Malgré les problèmes soulevés par ses conditions<strong>de</strong> fonctionnement, en particulier pour les femmesemployées dans <strong>de</strong>s conditions totalement inacceptablesau regard <strong>de</strong>s droits sociaux, <strong>la</strong> restauration répond <strong>à</strong> unbesoin social pour les résidants, qui est <strong>de</strong> pouvoir faireun repas correct dont le prix soit compatible avec lesrevenus <strong>de</strong> tous, et n’obère pas leur capacité <strong>à</strong> envoyer <strong>de</strong>l’argent au pays. C’est pourquoi le projet <strong>de</strong>s gestionnairesn’est pas d’y mettre fin, mais <strong>de</strong> <strong>la</strong> faire entrer dans uncadre <strong>de</strong> droit. C’est ce qui a été réalisé <strong>à</strong> ce jour dans<strong>de</strong>ux <strong>foyer</strong>s ayant fait l’objet d’une reconstruction : le<strong>foyer</strong> Bachir Souni d’ADOMA <strong>à</strong> Saint-Denis en 2005 37 etle <strong>foyer</strong> « Fillettes » d’AFTAM <strong>à</strong> Aubervillers en 2007. Telest également le projet <strong>de</strong>s gestionnaires pour les <strong>foyer</strong>sparisiens d’ADOMA « Comman<strong>de</strong>rie » et Fort <strong>de</strong> Vaux : ilreste cependant <strong>à</strong> i<strong>de</strong>ntifier les équipes aptes <strong>à</strong> prendreen charge une gestion qui <strong>de</strong>vra s’équilibrer sans autreai<strong>de</strong> du gestionnaire que <strong>la</strong> mise <strong>à</strong> disposition <strong>de</strong>s locaux.La légalisation <strong>de</strong> <strong>la</strong> cuisine du <strong>foyer</strong> Fillettes <strong>à</strong>AUBERVILLIERSAvant sa reconstruction, le <strong>foyer</strong> FILLETTES, géré parl’AFTAM, disposait d’une cuisine commerciale, géréehors <strong>de</strong> tout cadre juridique par le Comité <strong>de</strong> résidants.Cette cuisine employait, sans contrat, trois cuisinièreset <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cuisine.Désireuse <strong>de</strong> maintenir cette activité en <strong>la</strong> faisantentrer dans <strong>la</strong> légalité, l’AFTAM, s’est appuyée surl’expérience d’ADOMA <strong>à</strong> Saint-Denis : dans le cadre <strong>de</strong><strong>la</strong> restructuration <strong>de</strong> l’ancien <strong>foyer</strong> Pinel, une cuisinecollective a été recréée dans <strong>la</strong> rési<strong>de</strong>nce <strong>sociale</strong> BachirSouni, et sa gestion est assurée par l’association Taf etMaffé.L’AFTAM a d’abord missionné dans le cadre d’uneMOUS 38 l’association APPUI, créée par les fondateurs<strong>de</strong> Taf et Maffé pour l’ai<strong>de</strong>r <strong>à</strong> monter le projet. Elle aensuite confié <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong> <strong>la</strong> cuisine <strong>à</strong> Taf et Maffé.Le projet <strong>de</strong> démolition-reconstruction du <strong>foyer</strong> aintégré un espace dédié <strong>à</strong> cette activité en front <strong>de</strong> rue,avec réfectoire et local <strong>de</strong> cuisine, et accès direct surl’extérieur. L’équipement complet <strong>de</strong> <strong>la</strong> cuisine a étéfinancé essentiellement par l’ACSE.Les trois cuisinières ont été reprises au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> nouvellestructure, après une formation. Trois <strong>de</strong>s anciens ai<strong>de</strong>s<strong>de</strong> cuisine (2 hommes et une femme) qui travail<strong>la</strong>ient<strong>de</strong>puis plusieurs années dans l’ancienne cuisineinformelle du <strong>foyer</strong> AFTAM « Fillettes » ont bénéficiéd’une procédure <strong>de</strong> régu<strong>la</strong>risation exceptionnelle <strong>de</strong><strong>la</strong> part <strong>de</strong> <strong>la</strong> Préfecture <strong>de</strong> Seine-Saint-Denis, dont lesservices désiraient voir aboutir le projet.Aujourd’hui les résidants et les autres clients duvoisinage s’acquittent d’une somme <strong>de</strong> 2,60€ parrepas alors que lorsque <strong>la</strong> cuisine fonctionnait surun mo<strong>de</strong> informel, le