You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
société. Pas forcément une anomalie, selon<br />
Patrick Mignon : « Une statistique générale<br />
a l’inconvénient de mélanger des univers très<br />
différents. 10% d’homosexualité dans la population,<br />
ça ne veut pas dire 10% dans chaque<br />
milieu professionnel ou social. Il y a 10-12 000<br />
sportifs de très haut niveau référencés en France,<br />
ce qui est finalement un tout petit monde. »<br />
L’INSULTE, L’IMPERFECTION<br />
AU MASCULIN<br />
Le nombre de sportifs ouvertement gays<br />
et lesbiennes est resté minime lors les derniers<br />
Jeux olympiques d’été, même s’il a<br />
sans cesse progressé. Ils n’étaient que 10 à<br />
Pékin (2008), 22 à Londres (2012) et 49 à<br />
Rio (2016) sur les 11 000 participants, soit<br />
0,45% du contingent d’athlètes présent au<br />
Brésil. Les quelques coming-out au masculin<br />
dans des sports très médiatisés se font<br />
très généralement après la carrière. Brian<br />
Vahaly en est l’exemple type et Ian Thorpe,<br />
le nageur australien quintuple médaillé d’or<br />
aux JO, l’emblème absolu. Sa sexualité ne<br />
supplantera jamais son palmarès et ce qu’il<br />
représente dans le monde de la performance.<br />
Pour un Thorpe, ou un Greg Louganis, quadruple<br />
champion olympique de plongeon<br />
en 1984 et 1988, il y a foule de sportifs<br />
lambda adeptes de la discrétion. Les enjeux<br />
financiers, d’images, de contrat, pèsent mais<br />
n’expliquent pas tout, selon notre sociologue<br />
du sport : « Gagner avec un stigmate fait disparaître<br />
le stigmate. Perdre avec un stigmate<br />
renforce ce stigmate, car l’échec lui est souvent<br />
et directement imputé. Il est donc plus prudent<br />
de ne pas s’exposer. » Même si cultiver<br />
le secret n’est pas optimal pour exploiter la<br />
quintessence de ses moyens : « Cacher son<br />
homosexualité est naturellement un frein à la<br />
performance. Ne pas être en accord avec soimême,<br />
avec le microcosme dans lequel on évolue,<br />
est un obstacle quasiment infranchissable à<br />
l’épanouissement. »<br />
Olivier Rouyer s’affichait avec des filles pour<br />
échapper à toute sorte de procès pendant sa<br />
carrière de footballeur. Il a révélé son homosexualité<br />
en 2008, à 53 ans, bien après avoir<br />
dévissé les crampons. Pour beaucoup aujourd’hui,<br />
il n’est plus l’alter-ego de Michel<br />
Platini de la fin des années 70 à Nancy ou en<br />
équipe de France (17 sélections), ni même<br />
l’entraîneur ou le consultant TV (Canal<br />
Plus puis L’Equipe). Il est désormais identifié<br />
comme « LE » footballeur professionnel<br />
français à avoir effectué son coming-out. Le<br />
grand public ne se souvient pas forcément<br />
que Gareth Thomas compte 100 capes avec<br />
le XV du Pays de Galles, a réalisé le Grand<br />
Chelem en 2005 ou gagné la Coupe d’Europe<br />
avec le Stade Toulousain la même saison.<br />
Il est devenu « LE » rugbyman ayant<br />
révélé son homosexualité.<br />
Football, rugby, mais aussi basket, boxe,<br />
foot US et d’autres disciplines abritent<br />
quelques gays, à la notoriété sportive établie,<br />
ayant dévoilé leur jardin secret. Ils<br />
sont vingt, trente, pas plus. Beau- <br />
TENNIS MAGAZINE 63