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Société<br />
«Le nouveau départ d'un combat<br />
commencé 30 ans auparavant»<br />
Les 23 et 24 mai derniers a eu lieu le Sommet humanitaire mondial à Istanbul en Turquie.<br />
Handicap International a saisi l'occasion pour faire avancer la cause des personnes<br />
handicapées visant à adapter l'action humanitaire dans la multiplication de crises que<br />
nous connaissons. Lors de ce Sommet, l'organisation a fait adopter une charte sur<br />
l'inclusion des personnes handicapées, trop souvent oubliées dans la réponse humanitaire.<br />
Interview de Martin Lagneau, directeur de Handicap International Luxembourg.<br />
Pouvez-vous nous en dire davantage<br />
sur cette charte?<br />
Un certain nombre de sessions spéciales ont<br />
été organisées lors de ce Sommet humanitaire<br />
qui réunissait une multitude d'acteurs,<br />
dont l’une qui concernait spécifiquement le<br />
handicap. Durant cette session, nous avons<br />
présenté une charte sur laquelle nous avons<br />
travaillé avec un consortium d'acteurs de la<br />
société civile sur la question de l'inclusion des<br />
personnes handicapées. Cette charte est née<br />
suite au constat d'un manque de solutions<br />
apportées à ces publics particulièrement vulnérables<br />
lors des crises humanitaires. À cette<br />
fin, nous avons proposé aux États mais également<br />
aux acteurs de la société civile et aux<br />
autres organisations humanitaires, un certain<br />
nombre d'engagements reposant sur plusieurs<br />
principes.<br />
Il y a d'abord le principe de non-discrimination<br />
et de respect de la diversité des personnes<br />
victimes de crises lors de conflits ou de<br />
catastrophes naturelles. Le handicap n'est<br />
pas une catégorie en soi. La personne en<br />
situation de handicap peut souffrir d'une<br />
invalidité motrice, sensorielle, mentale ou<br />
encore en partager les mêmes caractéristiques<br />
(personne âgée, femme enceinte, etc.).<br />
Il faut des réponses spécifiques à la diversité<br />
des vulnérabilités auxquelles sont<br />
confrontées ces populations. Le deuxième<br />
principe concerne la participation et la<br />
consultation de ces publics dans la conception<br />
et l'évaluation des programmes humanitaires.<br />
Les ONG doivent mettre en place<br />
des mécanismes dans lesquels elles consultent<br />
les personnes handicapées, les font<br />
participer pour récolter l'information<br />
nécessaire à l'élaboration de leurs activités.<br />
Le troisième appel de cette charte consiste<br />
à développer des services inclusifs. Il est<br />
impératif que les organisations développent<br />
des aides qui incluent tous les publics<br />
en assurant notamment l'accessibilité aux<br />
personnes handicapées et en éliminant les<br />
obstacles existants. Ensuite, pour que tout<br />
cela se mette en place, il est nécessaire que<br />
les différents acteurs et les États élaborent<br />
des politiques et des directives inclusives;<br />
les organisations ont besoin de lignes directrices.<br />
Le dernier principe, c'est celui de la<br />
coopération entre les acteurs. Nous devons<br />
établir un continuum de services et celui-ci,<br />
doit s'étendre à l'ensemble des actions de<br />
l'ONU, des États, des ONG et des structures<br />
locales.<br />
Quel accueil a-t-elle reçu de la part des<br />
différents acteurs?<br />
La charte a été soutenue par 96 acteurs le<br />
jour de la présentation. Une déclaration<br />
de soutien et d'engagement à respecter par<br />
les différents signataires est au cœur de<br />
cette charte. Pour Handicap International<br />
Luxembourg, notre demande était que le<br />
gouvernement luxembourgeois s'engage de<br />
manière très forte et volontariste sur cette<br />
problématique, et ce fut un succès.<br />
Pourquoi cette charte n'arrive-t-elle<br />
finalement que maintenant?<br />
Il faut savoir que cette question de l'inclusion<br />
des besoins spécifiques des personnes handicapées<br />
est à la base même de l'ADN de<br />
Handicap International. Il y a eu des éléments<br />
intermédiaires comme la convention<br />
relative aux droits des personnes handicapées<br />
qui a été signée par le Luxembourg.<br />
Cependant, en effet, nous pouvons dire que<br />
c'est le nouveau départ d'un combat commencé<br />
30 ans auparavant. Comme l'a dit<br />
le Secrétaire général des Nations unies, Ban<br />
Ki-moon, cette charte n'est pas une finalité<br />
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<strong>LG</strong> - Juin 2016