prix était <strong>de</strong> 1,50€. Commele précise le rapport final d’APPUI « le prix du p<strong>la</strong>tétait traditionnellement fixé en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> tout calculd’un coût <strong>de</strong> revient » mais il s’agissait « d’un prix<strong>sociale</strong>ment acceptable par les rési<strong>de</strong>nts pour payer unp<strong>la</strong>t traditionnel chaud ».Un tel niveau <strong>de</strong> prix ne peut pas couvrir lesdépenses. Le subventionnement <strong>de</strong>s repas n’étant pasenvisageable, c’est <strong>à</strong> travers une démarche d’insertion<strong>sociale</strong> et professionnelle <strong>de</strong>s sa<strong>la</strong>riés que <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>sont été obtenues. Financés dans le cadre <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s auxchantiers d’insertion, les sa<strong>la</strong>ires <strong>de</strong>s ai<strong>de</strong>s <strong>de</strong> cuisine nepèsent pas sur le prix du revient. L’équilibre du systèmerepose donc sur <strong>de</strong>ux formes <strong>de</strong> ressources : les recettesd’activité et les subventions aux postes <strong>de</strong> travail.Il convient <strong>de</strong> souligner que les ai<strong>de</strong>s accordées sont<strong>la</strong> contrepartie d’une véritable plus-value d’insertion<strong>sociale</strong> et professionnelle apportée par APPUI et Tafet Maffé. L’association s’est attachée <strong>à</strong> sa<strong>la</strong>rier enpriorité <strong>de</strong>s personnes qui n’avaient pas d’expérienceprofessionnelle en France ou <strong>de</strong> qualification reconnuesur le marché <strong>de</strong> l’emploi afin <strong>de</strong> leur offrir uneexpérience professionnelle formative qui puisse êtrevalorisée sur le marché <strong>de</strong> l’emploi.37. Construit dans le cadre du traitement du <strong>foyer</strong> Pinel.38. Maîtrise d’œuvre urbaine et <strong>sociale</strong>.34
D’autres activités économiques « informelles » se sontinstallées dans les <strong>foyer</strong>s.Si l’objectif du maintien <strong>de</strong> <strong>la</strong> restauration, malgré lesdifficultés pratiques qu’il soulève, fait généralementconsensus, les <strong>foyer</strong>s subsahariens abritent <strong>de</strong> nombreusesautres activités économiques informelles qui, elles, sontbeaucoup plus discutées. On peut citer : les « forges » (activité <strong>de</strong> confection <strong>de</strong> bijoux), les tailleurs, <strong>la</strong> découpe <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>, les coiffeurs, et <strong>de</strong> multiples petits commerces, dont <strong>la</strong> vente <strong>de</strong>produits alimentaires ou d’hygiène, <strong>de</strong> boissons et <strong>de</strong>cigarettes.Ces activités occupent les espaces disponibles dans leshalls d’entrée, les sous-sols ou parfois <strong>à</strong> l’extérieur : <strong>la</strong> courdu <strong>foyer</strong> Bara <strong>à</strong> Montreuil présente au quotidien l’aspectanimé et coloré d’un petit souk. La fonction <strong>sociale</strong> estdouble : il s’agit <strong>de</strong> permettre aux résidants d’accé<strong>de</strong>r<strong>à</strong> certains services <strong>à</strong> bas prix (coiffeur, achat <strong>de</strong> vian<strong>de</strong>,vêtements..) et <strong>de</strong> procurer une activité <strong>à</strong> <strong>de</strong>s personnessans emploi. Pour autant l’utilité n’est pas comparable aveccelle <strong>de</strong> <strong>la</strong> restauration et aucun gestionnaire n’envisage<strong>la</strong> légalisation <strong>de</strong> ces activités, dont <strong>la</strong> disparition est aucontraire programmée dans le cadre du traitement <strong>de</strong>s<strong>foyer</strong>s.Il convient <strong>de</strong> noter que dans le cadre <strong>de</strong>s <strong>foyer</strong>s anciens,<strong>la</strong> fermeture <strong>de</strong> ces activités est également possibledès lors que telle est <strong>la</strong> volonté <strong>de</strong>s pouvoirs publics.Le <strong>foyer</strong> Manoukian <strong>de</strong> l’ADEF <strong>à</strong> Vitry a abrité pendant<strong>de</strong> très nombreuses années tout un ensemble d’activité« informelles » dans un très vaste sous-sol. Suite <strong>à</strong> unevisite <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission communale <strong>de</strong> sécurité <strong>la</strong> décisiona été prise <strong>de</strong> fermer ces locaux. Les motifs invoqués parcette commission étaient les suivants: branchements électriques anarchiques <strong>de</strong>s tailleurs avecrisques <strong>de</strong> courts-circuits ; accumu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> matériaux inf<strong>la</strong>mmables (les ballots<strong>de</strong> tissus) ; espace ouvert sur l’extérieur avec <strong>de</strong> nombreuses alléeset venues ; absence <strong>de</strong> détecteurs et <strong>de</strong> portes coupe-feu.Cette commission a donc émis un avis défavorable enjanvier 2009 qu’elle a confirmé en mai 2009 bien queles matériaux inf<strong>la</strong>mmables aient entre-temps étéentreposés dans les salles communes. Le comité <strong>de</strong>résidant a été informé et après un dé<strong>la</strong>i, le gestionnairea repris possession <strong>de</strong> ces locaux. Dans un premier tempsles bouchers se sont installés <strong>à</strong> l’extérieur dans <strong>de</strong>s box <strong>à</strong>vélo dont ils ont été délogés suite <strong>à</strong> une opération policièrele 17 juillet. Les activités <strong>de</strong> taille ont presque disparu, lesépiciers ont, quant <strong>à</strong> eux, occupé les espaces <strong>de</strong> circu<strong>la</strong>tiondu rez-<strong>de</strong>-chaussée.Au total on peut constater que le retour au droit s’estglobalement effectué. Le <strong>foyer</strong> n’est pas une zoneextra territoriale où les lois françaises ne pourraient pass’appliquer. Par contre il est c<strong>la</strong>ir que le gestionnaire, seul,n’est pas en situation d’imposer <strong>la</strong> fin d’activités qui ontété tolérées <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>s années. Il ne peut le faire qu’ens’appuyant sur l’autorité <strong>de</strong>s pouvoirs publics.Le <strong>foyer</strong> a besoin d’espaces dédiés <strong>à</strong> <strong>la</strong> vie <strong>sociale</strong> <strong>de</strong>srésidants.Si le développement <strong>de</strong> certaines activités économiquesprocè<strong>de</strong> d’un détournement <strong>de</strong> locaux ou d’espacesqui n’ont pas été conçus <strong>à</strong> cette fin, il faut noter queles <strong>foyer</strong>s ont été dotés <strong>de</strong> locaux collectifs. Ces locauxsont indissociables <strong>de</strong> <strong>la</strong> conception même <strong>de</strong> l’habitatcollectif que constitue le logement-<strong>foyer</strong>. Ils sont présentset nécessaires dans tous les FTM, mais ils sont d’autantplus indispensables l<strong>à</strong> où les résidants dorment dans <strong>de</strong>sdortoirs ou <strong>de</strong>s chambres collectives. Les locaux collectifsservent par exemple <strong>de</strong> lieu <strong>de</strong> détente qui peut accueillirun bar et une télévision, <strong>de</strong> lieu <strong>de</strong> réunion pour le comité<strong>de</strong> résidant. Ils permettent au gestionnaire, dans le cadre<strong>de</strong> <strong>la</strong> gestion locative <strong>sociale</strong>, d’organiser <strong>de</strong>s activités <strong>de</strong>prévention sanitaire, d’alphabétisation ou <strong>de</strong> formation.Deux utilisations importantes pour les résidants méritentd’être mentionnées particulièrement : le <strong>de</strong>uil et <strong>la</strong> prière.Dans le premier cas, il s’agit en cas <strong>de</strong> décès d’un résidant<strong>de</strong> répondre au besoin <strong>de</strong> rassemblement, et du recueil <strong>de</strong>scondoléances par les proches. Cette pratique, indispensableau <strong>de</strong>uil, se heurte très souvent <strong>à</strong> un manque d’espace quiconstitue un véritable problème pour les résidants.35
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