseau <strong>Europa</strong> <strong>Cinemas</strong>(111 cinémas pour 223 écrans en Italie)dont à peine 20% sont équipées. SelonMario Lorini, président de la Fédérationitalienne des cinémas d’art et essai(Fice) et directeur entre autres <strong>du</strong> Garibaldide Poggibonsi, “il faut faire trèsvite, sinon des salles fermeront. Il y aun accord de VPF avec les distributeurset un crédit d’impôt pour l’équipementnumérique, mais certains cinémasde zones enclavées ont absolumentbesoin d’une aide régionale. Ce sonteux qui programment les films italienset européens et assurent leurs résultats.Ce n’est pas le cas des multiplexes.”L’année 2013 sera décisive,des salles risquent de disparaîtreSelon les estimations, il manqueraitencore 140 M€ pour la numérisationet seules dix régions italiennes sur 20apportent pour l’instant un soutienà l’équipement des salles, alors quela deadline <strong>du</strong> 35 mm se rapproche àgrande vitesse. Luigi Lonigro, qui dirige01 Distribuzione (Rai Cinema), a mêmeprécisé, que pour éviter les fermeturesen 2014, il était prêt à mettre des blu-rayles petitsexploitantsitaliens sontdes héros.Mario Lorini (Fice)à disposition des salles qui s’équiperaientdans des résolutions inférieuresau 2K. Un soutien apprécié sur le planmoral par les exploitants, mais qui n’estpas une solution pérenne. D’autant queles filiales de distribution des majorsaméricaines refuseront la pratique alorsque leurs line-ups incluent des titres(comme les prochains Almodóvar etTornatore chez Warner) dont les sallesindé pendantes ont besoin.L’année 2013 sera d’autant plus décisive: on estime que 30% des sallesrisquent de disparaître. Les cinémasitaliens de centre-ville subissent déjàdepuis plusieurs années une vague defermetures – 812 ont baissé le rideauen dix ans – liée à la hausse de coûtsd’exploitation sur un marché qui n’augmentepas, oscillant entre 100 et 110 millionsd’entrées par an. Et la conjonctureéconomique difficile ne facilite rien : lafréquentation a enregistré un recul de12,1% pour les neuf premiers mois del’année. Une tendance amplifiée parun très mauvais étalement des sortieset un retour en force <strong>du</strong> désert estival.“Les recettes ne concernent que septà huit mois, et quand des films italienssélectionnés à Cannes ne sortentpas en salle dans la foulée, c’est unvrai problème pour un marché ensuiteen plein embouteillage à l’automne”souligne Lionello Cerri, président del’Association nationale des exploitantscinématographiques. “Les goûts <strong>du</strong> publicont fortement évolué ces dernièresannées et le cinéma italien a <strong>du</strong> mal àrefléter cette nouvelle réalité, renchéritMario Lorini. Il y a une désaffection progressivedes jeunes a<strong>du</strong>ltes par rapportau cinéma d’auteur et une fréquentationmoins forte des plus âgés. La pro<strong>du</strong>ctiontélé a siphonné le cerveau des spectateurs.Il faut d’urgence mettre en placedes programmes d’é<strong>du</strong>cation à l’imageau niveau scolaire pour former le publicde demain à la culture cinématographique.”Un travail de fond auquel selivrent les salles <strong>Europa</strong> <strong>Cinemas</strong> qui résistentbien en termes d’entrées et maintiennentle cinéma européen de qualitéà un bon niveau de fréquentation. Et ce,grâce à une identité forte, affermie pardes dirigeants charismatiques (commeNanni Moretti avec son Nuovo Sacherà Rome). “Sans exagérer, on peut direque les petits exploitants italiens sont devéritables héros”, conclut Mario Lorini.Des héros qui ont néanmoins besoind’aide face à l’hydre numérique.Astate of emergency hasbeen declared by cinemaoperators after distributorsannounced there wouldbe no further releases in35 mm after the end of 2013. Italy’s transitionto digital cinema is way behindsche<strong>du</strong>le: as of September, 52% of cinemashad still not been digitized (2,100 outof 3,872). The situation of independentscreens is very worrying with more than1,900 without digital facilities. This includesmembers of the <strong>Europa</strong> <strong>Cinemas</strong>network (111 cinemas and 223 screens),Ci-dessus :le NuovoSacher,à Rome,dirigé parNanni Moretti.