Débuter dans les jeux de société

le grand déballage
interview
association des Ludothèques Françaises
C’est en 1985 que la première association régionale,
regroupant plusieurs ludothèques,
voit le jour : il s’agit de l’ALF (l’Association des
Ludothèques Françaises) Nord-Pas-de-Calais.
La première d’une longue série d’antennes régionales
qui auront pour but de promouvoir le
jeu et d’aider les personnes désireuses de devenir
ludothécaire à se former. Mais l’ALF c’est
aussi une association agréée par le ministère
de la jeunesse et des sports, qui chapeaute
chaque année la Fête du Jeu ou la Semaine
du Jeu de Société. C’est pour mieux découvrir
cette grande organisation et son travail que
nous avons rencontré Nicolas Dion ; il a accepté
de jouer au jeu des questions avec son équipe.
y Les ludothèques ont souvent la réputation
d’être des lieux de jeux uniquement destinés
aux enfants en bas âge. Que pensez-vous de
cette idée reçue ?
Qu’elle existe effectivement, et qu’elle a la peau
dure. La question à se poser est : pourquoi ? Et
là il y a probablement plusieurs réponses.
La première est probablement l’image du jeu
dans notre société. Il est largement perçu
comme quelque chose de futile, d’improductif,
donc de propre à l’enfance et de pas assez sérieux
pour l’âge adulte. Comme si jouer c’était
perdre son temps, alors qu’il y a nombre de
choses qui se jouent dans le jeu, en termes de
plaisir, de cohésion, de découverte, d’entretien,
etc. L’adulte joueur est encore régulièrement
envisagé comme un « grand-ado » ou un
« grand-enfant », comme si cette pratique était
indigne ou incompatible avec son statut. Une
des conséquences de cette perception, c’est
qu’il est plus facile de trouver des financements
sur les volets enfance ou éducation que sur des
champs adultes ou culturels.
La seconde est liée à une réalité des ludothèques
aujourd’hui. La majorité d’entre elles
se sont construites autour de projets liés à l’enfance
et sont rattachées à des services enfance.
De fait, nombre de structures sont identifiées
comme telles, et il n’est pas forcément évident
d’aller à l’encontre de cette idée reçue.
Il y a encore la question de la commercialisation
des jeux adultes. Ils sont essentiellement distribués
dans des boutiques spécialisées, souvent
peu connues du grand public. Il y a très peu de
jeux qui accèdent aux sphères de la publicité
dans les grands médias, et ceux qu’on y retrouve
offrent souvent peu de variété. Il y essentiellement
là des jeux très classiques ou des
dérivés d’émissions TV, de films et de grandes
licences commerciales qui ne sont pas toujours
très pertinents en termes de plaisir ludique.
Il y aurait certainement encore d’autres clefs
d’entrée pour analyser cet état de fait.