Dans le <strong>de</strong>uxième cas, il s’agit, pour une popu<strong>la</strong>tionmajoritairement musulmane, <strong>de</strong> pouvoir pratiquer <strong>la</strong>prière. L’affectation d’un local du <strong>foyer</strong> <strong>à</strong> cet usage soulèveévi<strong>de</strong>mment une question <strong>de</strong> principe dans une république<strong>la</strong>ïque : bailleurs et gestionnaires n’ont pas vocation <strong>à</strong>fournir <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong> culte. Cependant le principe <strong>de</strong> réalitéconduit <strong>à</strong> constater que lorsque <strong>de</strong> tels lieux n’existentpas dans l’environnement proche le besoin conduit <strong>à</strong> uneaffectation <strong>de</strong> fait <strong>à</strong> <strong>la</strong> prière <strong>de</strong> locaux <strong>de</strong>stinés <strong>à</strong> un autreusage. Une affectation partagée est parfois possible mais,en pratique, <strong>la</strong> plupart <strong>de</strong>s <strong>foyer</strong>s, y compris lorsqu’ils sontreconstruits en tant que rési<strong>de</strong>nce <strong>sociale</strong>, disposent d’unesalle officiellement nommée « polyvalente » et <strong>de</strong> faitexclusivement utilisée pour <strong>la</strong> prière.Une autre question qui se pose est celle <strong>de</strong> l’ouverture <strong>de</strong>ces salles <strong>à</strong> une popu<strong>la</strong>tion extérieure au <strong>foyer</strong>. C’est enréalité l<strong>à</strong> que se situe <strong>la</strong> ligne <strong>de</strong> résistance, pragmatique,<strong>de</strong>s gestionnaires.La p<strong>la</strong>ce particulière du <strong>foyer</strong> subsaharien, entre logiquecommunautaire et intégration.Le rapport Cuq dressait un portrait plus que négatif<strong>de</strong> <strong>foyer</strong>s qui, selon lui, « constituent <strong>de</strong>s re<strong>la</strong>is <strong>de</strong>l’immigration c<strong>la</strong>n<strong>de</strong>stine, accueillent <strong>de</strong>s activités illicitesdont <strong>la</strong> drogue et <strong>la</strong> prostitution, points d’ancrage d’uneéconomie parallèle entre <strong>la</strong> France et les pays d’origine (…)qui se sont érigés en zones d’extra territorialité, soumises<strong>à</strong> l’autorité <strong>de</strong> lea<strong>de</strong>rs coutumiers, où <strong>la</strong> loi républicaineest absente ».La réalité telle qu’on peut <strong>la</strong> constater aujourd’hui n’estpas – ou n’est plus – celle-l<strong>à</strong>. De gros efforts ont étéréalisés par les gestionnaires. Adoma et Aftam se sontvus transférer <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong>s <strong>foyer</strong>s les plus défail<strong>la</strong>nts etles autorités ne renoncent pas <strong>à</strong> intervenir dans les <strong>foyer</strong>slorsqu’elles l’estiment pertinent. Mais il faut aussi situerces <strong>foyer</strong>s dans le contexte d’une vocation qui a été <strong>la</strong> leur<strong>de</strong>puis leur création : celle <strong>de</strong> permettre <strong>de</strong>s solidaritéscommunautaires. Les solidarités s’exercent <strong>à</strong> l’égard dupays avec le financement, tout <strong>à</strong> fait légal et bien venu,<strong>de</strong> projets <strong>de</strong> développement. Elles s’exercent <strong>à</strong> l’égardd’autres résidants ou <strong>de</strong> membres <strong>de</strong> <strong>la</strong> communauté :ce<strong>la</strong> peut prendre <strong>la</strong> forme <strong>de</strong> l’hébergement, avec lesproblèmes que ce<strong>la</strong> pose aux gestionnaires, ou d’activitéséconomiques qui contreviennent <strong>à</strong> <strong>la</strong> légis<strong>la</strong>tion sanspour autant verser dans <strong>la</strong> criminalité. Ce<strong>la</strong> prend aussitout simplement <strong>la</strong> forme d’un lieu <strong>de</strong> vie ouvert : leCOPAF 39 note que « ces <strong>foyer</strong>s sont <strong>de</strong>venus <strong>de</strong>s lieuxincontournables