À droite :le Garibaldi,à Poggibonsi.Above: NanniMoretti’sNuovo Sacher,in Rome.Right:the Garibaldi,in Poggibonsi.© DRbarely 20% of which have been digitized.According to Mario Lorini, president of theItalian federation of art house films (FICE)and director, among other things, of theGaribaldi at Poggibonsi: “We must actquickly, other wise cinemas will close. AVPF agreement has been set up throughthe distributors, and tax rebates are availablefor the purchase of digital equipment,but some cinemas in remote areas urgentlyneed regional funding. They are those whoscreen Italian and European films and guaranteetheir success. That is not the casewith multiplexes.”2013 will be decisive,cinemas could close downWith the 2013 deadline fast approaching,it is estimated that €140m are neededfor the transfer to digital and only 10out of the country’s 20 regions are providingfinancial support. Luigi Lonigri,Small Italianoperators arereal heroes.Mario Lorini (fice)the director of 01 Distribuzione (RaiCinema), has even pledged to provideBlu-Rays to operators willing to installresolutions under 2K. This help, althoughappreciated, is not a long-term solution,all the more so since the distributionsubsidiaries of the major Americanpro<strong>du</strong>ction companies will reject thissystem. Their line-up includes upcomingtitles by Almodóvar and Tornatore pro<strong>du</strong>cedby Warner, which the independenttheatres will need. 2013 will be especiallydecisive for Italian cinemas – it isestimated that 30% of them could close.Considering that there has been a rashof closings in city-centres in the recentyears (812 have closed down over thelast ten years). This was <strong>du</strong>e to a rise inrunning costs in a stagnant market, fluctuatingbetween 100 and 110 m ticketssold yearly. The difficult economic contextin Italy isn’t helping: audiences shrank by12.1% in the first nine months of 2012.This trend has been amplified by a poorlybalancedfilm release sche<strong>du</strong>ling that hasled to a return in force of a frugal summerperiod. “Box-office takings are concentratedin a seven-to-eight month period.When Italian films selected in Cannesare not immediately released, it leads tohuge congestion in the fall,” as LionelloCerri, president of the National CinemaOperators Association, points out.“Audience tastes have changed radicallyin recent years and Italian cinema isfinding it difficult to come to grips withthis new reality,” Mario Lorini adds.“Young a<strong>du</strong>lts are abandoning art housefilms and attendance amongst the olderage-group is dropping. TV has drainedaudiences’ brains. It is urgent that cinemaprogrammes be set up in schools toe<strong>du</strong>cate tomorrow’s cinema-goers.” Thisessential work has already been undertakenby the <strong>Europa</strong> <strong>Cinemas</strong> operators.The network is performing well in termsof audience and maintaining these numbersfor quality European films. Its firmidentity is being reinforced thanks to charismaticleaders (such as Nanni Morettiwith his Nuovo Sacher in Rome). “It isno exaggeration to describe the smallItalian operators as real heroes,” MarioLorini concludes. Heroes who nonethelessneed help in order to withstandthe digital monster.Écrans EC (marché)E.C. screens (Market) 223 (3 872)Fréquentation réseau ECE.C. network attendance 7 749 989Entrées réseau EC (%)E.C. admissions (%) 7,7Entrées européennesdans le réseau (%)Share of European filmsin E.C. network (%) 66,1(Chiffres 2011 / 2011 Figures)© DR<strong>Europa</strong> <strong>Cinemas</strong> 20 e anniversaire<strong>Europa</strong> <strong>Cinemas</strong> 20 th anniversary