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La parole à l’opposition<br />
Existe-t-il un déni démocratique au Luxembourg?<br />
Le multiple déni démocratique<br />
Certains le pensent.<br />
Nous ne le pensons pas.<br />
Vous avez dit déni démocratique?<br />
déi Lénk revendique aussi bien aux niveaux communal<br />
que national et européen un renouvellement démocratique.<br />
Au Luxembourg en particulier, vu la situation<br />
démographique, le déni démocratique saute aux yeux.<br />
Le «non» écrasant au référendum pour le droit de vote<br />
des étrangers en juin 2015 n’a rien changé au fait que<br />
presque la moitié de la population ne pourra pas participer<br />
aux élections législatives. De même, ceux et celles<br />
qui participent aux élections communales et qui composent<br />
les listes de candidats ne sont pas représentatifs<br />
de la composition de la population. Et cela sous plusieurs<br />
aspects: outre la non-représentation des différentes<br />
nationalités, il faut prendre en compte la sousreprésentation<br />
des femmes et des jeunes ainsi qu’un<br />
manque de diversité en matière de classes sociales.<br />
Néanmoins, le sens d’une démocratie vivante ne se<br />
réduit pas à la participation des citoyens aux élections,<br />
mais comprend aussi la manière dont les institutions<br />
fonctionnent. La participation des citoyens aux débats<br />
publics et à la prise de décision sur les questions qui les<br />
concernent est presque inexistante au Luxembourg. déi<br />
Lénk veut combler ce défaut, parce que c’est seulement<br />
à travers de nouveaux modes de participation<br />
citoyenne que la politique peut être transformée et<br />
peut être réellement mise au service des citoyens. Dans<br />
les institutions au sein desquelles les résidents évoluent<br />
tous les jours, c’est-à-dire dans nos écoles, dans les<br />
entreprises, les services publics, etc., une pratique<br />
démocratique devrait être de mise. Dans les domaines<br />
de l’économie et de l’entreprise, il existe de multiples<br />
exemples d’économie solidaire qui devraient inspirer les<br />
entrepreneurs et le législateur.<br />
Finalement, le fait que le Luxembourg soit une<br />
monarchie constitutionnelle et non pas une république<br />
pose en lui-même déjà la question de la démocratie de<br />
son système politique.<br />
Si déni démocratique au Luxembourg il y avait, il y<br />
aurait déni démocratique quasiment partout dans le<br />
monde. Il existe en effet très peu de pays où le droit de<br />
vote aux élections communales, législatives et européennes<br />
soit aussi ouvert qu’au Luxembourg: la participation<br />
aux élections communales est ouverte à tous<br />
les non-Luxembourgeois, citoyens européens ou d’un<br />
pays tiers après cinq années de résidence au<br />
Luxembourg. En 2011, le droit de vote passif a été<br />
étendu à l’ensemble des étrangers, qui pourront dès<br />
lors activement s’impliquer dans la vie politique locale.<br />
De même, depuis 2013, les ressortissants d’autres Etats<br />
membres de l’Union européenne établis au<br />
Luxembourg peuvent participer comme électeur et<br />
candidat à l’élection des membres «luxembourgeois»<br />
du Parlement européen, et ce, sans aucune condition<br />
quant à la durée de résidence.<br />
Ce qui existe, c’est non un déficit démocratique, mais<br />
un déficit de participation aux communales et aux<br />
européennes.<br />
Quant aux élections nationales: on ne peut pas qualifier<br />
de déni démocratique le fait d’attendre de ceux qui<br />
auront le droit de vote de se sentir assez concernés par<br />
le pays pour en adopter la nationalité. D’ailleurs,<br />
l’accessibilité à la nationalité luxembourgeoise a été,<br />
avec l’introduction du droit du sol, profondément<br />
simplifiée. De plus, depuis 2008, les étrangers voulant<br />
devenir luxembourgeois ne sont plus obligés de<br />
renoncer à leur nationalité d’origine. C’est le principe<br />
de la double, voire multiple, nationalité. Ceux qui font<br />
ce choix ont tous les droits, mais héritent également de<br />
tous les devoirs associés à la possession de la nationalité<br />
luxembourgeoise, dont l’obligation de voter, qui<br />
pour nous constitue un devoir civique.<br />
“Déni démocratique” constitue en quelque sorte l’insulte<br />
suprême en démocratie. Le terme a surgi dans le<br />
camp du oui, en plein désespoir référendaire en 2015,<br />
au moment où le résultat négatif ne faisait plus grand<br />
doute. L’ADR refuse de voir un déni démocratique dans<br />
notre système électoral qui est ouvert au plus grand<br />
nombre au niveau communal et européen. A ce niveau,<br />
le Luxembourg va plus loin que la plupart des autres<br />
pays de l’Union européenne. Quant au droit de vote<br />
aux élections législatives, les résidents étrangers en profitent<br />
dans leur pays d’origine et ne sont donc nullement<br />
victimes d’un déni démocratique.<br />
Mais le Grand-Duché n’est pas la démocratie parfaite<br />
dans le meilleur des mondes. L’ADR a identifié certaines<br />
lacunes, sans vouloir les qualifier de dénis de démocratie.<br />
L’accès direct des citoyens à la Cour constitutionnelle<br />
n’est pas donné. L’ADR souhaiterait cette forme de<br />
contrôle démocratique élargie, notamment pour des<br />
questions que le Conseil d’Etat élude dans ses avis, l’aspect<br />
constitutionnel et démocratique d’un quota pour<br />
femmes sur les listes électorales par exemple.<br />
Autre contrainte démocratique: notre système électoral<br />
comprend des inégalités. Selon les circonscriptions, un<br />
candidat a besoin de plus de voix ou d’une plus grande<br />
part des voix pour obtenir un siège à la Chambre des<br />
députés. Cette injustice, née de la volonté de représenter<br />
équitablement les circonscriptions moins peuplées,<br />
peut être corrigée par une circonscription électorale<br />
unique pour le pays.<br />
Sur un autre plan, notre parti revendique depuis longtemps<br />
le référendum sur initiative populaire.<br />
Enfin, le pluralisme médiatique tel qu’il se présente<br />
dans son orientation centre-gauche, ne donne pas toujours<br />
suffisamment de place aux petits partis dépourvus<br />
de “presse amie”.<br />
Somme toute, à votre formule interrogative provocatrice,<br />
il convient de répondre par un non énergique<br />
mais nuancé.<br />
Réponse de déi Lénk<br />
Réponse du CSV<br />
Réponse du Groupe politique ADR<br />
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<strong>LG</strong> - Mai 2017