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Du foyer de travailleurs migrants à la résidence sociale

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plus <strong>la</strong>rge, qui est celui du vil<strong>la</strong>ge, où il est investi dans <strong>de</strong>sprojets <strong>de</strong> développement.Les gestionnaires sont sensibles <strong>à</strong> cette démarche etl’accompagnent parfois en associant leurs sa<strong>la</strong>riés et enmobilisant <strong>de</strong>s fonds. Ainsi Adoma a créé en 2006 unefondation d’entreprise qui a pour but <strong>de</strong> « promouvoir,soutenir ou coordonner par tout moyen, en France ou dansles pays émergents ou en développement <strong>de</strong>s programmesou projets d’intérêt général portant notamment dans lesdomaines sociaux, humanitaires, culturels, éducatifs,sanitaires et <strong>de</strong> ‘<strong>la</strong> création d’activités ». L’Aftam soutientelle aussi certains projets <strong>de</strong> co-<strong>de</strong>veloppement dont sesrésidants.sont initiateursL’importance <strong>de</strong> ces transferts est difficile <strong>à</strong> estimer.Le rapport Cuq 33 , établi en 1996, estimait qu’unepersonne payée au SMIC, soit <strong>à</strong> l’époque 4 900 F nets,pouvait envoyer 3 400 F si le lit en dortoir coûtait450 F. Un tel chiffrage est très discutable, mais il est c<strong>la</strong>irque cette popu<strong>la</strong>tion, venue <strong>de</strong> pays très pauvres, seconsidère comme chargée d’une mission au service <strong>de</strong> <strong>la</strong>communauté, et que cette mission passe avant le confort<strong>de</strong> son instal<strong>la</strong>tion ici. Il y a l<strong>à</strong> une donnée qui pèse lorsqueles maîtres d’ouvrage et les gestionnaires leur présentent<strong>de</strong>s projets <strong>de</strong> restructuration qui, au nom <strong>de</strong> leur confort,affectent leur capacité <strong>à</strong> jouer le rôle attendu d’eux dansleur vil<strong>la</strong>ge.1.2.2 La suroccupation <strong>de</strong>s <strong>foyer</strong>s renvoie <strong>à</strong> <strong>de</strong>s réflexes<strong>de</strong> solidarité et au contexte <strong>de</strong> mal-logement.Alors que, dans les <strong>foyer</strong>s occupés par <strong>de</strong>s vieux <strong>migrants</strong>maghrébins, les gestionnaires sont confrontés parfois <strong>à</strong><strong>la</strong> vacance (dans les zones les moins tendues) et presquetoujours <strong>à</strong> <strong>la</strong> sous-occupation du fait <strong>de</strong>s allers-retoursou <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s d’hospitalisation pour les plus âgés, cesmêmes gestionnaires doivent faire face, dans les <strong>foyer</strong>s <strong>de</strong>peuplement subsaharien, <strong>à</strong> une suroccupation importante.Les actions menées pour lutter contre <strong>la</strong> suroccupationmobilisent <strong>de</strong>s moyens juridiques importants. Ellesgénèrent <strong>de</strong>s tensions lour<strong>de</strong>s entre les gestionnaires etles résidants et ont une efficacité limitée.Cette suroccupation produit <strong>de</strong>s effets visibles surl’état même <strong>de</strong>s bâtiments, qui subissent une usureaccélérée. Elle a également <strong>de</strong>s conséquences sur lesconsommations : les relevés mensuels <strong>de</strong> <strong>la</strong> consommation<strong>de</strong>s flui<strong>de</strong>s (eau et électricité) ou encore le volume <strong>de</strong>sordures ménagères produites constituent <strong>de</strong>s indicateursdu niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> suroccupation du <strong>foyer</strong>.En 2005, les <strong>foyer</strong>s parisiens abritaient près <strong>de</strong> 8 500résidants en titre et près <strong>de</strong> 6 000 surnuméraires soit untaux <strong>de</strong> suroccupation moyen <strong>de</strong> près <strong>de</strong> 70%. L’AtelierParisien d’Urbanisme recensait <strong>à</strong> Paris six <strong>foyer</strong>s danslesquels le taux <strong>de</strong> suroccupation était supérieur <strong>à</strong> 100%.On décrit ce phénomène comme culturel et il esteffectivement lié <strong>à</strong> <strong>la</strong> solidarité communautaire et <strong>à</strong> unetradition d’accueil très présente dans le pays d’origine.L’hébergement <strong>de</strong> parents ou <strong>de</strong> proches a toujours existédans ces <strong>foyer</strong>s mais c’est au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières annéesqu’il a atteint <strong>de</strong>s proportions extrêmes. On peut voir dansce développement le signe d’une perte d’influence <strong>de</strong>schefs <strong>de</strong> vil<strong>la</strong>ge : aujourd’hui les jeunes ont tendance <strong>à</strong>contester l’autorité <strong>de</strong>s plus anciens 34 . La tradition d’accueilperdure donc mais selon <strong>de</strong>s stratégies individuelles quimettent en cause les équilibres, fragiles, que les chefs <strong>de</strong>vil<strong>la</strong>ge et les comités <strong>de</strong> résidants s’efforçaient <strong>de</strong> fairerespecter.Mais <strong>la</strong> suroccupation renvoie également au manque <strong>de</strong>logements accessibles, particulièrement en Ile <strong>de</strong> France.Dans un autre contexte, <strong>la</strong> solidarité conduirait <strong>à</strong> unhébergement temporaire, le temps que le nouvel arrivantaccè<strong>de</strong> lui-même <strong>à</strong> une solution d’habitat indépendante.La situation que l’on constate dans certains <strong>foyer</strong>s,avec non seulement <strong>de</strong>s chambres minuscules quel’on partage, mais <strong>de</strong>s mate<strong>la</strong>s installés le soir dansles couloirs, relève certes <strong>de</strong> l’hospitalité, mais d’unehospitalité <strong>de</strong> crise.Pour ces suroccupants, le <strong>foyer</strong> n’est d’ailleurs pasforcément le premier point d’entrée en France : certainssont <strong>de</strong>s franciliens <strong>de</strong> plus ou moins longue date.Une partie importante d’entre eux est sans-papiers,33. Rapport <strong>de</strong> Henri Cuq, député <strong>de</strong>s Yvelines, sur <strong>la</strong> situation et le <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s <strong>foyer</strong>s <strong>de</strong> <strong>travailleurs</strong> <strong>migrants</strong>.34. Gilles Desrumaux, délégué général <strong>de</strong> l’UNAFO auditionné par le Haut Comité, le 18 septembre 2009.32

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