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fois si on n’est pas regardé, on n’existe pas.
Il y a une forme d’égo. On passe son temps
à se mater dans un miroir ou à être vu sur
scène. Mais c’est surtout le fait de bouger
dans l’art et la technique en musique qui
me plait.
QUE DIT VOTRE CARACTÈRE ?
M.D. : Quand je dis boxer, on ne me croit
pas. Je ne suis pas violente et déteste m’emporter.
Je suis douce, féminine et gentille en
soi. Mais quand on me connaît, j’ai toujours
envie d’aller plus loin et me mettre en danger
pour me prouver que je peux m’en sortir.
Ça provoque en moi des montées d’adrénaline.
Ça va aussi avec mon métier. J’évolue
dans un milieu d’hommes avec des conflits
d’équipes masculines à gérer.
M.B. : Je ne peux pas écouter de la musique
sans bouger. L’expression «Je danse comme
je respire» est ridicule mais il y a de l’idée !
Dans la vie, très honnête - peut-être trop direct
- je peux choquer par trop de franchise,
mais c’est une valeur pour moi. Ce qui ne
m’empêche pas d’être respectueux.
CE QUE CE SPORT RÉVÈLE DE VOUS :
M.D. : La détermination, sinon on laisse
tomber. Douleur, manque de souffle : il faut
un mental solide pour faire face à l’adversaire.
Je suis plus courageuse que ce que je
pensais. Quand j’ai fait ma première compétition
en 2015, ça a surpris tout le monde,
à commencer par mes profs qui craignaient
que je me fasse casser la gueule. Ça a été
la revanche, je ne pouvais pas perdre. J’ai
aimé être dans une position inconfortable
et me battre contre ça. Après mon entraînement
acharné, on m’appelait La machine
ou Bonhomme : j’ai rien lâché. Je n’ai pas
l’esprit de compétition, j’aime être meilleure
que moi-même.
M.B. : Ça me donne une forme de fierté par
rapport à ce que j’ai accompli, sachant les
bâtons qu’on m’a mis dans les roues. Parti
de chez moi à 14 ans, j’ai dû me construire
seul. Ça demande une grande force mentale.
COMMENT PERCEVEZ-VOUS VOTRE
SPORT ?
M.D. : Etrangement, j’ai gagné en souplesse
et en aisance de mouvement. Je maîtrise
mieux mon corps. Il ne fait pas du tout
boxeuse. On croit souvent que je danse. Ma
démarche est plus légère. Certains gestes
peuvent même s’apparenter à de la danse.
Et je pense que quand je boxe, je suis féminine.
L’esthétique me plait là-dedans.
M.B. : Pour moi, la danse est l’art de transcender
le mouvement. On peut la voir dans
beaucoup de choses, même lorsqu’on
marche dans la rue, si on le fait en rythme.
Pendant l’été, les pauses font du bien pour
se reposer mais ça manque, j’ai l’impression
que mon corps est inutile.
QUELLES SONT LES QUALITÉS D’UNE
BONNE BOXEUSE MARGOT ? D’UN
BON DANSEUR MARC ?
M.D. : Respecter la personne en face pour
ne pas s’emporter et rester dans la maîtrise.
Chaque coup doit être intelligent et
réfléchi.
M.B. : Il faut une forme de rigueur. Si on ne
s’accroche pas, on n’aboutit à rien. Mais
ce n’est pas pour ça qu’on accepte de
rentrer dans un moule pour correspondre
à ce qu’on attend de nous. Je ne suis pas
quelqu’un qui aime me voir imposer des
limites.
UN AUTRE SPORT VOUS INTÉRESSE-
T-IL ?
M.D. : Le golf. Je m’y suis mise depuis peu.
Ma famille était dépitée que je n’en fasse
pas avec elle. Ça pourrait être bien pour
plus tard : je ne pourrai peut-être pas boxer
jusqu’à 50 ans. Et puis, comme je ne maîtrise
pas encore, c’est une autre occasion
de me donner les moyens de faire ce dont
j’ai envie.
M.B. : Je ne me vois pas vraiment faire
autre chose. J’aime l’eau, j’imaginerais
faire des compétitions de plongeon ou de
la natation. Qu’une fille fasse de la boxe je
trouve ça génial. Je n’aimerais pas en faire
en hobby, mais par curiosité, j’aimerais essayer,
pour savoir ce ça procure de porter
de gros gants, l’apprentissage les techniques
pour taper et se défouler.
LE RAPPORT HOMME/FEMME :
M.D. : Dans un combat contre un homme,
je sens sa force, son poids. Pour contrebalancer,
je joue sur la rapidité et la précision.
J’arrive parfois à les surprendre. Les filles
s’approprient très bien ce sport. A ceux qui
pensent que c’est un sport de gros bras, ils
n’ont pas tout à fait tort… mais ça dépend
comment c’est pratiqué.
M.B. : Dans ma discipline, l’importance
est parfois fonction de proportion : quand
il y a 1 mec pour 20 filles, les profs nous
apportent plus d’attention. Cela a pu me
servir de temps à autre. Mais une fois en
« J’AIMERAIS ESSAYER, POUR SAVOIR
CE QUE ÇA PROCURE DE PORTER DE
GROS GANTS. » MARC BEAUGENDRE
compagnie, on est traité de manière égale.
QUE REPRÉSENTENT LA FÉMINITÉ
ET LA VIRILITÉ POUR VOUS ?
M.D. : Pour la première c’est être subtile. Et
la seconde, l’assurance, l’esprit protecteur.
J’ai toujours eu une forte part de masculinité
dans mes goûts, sans pour autant me
priver d’être en robe et talons. Ou de boxer
avec des gants roses !
M.B. : L’une est le raffinement, l’autre la
force. Et je pense être au milieu des deux,
chacun a un peu des deux parts. WS