pour <strong>la</strong> vie <strong>sociale</strong> et culturelle <strong>de</strong>scommunautés ouest-africaines ».L’expérience a montré qu’il n’y avait pas <strong>de</strong> fatalité <strong>à</strong> ce queces <strong>foyer</strong>s restent hors du droit. Les activités informellespeuvent être supprimées : elles ne se retrouvent pasdans les rési<strong>de</strong>nces <strong>sociale</strong>s issues <strong>de</strong> <strong>la</strong> transformation<strong>de</strong>s FTM. La légalisation <strong>de</strong>s cuisines soulève, certes, <strong>de</strong>difficiles problèmes d’équilibre financier, mais nous savonsaujourd’hui qu’elle est possible, dans un cadre viable. Lacuisine du <strong>foyer</strong> ADOMA <strong>de</strong> <strong>la</strong> Comman<strong>de</strong>rie <strong>de</strong>vrait êtregérée par d’anciennes cuisinières, signe d’émancipationfort pour ces femmes qui ont travaillé sous <strong>la</strong> tutelle <strong>de</strong>scomités <strong>de</strong> résidants.Le problème qui reste le plus difficile <strong>à</strong> résoudre est celui<strong>de</strong> l’hébergement et <strong>de</strong> <strong>la</strong> suroccupation qu’il produit.Lorsque <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong>s collectivités locales le permet,les projets <strong>de</strong> restructuration intègrent une partie <strong>de</strong>ssurnuméraires qui sont en situation régulière et peuventattester d’une présence permanente dans le <strong>foyer</strong>.La nouvelle typologie <strong>de</strong>s locaux, plus individualisés,responsabilise davantage les résidants, dont on sait quetous ne cautionnent pas une pratique qui est pour euxune contrainte. Pour autant le <strong>foyer</strong> subsaharien, qu’il soitencore FTM ou qu’il soit <strong>de</strong>venu rési<strong>de</strong>nce <strong>sociale</strong>, resterasoumis <strong>à</strong> une pression communautaire contre <strong>la</strong>quelle lecombat doit être mené, mais restera difficile tant que lecontexte du logement <strong>de</strong> <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion africaine dans <strong>la</strong>ville ne changera pas.Dès lors que les popu<strong>la</strong>tions accueillies vivent durablement,sinon définitivement en France, le <strong>foyer</strong> doit aussi pouvoirs’inscrire dans <strong>de</strong>s parcours rési<strong>de</strong>ntiels : enregistrer <strong>de</strong>ssorties vers le logement ordinaire pour pouvoir assurer lesaccueils qui restent indispensables.39. Collectif pour l’avenir <strong>de</strong>s <strong>foyer</strong>s.36
I.3Les nouveaux publicsDepuis <strong>la</strong> création <strong>de</strong>s rési<strong>de</strong>nces <strong>sociale</strong>s en 1994, lesFTM sont, progressivement, tous appelés <strong>à</strong> passer sousce nouveau statut. Nous en examinerons les implicationsphysiques au chapitre 2, mais <strong>la</strong> première conséquence <strong>de</strong>cette mutation porte sur le peuplement : les rési<strong>de</strong>nces<strong>sociale</strong>s ont vocation <strong>à</strong> accueillir <strong>de</strong>s publics beaucoup plusdiversifiés que les FTM.Au 1 er janvier 2007, <strong>la</strong> DHUP recensait (source EnquêteMODAL)- 31 079 p<strong>la</strong>ces en rési<strong>de</strong>nces <strong>sociale</strong>s issues <strong>de</strong> <strong>la</strong>transformation <strong>de</strong> FTM,- 14 276 p<strong>la</strong>ces en rési<strong>de</strong>nces <strong>sociale</strong>s créées ex nihilo(hors pension <strong>de</strong> famille).1.3.1 La diversification du peuplement dépend davantage<strong>de</strong> l’existence d’une vacance que du changement<strong>de</strong> statut du <strong>foyer</strong>.Quels que soient les objectifs affichés par les pouvoirspublics et les gestionnaires, l’évolution du peuplementest d’abord dépendante <strong>de</strong>s possibilités offertes parles départs spontanés 40 . Elle ne concerne évi<strong>de</strong>mmentpas les <strong>foyer</strong>s