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jeux Olympiques. En 440 avant J.-C, elle<br />

entraîna son fils pour les JO, et se déguisa<br />

en homme pour l’accompagner à Olympe,<br />

tant excitée par la victoire de son fils,<br />

que sa tenue se décrocha. Les dirigeants<br />

décidèrent ainsi qu’entraîneurs et athlètes<br />

participerait en tenue d’Adam, pour ne plus<br />

se faire avoir. Ironie de l’histoire : de nos<br />

jours, les tests de féminité sont utilisés<br />

pour s’assurer au contraire, qu’un homme<br />

ne se fait pas passer pour une femme !<br />

Jusqu’en 1800, il était très mal vu pour les<br />

femmes de participer à des compétitions<br />

ou combats, la plupart se déguisant pour<br />

prendre la cotte de mailles. La guerre et le<br />

sang étaient leur quotidien.<br />

Au moyen-âge, l’exception est<br />

la règle<br />

Les rares exemples de femmes sportives<br />

avant le 19e siècle ne concernent que<br />

quelque nobles. En 1427, Margot la<br />

Hennuyère remporta une compétition de<br />

jeu de paume, ancêtre du tennis. Son jeu<br />

impressionna les hommes. 140 ans plus<br />

tard, la reine d’Écosse Mary Stuart, première<br />

femme à pratiquer le golf, provoqua un<br />

scandale en jouant une partie peu de<br />

temps après le meurtre de son époux, Lord<br />

Darnley, dont son implication fait encore<br />

débat.<br />

L’exercice physique entre à<br />

l’école… pour aider les femmes<br />

à faire le ménage !<br />

C’est paradoxalement un texte qui serait<br />

jugé aujourd’hui extrêmement mysogine<br />

qui marque le coup d’envoi de la pratique<br />

sportive de masse pour les femmes. La<br />

défaite de 1870 et la chute du Second<br />

Empire pousse les politiques à donner une<br />

dimension nationale et utilitaire au sport<br />

et la gymnastique devient une priorité<br />

nationale. L’Education Physique est inscrite<br />

dans la Loi en 1882, avec cette formule :<br />

« l’école primaire peut et doit faire aux<br />

exercices du corps une part suffisante pour<br />

préparer et prédisposer (…) les garçons aux<br />

futurs travaux de l’ouvrier et du soldat, les<br />

jeunes filles aux soins du ménage et aux<br />

ouvrages des femmes ».<br />

La fin des jupes longues<br />

A la fin du 19e Siècle, la pratique féminine<br />

se développe. Mais les sportives sont priées<br />

de conserver une part de féminité. Avant<br />

l’intervention d’Amelia Jenks Bloomer, en<br />

1851, les sportives devaient courir en jupe<br />

longue. Amelia a créé les « bloomers », ces<br />

shorts « culottes » pour l’athlétisme et le<br />

volley, initialement utilisé pour faire de<br />

la bicyclette. En 1900, les femmes font<br />

leur apparition aux JO, en tennis et golf<br />

mais les hommes sont sceptiques à leur<br />

participation, comme le montre la citation<br />

du Dr Maurice Boigey, « La femme n’est<br />

pas faite pour lutter mais pour procréer ».<br />

Les femmes ne sont donc présentes que<br />

pour des sports de démonstration et sont<br />

rabaissées pour leur qualité physique,<br />

inférieure aux hommes. Signalons<br />

également en 1901 le lancement du<br />

périodique Fémina ayant pour cible la<br />

bourgeoisie féminine. Son contenu accorde<br />

une place importante aux loisirs et aux<br />

sports.<br />

Alice Milliat la féministe<br />

répond à Pierre de Coubertin<br />

le mysogine<br />

Au début du XXe Siècle, naissent les<br />

premières sections féminines sportives.<br />

Mais le scepticisme des hommes à<br />

l’égard des sportives demeure, à l’image<br />