en suroccupation, où tout départ estimmédiatement remp<strong>la</strong>cé par une personne <strong>de</strong> mêmeprofil.Les projets sociaux <strong>de</strong>s rési<strong>de</strong>nces <strong>sociale</strong>s crééespar transformation <strong>de</strong>s <strong>foyer</strong>s mentionnent d’ailleursexplicitement que les anciens résidants ont un droit<strong>de</strong> priorité pour intégrer <strong>la</strong> nouvelle rési<strong>de</strong>nce, et que<strong>la</strong> durée <strong>de</strong> leur séjour n’est pas limitée. Certes lesgestionnaires essaient, lors <strong>de</strong> <strong>la</strong> création <strong>de</strong> <strong>la</strong> nouvellestructure, <strong>de</strong> faire cohabiter les anciens du <strong>foyer</strong> avec <strong>de</strong>nouveaux publics. C’est le cas <strong>à</strong> Paris, où l’objectif <strong>de</strong> <strong>la</strong>Ville est que 50% <strong>de</strong>s logements créés dans <strong>de</strong>s sites<strong>de</strong> <strong>de</strong>sserrements, soient occupés par « d’autres types<strong>de</strong> publics (jeunes <strong>travailleurs</strong>, étudiants, familles,…) » 41 .S’agissant <strong>de</strong> reconstructions liées au traitement <strong>de</strong><strong>foyer</strong>s occupés par une popu<strong>la</strong>tion subsaharienne, cettediversification ne peut être menée <strong>à</strong> bien que si le projet aintégré un nombre <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ces nettement supérieur <strong>à</strong> cellesprécé<strong>de</strong>mment occupées, y compris, au moins pour partie,les p<strong>la</strong>ces occupées en suroccupation 42 .Compte tenu <strong>de</strong> ces contraintes, ce sont les <strong>foyer</strong>s quiont accueilli les <strong>travailleurs</strong> maghrébins qui entrent lespremiers dans <strong>la</strong> logique <strong>de</strong> diversification : les départsou les décès libèrent <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ces qui peuvent accueillir<strong>de</strong> nouveaux publics. <strong>Du</strong> fait <strong>de</strong> <strong>la</strong> typologie d’origine<strong>de</strong>s popu<strong>la</strong>tions <strong>de</strong>s FTM, c’est en province que cesopportunités sont les plus nombreuses.Il faut noter que <strong>la</strong> diversification s’opère parfoisindépendamment du changement <strong>de</strong> statut : tandis que<strong>de</strong>s rési<strong>de</strong>nces <strong>sociale</strong>s issues <strong>de</strong> FTM restent entièrementoccupées par <strong>de</strong>s <strong>travailleurs</strong> <strong>migrants</strong>, on voit <strong>de</strong>s FTMnon transformés accueillir <strong>de</strong> nouveaux publics pourcompenser les départs.1.3.2 Une partie <strong>de</strong> certains <strong>foyer</strong>s est réaffectée <strong>à</strong> <strong>de</strong>sCADA 43 ou <strong>à</strong> d’autres centres d’hébergement.Certains FTM, passés ou non sous le statut <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce<strong>sociale</strong>, affectent une partie <strong>de</strong> leurs p<strong>la</strong>ces <strong>à</strong> <strong>de</strong>s40. Sous réserve toutefois que les opérations <strong>de</strong> traitement n’entrainent pas une réduction <strong>de</strong> l’offre.41. In « Le Traitement <strong>de</strong>s FTM Parisiens , bi<strong>la</strong>n et perspectives »-octobre 2005 ; feuille <strong>de</strong> route rédigée par <strong>la</strong> Direction du Logement et <strong>de</strong> l’Habitat <strong>de</strong> <strong>la</strong> Mairie <strong>de</strong> PARIS.42. Elle peut cependant être facilitée par le fait que <strong>de</strong>s résidants, pour <strong>de</strong>s raisons <strong>de</strong> coût notamment, se réorientent vers <strong>de</strong>s FTM non transformés où existe <strong>de</strong><strong>la</strong> rotation.43. Centres d’accueil pour <strong>de</strong>man<strong>de</strong>urs d’asile.37
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