de cette phrase prononcée par Pierre de<br />

Coubertin en 1912 : « Les jeux olympiques<br />

devraient être réservés aux hommes, leur<br />

rôle (les femmes) avant tout devrait être de<br />

couronner les vainqueurs ». Alice Milliat,<br />

sportive française et ambassadrice du<br />

sport féminin, fonde en 1917 la Fédération<br />

des sociétés féminines sportives de France<br />

(FSFSF) puis la Fédération sportive féminine<br />

internationale (FSFI), afin d’offrir aux<br />

femmes des compétitions en alternance<br />

avec celles qui sont proposés aux hommes,<br />

et se bat pour inclure les femmes dans les<br />

compétitions officielles. Un combat qui<br />

finira par porter ses fruits. Lors des jeux<br />

olympiques d’été de 1928, 277 femmes<br />

auront le droit de participer aux épreuves<br />

d’athlétisme des olympiades aux côtés<br />

des 2 606 hommes. L’entre-deux-guerres<br />

permet la popularisation du sport féminin.<br />

Les femmes féminisent peu à peu les<br />

pratiques sportives.<br />

La France de Vichy veille<br />

à éviter « tout risque de<br />

masculinisation »<br />

La défaite de 1940 face aux Allemands est<br />

analysée comme « une défaite physique ».<br />

Le Maréchal Pétain confie à Marie-<br />

Thérèse Eyquem la tâche de réorganiser<br />

le sport féminin avec des consignes<br />

pour le moins particulières motivées par<br />

des considérations médicales, sociales<br />

et morales. Le sport féminin se doit de<br />

garder de « tout risque de masculinisation,<br />

d’excès, de compétition et d’exhibition<br />

spectaculaire ». La pratique du sport pour<br />

les femmes est dès lors régie par l’intention<br />

de réduire au maximum les principaux<br />

dangers résultant de l’activité physique.<br />

Pour le dire autrement, aux yeux du<br />

gouvernement de Vichy, les femmes doivent<br />

être en bonne santé… pour procréer.<br />

Le droit de vote des femmes<br />

marque un nouveau départ<br />

On l’oublie trop souvent, mais c’est par une<br />

ordonnance du 21 avril 1944 qu’est donné<br />

aux femmes le droit de voter et d’être élues.<br />

Il y a 72 ans à peine ! Cette date marque<br />

le début d’une nouvelle ère.<br />

La fin de la guerre et les Trente Glorieuses<br />

font le reste. Juste après la guerre, plusieurs<br />

fédérations nationales accueillent hommes<br />

et femmes. Toutefois, les institutions<br />

sportives restent dirigées par des hommes<br />

et l’école devient mixte… mais pas encore<br />

C’EST EN 1970 QU’EST DÉCRÉTÉE LA<br />

MIXITÉ DANS LES COURS D’EPS. LA<br />

VAGUE DE MAI 68 EST PASSÉE PAR LÀ.<br />

l’éducation physique. Certains sports<br />

comme le football restent encore interdits.<br />

Plus pour très longtemps, heureusement.<br />

1970, date de naissance de la<br />

mixité<br />

C’est en 1970 qu’est décrétée la mixité<br />

dans les cours d’EPS. La vague de mai 68<br />

est passée par là. Quelques performances<br />

retentissantes de sportives également.<br />

Comme celles de la skieuse Marielle<br />

Goitschel, première femme désignée «<br />

Championne des champions » par le journal<br />

L’Equipe, en 1964. C’est aussi en 1970<br />

que le football est enfin autorisé pour les<br />

femmes.<br />

Les Etats-Unis adoptent le 23 juin 1972<br />

l’amendement « Title IX » avec un délai<br />

d’application qui court jusqu’en 1978,<br />

…<br />

qui donne un essor exceptionnel au sport<br />

féminin scolaire et universitaire.<br />

www.womensports.fr - N° 1 • Juillet - Août - Septembre 2016 WOMEN SPORTS 41

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